A la médiathèque de Saint-Maur dans l’Indre, nous proposons quatre fois par an, en partenariat avec le service Jeunesse de la ville, des ateliers intergénérationnels : jeux intérieurs et extérieurs, cuisine et lecture partagée.
Les volontaires s’inscrivent, souvent en binôme familial (un enfant, un grand parent). Nous veillons à avoir la parité entre jeunes et adultes.

Celui sur la lecture se déroule en trois séances : deux pour préparer une lecture épicée d’1.2.3 albums, une pour la partager avec un public.
Cette année, nous avons choisi de jouer l’Expédition.
Les huit participants, quatre jeunes de 10-11 ans, Maxime, Inès, Emma et Marine et quatre adultes, Marie-Anne, Colette, Maryse et Gérard ont :
– formé un duo autre que familial
– choisi la tranche de vie de l’héroïne de l’album qu’ils voulaient raconter
– fait deux répétitions à la médiathèque
– partagé le 18 avril la lecture avec quinze résident.e.s de l’Ehpad.

Le succès a été à la hauteur de l’investissement des lecteurs. Mieux, des liens se sont tissés pendant le goûter servi par les enfants, qui ont ensuite raccompagné les ainé.e.s. Spontanément, ils ont proposé aux résidents de revenir à titre individuel pour lire dans leur chambre.

Au troisième trimestre,  en plus d ‘être parrains de lecture, ils seront colporteurs d’histoires : avec leurs complices adultes, ils ont décidé de faire aussi une lecture à leurs pairs du centre de loisirs.

Karine Chalumeau-Berberian, responsable de la médiathèque Raymonde Vincent (Saint-Maur-36)

Une première à l’Ehpad de Saint-Trivier-de-Courtes (01) le 9 décembre avec une animation lecture engagée et participative. Trois collégiennes et moi avons lu 4 nouvelles extraites de Petites nouvelles de la Révolution, puis Le printemps d’Aubaka. Avec en chœur, la chanson « lundi des patates, mardi des patates », la table de 9 et le slogan des villageois « Vive la démocratie ».

Les résidentes, ravies, ont félicité les ados et l’animatrice, conquise et confiante, compte sur nous pour d’autres lectures et échanges. Rendez-vous est pris pour fin janvier 2023.

Cathy Dupré, prof-doc au collège de Saint-Trivier-de-Courtes

Une demi-classe de 6e et trois seniors chalonnais sont en demi-cercle au CDI pour goûter deux histoires de Petites nouvelles de la révolution.
Celle qui se déroule à la cantine russe surprend les jeunes qui avaient fait d’autres hypothèses en observant l’illustration de couverture. Elle fait rire le groupe.
La deuxième raconte le rêve de vacances de Sofi et de son frère Oukiok dont le cadre de vie au Groenland fait de neige et lichens est monotone. S’ils pouvaient voir des arbres et avoir chaud !

Est-ce d’abord le dépaysement que l’on cherche quand on part en vacances ? Si oui, pas la peine d’aller très loin pour nous qui vivons dans un pays aux multiples décors. Les vacances sont-elles toujours familiales ?

Les seniors témoignent :
– La notion de vacances n’existait même pas, dit Irène. En plus nous étions cinq enfants et n’avions qu’une 2CV Citroën : impossible de se déplacer tous ensemble. A neuf ans je suis partie en colonie à Cruzille (près de Mâcon), autant dire le bout du monde pour moi.
– La famille de mon père était polonaise, raconte Guy. A dix ans et pour la première fois, nous sommes partis l’été voir notre famille : trois jours de train jusqu’en Pologne.
– Moi, dit Claudine, j’allais un peu en Picardie voir la famille et, plus grande, j’allais aussi en colo.

Les jeunes leur font ensuite écho :
– Moi aussi, j’ai découvert un été ma famille en Macédoine.
– Je suis allée en colo et me souviens avoir pleuré le premier jour.
– Le seul moment où je vois mon père, absent de la maison à cause de son travail, ce sont les vacances. Il nous emmène en Afrique du nord d’où il est originaire mais pas seulement. On a visité une dizaine de pays.

Toutes les destinations sont visualisées sur le planisphère posé au tableau.

Et le professeur de conclure : « En une heure, nous avons fait un grand voyage. Nos âges sont différents et pourtant nous avons des vécus communs. D’ailleurs en vous écoutant, je réalise que moi non plus je ne sais pas ce que c’est que des vacances en famille : c’était la pleine saison de travail pour mon père. On ne partait jamais ».

VML

L’album Les rides de JR a été le point de départ d’une correspondance tissée entre les résidents de l’Ehpad des Peupliers à Bourg-en-Bresse et la classe de 3e du collège de la Plaine de l’Ain à Leyment (01)

Premier échange : le temps de la jeunesse
Les collégiens, sans destinataire attribué, font leur autoportrait avec une illustration, un dessin ou une photo, et confient comment ils imaginent leur vie future : rêves, peurs, espoirs.
Dans le même temps, les ainés retrouvent une photo de leur jeunesse et partagent leurs souvenirs.

