Livralire anime à nouveau le voyage aux restos du cœur de Chalon sur Saône avec un pack d’albums ayant été offerts par des mécènes. Une autre équipe de passeuses et de raconteuses a commencé à Mâcon.

Pour la première séance chalonnaise des 12 et 13 décembre, nous avons choisi : La Voix d’Or de l’Afrique, Les Cinq poches, La mémoire de l’éléphant et La guerre des mots. Toutes les demi-heures nous lançons en binôme la devinette des mots du titre puis clamons la mise en bouche de l’album. Ensuite nous allons aux tables raconter. Le premier contact est simple : nous avons repéré une personne intéressée qui attend la suite de l’histoire qu’on a amorcée oralement. Ensuite, il faut avec culot aborder d’autres bénéficiaires.

Pour Les cinq poches, c’est facile. Nous abordons des femmes. Bonjour, vous avez des enfants ? Voyez cette mère, elle a eu cinq enfants- comme moi me dit l’une d’elles. Dans sa robe, elle avait cinq poches. Et nous de raconter et de conclure en demandant : Que mettriez vous dans vos poches ? Beaucoup réfléchissent. L’une dit :  » Je ne mettrai pas des objets mais des souhaits : de l’intelligence pour comprendre la vie, du courage pour étudier, de la prudence pour éviter le surendettement, la chance pour un bon mariage, la gentillesse pour aimer les gens ».

Pour La voix d’Or de l’Afrique, nous partons de la photo de Salif Keita en fin d’ouvrage. Connaissez-vous ce musicien qui est né au Mali ? (On a collé une carte de l’Afrique en page de garde). Et là surprise, certains le connaissent et même très bien. Un monsieur nous parle du militantisme du chanteur. Un malien du succès dans leur pays. Nous partageons en plus un beau livre de masques. Une femme parle des albinos. Elle a vécu quatre années en Afrique et se souvient, les larmes aux yeux, qu’ils lui faisaient peur avant qu’elles ne découvrent leur sensibilité.

Pour la Mémoire de l’éléphant, on s’attache à la lecture des planches. Un jeune garçon venu avec sa mère pointe des détails que nous n’avions pas vus.

Les gens acceptent volontiers le racontage d’un album. Certains se contentent d’écouter. Beaucoup remercient. Certains se mettent à parler. « Le monsieur qui a écrit l’histoire de Salif, il pourrait raconter la mienne ou comment au Cameroun, j’ai été mariée à 16 ans et demi à un homme de quarante ans, comment après 10 ans d’enfer je me suis évadée ».


A une table un homme et une femme qui ne se connaissent pas. A partir des buildings vus par l’éléphant, la discussion bifurque. L’homme, marocain, très cultivé, a vécu 20 ans en Italie comme chauffeur routier. Il a perdu son travail et est en France depuis 1 mois. La jeune femme, française, amoureuse d’un maghrébin, essaye d’apprendre l’arabe. Du coup, la discussion dérive sur la calligraphie arabe.

Il arrive que des gens résistent. « Moi pas français ». « J’aime pas lire ». « Je déteste la lecture ». Une femme, très rétive, prétend être bloquée par les livres. Elle s’avère de plus en plus intéressée au fur et à mesure qu’avance le racontage de La voix d’or de l’Afrique. Elle s’attarde sur les illustrations et avoue qu’elle aimerait encadrer le portrait de Salif ainsi que celle ou il chante entouré de grosses dames riches. « Il est petit mais elles vont l’aider à grandir. C’est beau, des livres comme çà, on n’en a jamais eu. Si j’en avais eu, j’aimerais peut-être mieux les livres ! « 

Conclusion. Les histoires amorcées oralement conduisent à un racontage à la table mais aussi à une lecture individuelle ou un simple feuilletage après que nous ayons remis l’album en mains propres. Elles amènent aussi des confidences, signes de confiance et gages d’humanité.
Livralire (Maryse, Catherine, Marie Christine, Véronique Marie)

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