prince
tennis
talantparis

Jeudi 12 et vendredi 13 mai, des classes d’écoles élémentaires, des aînés de la ville de Talant (21), ainsi que des membres du club lecture de la Bibliothèque multimédia étaient invités à participer au vote d' »1, 2, 3 albums ».

Avant le vote proprement dit, les aînés ont offert au public une lecture théâtralisée de l’album  Le Prince dragon puis les élèves, en retour, ont présenté un diaporama réalisé à partir de l’album La belle vie ainsi qu’un livret, illustré par leurs soins, sur la ville de Talant, à la manière de l’album A Paris.

Tous les participants ont reconnu l’implication enthousiaste, tant de la part des jeunes que des adultes, dans ce bel exemple d’échange intergénérationnel.

Véronique et Sylvie – Bibliothèque multimédia Henri Vincenot – Talant (21)

Les lectures partagées se poursuivent à l’Ehpad avec une vingtaine de résidents assidus et fidèles. On se réunit en salle d’animations, où les albums non lus sont exposés. Après avoir résolu une énigme, le gagnant choisit le livre du jour et la lecture, souvent à deux voix, démarre. S’ensuivent des échanges, souvent spontanés, toujours riches, sincères et appréciés de tous.

Ainsi pour Carton rouge, les résidents parlent beaucoup de leur vécu et de leurs souvenirs de guerre, sujet fédérateur où la plupart sont d’accord avec ce que raconte ou ressent l’autre.
– C’est un beau livre. De par son titre, il attire l’attention sur le foot mais il fait comprendre autre chose.
– Le match de foot est un prétexte pour parler de la prise du pouvoir en Autriche ou « Anschluss ».

Tous se souviennent de cette période où Hitler a pris possession de l’Autriche. Ils racontent avec une précision et une mémoire étonnante.
– En 1933, Hitler devient chancelier d’Allemagne. Avant de devenir le « Führer » c’était un autrichien, il ne faut pas l’oublier.
– En 1939, on sentait la guerre. Moi, je passais mon certificat d’études à Nancy.

owens

Tous se rappellent des Jeux olympiques d’été en 1936 où l’Allemagne était donnée grande favorite du 100 m et où Hitler a refusé de saluer le drapeau américain, le noir Jesse Owens, ayant gagné la course.

Ils racontent également combien il était dur de vivre et même de survivre à cette époque, avec son cortège de suicides. Ils parlent inflation, exode.

Nous, animateurs, nous écoutons, silencieux, respectueux et pleins d’émotion les résidents partager grâce à cet album,  leur vécu d’avant la guerre de 39-45.

Murielle Daumur, Ehpad Semur en Brionnais (71)

Les voyageurs-lecteurs sont invités d’ici fin mai à partager leurs préférences : quels albums (3 maximum), ils aimeraient offrir ou se faire offrir s’ils en avaient les moyens ?

votantptvote givryptLes choix sont exprimés sous forme d’un scrutin qui est une occasion d’initiation citoyenne et / ou de rencontre avec d’autres personnes qui ont lu les mêmes textes.

Avant de procéder au vote, il est bon de raviver la mémoire des lecteurs en organisant des temps de lecture à voix basse ou à voix haute, en réécoutant les musiques de la scénographie, en réinstallant la corde à linge des héros, etc.

Le dépouillement des bulletins (sous forme de listes, d’images ou de pions) peut être géré par les votants.

Le nombre de voix accordé à chaque album doit parvenir au mail du correspondant  départemental au plus tard le 2 juin 2016. Annonce des résultats le 9 juin sur le blog et par mail.

Ce dont les jeunes ont vraiment besoin, c’est d’être encouragés à lire seuls.
A Montceau les Mines (71), Marie-Béatrice Gros, documentaliste au collège Saint Exupéry,  s’y emploie depuis janvier, en consacrant à la lecture silencieuse des albums 30 minutes du temps imparti, chaque semaine, à l’initiation à la recherche documentaire pour les 6e.

photo cdi 2pt« Je leur demande d’être totalement silencieux dans les fauteuils lecture où ils s’installent seuls ou à deux. Ils ont juste le droit de poser des questions sur les mots difficiles ou sur l’analyse d’une image qui les interpelle. Ils jouent le jeu en ne s’éparpillant pas dans des bavardages qui les déconcentrent. A partir de maintenant (mai), on va en parler en cours et partager les questionnements soulevés par les albums en faisant comme un atelier philo. »

A Aigle (Suisse), Dominique Grob professeur de lettres fait de même. Ne pouvant faire profiter des lectures épicées tous les groupes engagés dans 1, 2, 3 albums, mais désireuse de faire connaître le maximum d’albums aux élèves, et que chaque jeune ait lu le maximum d’albums, elle impose des moments de lecture silencieuse dans la salle consacrée aux albums.

