Pour ceux et celles qui voudraient la partager, voici une déclaration d’intérêt pour la lecture de Christine TAUBIRA, qui avait été lue aux lancements d’1, 2, 3 albums à l’automne 2018.
Les hommes et les femmes qui décident de consacrer des nuits et des jours, des ans et des sueurs du front et de l’âme, à écrire des romans ou des récits, des nouvelles ou des contes, des poèmes ou des fragments, fictions ou confessions, le font pour nous parler. Quoi qu’ils disent. Y compris les grincheux. Ils entrouvrent leur monde même lorsqu’ils croient se barricader. Et, se livrant, ils nous livrent un peu à nous-mêmes. Ce chemin n’est ni le plus droit ni le plus court.
Car les livres nous réveillent, nous bousculent, nous désolent ou nous réconfortent. Il arrive qu’ils nous confortent simplement. Souvent, ils bougent avec nous, nous disent les choses différemment avec les mêmes mots et les mêmes enchaînements à des moments différents de nos vies, ils nous fouillent, nous éclairent, nous sauvent des naufrages. Ils nous préparent aux déconvenues et nous préviennent qu’il faudra parfois serrer les dents. Ils entassent la paille pour amortir les chocs à venir. Ils brassent l’air pour dégager la vue. Ils nous racontent toutes sortes d’histoires. Des vraies, des fausses, des arrangées, des vraies parce que possibles, vraies parce que belles, vraies parce qu’énigmatiques, vraies parce que sans fin, vraies parce que nous parlant subrepticement d’une inquiétude, d’une joie, d’une aventure, d’un malheur qui nous sont advenus. Ou de quelque embarras qui nous taraude. Ou d’un impossible à concevoir. Nous ne savons pas toujours que nous sommes grâce à eux caparaçonnés d’esprit et d’ardeur pour déjouer les pièges çà et là dispersés sur nos routes par les aléas de la vie.
Extrait p 163-165 de Baroque sarabande (Philippe Rey, 2018, 9,80 €)