A la petite bulle (accueil solidarité et famille de Talant / Côte- d’or), nous voyageons depuis plusieurs années, partageant les albums avec des femmes du quartier.

Nous avons découvert la sélection grâce aux bibliothécaires de La Médiathèque Départementale qui nous ont joué la scénographie. A la suite de quoi, les femmes ont  retenu quatre albums : Cours, L’orchestre recyclé, Bonnes nouvelles du monde et Méditerranée.

Après lecture, nous avons programmé trois séances pour préparer la présentation des quatre albums au groupe « Vivement jeudi » (activités culturelles et sorties proposées à des personnes du quartier par le centre social) . Nous avons repris le canevas créé par Livralire : textes, visuels et musique.  A la première séance, les femmes sont au nombre de dix.  Elles ne sont plus que trois aux ateliers suivants.  Ma collègue et moi sommes un peu découragées. Happées par leur quotidien, l’assiduité  à une activité reste difficile. Malgré tout, on les « rebooste » en leur disant qu’on compte sur elles et qu’elles sont attendues.

Surprise le jour J, au Centre social de la Turbine, elles arrivent à cinq pour répéter, maquillées et très joliment vêtues, une heure et demi avant la rencontre. Lydia est déterminée, elle est exigeante et transmet sa motivation aux autres dames. La musique accompagnant les présentations et la peur d’être sur scène leur donnent envie de danser et elles se mettent à tournoyer…  

Répétition et spectacle se déroulent agréablement. Les lectrices sont concentrées et souriantes. Hadi, chargée de donner les albums au public, le fait en dansant, en virevoltant jusqu’au premier rang. C’est merveilleux !  Elle a répété avec ses enfants les cinq phrases du final qu’elle a interprétées en roulant les R, avec son magnifique accent albanais.  Son mari présent dans la salle avec une bonne vingtaine de personnes est fier de sa femme. Il nous montre une photo d’elle en habits traditionnels du Kosovo. Noura sort la tête de son texte et accentue le ton.

Conclusions :
1 / Les personnes qui ont assisté sont surprises et ravies. L’une dit : « Maintenant, quand je déposerai mes couettes dans la machine au Lavomatic, j’irai à la  bibliothèque ! ». Les femmes expliquent les modalités d’accès à la médiathèque : « Bien sûr, vous pouvez entrer à la bibliothèque même si vous n’avez pas de carte, il ne faut pas avoir peur d’y aller … ».

2 /A travers la lecture, les dames ont pu exprimer combien elles aimaient danser.  Dès septembre, nous orientons les temps de rencontre  vers cette nouvelle activité :  « la petite bulle va danser maintenant »

3 / A la rentrée, certaines dames vont rejoindre le groupe des bouquineurs à la médiathèque de Talant.

4 / En donnant une responsabilité à notre public, il s’investit, s’ouvre et nous passe de son énergie. D’autres projets avec la médiathèque locale se construisent, à suivre !

Depuis le début des vacances, tous les albums des quatre dernières éditions d’1,2,3 albums, sont mis en consultation libre, de façon incitative, dans la salle d’attente de notre accueil.  Les albums sont posés sur les sièges, dans des bacs… et ça marche :  une dame demande à emprunter La guitare de Django (Sarbacane), une maman lit L’orchestre recyclé » à ses 4 enfants. Les albums changent de place, les enfants trouvent d’autres idées de rangement et nous les proposent.

Sophie Pontoise, assistante sociale au Conseil départemental de la Côte-d’Or