duopt« Lorsque je vois qu’un élève fait du tourisme entre les livres, en prend un, le feuillette, le pose, en prend un autre… Je m’assois à côté de lui et lui propose de lire le livre à deux en lui expliquant les mots difficiles.
Ou lorsque le livre leur parait trop long (Prince dragon ou Combien de terre…),  je leur propose de lire avec un copain ou une copine : chacun lit une page à tour de rôle à voix basse
dans un coin de la salle pour ne pas déranger les autres. Après cette phase de lecture silencieuse, on se raconte les albums que tous n’auraient pas lus, on échange sur la compréhension des textes et on relit  avec les images. On terminera l’année scolaire avec quelques ouvertures ou activités créatives. »

Thierry Cazals, auteur de Demain les rêves, rencontre cette semaine des jeunes lecteurs des Ardennes qui, à la suite d’Oncle Jean, ont tenté d’imaginer et décrire leur métier de rêve…Il nous dit : Une société en crise est d’abord une société qui ne rêve plus assez, qui n’écoute plus ses rêves, qui arrête de rêver le monde de demain…Pas seulement des rêves technologiques, d’ailleurs. Cela peut être aussi des rêves qui concernent les centres d’intérêt, les relations humaines, les arts, les priorités, comme dans la Planète Avril.

planeteavrilSur La planète Avril, paru en 2014 chez Motus,  le poète François David nous fait rencontrer un peintre de ciel, un collectionneur de nuages ou une conspiratrice de pluie. Au contact des Avriliens, êtres à deux cœurs, nous sommes invités à regarder notre monde avec de yeux neufs.  Lire la belle analyse sur Ricochet.

DSCN1470Suggestion Livralire : Faire (faire) un panier de maximes ou poèmes (roulés) avec le rêve comme fil. Entre autres :
Allez avec confiance dans la direction de vos rêves ! Vivez la vie que vous avez imaginée (Henry David Thoreau)
Je vous souhaite des rêves à n’en plus finir et l’envie furieuse d’en réaliser quelques-uns ! (Jacques Brel)

Pour Demain les Rêves, la lecture épicée a vraiment permis d’éclairer le sens du livre. Ensuite une discussion se lance sur la crise, ou plutôt sur la disparition de certains métiers et la nécessité d’en inventer d’autres…d’où l’importance de rêver et de garder intacte nos forces de créativité.

On parle du métier de tailleur de vêtement, disparu, remplacé par les machines industrielles ou d’autres. On évoque les nouvelles technologies susceptibles de créer de nouveaux emplois. On parle de ce petit boitier, qui combine à lui seul tourne-disques – enregistreur – ordinateur – machine à écrire – téléphone – appareil de photo – enregistreur … invention rendue possible grâce aux rêves et à l’imagination de quelques inventeurs de génie.

futur grob 2On se projette sur les métiers de demain : constructeur de véhicules solaires ou en lieu et place du traditionnel moniteur d’auto-école, des concepteurs d’intérieur de nos futurs voitures sans pilotes.
Les rêves d’aujourd’hui seront la réalité de demain…

Dominique Grob (Aigle – Suisse)

Le double. L’album qui dérange. Beaucoup le trouvent difficile et ne comprennent pas sa place dans la sélection. D’autres lui accordent de l’attention privilégiant un aspect de son contenu : critique sociale, conte fantastique, allégorie sur la folie.

Natalija Radisavljevic, documentaliste au lycée Bachelard à Paris, nous ouvre les yeux sur les illustrations. En effet, elle nous apprend que Claudia Palmarucci, la jeune artiste italienne, s’est inspirée de tableaux classiques et de photographies qu’elle a repris ou détournés.
Exemples :

Pour la couverture. Portrait de Buster Keaton, par Arthur Rice (1925)
keaton

Pour le portait de face et de profil au sortir de la baignoire (pages 32 et 33) : photographie policière de Vincenzo Peruggia (1913)
police2

Les têtes des travailleurs abrutis (page 46 et 47) : sosies des aliénés peints par Théodore Géricault en 1822

Le fou monomane du Commandement, 1822
 Le fou monomane du Commandement
La  folle monomane du Jeu

.On peut :
– Aller plus loin avec l’article sur le travail de Claudia Palmarucci
– Opérer avec les lecteurs d‘autres rapprochements d’images à partir :
…..– D’œuvres de Gnoli  (XXe) :
……….– Bestiaire moderne, avec l’armoire de la page de garde
……….– La femme sole, avec la page 26
……….– Sous la chaussure, avec la page 51

….– D’une gravure de Max Klinger : Le mythe de Sisyphe (1914) avec la page 11
….– D’un tableau de Goya : Le sommeil, avec la page  44
….– De l’affiche du film de Fellini, La cité des femmes, avec l’affiche page 42-43

– Lire aussi un article sur le blog L‘Ecritoire des muses
VML

IMG_1429

Une animatrice a avoué être embarrassée avec le recueil d’histoires, ne sachant comment s’y prendre pour le promouvoir. J’avais proposé une pioche des titres.
Marie Christine Defaut, présidente de Livralire a aménagé l’idée avec succès auprès des seniors en utilisant des objets.

