Le double. L’album qui dérange. Beaucoup le trouvent difficile et ne comprennent pas sa place dans la sélection. D’autres lui accordent de l’attention privilégiant un aspect de son contenu : critique sociale, conte fantastique, allégorie sur la folie.

Natalija Radisavljevic, documentaliste au lycée Bachelard à Paris, nous ouvre les yeux sur les illustrations. En effet, elle nous apprend que Claudia Palmarucci, la jeune artiste italienne, s’est inspirée de tableaux classiques et de photographies qu’elle a repris ou détournés.
Exemples :

Pour la couverture. Portrait de Buster Keaton, par Arthur Rice (1925)
keaton

Pour le portait de face et de profil au sortir de la baignoire (pages 32 et 33) : photographie policière de Vincenzo Peruggia (1913)
police2

Les têtes des travailleurs abrutis (page 46 et 47) : sosies des aliénés peints par Théodore Géricault en 1822

Le fou monomane du Commandement, 1822
 Le fou monomane du Commandement
La  folle monomane du Jeu

.On peut :
– Aller plus loin avec l’article sur le travail de Claudia Palmarucci
– Opérer avec les lecteurs d‘autres rapprochements d’images à partir :
…..– D’œuvres de Gnoli  (XXe) :
……….– Bestiaire moderne, avec l’armoire de la page de garde
……….– La femme sole, avec la page 26
……….– Sous la chaussure, avec la page 51

….– D’une gravure de Max Klinger : Le mythe de Sisyphe (1914) avec la page 11
….– D’un tableau de Goya : Le sommeil, avec la page  44
….– De l’affiche du film de Fellini, La cité des femmes, avec l’affiche page 42-43

– Lire aussi un article sur le blog L‘Ecritoire des muses
VML

IMG_1429

Une animatrice a avoué être embarrassée avec le recueil d’histoires, ne sachant comment s’y prendre pour le promouvoir. J’avais proposé une pioche des titres.
Marie Christine Defaut, présidente de Livralire a aménagé l’idée avec succès auprès des seniors en utilisant des objets.

Protocole pour 6 contes :
1/ Dans un sac, glisser des objets : une pince à linge, une carte vitale, une clef, une feuille d’arbre, une pièce, un chien
2/ Faire piocher un objet
3/ Lire le conte correspondant sans donner le titre
4/ Demander au public de trouver un titre à l’histoire
5/ Dévoiler celui de l’auteur. Pour les objets ci-dessus nommés : Comment faire venir la pluie  (p 7) – Mal partout  (p 12) – La clé perdue  (p 14) – La feuille de l’arbre (p 19) – Le trésor enfoui (p19) – L’autre chien (p 24)
6/ Discuter des chutes des histoires pas toujours comprises
VML

Témoignages.

Au lycée Marc Seguin d’Annonay (07) :
Les  élèves de la classe CAP petite enfance ont présenté la scénographie  aux jeunes de 6e et 5e  du club lecture du collège voisin. Très réticents à l’idée de prendre la parole en public, ils ont finalement été fiers d’avoir réussi à tout mener : lecture, manipulation, musique

Au collège de Decize (58) :
decizept2Les élèves d’ULIS s’accrochent bien au wagon. Ils ont sélectionné cinq albums qu’ils vont présenter à leurs professeurs et à des camarades de 6e ; à des jeunes réunis à l’occasion de la session de printemps du « Parlement des Jeunes Invisibles » à la Charité-sur-Loire ; aux CM2 dans le cadre de leur accueil  au collège en juin.

A la bibliothèque de Sierre (Suisse) :
La première présentation a été faite en duo par la bibliothécaire et un stagiaire. La deuxième a été faite par les élèves d’une classe de 8H à ceux d’une classe de 7H. Ils ont tous été conquis par la scénographie et ils se sont rendu compte que s’exprimer devant une vingtaine de personnes n’est pas si évident. La lecture à haute voix est un exercice qui peut tout à fait s’insérer dans le programme scolaire.

Lire la suite

La riche expérience d’une bibliothécaire du Berry nous rappelle que le fil rouge d’1, 2, 3 albums, doit rester la lecture individuelle et collective. En effet, dans le collège où elle intervient, le temps consacré à la lecture après la scénographie est réduit à peau de chagrin. Les élèves n’ont pas lu tous les albums, qu’ils doivent en choisir un et le mettre en scène. Les idées fusent mais les réalisations, laissées à leur imagination, sont très moyennes : des saynètes bâclées, des gribouillages illisibles, des lectures inaudibles…Du coup les jeunes, pourtant investis, ne sont pas valorisés, certains désabusés, d’autres vexés ou déçus. L’album Demain les rêves n’a pas été choisi. Normal, il n’a jamais été expliqué ni discuté.

