Françoise Lièvre, bibliothécaire départementale, correspondante d’1,2, 3 albums dans l’Allier peut être fière et heureuse. Vendredi 22  novembre 2019, la salle était pleine pour le lancement avec beaucoup de nouvelles venues pour voir, seules ou parrainées par des collègues, et qui ont rempli sans hésitation leur fiche d’inscription.

Les voyageuses, averties ou novices, ont évoqué :
des jours d’impatience pour le public d’un centre social rural qui a goûté aux albums l’an passé et est curieux de découvrir la nouvelle sélection.

des jours d’investissement pour des adultes handicapés qui « font une voix » dans une lecture partagée à voix haute.

des jours de fierté pour des résidents d’un Ehpad qui adaptent et jouent la scénographie aux CM2 du village.

des jours merveilleux comme celui où dans un échange sur la liberté (un des états du Labyrinthe de l’âme) un élève de CAP dit : « la liberté c’est de rien devoir dire, d’être assis tranquillement et de lire. »

des jours d’audace pour des jeunes d’une classe Ulis mis au défi de se mettre en scène devant les autres en leur présentant une lecture épicée.
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Présenter 1, 2, 3 albums à Saint-Apollinaire, c’est très confortable et rassurant. Il y a  une équipe pour installer et ranger. On fait un bon duo de scéno avec Anne Marion, princesse-bibliothécaire en charge du projet dans le département. Gaëlle Lambert, la directrice de la MCO, a préparé un mot cordial et efficace pour accueillir le public et défendre le projet avec Nadine Ginhoux, son adjointe. Madame Tomasino, la présidente des amis de la MCO, offre des packs d’albums aux bibliothèques participantes. Il y a dans la salle beaucoup de grandes voyageuses dont plusieurs sont venues avec des candidates au voyage-lecture qu’elles vont parrainer.

Comme à chaque lancement de cette nouvelle saison, on continue à partager les souvenirs des jours qui ont marqué la précédente.

Jours d’investissement pour des seniors de la ville qui se réunissent plusieurs jeudis de suite pour créer un jeu de l’oie à partir de l’album Le labyrinthe de l’âme. En juin, ils se relayent pour faire valoir le jeu auprès du public familial à la médiathèque de Talant.

Jour de rebond pour l’animatrice d’un village bleu (résidence seniors). Devant le peu de succès de l’atelier de lectures collectives, elle propose les albums en prêt et lectures individuelles. La moitié des résidents y ont pris goût et ont lu tous les albums. Du coup, cette année, elle partira des lectures individuelles pour proposer une passation collective aux résidents d’un autre village bleu.

Jour de complicité, grâce à la collaboration du professeur d’arts plastiques, entre des seniors et des élèves réunis autour d’une table pour dessiner à la manière de Zaü. Conclusion : « Ne pas se priver de ces moments extraordinaires, faciles à organiser. »

Jours d’apaisement pour les élèves de CAP du lycée. « Le vendredi, plus les heures passent, plus ils sont agités. On prend le risque de faire les lectures épicées l’après-midi. Première séance avec Une somme de souvenirs. On n’entend pas une mouche voler. La qualité d’écoute est exceptionnelle. A la fin de l’atelier, le cri du cœur : Madame, vous revenez la semaine prochaine nous raconter une histoire ! »

Jours d’enthousiasme pour 7 jeunes de 14-15 ans (classe de 3e) qui préparent à leur sauce la scéno et la jouent à toutes les classes du petit collège (180 élèves)

Jours de proximité dans ce même établissement (Nolay) où les albums sont en libre service sur une table au milieu d’un couloir.
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Belle idée de Cathy Chatelet, bibliothécaire à la BDP de l’Ain en charge du voyage lecture, de varier le lieu de lancement chaque automne. Après le musée des Planons à l’est du département en 2018, on présente 1, 2, 3 albums à Ambérieu dans un centre social du quartier de la gare où deux bénévoles animent avec assiduité et inventivité le projet.