Protocole pour 6 contes :
1/ Dans un sac, glisser des objets : une pince à linge, une carte vitale, une clef, une feuille d’arbre, une pièce, un chien
2/ Faire piocher un objet
3/ Lire le conte correspondant sans donner le titre
4/ Demander au public de trouver un titre à l’histoire
5/ Dévoiler celui de l’auteur. Pour les objets ci-dessus nommés : Comment faire venir la pluie  (p 7) – Mal partout  (p 12) – La clé perdue  (p 14) – La feuille de l’arbre (p 19) – Le trésor enfoui (p19) – L’autre chien (p 24)
6/ Discuter des chutes des histoires pas toujours comprises
VML

Comme chaque mardi matin, des résidentes du foyer-logement de Givry,  se retrouvent au salon à 11h15 pour une lecture partagée avant le repas. Ce jour là, je joue Le double (lecture épicée).

Les commentaires sur l’histoire sont brefs :
– Ça correspond bien au monde d’aujourd’hui : le harcèlement au travail et le burn-out qui s’en suit.
– Le double, ça fait penser aux robots qui feront les travaux domestiques à notre place.

Et la conversation de partir sur les bons ou moins bons souvenirs du temps où ces dames âgées de 85 à 92 ans travaillaient.
– Moi, mon travail d’éducatrice était très difficile. Pour évacuer les tensions, j’allais le soir marcher.
– J’aimais tout dans mon travail à la papeterie sauf une chose : nettoyer la vitre extérieure et intérieure avec du papier journal et de l’eau alcoolisée.
– J’ai travaillé dans la vigne et exercé différents métiers. Quand mes enfants étaient petits, je travaillais à domicile : je décorais des chapeaux dont la forme était faite dans un atelier à Givry.  Même si nos gains étaient modestes, je n’aurai pas aimé être à la place des patrons, suspendus aux commandes et ventes.
– Je confectionnais des chemises de luxe dans un atelier avec deux autres ouvrières. Nous étions installées devant des fenêtres du boulevard de la Liberté à Dijon. Quand nos patrons venaient nous voir, ils arrivaient dans notre dos, marchant sur une moquette, espérant sans doute nous surprendre à regarder les gens dans la rue. Comme si nous avions du temps pour ça !  Nous n’avions droit qu’à une pause toilette de 10 minutes et à heure fixe !
– Moi, j’ai exercé deux métiers. A 18 ans, j’étais employée aux impôts. Je m’occupais des  relances : envoyer aux retardataires un papier bleu, puis un vert, puis un huissier. Quand j’ai compris que le coût des rappels était souvent aussi élevé que le montant de l’impôt, j’ai démissionné. Je n’allais pas passer ma vie à enquiquiner des gens pour un résultat nul !  Avec mon  mari, nous avons tenu 40 ans un magasin d’électroménager au centre ville de Chalon. Le plus beau jour a été celui où j’ai vendu une machine à laver à une dame du quartier qui lavait à la main le linge de ses 12 enfants.
C’est tout simple. Un album = un thème = des souvenirs = du lien. Sans Le double,  ces dames n’auraient pas évoqué leur vie laborieuse ni découvert des points communs. Nous nous sommes quittées ravies : elles, ragaillardies, moi, enrichie.
VML

Témoignages.

Au lycée Marc Seguin d’Annonay (07) :
Les  élèves de la classe CAP petite enfance ont présenté la scénographie  aux jeunes de 6e et 5e  du club lecture du collège voisin. Très réticents à l’idée de prendre la parole en public, ils ont finalement été fiers d’avoir réussi à tout mener : lecture, manipulation, musique

Au collège de Decize (58) :
decizept2Les élèves d’ULIS s’accrochent bien au wagon. Ils ont sélectionné cinq albums qu’ils vont présenter à leurs professeurs et à des camarades de 6e ; à des jeunes réunis à l’occasion de la session de printemps du « Parlement des Jeunes Invisibles » à la Charité-sur-Loire ; aux CM2 dans le cadre de leur accueil  au collège en juin.

A la bibliothèque de Sierre (Suisse) :
La première présentation a été faite en duo par la bibliothécaire et un stagiaire. La deuxième a été faite par les élèves d’une classe de 8H à ceux d’une classe de 7H. Ils ont tous été conquis par la scénographie et ils se sont rendu compte que s’exprimer devant une vingtaine de personnes n’est pas si évident. La lecture à haute voix est un exercice qui peut tout à fait s’insérer dans le programme scolaire.

Lire la suite