Magnifique introduction de Nadine Ginhoux, directrice adjointe de la Médiathèque Côte d’Or, qui explique à un public fourni et diversifié pourquoi son équipe croit à ce projet, le défend depuis 7 ans, en parle dans le réseau et le facilite auprès des travailleurs sociaux en leur prêtant des albums tandis que l’association des amis de la MCO offre des packs d’albums aux petites bibliothèques participantes.
Nous sommes :
ATTENDRIS par la documentaliste du petit collège de Nolay qui évoque la créativité d’élèves en grande difficulté quand on les sollicite pour une interprétation de lecture.
RASSÉRÉNÉS en apprenant que des élèves de CM2, voyageurs de l’an passé, réclament à la bibliothécaire de Bretenières de faire 1, 2, 3 albums d’une manière ou d’une autre alors que leur enseignante ne veut pas s’y engager.
REMUÉS par le témoignage d’une infirmière grande voyageuse nivernaise qui souhaiterait créer des liens entre des lecteurs de son service d’accueil de jour et des collégiens de la commune, accompagnés par la documentaliste et un professeur de lettres. Les supérieurs ont mis leur veto. Les malades psychiatriques font encore peur !
STIMULÉS par deux assistances sociales dijonnaises qui font en sorte que le projet vécu avec des femmes le soit aussi avec leurs enfants.
FLATTÉS par le regard porté par une bibliothécaire sur nos sélections. Chaque automne quand elle découvre le nouveau pack d’albums, elle se dit que le précédent était meilleur. Mais au fil des lectures individuelles et collectives, elle entrevoit peu à peu la richesse de chacun des nouveaux titres.
Le Gardien de l’arbre paru au printemps est très demandé. Réédité en septembre en 1500 exemplaires, il est, à la mi-novembre, noté manquant chez les libraires. L’éditrice contactée par téléphone nous informe que :
• Elle a débloqué les 85 exemplaires qui restaient. Les libraires peuvent repasser commande.
• Il reste des exemplaires à la vente sur le site de Canopé, co-éditeur de l’album.
• La version ebook est disponible à la vente sur cartealire
Pour fêter les 10 ans de la collection le pont des Arts, une version collector du Gardien de l’arbre sera mise sur le marché le 8 février 2017, au même prix qu’en 2016.
Le bouche à oreille pratiqué toute l’année par Cathy Chatelet et ses collègues bibliothécaires de la BDP est payant : vendredi 18 novembre, pour le 7e lancement dans l’Ain, l’assistance est nombreuse et intéressée.
Nous sommes :
EPATÉS par l’énergie d’une documentaliste à faire vivre les albums au delà du temps officiel du projet. Plutôt que de voir dormir les trois exemplaires de chaque titre qu’elle a fait lire de janvier à juin, à la rentrée elle prête le pack pour l’année scolaire à deux classes de CM2 après avoir joué la scénographie. En mai, dans le cadre de la liaison CM2-6e, les primaires présentent leur coup de cœur aux 6e qui, eux, mettent en avant les titres de la dernière sélection.
TITILLÉS par les difficultés du partenariat avec les structures d’accueils des aînés. Dans les structures de type Marpa (Maisons d’Accueil Rurales pour Personnes Âgées), il n’y a pas d’animatrice. Il faut beaucoup d’énergie à l’équipe enseignante pour animer les rencontres. Dans cet Ehpad, il y a une animatrice qui ne trouve pas d’enseignants partenaires, dans cet autre, c’est l’inverse. Et pourtant, tous s’accordent sur la complicité et même la tendresse qui naissent dans certaines rencontres.
FLATTÉS par une animatrice d’Ephad qui confie avoir réussi son examen grâce à 1, 2 ,3 albums.
ÉMOTIONNÉS par une bibliothécaire bénévole, venue juste pour voir, qui interpelle les témoins en disant : « c’est super, mais c’est trop difficile pour moi, je n’y arriverai pas ». En fin de matinée, emballée, elle dit : « c’est au centre pénitentiaire où je suis bénévole que je vais animer le voyage ». Comme Véronique lui propose un sac d’albums, financés par des mécènes individuels, elle l’embrasse de bonheur.
Mercredi 16 novembre, retrouvailles avec des voyageurs fidèles et accueil de personnes nouvelles.
Nous sommes :
AMUSÉS
Deux bibliothécaires, voyageuses au long cours, veulent avoir les mêmes surprises que leurs futurs lecteurs à qui elles joueront la scénographie. Elles assistent à la mise en bouche, en n’ayant volontairement pas lu les albums qu’elles ont pourtant achetés. Nous sommes rassurés, ça a fonctionné. Elles ont très envie de lire.
EPATÉS
A Fleurier, des élèves en difficulté prennent en charge la scénographie dont ils apprennent le texte par cœur et qu’ils jouent pour 300 élèves du collège et pour leurs parents.
