A lire les retours d’expérience positifs publiés sur ce blog, on oublierait que le terrain n’est pas toujours favorable à la lecture d’albums avec des plus de 10 ans. On connait les arguments :  Vous vous trompez de cible. /  Ce n’est pas pour mon public, c’est pour les enfants !  / Ils n’en ont pas besoin.  / Ils ne savent pas lire. / Ils ne peuvent plus lire./ Le programme est déjà trop lourd…

Quand on fait goûter aux méfiants une lecture épicée, on sait maintenant qu’on a toutes les chances de voir les visages s’ouvrir et les barrières tomber. Encore faut-il que l’auditoire soit disposé à l’écouter.

Dans cet établissement, des professeurs ont donné leur aval pour accueillir dans leur classe des élèves de 6e qui ont préparé au CDI et avec soin des lectures épicées à jouer à leurs camarades. Mais l’accueil qu’ils leur réservent est indigne :
– Un groupe est déstabilisé après s’être fait accueillir par ces mots :  » Voilà les envahisseurs  » !
– Dans une classe, l’enseignante reste à sa place face à ses élèves, occupant l’espace de représentation, et sitôt la lecture épicée amorcée, braque les yeux sur son portable.
– Dans une autre, le professeur s’installe au fond avec des copies à corriger.
Heureusement, une enseignante se montrera, elle, réceptive.

Chacun sera juge de cette désinvolture de pédagogues qui exigent des élèves attention et effort mais en situation inversée, ne savent leur rendre la pareille.
Pour éviter un tel mépris, il y a trois parades possibles :
– Modifier l’installation de la salle de classe pour avoir le public resserré en face de soi, même si ça prend trois minutes et que ça fait du bruit.
– Exiger l’attention de tous pour commencer … et attendre le temps qu’il faut pour que la consigne soit comprise y compris de l’adulte présent.
– Impliquer l’enseignant qui accueille les passeurs d’histoire en lui donnant une part, même minime, dans la lecture.

VML