A quoi ça sert de faire assister des gens à la scénographie 1, 2, 3 albums s’ils ne peuvent dans la foulée avoir accès aux livres ?

Une professeure des écoles vient d’en faire l’expérience. L’enseignante, nouvellement nommée sur la commune, comprenant l’intérêt pédagogique d’1, 2, 3 albums (lire, écrire et dire) confirme sa participation. La bibliothèque propose de lui prêter le pack d’albums.

A l’heure dite, la classe de CM2 se rend à la bibliothèque pour la présentation des livres. La mise en bouche est efficace. Chacun des élèves a envie de connaître au moins la suite d’une des histoires.  » Ça démarre bien « , se dit l’enseignante ! L’appétit est ouvert sauf que l’élan est aussitôt brisé. Aucun album n’est disponible ce jour-là et avant longtemps ! La bibliothécaire annonce qu’elle garde les livres pour les lectures épicées qu’elle ou des seniors de la ville (belle initiative) leur feront au cours du semestre. La déception est immense ! La bibliothécaire est ennuyée mais maintient son organisation.

Deux jours plus tard, une grand-mère, m’interpelle : « Mon petit-fils est en 6e. Il m’a parlé du voyage-lecture. Il a beaucoup aimé la présentation. Mais ne peut lire les albums car il n’y a qu’un pack pour 10 classes participantes ». Et la dame de me dire qu’elle achèterait bien un pack pour le prêter à la classe de Corentin. Bonne idée : des grands-parents sponsors de lecture !

Ces francs et fâcheux retours ont le mérite de rappeler qu’1, 2, 3 albums est un projet de lecture partagée (je lis seul et/ou nous lisons ensemble) qui suppose qu’on mette des livres à disposition du public. Si on n’en a pas les moyens d’acquisition ou qu’on ne les prend pas, il faut trouver une organisation ou réduite la voilure.

Dans le cas de la classe de CM2, la solution aurait été de mettre en circulation quatre albums sitôt la scéno jouée, les quatre autres faisant l’objet d’une lecture collective, éclairante ou participative telle que la lecture épicée de Moi, c’est Tantale ou L’Inventaire des jours. En effet, quel que soit le public, les lectures épicées ne doivent pas être obligatoires. Elles précédent ou suivent la lecture individuelle. Dans un cas, elles y conduisent, dans l’autre, elles les éclairent. Car comme dit Jean, un septuagénaire voyageur-lecteur : « Je goûte mieux la lecture épicée quand j’ai lu l’album avant !  »

Au collège, quand on engage plusieurs classes, il faut s’assurer d’avoir suffisamment de livres : un pack sur place au CDI, d’autres pour les classes. Au besoin, on peut inventer une rotation des packs : chaque classe à qui on a présenté la scénographie aura à disposition les 8 albums pour permette aux jeunes de lire seul ou à deux les albums : 25 élèves, 8 albums, soit 200 lectures à répartir sur un temps donné, pris sur des heures de cours avec l’aval de l’équipe pédagogique !

Si aucune solution n’est trouvée, on limite volontairement le nombre de classes. Alors on est en phase avec les objectifs : faire lire des histoires, encourager l’autonomie de lecture comme pour cet élève de classe Ulis qui s’écrie fièrement : « C’est la première fois que j’emprunte au CDI !  »

Sinon à quoi bon toute cette énergie ?
VML