Si l’intention est bonne, le résultat est très décevant d’autant qu’il n’a pas dépassé les murs de la classe. Avec le même volume horaire pris sur les heures de français, on pourrait se recentrer sur la pédagogie (lecture , compréhension et discussion, oralité) et donner aux élèves l’occasion d’être acteurs de lecture. Soit, ils jouent totalité ou partie de la scénographie à une autre classe soit, ils préparent quelques lectures épicées (ou interprétations de lecture) pour des camarades d’autres classes à qui serait prêté bien sûr l’album correspondant. Pour cela il faut l’aval et la complicité de collègues professeurs dans le collège et ça, ce n’est pas acquis partout.
VML

Au collège de Déols (36), les élèves de 4e choisissent, après lecture des albums, un titre à interpréter sous la forme de leur choix. Exemple : une vidéo pour le conte russe transposé dans le Berry !


Dans l’album La belle vie, il y a un homme en kilt, un cottage, du thé et une scène à Central Park. Ces clins d’œil aux pays anglo-saxons me donnent tout naturellement l’idée d’associer le professeur d’anglais du lycée à la lecture de l’album avec des élèves de CAP.

Sur une heure de cours d’anglais, nous avons :
image dico– fait la lecture théâtralisée de l’album telle que Livralire nous l’a proposée.
– distribué à chaque élève la grille des 5 occasions de déclarer que la vie est belle. Quand je mange… j’ai … je fais … je vois … j’entends …
– partagé les propositions.
demandé à chaque élève de traduire, avec l’aide du dictionnaire, une de ses propositions en anglais. Exemples : Life is beautiful when I feel free ; when my parents are together ; when I eat fresh and natural food; when I’m listening to music.
– fait dire à haute voix les phrases en anglais.

Nous en retiendrons que :
notre crainte de nous faire huer était vaine : cet album n’est pas « bébé ». L’écoute est attentive et les pétales (d’impression) majoritairement jaunes.
– les jeunes ont spontanément rempli le tableau.
l’échange fut un beau moment, emprunt même d’émotion quand un gros dur avoue : « Pour moi la vie est belle, quand ma mère me dit je t’aime ».
– leurs notions d’anglais sont très limitées, la traduction est un exercice difficile.
– il nous faudrait prolonger le débat sur les définitions du bonheur.

oumenelavie2On peut retrouver le trio enfant-adulte-lapin dans 2 albums antérieurs qui parlent aussi de la vie : Une vie exemplaire ( à trouver en bibliothèque car épuisé) et Où mène la vie ? (Hélium).
Cécile Bayer, CDI lycée Bachelard (75013)

La création de l’album Hors-piste relève d’un processus créatif peu banal. Un artiste, Tom Haugomat, a laissé libre cours à son imagination sur le thème de la montagne en composant des visuels cyan et magenta. Maylis de Kerangal s’en est emparée et a construit un récit.

Au lycée professionnel Gaston Bachelard, le professeur d’arts appliqués et moi-même nous avons proposé à douze élèves de 3e prépraPro, avant la lecture intégrale de l’album, une marche d’approche à partir des images.

Séance 1 (2 h) :
Création collective à partir des images de l’album selon le protocole suivant :

1/ Analyse collective de deux images
2/ Distribution à chaque élève d’une image de l’album avec trois pistes d’observation : ce que je vois – ce que j’imagine – un titre de séquence.
Exemple pour la page 22-23 :
                           Description : Il y a 2 personnages, un adulte avec une moustache, un bonnet rouge et une canne, et un enfant avec un bonnet bleu, un pull         rouge, un sac à dos bleu. L’adulte montre avec sa main gauche la direction d’une maison. Tout est recouvert de neige. Sur la droite de l’image, on voit un hangar avec un troupeau de moutons, ils sortent vers l’extérieur.
                            Interprétation : Le fils du berger veut partir accompagner son père emmener les moutons. Mais celui-ci est en colère contre lui et lui demande de retourner dans sa chambre car il doit aider sa mère à faire à manger et mettre la table. Le petit garçon est très déçu, il voudrait vraiment partir avec les moutons qui sont déjà sur la route.
                            Titre : Un père en colère
3/ Chacun présente son image au groupe
4/ Attribution de noms aux personnages
5/ Mise en ordre chronologique des visuels
6/ Création collective orale de l’histoire
Les jeunes, ayant beaucoup de difficultés à l’écrit sont plus investis à l’oral. D’où l’intérêt d’utiliser un dictaphone ou l’application Book creator.

Séance 2 (2h) :
Présentation de leur production et lecture épicée de l’album Hors-piste.

Cécile Beyer, CDI lycée Bachelard (75013)