Premier voyage dans les albums pour notre lycée professionnel Julien de Balleure de Chalon-sur-Saône en jumelage avec l’EHPAD Roger Lagrange dans le quartier des Près Saint Jean.
Deux rencontres grâce à Emile, le petit fifre.
La première avec des terminales CAP en chaudronnerie ou électrotechnique autour de Manet. Les élèves montent une exposition. Chaque élève présente son panneau aux résidents. Remontent  des souvenirs mais aussi des hobbys, des  rêves et des regrets. Echanges enrichissants pour les jeunes et stimulants pour les résidents quelque peu désarçonnés par la fraicheur et la spontanéité des grands ados ! Prochain RDV dans les ateliers du lycée.

La seconde avec des terminales CAP électriciens qui après plusieurs répétitions au lycée font une lecture théâtralisée de l’album. En costume et plein de trac, devant un parterre de résidents médusés, ils ont brillamment joué, nous surprenant et se surprenant eux-mêmes. Le goûter a été l’occasion de faire connaissance et d’augurer d’autres échanges.
Philippe Le Moëlle, professeur documentaliste au lycée professionnel 

Publics
3 lieux, et 3 publics différents, que 3 bénévoles du groupe Lutiléa rencontrent en alternance en séance d’une bonne heure tous les 15 jours.
– Dans les locaux de Lutiléa : un petit groupe d’apprenants – 4 à 5 personnes – avec leurs accompagnateurs
– Au Centre social de la Chanaye : 7 à 8 femmes pour la plupart d’origine maghrébine, inscrites dans un atelier d’insertion
– A l’Accueil de jour de l’Etablissement des Saugeraies : 4 à 5 adultes handicapés moteur (infirmes moteurs cérébraux, se déplaçant en fauteuil roulant) avec souvent des difficultés d’élocution, rejoints par un groupe de 4 à 5 personnes atteintes de déficience intellectuelle dont un seul lecteur, venues avec grand enthousiasme de L’ESAT voisin d’Hurigny avec les deux accompagnatrices.

 Cartes postales de Marie Odile Armand
Nous utilisons les lectures épicées, les abrégeant ou les simplifiant pour faciliter la compréhension.
Les réactions sont nombreuses :

Pour Brindille :
A Lutiléa, Cécilia, d’origine africaine : « ça se passait comme ça chez moi. C’est moi qui faisait toutes les corvées, ça me fait du bien de pouvoir en parler ».
Au Centre social, on évoque la place de la femme dans la société, on approuve l’évolution de la condition féminine. « Au moins nos filles, elles peuvent faire des études et elles auront un métier ».
Aux Saugeraies, un jeune travailleur de l’ESAT d’Hurigny nous parle de rapports violents au sein de sa famille, de rivalités. Sa collègue, Aline, nous dit avec beaucoup de spontanéité et d’émotion communicative qu’elle n’a pas été élevée par sa mère, qu’elle « ne l’avait vue que sur des photos ».
On évoque aussi la notion de défi, d’objectifs que l’on se fixe pour arriver à progresser, à se dépasser. Aline nous montre fièrement une médaille qui ne quitte pas son cou, remportée lors d’une compétition de raquettes dans la neige. Cathy nous parle de son apprentissage pour prendre le bus toute seule avec son fauteuil roulant et de sa fierté lorsqu’elle y est enfin arrivée.
Et, avec l’aide très ludique du livre A quoi tu joues ? (Marie-Sabine Roger), on a pu démonter dans la bonne humeur les a priori sur les jeux filles / garçons, les métiers etc.

 L’histoire d’Emile nous a offert de belles ouvertures. Les conditions de vie du jeune garçon et la rudesse de l’internat à la caserne émeuvent, on parle aussi de destin, du hasard qui immortalise le petit fifre, et même de musique militaire !
Nous montrons dans différents livres d’art d’autres œuvres de Manet – celles que l’on retrouve accrochées au mur de son atelier – ainsi que quelques exemples de la peinture « révolutionnaire », voire scandaleuse, de l’époque. Savoir que personne ne voulait de ces tableaux qui valent maintenant des fortunes interpelle tout le monde.
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A la résidence des quatre saisons à St Hélène (71), ce lundi matin, j’anime la lecture épicée de l’album Emile, le petit fifre avec trois complices : Christelle l’animatrice et deux messieurs, l’un fait le chef de la fanfare, l’autre le commandant.

