J’arrive toute excitée à 15h au Moulin du Vallon où le groupe Lutilea (plateforme de lutte contre l’illettrisme) m’a invitée à une présentation des albums par des binômes d’adulte : l’apprenant et son accompagnant-enseignant. Ce groupe ayant pris le projet tardivement en route, il n’y a pas eu de présentation collective. Les duos volontaires ont pris et lu un album de la sélection, charge à eux de le présenter aux autres.

Ma venue a l’air de surprendre. C’est que la fête est finie ! L’heure avait été avancée. On avait oublié de me prévenir. Devant mon immense déception, l’animatrice propose de « bisser » quelques présentations.

Nadia raconte « le Samourai en armure rouge ».

Catherine parle du « Manteau rouge » dont elle a fait un livret texte et dessins.


Aïcha, se présente : je suis algérienne-française, je ne le lis pas bien. J’ai observé les illustrations des « Amants papillons » et, sans connaître le texte, j’ai créé une histoire d’amour en 5 épisodes : la grande discussion ; la tradition ; la tristesse ; le départ ; les retrouvailles ; la demande en mariage.

Christian est tombé sur « l’Ogre« . Il raconte son étonnement devant la couverture qui présente un personnage tout noir, énorme, avec une tête de chou qui tient une large paire de ciseaux blancs. « Cette image m’a fait mauvaise impression. Pour moi un ogre a un visage humain, avec bouche tordue, un nez déformé, de gros yeux méchants, des oreilles en feuilles de chou , une chevelure ébouriffé et sale. Je pensais à l’histoire du Petit Poucet qui veut manger les enfants. C’est en lisant le livre que j’ai compris l’histoire. Cet ogre là n’est pas méchant ! Ce sont les enfants qui le sont ».

Devant une lune immense, on me raconte que Khiet N’Guyen a dansé avec ce cerceau lunaire orangé qu’il a réalisé lui-même après lecture de « la Lune perdue ».

Je suis émerveillée et confortée dans ma certitude : ni l’âge, ni le milieu social, ni la couleur de la peau, ni le niveau de connaissance ne séparent ceux qui partagent les mêmes histoires !

Dernière surprise : A côté du sac de la grande Catherine à la parole hésitante, je vois un livre emprunté à la bibliothèque. Elle l’adore et aimerait se l’offrir : « les aventures de la famille Mellops » de Tomi Ungerer. Je lui promets de lui envoyer mon exemplaire. Impossible de mettre la main dessus. C’est que mon petit fils en a fait son livre de chevet ! Cette complicité tacite entre un enfant de 6 ans et une dame dite « illettrée » vaut bien un livre neuf.

Véronique-Marie LOMBARD – Livralire

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