Après un feuilletage individuel de l’album et une écoute collective et attentive de la lecture des Souliers usés, les résidents de notre Ehpad disent leur déception  : c’est pour les enfants. C’est compliqué à comprendre. C’est trop long. C’est un conte, j’en suis pas friand. C’est pas mon monde.

J’engage la discussion sur le genre de l’album. Ah oui, les contes, on nous en lisait à l’école. Des histoires de princesses, comme celle de Blanche-Neige. Des histoires de riches comme chez la Comtesse de Ségur.

Une dame dit aimer la morale du conte du jour :  Le petit berger est devenu quelqu’un d’important. Il a été plus fort que tous les princes réunis ! Il ne s’est pas cru au-dessus des autres et c’est comme ça qu’on réussit ! Six résidents avouent finalement avoir apprécié de réécouter un conte. D’autres ont aimé les illustrations.

On revient sur le titre. Les souliers usés, on sait ce que c’est. On marchait beaucoup et on n’avait pas quinze mille paires !
On parle de leur vécu, de leur enfance, du beau métier de cordonnier qui disparait peu à peu. Une résidente nous avoue qu’elle a la folie des chaussures et qu’elle adore en avoir beaucoup.

Alors peu importe que l’album Les Souliers usés n’ait pas fait l’unanimité, il les aura fait parler !

Murielle Daumur, animatrice Ehpad Semur-en-Brionnais-71

Au collège des Champs Plaisants à Sens (Yonne), des 6e dévoilent quelques secrets dans un album numérique inspiré de celui de Didier Jean, Zad et Régis Lejonc, paru chez Utopique.
Découvrez les en cliquant sur l’image.

Les contraintes sanitaires nous obligent à innover. Les CM2 n’ont pas pu goûter les deux lectures épicées qu’on avait programmées en séance intergénérationnelle à la résidence des 7 fontaines. On a été les faire dans leur classe.

En attendant l’unique rencontre prévue à la mi-juin, avec le vote en clôture du voyage-lecture, j’ai proposé aux vieilles dames de partager des souvenirs positifs, à la manière des octogénaires des Rides.

Pour ce faire, je suis allée recueillir oralement et individuellement des bribes de leur vie : âge, lieux de vie, métier, famille, centre d’intérêt.

J’ai rédigé et imprimé les confidences, puis les ai collées sur des fonds rouges. J’ai inséré les textes dans des pochettes plastiques, derrière les portraits, tirés par une photographe professionnelle l’an passé.

Je suis allée dans la classe, avec une notice explicative, distribuer les autoportraits à des binômes d’élève. Le jour du vote, ils pourront, dans un face à face intimiste, partager une impression ou poser une question à leur « associée de lecture ». Ils découvriront l’école non mixte, le bal itinérant, le  métier de garde barrière, la passion de Gigi pour la pétanque ou de Simone pour les voyages, etc.

Marie-Christine- Givry  (71)

Aux 7 fontaines, à Givry (71), le confinement du printemps ayant chamboulé l’emploi du temps, il allait manquer un mardi pour partager tous les albums et clore le voyage-lecture par le vote. Et si on faisait circuler* le 8e album Je n’ai jamais dit entre les participantes, d’appartement en appartement ?

L’annonce est faite à l’issue de l’atelier du mardi de reprise après le 3e confinement.

Le jeudi qui suit, Gigi, 88 ans, tête de liste, fait la lecture et sa part d’écriture. Elle lit l’album puis rédige une confidence sur une feuille A5 qu’elle met dans une enveloppe. Le lendemain, elle glisse le courrier « nomade » dans la boite à lettres de la deuxième dame notée sur la liste. La chaine est lancée. Les secrets seront partagés avec les CM2 qui voyagent en jumelage lors de l’unique rencontre de l’édition prévue mi-juin.

*Idée facile à adopter en salle de profs, dans une classe, dans un atelier  adulte avec l’avantage de faire entrer l’album dans les  maisons !

Véronique & Marie-Christine

 

Je n’ai jamais dit que j’ai le vertige, que j’ai peur des araignées, que mon rêve est de faire le tour du monde en bateau…

Après la lecture de l’album de Didier Jean & Zad, illustré par Régis Lejonc, les élèves de l’école des Tilleuls et les résidents du foyer Clair Soleil à Mondeville ont dans leurs établissements respectifs (covid oblige !) :
– attribué un nouveau secret à un personnage de l’album
– rédigé anonymement un secret personnel.
Les confidences des jeunes et des ainés seront mélangées. Les voyageurs-lecteurs devront deviner pour chaque secret s’il s’agit de celui d’un adulte ou d’un enfant.

Arnaud Le Goff, Médiathèque de Mondeville (Calvados)

A l’Ehpad de Semur-en-Brionnais (71), vingt résidents ont partagé la lecture, courte et aisée, de Je n’ai jamais dit, en deux groupes de dix, répartis sur deux après-midi.

Tous les participants ont évoqué le thème des secrets, plus ou moins lourds à porter, presque toujours importants. L’échange a été riche. :

  • Il y a forcément des choses que l’on n’a jamais dit, soit par timidité, soit par peur , par honte ou juste parce qu’on n’a pas envie.
  • Moi, je crois que je n’ai pas de secrets. Quand quelque chose me turlupine, je le dis et après c’est fini ! Par contre, quand on me confie des choses, je sais les garder pour moi.
  • Il ne faut jamais trahir un secret. Il y a des choses que l’on garde pour nous, non pas que ça soit grave mais parce que c’est intime.
  • Il y a des bribes de vie qui n’appartiennent qu’à nous et que l’on doit pour cette raison garder pour nous.
  • On n’a pas forcément tous des secrets mais, par contre, tous nous avons des choses que l’on garde pour soi.
  • Parfois, les secrets que l’on nous confie sont trop graves et on ne sait pas quoi en faire.
  • Certains secrets peuvent faire trembler le monde !

Deux résidents nous ont également livré des bribes de vécu en nous révélant qu’ils n’en n’avaient jamais parlé à personne, ce qui a généré beaucoup d’émotions de leur part et aussi de la nôtre. Mais chut !  Comme le dit l’album : « Ne le dit(es) à personne ». Nous ne pouvons que respecter notre engagement !

Murielle Daumur, animatrice, porte-parole des résidents de l’EHPAD de Semur-en-Brionnais (71)

L’équipe de l’Unité Protégé du collège a installé un arbre à secrets (cliquez sur les images) dans le CDI, invitant les élèves à le garnir.
Les jeunes ont apprécié cet espace de libre expression.
Ils savent que cet arbre leur est proposé par les élèves de l’UE et cela est comme un pont entre eux.
Ils ont également bien rempli la boîte qui contient les Je n’ai jamais dit destinés à rester cachés.

Emilie Nallet, professeure documentaliste, Collège de la Plaine de l’Ain, Leyment (01)