RAGAILLARDIS
A Fréverenges, 123 albums est un outil de valorisation de la bibliothèque scolaire. La scénographie est jouée devant des enseignants plutôt méfiants rapport à l’objet album. Malgré tout, beaucoup apprécient la parenthèse colorée et découvrent les possibilités de prêt et de coopération avec la bibliothécaire.
ATTENDRIS
Dans plusieurs « homes », les grands aînés oublient ce qu’on a partagé et pourtant ils sont heureux dans l’instant. A leur contact, on apprend la valeur du présent.
CAPTIVÉS
A la Chaux de Fonds, choc culturel entre des jeunes migrants et des aînés qui assistent à une présentation faite par ces primo-arrivants sous le regard ému de leur professeur.
– un jeune demande au prof : ils sont vraiment vieux, est ce que je peux leur demander leur âge ? «
– un vieux monsieur confie à un Comorien: Je ne suis pas d’ici. Je viens de Virey. C’est loin d’ici. (En fait, 15 km ! )
EMBALLÉS
A la bibliothèque de Montriond-Lausanne, les albums ont une vie au delà du voyage. Textes courts et contenus forts en font d’excellents supports pour les adultes étrangers.
Jeudi 10 novembre, l’équipe Livralire est accueillie par les bibliothécaires de Mâcon et de la BDSL.
Comme à chaque lancement, nous commençons par écouter des témoins du voyage-lecture précédent. Nous sommes :
ENCHANTÉS
A l’Hôtel-Dieu de Mâcon, une bibliothèque a été créée grâce aux albums offerts chaque année par l’Agence Régionale de Santé pour faciliter l’embarquement d’un service de long séjour avec une classe de collège.
PASSIONNÉS
Au collège Croix-Menée du Creusot, la documentaliste, grande voyageuse, raconte avec humour son engagement dans 1, 2, 3 albums. Le voyage-lecture, c’est d’abord un cauchemar : comment gérer le temps ? A quelle heure monter la scénographie ? Qui va faire la 2e et 3e voix ? Une fois l’étape de présentation des albums réalisée, tout est possible au niveau des mots et des illustrations, grande source d’inspiration et de création. Au final, ce n’est que bonheur. C’est, à 500%, le moyen d’amener des élèves à la lecture.
TOUCHÉS
Au centre pénitentiaire de Varennes, la lecture partagée d’un album réunit chaque mardi une douzaine de détenus. Les discussions, qui vont bon train, rompent la solitude pesante de la cellule.
INTERPELLÉS
A Saint Rémy, les enfants qui participent au TAP n’ont pas forcément choisi l’activité bibliothèque. La scénographie et les lectures épicées facilitent la préparation des séances dans lesquelles il faut absolument faire participer les enfants. Reste pour les bibliothécaires un sentiment d’inachevé : le temps est compté et le partenariat précieux avec l’école inexistant dans ce cadre là.
DÉCONCERTÉS
On s’étonne de l’absence d’une professeur de lettres, fidèle voyageuse avec ses 6e. Elle a décidé d’arrêter, fatiguée de porter seule le projet dans son établissement, Pas un(e) collègue pour travailler avec elle ! Situation désespérante quand on sait que dans d’autres collèges, 1, 2, 3 albums est adopté comme projet EPI (Enseignements Pratiques Interdisciplinaires).
Mardi 8 novembre 2016 dans une belle salle de spectacles, prêtée par la municipalité de Monéteau, deuxième rencontre de la nouvelle saison avec trois bibliothécaires de la Bibliothèque Départementale de l’Yonne : la directrice adjointe et le nouveau binôme, l’une travaillant en secteur jeunesse, l’autre en adulte, qui prend la relève de façon très prometteuse
Nous sommes :
IMPRESSIONNÉS
A Villeneuve / Yonne, un éducateur spécialisé raconte comment les enfants en grande difficulté, émerveillés par la scénographie jouée par la bibliothécaire, sont entrés dans la lecture des albums. Il souligne deux points forts du projet : les sujets de société qui parlent d’autant plus aux jeunes que leurs parents y sont confrontés. Le scrutin, occasion unique d’évaluer pour ceux-là même qui sont évalués en permanence.
SOLLICITÉS
A Pourrain, 1, 2, 3 albums soude depuis trois ans, 13 bénévoles qui font vivre le voyage-lecture en attendant patiemment l’ouverture de la bibliothèque, enfin effective cet automne. L’équipe apprécie les outils, notamment les lectures épicées, mais trouve difficile de présenter le projet à des partenaires éventuels.
