A Talant, ville de 11 000 habitants en périphérie de Dijon, encouragée par des bibliothécaires de la Médiathèque de Côte d’Or, une équipe de travailleurs sociaux a souhaité « voyager » avec des bénéficiaires du service solidarité et famille (ASF), personnes souvent isolées, en situation précaire, pour qui l’accès au livre et à la bibliothèque fait très peu partie des habitudes.
En se lançant dans l’aventure au premier semestre 2015, les professionnels ne se doutaient pas que cela leur demanderait une telle implication mais que cet engagement allait être payant pour le service autant que pour les familles. La chaîne de lecture se propage grâce à différents acteurs.
Les bibliothécaires
A la bibliothèque municipale de Talant, Anne Marion, responsable jeunesse à la MCO (= BDP Côte d’Or) et des collègues du secteur adulte, jouent la scénographie de mise en bouche de la sélection 9. Dans la salle, 25 personnes : des travailleurs sociaux et une quinzaine de personnes, seules ou avec enfants. Après le temps de la présentation, suit celui de la consultation et de la lecture individuelle des albums. Certains enfants lisent des passages à leurs parents qui ne peuvent pas lire. Un enfant demande à s’inscrire à la bibliothèque. L’adhésion payante sera prise en charge par le Secours catholique.
Les travailleurs sociaux
Dans le cadre du groupe « La petite bulle », deux assistantes sociales proposent à des parents de préparer, pour leur famille et en quatre séances, une présentation à voix haute de 3 albums : Les cinq malfoutus, Elle est où la ligne ?, Les sœurs Koumba. Lecture et discussion accompagnent les découpages et coloriages. A la troisième séance, une participante s’aperçoit que ses deux belles filles de 12 et 14 ans ont fait le voyage-lecture au collège. Les voilà toutes les trois très impliquées, proposant des ajustements scéniques, organisant le déroulement, répartissant les rôles. Le bénéfice a gagné la sphère familiale : la belle-mère s’est sentie reconnue. Une complicité s’est installée.
Les mamans lectrices
Trente personnes viennent assister à la BM de Talant aux présentations des 3 albums : les conjoints et les enfants sont là. Les lectrices sont très investies, le public attentif de bout en bout même si certains jeunes connaissent déjà les albums via le collège ou le CM2. Les spectateurs ont envie de lire. Tous les albums sont mis à disposition. Le prêt qui transite par le service social perdure.
Impacts
Les participantes se sont autorisées des moments de plaisir et de partage d’émotions. A travers les métaphores des livres, elles ont pu se confier et témoigner. Elles ont été reconnues par leur famille dans des activités nouvelles et valorisantes. Elles se sont investies différemment dans leurs relations familiales. L’une s’est mise à lire tout ce qui se présentait à elle. Certaines fréquentent maintenant la bibliothèque et empruntent des albums jeunesse, des documentaires et des romans.
Les albums ont permis aux travailleurs sociaux d’utiliser d’autres supports dans la relation d’aide.
Les albums sont reconnus comme des supports riches : une place de choix leur sera donnée dans les lieux d’accueil. L’action est payante mais très prenante. Heureusement les supports fournis par Livralire sont complets, réfléchis, rigoureux, bref, sécurisants pour les participants et les encadrants. L’organisation laisse aussi beaucoup de liberté.
1, 2, 3 albums sert de tremplin vers d’autres personnes, d’autres lieux, d’autres actions.
Sophie Pontoise, assistante sociale.
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