Il faut s’adapter :  répéter la veille dans une petite salle, aménager la grande à partir de 7h30 le jour même sous l’œil bienveillant de l’homme de ménage, avec la confiance de la directrice qui m’a laissé une clé, et avec l’aide de Yasmine et Mado puis d’une participante qui a dû prendre à l’aube le seul train annoncé !

L’installation 1, 2, 3 albums se fait au centre de la pièce, dont les angles sont occupés par un coin bibliothèque avec des livres en libre-service, un espace jeu pour enfants, un coin travail pour le soutien scolaire et des tables rondes qui serviront  pour le pot puis le déjeuner avec les 25 personnes qui l’après-midi travailleront la scénographie.

Ce lieu dégage une force de vie que le public, présent malgré la neige, et très motivé,  comptant beaucoup de nouveaux, a ressenti tout comme moi, donnant à cette matinée une amplitude exceptionnelle.

On poursuit l’égrenage des jours du précédent voyage-lecture :
Jour de cohésion. « Au collège, chaque classe engagée prépare une lecture vivante d’un des albums. Ça soude les élèves. »

Jour de transmission. « A l’atelier lecture du centre social, outre les échanges, on propose des activités qu’on pourrait juger enfantines… sauf qu’elles se prolongent à la maison avec les enfants dont certains lisent l’album à leur maman apprenante »

Jour de réussite. « J’ai commencé 1, 2, 3 albums avec deux élèves à trouble autistique. Cinq ans après, j’embarque plusieurs classes du collège et des Cm2 de la ville. »

Jour de profit. « Pour nous professeurs de lettres, le projet est efficace. Chaque album est un levier d’écriture. »

Jour de révélation pour les lecteurs quand on utilise une lecture épicée qui les éclaire.

Jour de contamination quand un album joué par des CM2 circule dans toute l’école.

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Le 13 novembre 2019 aura été une première pour Adélaïde, jeune bibliothécaire à la bibliothèque Montriond-Lausanne venue jouer avec brio la scéno à mes côtés dans la belle salle d’accueil de Bibliomedia, un peu moins remplie que d’habitude.

Pour ce 3e lancement de la saison, j’invite les grands voyageurs à se remémorer les jours marquants de la saison précédente d’1, 2, 3 albums.

Jour d’émerveillement quand des rencontres redoutées entre des publics très différents – des migrants et des ainés déficients psychiquement, des enfants en difficulté scolaire et des personnes très âgées – s’avèrent les plus belles et les plus durables, les adultes responsables des groupes gardant même des liens par-delà le projet.

Jour de grande émotion quand une vieille dame se lève et remercie pour la qualité de leur intervention et pour leur bienveillance les jeunes lycéennes en formation d’aide à la personne, émues aux larmes par cette attention.

Jour de gratitude pour une bibliothécaire, moteur du projet pour une équipe d’enseignants qui trouve avec les albums des occasions d’échange entre eux et pas seulement avec leurs élèves.

Jour de victoire quand une jeune fille mutique réussit à lire en public.

Jour de questionnement. «Dans mon établissement, on fait ce projet avec des jeunes en marge. Il faudrait qu’on le développe aussi avec des classes standard car comme a dit un enseignant, avec 1, 2, 3 albums on arrive à motiver les jeunes déjà lecteurs autant que ceux qui ne le sont pas. »

Jour de proposition. «Aux enseignants bridés par le programme scolaire, je propose au mois de juin un voyage-express avec leurs élèves. L’atmosphère est très détendue. Je m’étonne de ce que chacun ait quelque chose à dire sur les albums, sans doute parce qu’il n’y a ni évaluation ni carotte ! »

VML

Le 8 novembre 2019, Christine, bibliothécaire chevronnée et, Valérie, titularisée l’avant-veille après six années de métier, ouvrent les portes de la médiathèque de Mâcon. Sur une table, le vade-mecum, nouvel outil destiné à guider les organisateurs de voyage.
Dans la belle salle en gradins, des nouveaux, venus seuls ou avec un parrain, beaucoup de voyageuses au long cours dont certaines ont évoqué leur dernière aventure-lecture, avec ses bons jours et parfois de moins bons…