Les courriers sont échangés, et les élèves, émus, découvrent qui a lu leur lettre et comment on vivait, à leur âge, en pleine seconde guerre mondiale.

Deuxième échange : le temps de la vieillesse
Les collégiens se projettent dans le futur. Quel visage auront-ils au soir de leur vie ? Que racontera-t-il des épreuves traversées ?

Les résidents, pris en photo par Marie-Line, leur animatrice, écrivent sur leur vie et parlent de leur quotidien dans la résidence.

Les élèves attendent avec impatience cette deuxième lettre. Ils se souviennent parfaitement du premier portrait de jeunesse qu’ils ont reçu. Ils répondent, trouvent des points communs avec leurs aînés ! « Nous ne sommes pas les meilleurs mais nous ne nous laisserons jamais manipuler ou offenser. Nous partageons ça avec vous. »

Les ainés se réunissent pour découvrir les portraits imaginaires des élèves dans quelques années à partir de leurs têtes actuelles. Leurs visages se dérident, rayonnent de joie et d’émotion à la lecture des petits mots des jeunes.

Quel pied de nez au virus que ce projet mené à bout et quelle expérience ! On ne serait sans doute pas allé si loin face à face.
Comme le dit Jacqueline : « Nous ne nous sommes pas rencontrés, mais nous avons l’impression de nous connaître. »
Les rencontres sont parfois plus belles encore par l’écriture…

Emilie Nallet associée à Marie-Line Dumange et Jessica Mota

A Jassans-Riottier dans l’Ain, 1 ,2, 3 albums a été adopté par la bibliothèque depuis plusieurs années. Le collège, la maison de retraite et l’Ephad en ont déjà profité.

Pour l’édition 2021, une classe primaire était partante. Comme c’était difficile d’envisager un jumelage avec des ainés en résidence à cause des contraintes sanitaires, Jennifer, la bibliothécaire, a fait l’offre au centre social. Cindy, l’animatrice, enthousiaste, en a parlé à des personnes de la ville, inscrites à des ateliers divers (couture, photo, jardin partagé, etc.).

Un groupe de 5 femmes et un monsieur auxquels se sont jointes deux bénévoles de la BM s’est constitué. Avec Cindy et Jennifer, ils ont préparé et joué la scénographie aux élèves. Un jeu de livres était à leur disposition à la bibliothèque, l’autre partant dans la classe.

L’album Les rides les a réunis. Les ainés et les enfants ont été photographiés par un spécialiste, Marc Féréol, bénévole au centre culturel. En deux séances à la bibliothèque, les élèves répartis en petits groupes, ont interrogé un senior sur sa vie puis rédigé sa biographie.

A l’occasion du vote, les voyageurs-lecteurs ont découvert les portraits grand format exposés 15 jours au centre culturel de Jassans puis encore 15 jours à la médiathèque Simone Veil.

L’expérience virtuelle de vieillissement des visages racontée sur ce blog, a donné une idée inverse à Sylvie Merabti, documentaliste au collège de Talant.

Les seniors qui dans la ville de Talant et via la bibliothèque, ont lu individuellement les albums sans pour l’instant rencontrer les collégiens n’ont pas toujours eu des rides.

Et si on leur demandait deux photos, une récente avec leur visage marqué, une de leur jeunesse à la peau douce ?

Sylvie Guyot à la bibliothèque se chargera de scanner ou tirer les portraits qui seront exposés au collège.

En juin, les élèves voyageurs découvriront les visages des partenaires de lecture en appariant les portraits ridés et ceux d’avant les rides !

VML

 

Trois étudiantes en BTS Anabiotec 2e année au Lycée La Brosse à Venoy (Yonne) ont, dans le cadre de leur Projet d’Initiative et de Communication, ont lancé un échange intergénérationnel sur la base d’1, 2, 3 albums entre une classe primaire de Saint-Bris-Le-Vineux et les ainés de Perrigny.

Compte tenu des circonstances, tout se fera par la correspondance.
Les étudiantes ont dans un premier temps veillé à ce que les deux groupes fassent connaissance.
Elles ont photographié et interviewé des résidents de l’Ehpad puis transmis aux élèves, sous forme de fiche individuelle, leur photo accompagnée d’un petit texte avec leur âge, leurs passe-temps, leur ancien métier, etc.

Les jeunes, en binôme, ont écrit une carte postale à une personne de leur choix, se présentant, rebondissant parfois sur son portrait (cette dame aime coudre comme moi) et lui confiant un petit secret (faire les mots croisés de son grand père sans qu’il le sache).

Le passage par l’écrit a obligé chacun à se mettre un peu à nu et de fait à  créer un climat de connivence immédiat et fécond, en vue des prochains échanges sur les lectures.

VML d’après un article de Damien Robine, France Bleu Auxerre.