BLUFFÉS
A Avallon, en 2015, le jumelage d’une 5e Segpa avec un Ehpad n’a pas fonctionné, l’animatrice n’ayant pas investi au-delà de la première rencontre pourtant chaleureuse. Déçu, le duo professeur de lettres et documentaliste a cherché comment en 2016 leurs élèves pourraient être acteurs de lecture. Un partenariat a été créé avec une école maternelle. Les jeunes, par groupe de quatre, ont adapté quatre albums sous des formes différentes : un domino pour Le zoo de Lavardens, un théâtre d’ombres pour Le prince dragon, un tablier à comptines pour La belle vie, des monuments en 3 D pour A Paris. Les petits ont, en retour, fait des réalisations plastiques, dont une tour Eiffel de 1,20 m de hauteur.
EMUS
A Joigny, le jumelage de l’Ehpad avec une classe de primo-arrivants a permis à des aînés de découvrir en chair et en os des enfants du monde en situation difficile.
Vendredi 4 novembre 2016 à la Bibliothèque Départementale de l’Indre, 1ère rencontre de la nouvelle saison (5e édition pour l’Indre). Nous sommes :
CONTENTS
La scénographie, jouée à deux voix, fonctionne. Elle étonne par sa créativité mais, aux dires des nouveaux participants, aurait gagné à être jouée au début de la rencontre et non après la pause. C’est entendu pour les autres lancements.
DÉSAPPOINTÉS
Que d’énergie pour seulement 25 personnes présentes contre 40 l’an passé ! On n’a pas rien sans rien : soit le projet est pris en main par une équipe qui le fait connaître et le facilite (prêt de livres, présentation de la scénographie), soit il s’arrête sur ce territoire.
RASSURÉS
Une voyageuse au long cours avoue que les conseils d’embarquement et les exemples d’organisation ne sont pas superflus. C’est nécessaire d’entendre à nouveau que le projet est avant tout un projet lecture et qu’il y a plusieurs moyens de l’encourager et de l’accompagner.
CONFORTÉS
Une documentaliste trouve deux atouts à 1, 2, 3 albums. C’est une offre de lecture différente et un outil pour travailler l’expression orale. La réussite est variable d’une année à l’autre selon que les jeunes sont réceptifs et investis ou non.
Véronique Marie Lombard répond aux mails, rédige les dossiers et les articles, colle avec Amandine, une lycéenne ancienne lectrice d’albums, les étiquettes sur les albums offerts par l’Agence Régionale de Santé, etc. | |
Marie-Anne Wettstein s’est transformée en architecte pour créer les visuels papier de la scénographie. | |
Anne Affagard a créé une bande son : un extrait musical associé à chacun des albums. |
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Marie-France Vidal a finalisé le montage. Elle entre les infos sur le blog. | |
Catherine Rizet répète avec Véronique. | |
Nicole Delbon prépare les dossiers. |
A ceux qui disent que faire lire des collégiens est une gageure.
A ceux qui s’étonnent du choix des albums pour des adolescents, nous tenons à disposition* un tableau détaillé, construit sur les pratiques et retours d’enseignants voyageurs qui montrent les atouts, les ouvertures et les impacts de la lecture partagée d’albums avec des jeunes.
En effet depuis 2007, des dizaines de professeurs de collèges et de lycées de France et de Suisse disent qu’avec 1, 2, 3 albums, la lecture gagne du terrain.
Au niveau individuel : Chacun lit des textes illustrés, quels que soient ses goûts et ses aptitudes. L’image présente un double intérêt : illustratif (aide au sens) et symbolique (développement de l’imaginaire). Les thématiques, universelles, peuvent également toucher les adolescents.
Au niveau pédagogique : La lecture d’albums est une lecture à part entière, stimulante et formatrice, prolongement ou amorce de celles faites en classe. La variété des époques, des thèmes et des intrigues constitue une véritable ouverture sur le monde. La lecture des albums permet d’exercer la parole, d’exprimer un ressenti, de partager des expériences, de confronter des points de vue. L’accompagnement pédagogique est ouvert : exercices variés et en lien avec les programmes (lecture à voix haute, interprétation, mises en scène, invention de suites, réécritures, rédaction de jeux de mots…).
Au niveau social :
Professeurs mais aussi personnel administratif ou de service peuvent s’investir de façon ponctuelle ou plus régulière, voire soutenue.
D’autres échanges sont possibles : à l’intérieur de la classe, d’une classe à une autre, d’un niveau à un autre. A l’extérieur de l’établissement également, avec d’autres jeunes de Cm2 ou de collège, avec des adultes (aînés dans un Ehpad, apprenants dans un atelier, patients dans un service de soins longue durée).
Emmanuel Delorme, professeur de lettres et formateur, et Véronique M Lombard, directrice de Livralire
* argumentaire disponible par mail à 123albums [Arobase]livralire.org
En novembre 2014, elle témoignait de l’impact culturel et humain de la lecture sur les personnes âgées. (à partir de 1’20).
Propos recueilli à la BDP de l’Ain, Bourg en Bresse.