Christine Liebe Nicolet raconte.
Au collège Jean-Jacques Rousseau de Val-de-Travers (Neuchâtel, Suisse), une classe de 8 Harmos (11-12 ans) a préparé la scénographie des 8 albums pendant tout le mois de janvier. Un metteur en scène est même venu l’aider !
Les élèves étaient un peu anxieux d’avoir à emmener en voyage leurs camarades et leurs parents. Plus de 200 jeunes ont eu la chance d’assister à la présentation de 1,2,3 albums. Tous sont ressortis enchantés et impatients de découvrir les albums.

Voici quelques commentaires rédigés par les « comédiens » :
Pour moi, 1,2,3 albums, c’est…

Du bonheur ! C’est juste magique ! Ça a été une joie, pour moi, d’avoir participé à cette scénographie – Elodie
Une partie de plaisir ! Une activité superbe – Hugo
Une belle expérience – Enzo
Pour montrer que les albums ne sont pas que pour les petits –Théo


La permission de s’évader et de rêver
Soraya
Permettre de créer des liens – Gil
Un moment de partageOphélie
Un plaisir de partager des histoires – Alexia


Une présentation de livres où l’on raconte une partie de l’histoire – Malo
Partager les albums et raconter l’histoire pour donner envie de les lire – Romain
Une façon de faire découvrir des livres à d’autres gens Tia
Une façon de transmettre la passion de lire –Bruno
Une façon de pouvoir partager notre passion de lire. J’ai appris beaucoup de choses –Nastasia
Aimer lire – Emma N., Lola, Emma D.
Une façon de pouvoir exprimer note passion de lire. Je suis très content d’avoir participer à cette activité – Tanguy

Dans l’Yonne, les bénévoles de « Champicaulivres »,  la bibliothèque de Champs-sur-Yonne (1580 h), s’activent depuis des années, entraînant avec elles les dépositaires de deux villages voisins, Quenne (1080 h) et Augy (452 h). Suite à un stage organisé par la Bibliothèque Départementale sur la mutualisation en bibliothèque, elles ont adopté 1, 2, 3 albums comme projet commun.

Elles ont préparé en équipe la scénographie qu’elles ont jouée à la bibliothèque aux scolaires de Champs et d’Augy, et à domicile pour les personnes de la résidence de Champs et les adultes handicapés d’Augy. Les lectures « épicées », travaillées cet hiver dans l’atelier organisé par la BDY, sont faites dans les classes.

« C’est du boulot, mais c’est payant », dixit Georgette Raphaël, présidente pendant 20 ans. La lecture coopérative facilite l’écoute. A l’école, l’enseignante voit ses élèves au petit appétit dévorer les albums. A Augy, le public les a beaucoup remerciées.

Leur expérience met en avant trois facteurs qui pourraient inspirer bien des professionnels :
– La rentabilité : une même animation sert à des publics différents. Le temps de préparation est amorti et le plaisir est décuplé.
– La mobilité : les animatrices du voyage-lecture accueillent dans leurs murs le public autant qu’elles se font inviter à l’extérieur.
– La visibilité : le déroulement des rencontres et les impressions des lecteurs sont mis en ligne sur le blog de la médiathèque par l’actuelle présidente Christine Gouin.

VML

Enfants et adultes m’interrogent souvent sur le prénom de mon héroïne. Est-il « vrai » ? ou s’agit-il d’un « prénom inventé » ?

Des 160 hommes, femmes et enfants arrachés à l’île de Madagascar, parqués dans les cales de l’Utile, fracassés sur les récifs de l’île de Sable*, puis abandonnés (pour ceux qui avaient survécu au naufrage) pendant 15 ans sur cette île déserte, il ne reste rien ou presque. De cette masse indifférenciée d’hommes, de femmes et d’enfants de tous âges émerge un prénom, et un seul, porté jusqu’à nous par les vents et hasards de l’Histoire : Tsimiavo.

ill. : Aline BUREAU

Ce prénom est celui de l’une des sept ultimes survivantes de cette tragédie. En langue malgache, il signifie « celle qui n’est pas orgueilleuse ». À mes yeux, Tsimiavo est surtout une battante. Elle a survécu à sa capture sur l’île de Madagascar, au naufrage du bateau qui la transportait, à 15 ans d’oubli sur un confetti corallien dénué de végétation et d’abris, au désespoir et à la mort qui rodait. Elle a même réussi l’incroyable exploit de donner naissance à un enfant sur cette terre stérile. C’est grâce à lui que nous connaissons le prénom de sa mère, mentionné phonétiquement sur son certificat de baptême​**​.