Jour de découragement pour une documentaliste. « Chaque année, je sors de la matinée à Mâcon, pleine de dynamisme et d’idées. Les jours passent, je laisse filer. Ah ! mince. Je n’ai pas encore commencé. Heureusement les outils sont très bien faits. On peut rebondir ! Ça finit par se gérer. Pour garder la qualité, on apprend à revoir ses ambitions à la baisse en terme de nombre de classes. »

Jour de confiance. « Le projet est porteur. Les albums sont éternels, les outils pérennes. On peut les faire vivre durablement. »

Jour d’audace à  l’ESAT (centre d’aide par le travail) où quatre adultes en situation de handicap préparent les lectures et les présentent aux autres.

Jour d’innovation. « A la première lecture partagée avec les ainés, je répartis les voix. Une dame prend la fameuse voix bleue de co-lectrice. Elle est ravie. La voilà d’office déclarée référente du projet pour les résidents. »

Jour de fierté pour Murielle, animatrice en Ehpad, qui est venue au lancement avec quatre nouvelles collègues dont elle va être marraine de voyage-lecture après l’avoir été d’une ancienne stagiaire devenue voyageuse à son tour. « C’est à nous d’aider les nouveaux. »

Jour de satisfaction. « Avec 1, 2, 3 albums, on vit de chouettes moments pour pas cher ! »

Jour de responsabilité. « On se doit de partager notre expérience sur le blog parce qu’on fait partie d’une communauté de projet mais surtout parce que ça valorise les résidents. »

Jour d’espoir quand la psychologue de la maison de retraite adhère au projet et rejoint l’animatrice qui portait seule 1, 2, 3 albums depuis 6 ans.

VML

Dans la salle des fêtes d’Appoigny, mardi 5 novembre 2019, Marlène et Cécile de la Bibliothèque départementale accueillent une trentaine de personnes intéressées par le voyage…Le nombre à la baisse interroge. La venue de trois assistantes sociales, sensibilisées au projet par des lectures épicées animées par Myriam, bibliothécaire à la BDY lors d’une journée professionnelle, réjouit.

Sur ma proposition, on se remémore les jours du voyage-lecture de l’an passé, les bons et les moins bons.

Jour de surprise quand les mamies lectrices et tricoteuses ont enjambé, sans rien dire à personne, la barrière du parc de la bibliothèque, fermé le lundi, pour installer sur les arbres leurs créations en laine, en vue du final intergénérationnel prévu le lendemain.

Jour de fierté pour une maman qui voit son fils adolescent en échec scolaire, lire très bien, à haute voix et en public, un passage de la scénographie.

Jour de déception pour une documentaliste quand l’équipe pédagogique lui dit : stop, on n’embarque pas cette année, alors même que les élèves réclament 1, 2, 3 albums. Mais elle ne se démonte pas pour autant et réfléchit à une stratégie.

Jour de reconnaissance pour les animations lecture clés en main fournies par Livralire.

Jour d’émerveillement quand les résidents de l’Ehpad qui ont goûté aux lectures épicées deviennent à leur tour lecteurs d’albums (choisis par les bibliothécaires) pour des binômes d’enfants de maternelle aucunement gênés par les déambulateurs et les fauteuils roulants.

Jour de doute pour une documentaliste touchée par la scénographie qui ne s’y retrouve pas à réception des tutoriels pour la réaliser. Elle rebondira en proposant un autre chemin d’accès aux albums.
VML

Des livres, une table à tapisser, des tabourets, des boites pleines d’objets et de dossiers, des petites caisses, des affiches, des nappes, des boissons … avec un tel bazar dans le coffre et un sac de supermarché maltais, on pourrait me croire en partance pour un vide-grenier !

C’est juste le nécessaire pour accueillir les participants aux différents lancements, jouer la scénographie de mise en bouche des albums et offrir des supports de communication à ceux qui embarqueront : affiches, signets, stickers.

