Je n’aurais jamais pensé faire du théâtre à 85 ans, dit Madeleine. Je suis prête à recommencer, dit Jacqueline. On s’est bien amusées, dit Gigi ! Les trois amies du foyer-logement de Givry (71) ont préparé la lecture épicée de La belle vie : une répétition avec moi, deux seules. Elles ont cherché les accessoires et costumes : chemisier, cravate, perruque, tasses et plateau, etc.
Mardi de Pâques. Le salon est plein : les jeunes de CM2 accompagnés de parents, beaucoup de résidents prévenus par un panneau et par le bouche à oreille, le personnel. Les actrices font une à une leur entrée : Jacqueline en soubrette avec les « nice cup of tea » et une théière pleine, Madeleine, la petite fille en socquette et perruque rose, Gigi en homme à moustache et cravate.
Après la saynète, chacun est invité à remplir seul ou en groupe la grille (proposée par Livralire) des occasions de belle vie. Une équipe découpe les réponses et les répartit dans les bocaux correspondants. Puis une paire jeune-aîné lit en cascade les propositions écrites. Pour la séquence la vie est belle quand j’ai, les aînés parlent d’avoir la famille autour d’eux, les enfants d’avoir quelque chose. Pour je mange : prédominance de sucreries et de chocolat. Pour j’entends : prégnance des oiseaux et pour je vois, du soleil. Le pot plus riche est sans doute le dernier : la vie est belle quand je fais du tricot, un gâteau à partager, du poney, un bagage, des jeux, une promenade dans les vignes, une bonne action…
Les jeunes ont chanté et partagé une poésie. Le personnel a apporté une frise gourmande. L’ambiance était joyeuse et chaleureuse. La vie est belle, dit la directrice, cet après-midi où on est nombreux à partager un peu de sa vie, de son temps, de sa bonne humeur, tout ça à partir d’une histoire. Du coup, on se retrouve la semaine prochaine et c’est Madeleine qui présentera avec moi Demain les rêves, aux résidents, à son arrière petite fille et ses camarades.
En inventant les lectures épicées comme voies d’approche des albums, je n’avais pas imaginé que des seniors s’en saisiraient, attirant par là leurs pairs et déclenchant des échanges à longue portée, puisque on en cause dans les couloirs et les appartements.
VML