À leur arrivée sur le sol de l’île de France, le 14 décembre 1776, cet enfant, sa mère — Tsimiavo — et sa grand-mère, se virent en effet offrir le gîte et le couvert par l’intendant du roi de France. Encore fallait-il qu’ils soient baptisés pour pouvoir franchir la porte de son domaine en bons chrétiens… Tsimiavo fut ainsi rebaptisée Eve, son fils (nommé Hériniaina « la force de la vie » dans mon récit) fut nommé Jacques-Moïse et sa grand-mère se vit affublée du prénom de Dauphine (nom du navire de leur sauveteur). Seul le certificat de baptême de l’enfant est arrivé jusqu’à nous grâce aux recherches menées par Max Guérou​t​ et ce prénom… Tsimiavo qui ne doit plus jamais retomber dans l’oubli.

*l’île de Sable est aujourd’hui connue sous le nom d’île Tromelin.
** Ce certificat est conservé aux Archives Nationales d’Outremer, à Aix-en-Provence.

 Alexandrine Civard-Racinais

Au collège Boris Vian de Talant (21), j’ai commencé la série des lectures épicées par Naya ou la messagère de la nuit avec  une jeune étudiante en lettres, en service civique dans l’établissement.

Peu d’élèves avaient lu entièrement l’album. Les yeux sont équarquillés, les oreilles grandes ouvertes, les voix complices assurent, le dénouement fonctionne à merveille. Les réflexions fusent : les femmes sont courageuses. Les couleurs vives montrent qu’il peut y avoir de la joie au milieu de la guerre. Pourquoi voit-on des oiseaux différents à chaque page ? Un aîné présent, qui pensait que c’était une histoire pour les petits, est agréablement surpris par l’histoire et son dénouement.  Assurément, la lecture polyphonique donne de l’ampleur au texte !

Seul regret, ne pas l’avoir lu le 8 mars, à toutes les classes du collège. On garde l’idée pour la journée des femmes 2019 *!
Sylvie Merabti, documentaliste 

* Chouette  ! Quelle bonne idée, dixit Philippe Lerchermier, l’auteur de l’album.

Nota bene Livralire  :
– A la maison des seniors à Chalon, une auditrice a proposé comme bandeau pour Naya : Les hommes font la guerre, les femmes la gagnent.
Pour le 8 mars (et pas seulement !), pensez aussi à Rosa, Elinor et Jazyâa, femmes qui font face aux hommes, héroïnes d’albums des voyages-lecture intergénérationnels précédents (si on les a dans son fonds car deux titres ne sont plus disponibles) :
SILEI : Le bus de Rosa (Sarbacane, 2011, dispo)
BROWN : L’incroyable exploit d’Elinor (Albin Michel jeunesse, 2011, épuisé)
GENDRIN : Jazyâa la tapageuse (Didier jeunesse, 2011, épuisé)

Des séquences réjouissantes racontées par Karine Pépin, documentaliste au collège de Pont de Veyle (Ain).

Au collège, le jeu pour faire découvrir des oiseaux a très bien fonctionné. Un seul élève parmi ceux des dix classes participantes a reconnu, une fois le dessin   montré, la golette dont les œufs ont assuré la survie de Tsimavio et des siens sur l’île de Tromelin.

Avec la bibliothèque de Chalamont, nous avons  joué la scénographie si élégante et poétique aux trois classes de CM 2. La dernière présentation a eu lieu avec des élèves et une bonne vingtaine d’adultes, déjà embarqués avec bonheur l’an passé, tous réunis dans la salle commune de la résidence HAISSOR (Habitat Intermédiaire Service Solidaire Regroupé), résidence intergénérationnelle avec six logements réservés à des personnes âgées.

