Dans la dynamique des voyages-lecture enfance qu’elle organise depuis plusieurs années, la médiathèque départementale du Tarn avait organisé l’an dernier une formation de deux jours sur 1, 2, 3 albums, programmée en décembre 2018. Les bibliothécaires avaient regretté cette date tardive, arguant d’un programme d’animation déjà bouclé.

Malgré tout, quelques-unes ont utilisé des lectures épicées avec des jeunes mineurs primo-arrivants ou dans un centre aéré où les enfants enthousiastes ont réclamé d’autres lectures sur le temps scolaire. Deux bibliothécaires de Réalmont ont également embarqué une classe Ulis en programmant trois rencontres (scénographie, lectures épicées et vote).

La conseillère pédagogique en charge des élèves en situation de handicap a eu vent du succès du projet. Elle a pris contact avec Sylvie Cathala, sous directrice de la MDT, cheville ouvrière des voyages-lecture. Résultat : cette année, 13 enseignants de classes Ulis, dans les starting-blocks, étaient déchargés de cours pour assister à la matinée de présentation d’1, 2, 3 albums à Albi, avec un accueil de première classe – décor, buffet, ambiance – assuré par Sylvie, Céline et Sandrine.

Trois raisons motivent cet engagement collectif :
-la diversité des lectures proposées,
-l’opportunité d’intégrer des scolaires marginalisés dans un projet ordinaire,
-l’existence du blog comme espace de communication interactif.

Une vingtaine de bibliothécaires, très motivées, dont certaines informées spécialement de la participation de la classe Ulis de leur commune, sont restées l’après-midi pour « débroussailler » cinq lectures épicées. Les plus isolées ou les craintives peuvent compter sur l’aide de quatre bibliothécaires départementales avec prêt des supports (scénographie et lectures épicées) ou co-animation locale.

Ce 3 décembre 2019 à la médiathèque départementale du Tarn restera pour moi un jour de bonheur, plein d’énergie communicative, promesse de liens interprofessionnels et de créativité numérique, sous la houlette d’une professionnelle de Canopé, qui a programmé en janvier un atelier ouvert aux enseignants et aux bibliothécaires.

Impossible non plus d’oublier mon retour en TGV, le lendemain. Comme mon voisin voulait déposer des affaires sur mon sac contenant les présentoirs à marottes, je le préviens aimablement que c’est fragile. Et la conversation s’engage :
– Qu’est-ce que vous transportez ?
– Du matériel pour un spectacle-lecture.
– Quel genre ?
– Une mise en bouche pour du public embarqué dans un  voyage-lecture.
-Ah, mais je connais votre projet. J’ai même encouragé des enseignants à en organiser dans leur classe ! Pensant qu’il est lui-même enseignant, je lui demande confirmation. Ce monsieur est bien enseignant, mais en fait professeur d’économie à l’université. Convaincu que les liens sociaux sont l’avenir de l’humanité, il me remercie d’avoir inventé le concept de lectures partagées. J’en reste coite, mais l’invite au bar où une heure durant, ce passionnant bavard me raconte ses activités de collapsologue (*) et me détaille ses analyses qui n’ont pas l’air de le déprimer ! J’apprends plein de choses ! Vive le train (quand il fonctionne) !
VML
(*) Pour en savoir plus sur la collapsologie, lire Comment tout peut s’effondrer, Pablo Servigne et  Raphael Stevens (Seuil 2015)