Il n’y a pas que Philodolphe Pépin (Un toit pour moi) qui dessine des plans de maison.

cabaneA Sens (89), les ados du lycée professionnel Ste Colombe, font des plans d’habitat puis décident de mettre en commun leurs capacités et de fabriquer une cabane à lire écologique construite en  matériau de récupération : 360 briques de lait exactement !

A Semur en Brionnais (71), dans le cadre de leur rencontre intergénérationnelle régulière, un des participants propose d’écrire un texte autour d’Un toit pour moi. C’est avec plaisir et fierté qu’il le lit aux enfants, toujours très heureux et enthousiastes de revoir les aînés. A la fin de la lecture, les élèves dessinent la maison de leur rêve. Deux semaines plus tard, les nombreux dessins sont offerts aux résidents. On admire la maison papillon, la maison des cœurs, la maison à oreille ou encore la maison bonbon. Au retour à l’EHPAD un temps d’échange est programmé avec les autres résidents pour leur faire partager ces bons moments et leur montrer les beaux dessins. C’est un bon moyen de reparler du livre en question, de le feuilleter encore une fois….

Au collège Paul Eluard à Evry (91), ce sont les élèves allophones qui ont embarqué en solitaires pour ce premier voyage. Nous avons modestement caboté, au gré des lectures, selon le nombre d’élèves à bord lors de chaque séance. J’ai effectué les lectures épicées. A la charge des élèves de résumer ce qu’ils avaient compris et de coller un smiley de couleur sur un tableau commun selon leur ressenti par rapport à l’histoire. Les jeunes avaient également la possibilité d’emprunter chez eux et, pour chaque album lu, de relever un mot qu’ils ne connaissaient pas et d’en trouver la définition.

Pour finir, chaque élève a essayé de dessiner son propre monde, influencé par sa vie quotidienne, dont le cours n’est pas toujours tranquille. Voici quelques propositions:
Bilal : Je veux dessiner un monde où tout le monde se respecte.
Banuha : Je dessinerais un monde avec des arbres, des maisons, une école, l’hôpital…
Youssouf : Je dessinerais un monde gentil, sans racisme et sans violence.
Mohammed : Je veux un monde où il y a des transports même à la campagne, il n’y a pas de terroristes ni de pays pauvres.
Yusuf : Je ferais la fraternité pour tous les pays. Je ferais l’égalité pour les femmes et les hommes. Je ferais la sécurité pour mon pays.
Rony et Galya : Dans mon monde, il y aura des écoles pour les orphelins et les enfants qui vivent normalement.
Yaya : Je veux aider les gens pauvres et les gens qui ne mangent pas bien
Younès : Je dessinerais un monde avec des voitures qui volent.

 Nathalie Peresse, professeur-documentaliste

Jules, Jim, Nicolas, Jérémie, Mohamed, Kelly et Antoine sont élèves de l’IME Sainte Béate à Sens. Ils ont voyagé dans les albums avec Isabelle GENTILLY, éducatrice spécialisée et Marie-Jeanne GERARD, enseignante. Pour la rencontre plénière à la médiathèque où étaient invités pour le vote tous les voyageurs de la ville, ils ont fait une astucieuse prestation. Ils ont créé une mini-histoire en utilisant un indice par album. Ils l’ont baptisé  » la vie des gens » pour faire le lien avec l’album tant aimé de la saison précédente.

roulotte6Il était une fois un GITAN qui jouait de la musique. Un jour il entend
le son d’une clarinette6CLARINETTE.
avion6A ce moment-là  un AVION passe. Il pense qu’il transporte des vacanciers.
casque6
Mais non, ce sont des MILITAIRES qui puent qui pètent, qui prennent leur cul pour une trompette.
 monstres6En  COLERE, le gitan hurle : stoooop ! sandwich6
Arrêtez ce TRAIN qui va trop vite. Je dois aider une veille dame à traverser.
dame6
C’est une DAME un peu bizarre  mais qui se plie toujours en quatre pour rendre service aux autres.
baobab6
Comme par exemple ses deux petites protégées qui vivent loin là-bas en AFRIQUE.
nid6
Elles habitent dans un NID douillet qu’elles adorent……
Seulement voilà, elles ne rêvent que d’une chose : redessiner le monde . . . . .

 

L’équipe de la Bibliothèque Municipale de Loyettes (Ain) a invité trois classes de CM1/CM2 à voyager dans les albums « grand large ».
Pour la classe pilotée par deux personnes (la directrice et une enseignante), les séances se déroulent en trois temps à l’école :
– Le vendredi  pour toute la classe : lecture offerte de l’album par l’enseignante
– Le mardi suivant : trois ateliers successifs de trente  minutes pour les élèves répartis en trois groupes, menés chacun par un adulte différent : la bibliothécaire et les deux enseignantes.

1/ Discussion sur le sens de l’histoire. Explications. Notions de philosophie, d’histoire…
2/ Répétition de la scénographie en vue d’une passation aux familles courant mai.
3/Arts visuels avec techniques variées.  Les créations plastiques seront photographiées et projetées lors de la présentation de la scénographie aux parents et grands-parents des enfants.

Nathalie Bernard, bibliothécaire

saonept2Nous avons choisi de faire notre premier voyage 1, 2, 3 albums au fil de l’eau. Nos partenaires, le SESSAD de Trévoux et la maison de retraite de Clairval à Reyrieux habitant le long de la Saône, nous faisons voguer des bateaux à chaque lecture d’albums. Chaque auditeur vient poser dans un bateau un « billet sentiment » sur lequel il a écrit les émotions ressenties au fil de la lecture.bateaupt

Nous avons choisi de faire de ce voyage un moment unique où chacun s’exprime quand il en a envie. C’est pour cela que les lectures se font tantôt par un enfant, tantôt par une personne de la maison de retraite. En début de séance, les enfants sont timides, chacun reste dans son coin. Mais dès que la lecture commence, la magie opère, les regards se posent, les langues se délient et certains livres apportent leur lot de souvenirs que l’on échange avec bienveillance.trevouxpt

Pour l’étape sur l’album de Daniel Picouly Et si on redessinait le monde, on s’est posé  la question : Et nous le monde, on le voit comment ?  Réponse visuelle avec une fresque faite par les enfants et une par les résidents. Ces réalisations seront ensuite exposées dans la médiathèque La Passerelle.

