Le jour de la scénographie, j’avais été très touché par l’évocation de Nasreddin dont ma grand-mère marocaine me chauffait les oreilles. J’avais dit à Cécile, la documentaliste, que ces histoires avaient bercé ma jeunesse. Elle m’a proposé de suite un atelier de lectures partagées des Petites histoires du monde (Bulles de savon) avec mes élèves.
Nous avons adopté le protocole en deux temps proposé par Livralire. Un temps individuel : chaque élève pioche un titre puis prépare la lecture de l’histoire correspondante. Un temps collectif avec audition des histoires et discussion sur leurs morales.Tous les jeunes se sont prêtés au jeu, même ceux qui ont des difficultés en lecture. Des élèves se sont avérés doués, d’autres stressés et fiers. Ils ont tous écoutés. Certains échanges ont été savoureux comme celui sur les bananes salées :
– Ce soir, je vais pas réussir à dormir parce que je serai toujours là à me poser la question, c’est quoi ça.
– Y a de quoi en faire une histoire, je te dis que moi chez moi on en mange des bananes salées.
A la fin de l’heure, je suis allé féliciter deux garçons qui avaient consciencieusement préparé ensemble leur lecture : Merci Moïse et Junior pour vos lectures. Vous m’avez ému tout à l’heure. C’est magnifique. Bravo ! Moi, je vous fais les maths, la physique, mais vous avez des talents que je découvre aujourd’hui. Les rapports sont souvent tendus entre vous et moi. Là, ça a basculé !
On s’est séparé avec le sourire. Les élèves n’auraient jamais ouvert l’album Petites histoires du monde sans nous. Moi, je n’aurais pas imaginé avoir un jour une telle occasion de découvrir mes élèves sous un autre jour.
Cécile a prévu une deuxième séance où elle se fera offrir par les jeunes des histoires qu’ils auront glanées.
Abdellatif Bourhim, professeur de maths au lycée professionnel Gaston Bachelard (75013)
Laisser un commentaire
Participez-vous à la discussion?N'hésitez pas à contribuer!