Notre troisième album favori est La Voix d’or de l’Afrique. En ce moment, nous lisons, en classe, certaines des fables de la Fontaine. Du même coup, nous nous sommes demandé quel personnage des fables de La Fontaine Salif Keita pourrait ou ne pourrait pas être. Voici le résultat de notre réflexion.

Salif Keita pourrait être :
– le loup parce que, comme lui, il aime la liberté
– la cigale : comme elle, il chante bien (il a une belle voix) et tout le temps
– la cigogne : il est généreux,
– l’âne : comme lui, il était méprisé par les habitants de son village,
– la tortue parce qu’il est déterminé,
– le moucheron parce qu’il est plus malin que ne l’était son père et les gens qui le rejetaient;
– le roseau parce qu’il n’a pas répondu aux insultes.

Salif Keita ne pourrait pas être :
– le corbeau : au contraire de lui, il chante très bien,
– le chêne : lui, au moins, est sympathique,
– la grenouille : il s’accepte comme il est, même s’il est différent.

Fables de référence : « Le Loup et le Chien », « La Cigale et la Fourmi », « Le Loup et la Cigogne », « Le Lion devenu vieux », « Le Lièvre et la Tortue », « Le Lion et le Moucheron », « Le Chêne et le Roseau », « Le Corbeau et le Renard », « La Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf ».

Arthur, Axel, Ebthiel, Fatima, Sofiane, Wassim, Yanis et Yasmine de la classe de 6ème5 du collège Camille Chevalier à Chalon-sur-Saône (71).

Helena est une compagne ouverte et volubile qui parle avec un accent russe très pittoresque. Elle se montre très enthousiaste à l’idée d’apprendre le français.

Je lui offre « La voix d’or de l’Afrique » enveloppé dans un joli papier cadeau.
15 jours plus tard je retrouve le paquet cadeau intact, elle n’a pas osé l’ouvrir!
Dans un premier temps je lui lis l’histoire. Le texte est difficile. Elle ne se
décourage pas. A la fin de la séance, elle emporte le livre dans sa chambre afin d’essayer de comprendre mieux l’histoire grâce à son dictionnaire qui ne la quitte pas.

Rendez-vous est pris pour 2 semaines plus tard. Le jour dit, je la retrouve, impatiente de replonger dans l’histoire de Salif. Nous lisons à tour de rôle chaque page, ce qui l’intéresse surtout c’est d’enrichir son vocabulaire, elle bute sur le mot « maïs », face à l’impossibilité de lui faire comprendre le sens, elle feuillète son dictionnaire et son visage s’éclaire en découvrant la traduction.

Elle semble de plus en plus touchée par cet enfant différent, exclu, seul et rejeté mais elle sait aussi qu’il sera sauvé grâce à sa voix. Avec force gestes et mimiques, elle mime l’histoire quand les mots lui manquent. Certains mots font sens « guitare », « Bamako ».
Pour clore la séance qui a été intense, je lui propose d’écouter un cd de Salif, elle accepte
avec joie. Dès les premières notes, submergée par l’émotion elle fond en larmes.
Elle me confie son amour de la musique et me cite les titres des disques qu’elle possède.
Elle répète les mots « guitare » « larmes ». Elle me demande si je peux lui prêter mon cd et je lui propose de garder le livre. Comme une petite fille au cours d’une remise de prix, elle serre le livre dans ses bras et l’emporte précieusement.

Je devine sa fierté de posséder un livre écrit en français, un livre dont elle aura essayé de percer le mystère grâce à sa ténacité. Elle me demande quand on se retrouve pour une autre lecture.
Arlette, bénévole chez les Compagnons d’ Emmaüs de Planay (21)

Lundi 18 mars, la classe de 6e1 du collège Boris Vian à Talant (21) se rend pour la deuxième fois à la résidence l’Eté indien en courant tant ils sont pressés de retrouver les papis et mamies.
Revêtus de pagnes, les enfants ont lu à haute voix l’album (La voix d’or de l’Afrique) entrecoupé par la voix typique de Christelle, une camerounaise venue spécialement pour l’occasion.
Puis leur professeur d’Education physique et sportive, conquise par ce projet, a présenté plusieurs objets africains : masques, tissus, batiks, calebasses, petits instruments de musique, sandales, statuettes. S’en est suivie une mini séance d’essayage entre jeunes et aînés : les masques et les calebasses sont passés de tête en tête, les sandales en semelle de pneu ont été enfilées, les pagnes revêtus.

