Le confinement n’a pas brisé notre engagement dans 1, 2, 3 albums. Il en a modifié le rythme et la forme. Impossible de tenir l’agenda du voyage mais nous continuerons les lectures cet été. En effet, le temps si long pour les résidents est paradoxalement devenu si court pour le personnel. Et nous avons dû adopter les couloirs comme scènes de vie commune : loto avec micros, jeux collectifs, lectures du journal et d’albums. Les résidents à leur porte, les animatrices au centre. La distanciation physique n’a pas empêché les échanges.
Philémon et Baucis ont eu la chance d’être présentés en grand groupe avant l’enfermement individuel.
Leur histoire d’amour a fait l’unanimité et réveillé des souvenirs :
Autrefois beaucoup de miséreux passaient. On leur donnait du pain. Ils étaient souvent courbés par de gros sacs en toile qu’ils portaient sur le dos. On les appelait les rondins ou les plots, ou encore les gredots. Ils dormaient souvent à l’écurie, dans le foin. On leur demandait de nous donner leur briquet avant de leur accorder de passer la nuit, afin d’éviter les feux. Bien sûr on le leur rendait le lendemain. Proposer le gîte et le couvert était monnaie courante et il y avait une grande solidarité. Parfois les vagabonds nous faisaient peur car nous étions enfants.
A la proposition de formuler un vœu à la suite de celui du couple mythique de ne pas être séparés par la mort, les ainés ont dit : Revoir ma maison, garder la santé, trouver un compagnon à mon goût, faire un long voyage.
Murielle Daumur et son équipe d’animation, Ehpad Bouthier de Rochefort, Semur-en-Brionnais (71)
Illustration de Chloé Almeras extraite de l’album Philémon et Baucis, page 11.