Des centaines de kilomètres à parcourir, 16 montages et démontages…il va falloir tenir le coup et se tenir droite !
Véronique Marie Lombard

La fidèle équipe féminine a fait son travail, chacune à son poste habituel.
La mise en bouche des albums est prête à être jouée publiquement, du 5 novembre dans l’Yonne au 3 décembre dans le Tarn.
Voir agenda ici.

Le kit d’animation sera disponible à partir du 12 novembre, le lien vers la vidéo, tournée par Antonin, quelques-jours plus tard.

Moi la princesse, je garantis à ceux qui, comme moi, n’ont pas de don  particulier, que la scénographie 2020 est facile à réaliser et économique.

La seule véritable dépense, ce sont des impressions couleur  : le texte sur feuilles simples, les portraits*, le mien et ceux de 16 autres personnages ainsi que le nom du voyage-lecture sur bristol 250 g (=15 pages A4)

Pour le reste, vous pourrez lancer un appel à vos futurs lecteurs pour récupérer du carton, des pinces à linge, un petit panier et 6 autres objets. Vous sortirez de vos trousses de la colle et des ciseaux pour construire notre présentoir en carton dont le modèle sera fourni.

Les créatrices de la scéno prévoient la mise à disposition des textes et visuels à partir du 10 novembre après qu’elle ait été jouée deux fois en public.

*portraits reproduits avec l’autorisation des éditeurs.

A quatre reprises la semaine passée, des candidats au voyage-lecture m’ont dit devoir renoncer à s’inscrire, faute de moyens pour acheter les livres. Cette année, le prix d’un pack d’albums s’élève à 125,85 €, soit 114,52 € avec la remise collectivité accordée par les librairies indépendantes. En Suisse, c’est notablement plus coûteux !

Comment financer l’achat d’un ou de plusieurs packs ?

1/ Vérifier qu’on ne peut pas profiter dune aide professionnelle : prêt par une bibliothèque municipale ou départementale, certaines BDP mettant des albums à disposition des CDI ou des bibliothèques pour l’année scolaire. En Côte-d’Or, les petites bibliothèques peuvent se faire offrir un pack par l’association des amis de la bibliothèque.

2/ Demander au maire ou à son directeur une rallonge exceptionnelle pour un projet « exceptionnel », selon les termes d’une bibliothécaire qui a convaincu sa maire en moins de dix minutes et une documentaliste aussi rapidement son principal !

3/ Explorer toutes les pistes de financement dans son entourage : prise en charge par le foyer socio-éducatif, le comité d’entreprise, une association, des familles.

4/ Oser contacter un possible mécène comme l’ont fait des écoles et des collèges. L’expérience montre que les entreprises et banques sollicitées ont répondu positivement, heureuses de soutenir ce projet. Pour elles, une centaine d’euros défiscalisable, ce n’est pas beaucoup. Livralire fournit une fiche sponsoring et peut délivrer un reçu fiscal à partir de 50 €.

5/ Chercher quelle dépense équivalente mais de portée plus limitée on pourrait supprimer. Exemple : dans une classe de 25 élèves, 8 albums génèrent 200 lectures auxquelles on ajoutera celles des familles ou des camarades à qui on passera les livres en fin de voyage-lecture. Pour le prix de ces 8 albums, on peut acheter 12 romans ou 10 documentaires. Combien faudra-t-il de temps pour que ces ouvrages soient lus 200 fois ? L’invitation à modifier ses acquisitions vaut aussi pour tous les établissements qui ont un budget livres, y compris pour les BDP où tant de livres achetés n’auront qu’un seul lecteur !

6/ En dernier recours, s’adresser à Livralire qui peut aider ceux qui embarquent pour la 1ère fois ou sont dans des situations particulières.

Acheter des albums, c’est investir !  La dépense a des effets durables et mesurables tant sur la lecture que le mieux-vivre ensemble. Certains grands voyageurs le savent, faisant le choix d’avoir suffisamment d’albums pour leur public, quitte, à la fin du voyage annuel, à distribuer de façon intelligente et inventive les exemplaires en surplus !

VM Lombard