Spontanément, les jeunes se sont dirigés vers les tables des aînés pour proposer une séance coloriage de notes de musique (comme dans l’album) et d’objets africains. Beaucoup de rires et de paroles échangées venant des aînés qui n’avaient pas colorié depuis bien longtemps.
Un résident a souri pour la première fois depuis des mois, dixit l’animatrice. Aucun élève ne veut rentrer au collège : il faut à nouveau courir pour arriver à l’heure !
Sylvie Mérabti, professeur-documentaliste

La voix d’or de l’Afrique, c’est l’album que les seniors ont décidé de partager le 26 mars avec la classe d’accueil. Toutes les dames ont d’abord dévoré les albums individuellement, les empruntant à tour de rôle. Quand nous nous rencontrons pour préparer la lecture collective, elles se mettent vite d’accord sur cet album qui parle de musique et de différence. La rencontre avec les élèves issus de pays et de langues différents, parlant encore très peu le français, sera donc musicale et visuelle. Une des participantes a déjà commandé le CD de Salif Keita et chacune propose qui un objet, qui des tissus, qui un instrument de musique à amener.
Le jour venu, nous aménageons le lieu de rencontre. Au fond, des kakemonos créés par deux dames avec les visuels des albums et des images rapportées. Au centre, un tapis fait de tissus africains, une belle chaise sculptée et une ribambelle d’instruments de différents pays d’Afrique posés sur une table en rotin.

 

Quand les jeunes arrivent accompagnés de leur enseignante, ils sont joyeux et souriants. Ils sont une douzaine, autant que les seniors. La rencontre débute par la lecture de l’album par une des dames qui, un peu stressée, a tendance à lire un peu vite. Stimulés par l’enseignante, on se pose des questions. Qu’est-ce qu’un albinos ? De quel milieu social vient Salif ? Pourquoi ne peut-il pas devenir instituteur ? Qui a entendu parler du Mali ? Que se passe-t-il au Mali en ce moment ?
Puis la musique crée la complicité. Nous écoutons chanter Salif Keita et repérons les instruments dont nous énumérons les noms exotiques. Nous improvisons un petit concert avec les instruments à disposition, mêlant percussions et tapes dans les mains. Puis la classe nous chante « Le loup, le renard et la belette » et à notre tour nous nous lançons sur « Le jazz et la java » de Claude Nougaro. La rencontre se termine autour d’un goûter. Le 23 avril prochain c’est la classe qui nous accueillera dans ses murs… vivement ce moment !
Sandra Baud – Animatrice de lieu de rencontre Pro Senectute à Lausanne en partenariat avec une classe d’accueil du collège de Béthusy sous la coordination des bibliothèques lausannoises.

Pour la lecture de cet album, nous avons :
fait quelques hypothèses de lecture à partir de la couverture et très rapidement compris – avec confirmation au 4e de couverture – qu’il s’agissait d’une histoire vraie.
lu l’histoire en commun, en changeant de lecteur à chaque page, puis montré quelques photos récentes de Salif Keita (que ni mes élèves, ni moi-même ne connaissions) et donné quelques renseignements sur sa carrière musicale actuelle.
écouté sa chanson de 2009 « La différence », en regardant la vidéo recommandée sur le blog avec les paroles de la chanson sous les yeux. Puis nous avons résumé le message de Salif dans cette vidéo, ce dernier n’étant pas toujours facile à comprendre, vu son accent.
regardé un court reportage de TF1 qui date aussi de 2009 et qui s’intitule « Le massacre des albinos continue au Burundi » afin que les élèves comprennent les tabous et croyances liées aux albinos en Afrique.
parlé de la Fondation de Salif Keita pour les albinos du Mali et des différentes actions entreprises par le chanteur en faveur des albinos.

Nous avons été frappées par la qualité d’écoute des élèves. Pour avoir un retour sur le ressenti de la lecture, nous allons leur faire écrire des acrostiches à partir du nom et du prénom de Salif Keita ainsi que du mot albinos, en leur demandant ce que ces mots évoquent maintenant pour eux. L’avantage de cette activité est qu’elle ne prend pas trop de temps et peut aussi être réalisée en collaboration avec le prof de français ou sous forme de petit concours d’écriture. Voici deux essais – à ne pas montrer aux élèves avant d’écrire – pour vérifier si l’activité est adaptée.
Dominique Grob (Collège Aigle- Suisse)

                                     

 « Au Mali et dans les autres pays d’Afrique,  le problème des albinos est un fardeau. On leur attribue des passés maléfiques.  L’occasion s’est présentée d’en parler quand plusieurs d’entre eux ont été assassinés. 
En 2009,  j’ai décidé de sensibiliser les Africains en faisant une chanson. La différence, c’est la richesse de la vie ». S.K.


Titre : La voix d’or de l’Afrique

Auteur : Michel PIQUEMAL

Illustrateur : Justine BRAX

Editeur : Albin Michel jeunessel © 2012
Avec ses yeux rouges et sa peau blanche, Salif l’albinos porte malheur à sa riche famille de lignée mandingue. Son père veut le tuer. Sa mère le sauve. Il grandit au milieu des railleries des enfants. Son rêve de devenir instituteur se brise à cause de sa mauvaise vue. Comme il chante et joue du balafon, il pourrait devenir musicien sauf que chez les Keita, c’est honteux de se donner en spectacle.