A la fin de la présentation, un jeune se  penche vers son copain et chuchote : « Cet après-midi, on va à la bibliothèque et on emprunte celui-là« . Juste à ce moment là,  une mamie demande : « Oh, s’il vous plaît, vous ne pourriez pas nous laisser les livres dans la salle commune ? » La bibliothécaire acquiesce. Si vous aviez vu la tête du garçon, digne d’un dessin animé : les yeux qui sortent de la tête, la mâchoire qui se décroche. On imaginait la bulle au-dessus de sa tête : « NON MAIS JE RÊVE OU QUOI, ON EST EN TRAIN DE SE FAIRE CHOURER LES LIVRES ???? » !!!!
Heureusement, il y a un autre jeu à la bibliothèque et la maîtresse affirme qu’il y en aura aussi un à l’école. Ouf !

Animateurs en Ehpad ne vous découragez pas. Les remarques de nos aînés pendant ou à la fin des animations montrent qu’ils sont bien vivants et encore aptes à penser, réfléchir et décider par eux-mêmes. N’est-ce pas la définition même de l’autonomie ?

Alors pas de panique, de l’humilité et beaucoup d’optimisme ! Le voyage-lecture ne peut pas plaire à tout le monde mais le simple fait de l’exprimer doit être vu par l’animateur en Ehpad comme une liberté d’expression.  A certains, la scénographie ne plait pas alors que les lectures partagées passionnent. D’autres sont plus enthousiastes pour les découpages des éléments de la scénographie que pour la lecture elle-même.Toutes les histoires n’entraînent pas des discussions et des échanges riches. Parfois, elles ne plaisent pas, point. Passons à une autre et ne nous décourageons pas. Chacun prend plaisir à un moment ou un autre du voyage et c’est bien là l’important.

Oui, les résidents s’endorment, ce sont des personnes vulnérables qui ne sont pas toujours dans le bon état d’esprit pour l’activité. Nous devons le prendre en compte.
Oui, ils font parfois des remarques et c’est tant mieux : ça nous oblige à nous adapter, à modifier, à prendre appui sur les outils fournis par Livralire.
Oui, ils s’interrogent et nous interrogent. Ils ont le droit de ne pas aimer un projet et nous sommes parfois déçus. L’essentiel c’est qu’ils aient encore le droit !

Ce n’est pas toujours facile, même après 10 années d’expérience comme dans notre établissement à Semur-en-Brionnais. Mais le jeu en vaut la chandelle. C’est  un irremplaçable support d’échanges.

Je confirme ce que j’ai dit en novembre 2014  à Bourg-en-Bresse : pour nos établissements. 1, 2, 3 albums est un outil précieux, mieux une mine d’or.
Murielle Daumur, animatrice, voyageuse au long cours

A Aigle (Suisse), à la mi-février, la scénographie de 1, 2, 3 albums 2018 a été présentée  à trois classes de 8P – élèves de 11-12 ans- dans la toute nouvelle Médiathèque où un magnifique arbre en papier mâché créé pour l’inauguration du nouveau local nous attendait, peuplé d’oiseaux multicolores.

Les Robinsons de l’Ile Tromelin a fait aussitôt écho au roman jeunesse que nous venions de terminer en classe : Le Royaume de Kensuké de Morpurgo, autre histoire de naufrage et de survie sur une île déserte.

Ill. M. A.C.QUARELLO

Cours est en prise directe avec la réalité scolaire de ma classe.Il va servir de pansement. En effet suite à des insultes, une bagarre a éclaté dans le vestiaire de la salle de gym, et deux garçons se sont disputés, l’un se brisant la main en assénant trois coups de poing au visage de l’autre !

L’école les a punis mais il m’a semblé intéressant de leur montrer une autre alternative pour canaliser leur énergie. La lecture épicée  de Cours proposée par Livralire a été très utile.
Lire à plusieurs voix a permis de faire participer les élèves et donné lieu a une discussion sur les thèmes du racisme et de la violence…. tout en laissant quelques scènes non dévoilées à découvrir ensuite en lecture individuelle.

Voilà déjà une bonne nouvelle en attendant celles que collecteront nos lecteurs journalistes.
Dominique Grob, professeur de lettres