 

Marie-Hélène et Jocelyn – Médiathèque de Trévoux (01)

Grâce à Cécile, notre documentaliste, c’est la deuxième année que notre établissement participe à 1, 2 , 3 albums proposé par Livralire. Après une première expérience enthousiasmante, j’ai décidé de m’investir énormément, car j’y crois chaque jour encore plus.
J’enseigne le Français à des apprentis en CAP et en Bac Pro qui ne sont pas lecteurs. Cette année, j’ai été séduite par plusieurs albums qui m’ont semblé tout-à-fait adaptés aux classes de Bac Pro.
Dans le cadre du programme de Terminale Bac, j’ai choisi de travailler sur le mythe de Saint-Exupéry (concernant la partie Au XXème siècle, l’homme et son rapport au monde à travers la littérature et les autres arts) et je me suis donc servie du Pilote et le Petit Prince pour introduire la séquence. La lecture épicée a permis de découvrir l’homme d’une manière très originale ainsi que l’histoire de l’aviation. L’album a été très apprécié, d’autant plus qu’il s’agit d’une « biographie » et c’est un genre que les apprentis affectionnent particulièrement car c’est une « histoire vraie ».

Après cette entrée en matière, nous avons visionné un documentaire sur l’aéropostale dans lequel les apprentis ont retrouvé plusieurs personnages de l’album : Pierre Georges Latécoère, Mermoz, Guillaumet… ainsi que leurs aventures aériennes. Nous avons également analysé différentes affiches de la compagnie aérienne. Enfin, nous avons étudié quelques extraits de son œuvre Terre des hommes.

J’ai compris que l’utilisation d’un album permettait d’enrichir mes pratiques pédagogiques et de varier les supports. Si je n’avais pas découvert Le Pilote et le Petit Prince, j’aurais simplement demandé aux apprentis de faire une recherche documentaire sur Saint-Exupéry dans un dictionnaire ou sur internet, et pour l’avoir pratiqué, cela aurait été un « bide ». Alors que là, ils ont été captivés par la scénographie des assiettes ! Ces lectures épicées les intriguent, éveillent la curiosité de certains et déclenchent chez eux une grande écoute. D’autant plus que l’album est très riche et assez difficile d’accès pour nos jeunes.
J’aurais aimé achever ma séquence par la visite du Musée de l’Air et de l’Espace au Bourget afin de montrer aux apprentis les restes de l’avion de Saint-Exupéry, malheureusement cela n’a pu se réaliser. J’espère toutefois reconduire cette lecture passionnante les années à venir et ainsi me rendre à cette exposition.
Claire Santacru, professeur au centre des métiers -Bobigny (93)

La découverte du Casque d’Opapi avec les CAP cordonniers 1ère année aura été mouvementée et nous aura obligées à rebondir. Résumé du déroulement.

1/ Lecture épicée à deux voix : les jeunes écoutent attentivement.

2/ Impressions à vif avec les smileys de couleur : 3 verts – 3 oranges – 1 bleu.
Le jeune qui n’a pas aimé l’album me demande de lire tout haut le commentaire qu’il a écrit : « C’est un manque de respect, nous ne sommes pas des gogols. Quand j’étais animateur, je lisais le même genre d’histoire aux enfants pour les calmer ». Je cache comme je peux ce coup de massue. Je dis à l’élève que les enfants ne sont pas des « gogols » et que cet album, contrairement à ce qu’il croit, n’est pas pour les petits. Les autres se taisent.

3/ Claire, leur professeur de lettres, leur propose de lire à voix haute l’album à cinq Bacs pros carrossiers qui ont déjà voyagé l’année dernière.  Ils refusent. Claire leur raconte les deux lectures faites l’an passé par des cordonniers 2e année devant leurs professeurs, le CPE et l’assistant d’éducation. Va pour une lecture devant l’équipe pédagogique, mais pas des pairs.

4/ Le lendemain, Claire leur lit quelques lettres de poilus, puis passe en revue avec eux les composantes d’une lettre personnelle : date, formule d’appel, corps de la lettre, formule de politesse, signature. Les jeunes doivent se mettre à la place d’Emile et rédiger une lettre de poilu. Voici celle de Jeffrey datée du 11 septembre 1914 :
Ma chère belle et tendre Dulcé,
Cela fait depuis mon départ que mon cœur saigne de douleur. Ici au bataillon : les choses se compliquent. Nous avons creusé des tranchées pour nous protéger des attaques ennemies. J’aurai préféré être auprès de toi et voir notre fils grandir et l’aider dans son éducation. Car cette guerre m’est insupportable : combien de temps je devrai encore souffrir en voyant mes compagnons d’armes mourir ou être blessés par les boulets de canon ?
Mais il y a quand même des moments, nous pouvons moi et mes compagnons nous reposer autour d’une partie de cartes, cela me permet d’oublier cet enfer où je suis blessé de l’extérieur et de l’intérieur, mais je tiendrai.
En attendant de te retrouver ma Dulcé et toi mon petit Gérard, je vous dis adieu ou au revoir, car je ne sais pas si je reviendrai.
Ton cher mari Emile

Cécile BEYER, campus des métiers, Bobigny (93)