Emmanuel Delorme, professeur de lettres et formateur, raconte comment les albums proposés dans le cadre d’1, 2, 3 albums font partie intégrante de son enseignement.
La lecture d’albums en classe au collège n’est pas du temps perdu. Mieux, elle correspond au programme. Pour exemple cette année, les albums Cours, Naya ou la messagère de la nuit, L’Histoire extraordinaire d’Adam R., L’Incroyable histoire de l’orchestre recyclé peuvent être étroitement associés par la thématique au programme des lectures en 6ème : « Résister au plus fort, ruses, mensonges et masques ».
En effet, l’élève turbulent de Cours, Naya, Adam R. et les enfants du bidonville de l’orchestre recyclé font tous face à plus fort qu’eux : une vilaine réputation d’élève bagarreur pour le héros de Cours, sa condition de femme et la guerre pour Naya, son handicap pour Adam R., la misère pour les jeunes musiciens de l’orchestre. Pourtant, simultanément, tous résistent, d’une manière ou d’une autre, et souvent à la faveur de rencontres déterminantes, qui valent bien toutes les ruses, les mensonges et les masques : un chef d’établissement pour le héros de Cours, Yacouba pour Naya, le cordonnier pour Adam R., le chef d’orchestre pour les enfants du bidonville.
Les Robinsons de l’île de Tromelin aborde, lui, non seulement cette thématique (Tsimiavo affronte un marchand d’esclaves, la nature hostile, mais surmonte ces périls par son intelligence et la solidarité qui règne au sein de son groupe de survivants), mais également celle intitulée : « Récits d’aventure ». Ses mésaventures (embarquement forcé dans le bateau, naufrage sur l’île, abandons successifs, sauvetage final) constituent bel et bien un récit d’aventure à part entière, et peut donc être lu comme tel.
Les autres albums ne sont pas en reste. Ils se prêtent à des lectures toujours en lien avec ce même programme.
Bonnes nouvelles du monde peut être le point de départ d’un travail de recherche de bonnes nouvelles dans les journaux au cours de la semaine de la presse, Nos plus grands rêves et son injonction finale : « Et toi ? Quel est ton plus grand rêve ? » peut donner lieu à des travaux d’écriture qui rejoignent la thématique « Création poétique ». Enfin, Méditerranée peut être associé à la thématique « Récits de création » : pour l’héroïne qui prend la mer, c’est bien une nouvelle vie qui se profile, et la fin tragique de l’album n’enlève rien à l’expression de cet élan propre à tous les récits de création.
Ces liens me sont spontanément venus à l’esprit parce que je voyage cette année avec une classe de 6ème, mais, assurément, ils peuvent être établis avec le programme propre à chaque autre niveau du collège.
Pour ne s’en tenir qu’à ce seul exemple, le récit (page 11) de la vie quotidienne dans le village de Naya est, l’air de rien, un éloge vibrant au rôle essentiel des femmes dans ce village et peut être lu, dans cette perspective, par des élèves de 3ème à qui on proposera, dans la foulée, de rédiger un éloge selon ce modèle. On le voit, les possibilités ne manquent pas.
Pour conclure, l’association lecture d’albums / thématiques au programme, en révélant la forte dimension humaine qui sous-tend l’ensemble de ces récits, permet aux élèves de s’approprier ces derniers : les aventures et mésaventures de ces héroïnes et héros attachants resteront en mémoire. Quand on sait l’importance de cette mémorisation dans la formation d’un lecteur, le temps consacré à la lecture d’album est précieux.
Emmanuel Delorme, professeur de lettres à Chalon et formateur en Bourgogne.
de français au collège