A l’heure où des Afghans doivent mettre à l’abri leur bibliothèque …
Alors que l’objet livre est au coeur de l’album de la sélection 2021-2022 On nous appelait les mouches
Il est bon d’entendre Patrick Weil, fondateur de L’ONG Bibliothèques sans frontières faire l’éloge du livre papier dans l’émission Boomerang (France Inter) du 28 avril 2021 :

« Très peu de temps après la création de Bibliothèques sans frontières, nous avons été confrontés avec Jérémy Lachal, son directeur, à une question difficile. Pour réduire les inégalités d’accès à la connaissance et à l’information en Afrique, ne devrait-on pas zapper les vieilles bibliothèques classiques emplies de livres, et se tourner directement vers la révolution technologique des liseuses, des ebooks, des smartphones ?

Après tout, persuadées de la fin du livre papier, certaines universités américaines avaient vendu leurs bibliothèques à des universités chinoises. Le débat nous agitait. Nous avons décidé de faire trancher la question par nos partenaires éditeurs, auteurs, bibliothécaires africains. On a donc organisé avec eux un colloque à Paris et ils nous ont dit la chose suivante : « Un dictateur peut couper l’internet en une seconde. Il ne peut pas confisquer, brûler tous les livres en une seconde. Le livre papier garantit mieux la liberté ».

Ils avaient raison. Le goût partagé de la liberté nous fait mettre des livres dans tous les programmes que nous développons dans le monde, y compris ceux où nous déployons les plus hautes technologies. Mais voilà que cette conversation de plus de dix ans a traversé la Méditerranée et nous revient comme un boomerang dans le monde d’hyper-technologie et d’hyper-connexion dans lequel nous nous enfonçons.

Le livre papier, le papier journal sont devenus aussi pour nous un espace de liberté. Quand vous lisez votre journal papier ou votre livre, aucun GAFA, aucun État ne peut repérer que vous vous êtes arrêté(e) à la page 18, ou que vous avez sauté un chapitre.
Le livre papier, c’est la liberté. »