Pendant l’année scolaire 2014-2015, j’ai collaboré pour la première fois – pour une si longue durée – avec une classe d’élèves en difficulté : la classe de DEP2 d’Aigle, composée de 3 filles et 6 garçons. L’une des filles arrivée en automne 2014 de Côte d’Ivoire ne sait presque pas lire et une autre déchiffre. Les autres présentent des retards scolaires divers et des situations familiales souvent difficiles.
Au 1er semestre, les élèves sont venus 20 fois dans ma salle de « Dégustalivres » accompagnés d’une de leurs deux enseignantes principales. Ils y ont découvert douze albums présentés de diverses manières et pour deux d’entre eux, ils ont pu visionner leur adaptation en film. Il s’agissait à chaque fois de lectures communes et partagées suivies d’une lecture individuelle silencieuse. En avant première de 1,2, 3 albums 2015, ils ont reçu en livre surprise Les 5 Malfoutus avec pour mission de me le présenter. Avec leur professeur de classe, ils ont su relever le défi en deux semaines en me le présentant sous forme théâtrale. J’ai été stupéfiée de voir comment chacun avait appris son rôle par cœur et s’était impliqué dans cette présentation.
Au second semestre, la classe a assisté à la scénographie de 1, 2, 3 albums 2015. Ensuite les élèves se sont répartis en 5 groupes auxquels ont été attribués 2 albums. Chaque groupe était sous la responsabilité d’un enseignant de la classe : les 2 profs principales, l’enseignante de dessin, l’enseignant de musique et l’animatrice du « Dégustalivres ». Charge aux jeunes de présenter leur album préféré à la classe, avec si nécessaire aide de leur accompagnateur de lecture. Les choix se sont portés sur Halb, l’autre moitié, Elle est où la ligne?, Un verre, Les soeurs Kouma, Le casque d’Okapi.
Pour Halb, les élèves ont choisi de raconter l’histoire à l’aide des illustrations projetées sur écran.
Un verre a été présenté sous forme de pièce de théâtre, une fille jouant le rôle d’Etienne et l’autre celui de sa mère.
Pour les sœurs Koumba, plusieurs élèves d’origine africaine ont pris plaisir à jouer sur table la lecture épicée avec marottes.
Deux élèves ont raconté Le casque d’Opapi du point de vue des deux grands-pères Jean et Franz.
Et la prof de dessin a fait réaliser à deux élèves des masques et des panneaux permettant de raconter Elle où la ligne ?
Pour ces élèves en difficulté de lecture, je n’ai pas constaté de différence de motivation par rapport à une classe ordinaire, à part quelques difficultés de concentration et une plus grande fatigue. Les albums qui touchent aux émotions, à l’intime et qui parlent de problèmes auxquels les élèves peuvent s’identifier sont ceux qui ont eu le plus de succès. Les histoires où les images ou le texte emportent dans l’imaginaire ont bien plus à ce type d’élèves, tandis que ceux où le texte prend plus le dessus ont moins intéressé. La motivation était grandissante chaque fois que la lecture s’ouvrait vers un autre support (film ou vidéo) ou permettait d’être plus participatif : activité d’écriture ou lecture à jouer.
Lorsque j’ai assisté à la présentation des albums choisis, j’ai été surprise de la grande fierté et motivation des élèves, ainsi que de la qualité du travail mené en collaboration avec les enseignants. Ce fut une chouette expérience possible grâce à 1, 2, 3 albums !
Dominique Grob, collège Aigle (Suisse)
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