La lecture polyphonique terminée, j’ouvre un beau livre d’art et montre des reproductions de portraits comme Olympia, le nu qui fit scandale, Berthe Morisot au bouquet de violettes, ou de scènes célèbres comme celle du Balcon et du Déjeuner sur l’herbe.
Nous scindons le groupe en deux pour revenir à l’album et observer des objets de la caserne d’Emile : lits métalliques, chaussettes tricotées, pots de confiture (mes auditrices préfèrent les rouges), un broc, etc.
Dans l’atelier du peintre, surprise ! Nous apercevons des esquisses de ses célèbres tableaux. Nous en repérons d’autres dont j’ai depuis trouvé noms et rendus sur wikipedia  : Portrait d’Emile Zola, Lola de Valence, Le Buveur d’absinthe, Jeune homme en costume de majo, la Lecture.
Une dame toute contente d’emprunter le beau livre d’art sur Manet les aura certainement aussi reconnus. A vous de le faire !

VM Lombard

Ehpad de Semur en Brionnais (71) : 24 résidents réunis autour d’Emile, le petit Fifre.

semurptOn commence par situer l’histoire en utilisant l’introduction des lectures épicées. On fait deviner par une série d’indices le mot Paris et « 19 ème siècle » : une formalité pour le groupe qui répond presque spontanément. On parle de l’époque et du peintre Manet…. Les discussions vont déjà bon train. Va-t-on pouvoir commencer la lecture ?
Puis nous lisons à deux voix ce qui rend l’histoire plus vivante et aide le public à se concentrer. Les images sont montrées au fur et à mesure. On entend quelques rires et on sent les regards qui ne décrochent pas.

S’ensuivent
Des commentaires :
– J’espère qu’il pourra manger ce bout de chou.
– Le petit fifre ne sait ni lire ni écrire. Les enfants de troupe étaient appelés aux repas par le clairon, par une sonnerie militaire typique.
– Avant c’était différent, beaucoup d’enfants avaient la vie dure et étaient malheureux. L’autorité ils connaissaient.
– Je pense qu’il serait bien de lire cette histoire aux jeunes. La vie est si facile maintenant lorsque l’on est jeune.
– Le livre est bien imagé. C’est une belle histoire avec des mots simples et une progression agréable à écouter.

Des évocations et des souvenirs :
– Ce livre me fait penser à un de mes cousins qui était un enfant de troupe à Billon. Lors de la guerre 39-45, le drapeau de l’école a été brûlé et chaque petit morceau restant distribué aux enfants. C’était un bel acte national pour que les allemands ne s’en emparent pas. Mon cousin l’a toujours gardé en souvenir.
– L’école des enfants de troupe existe toujours à Autun. Il s’agit d’un lycée qui accueille des enfants de la 6ème jusqu’aux études supérieures. C’est aujourd’hui une école militaire avec entrée sur sélection.
– Savez-vous que c’est du mot fifre que vient l’expression : ça ne m’a pas coûté cher, juste quelques fifrelins.

On parle de la fanfare de Roanne, pas loin de Semur, nommée les fifres Roannais. On se dit qu’on pourrait peut être faire en sorte de l’écouter. Et, pour finir, quelques messieurs se mettent à chanter tous en chœur un chant de soldat français :
La France est notre mère
C’est elle qui nous nourrit
Avec des pommes de terre
et des fayots pourris.

Murielle, animatrice

emileidTitre : Emile, le petit fifre

Auteur : Anne de LA BOULAYE

Illustrateur : Sébastien MOURRAIN

Editeur : Seuil Jeunesse © 2013

Un enfant de troupe,  joueur de fifre, est confiné à la caserne pour avoir agressé un camarade. Il doit nettoyer le réfectoire pendant que les autres sont sortis pour une parade militaire. Arrive un officier qui lui fait revêtir son uniforme et le conduit chez un certain Monsieur Manet. Pourquoi l’emmène ton chez un peintre ? Pourquoi est-on si bienveillant à son égard ?