La riche expérience d’une bibliothécaire du Berry nous rappelle que le fil rouge d’1, 2, 3 albums, doit rester la lecture individuelle et collective. En effet, dans le collège où elle intervient, le temps consacré à la lecture après la scénographie est réduit à peau de chagrin. Les élèves n’ont pas lu tous les albums, qu’ils doivent en choisir un et le mettre en scène. Les idées fusent mais les réalisations, laissées à leur imagination, sont très moyennes : des saynètes bâclées, des gribouillages illisibles, des lectures inaudibles…Du coup les jeunes, pourtant investis, ne sont pas valorisés, certains désabusés, d’autres vexés ou déçus. L’album Demain les rêves n’a pas été choisi. Normal, il n’a jamais été expliqué ni discuté.

Si l’intention est bonne, le résultat est très décevant d’autant qu’il n’a pas dépassé les murs de la classe. Avec le même volume horaire pris sur les heures de français, on pourrait se recentrer sur la pédagogie (lecture , compréhension et discussion, oralité) et donner aux élèves l’occasion d’être acteurs de lecture. Soit, ils jouent totalité ou partie de la scénographie à une autre classe soit, ils préparent quelques lectures épicées (ou interprétations de lecture) pour des camarades d’autres classes à qui serait prêté bien sûr l’album correspondant. Pour cela il faut l’aval et la complicité de collègues professeurs dans le collège et ça, ce n’est pas acquis partout.
VML

Au collège de Chagny (71), les ticket-lecture nominatifs des 300 voyageurs-lecteurs de 6e et 5e restent au CDI. Cette année, inspirées par le fil à linge de la scénographie, Fabienne Bourjon et Sandra Gaudillère, les deux documentalistes, ont eu une idée originale : les regrouper sur un séchoir mural, le numéro des classes étant inscrit sur les pinces.
etendage ticket lecture chagny

Au collège de Déols (36), les élèves de 4e choisissent, après lecture des albums, un titre à interpréter sous la forme de leur choix. Exemple : une vidéo pour le conte russe transposé dans le Berry !


pellevoisinAvec les collègues bénévoles de la bibliothèque de Pellevoisin où j’habite,  nous avons joué  la scénographie d’1, 2, 3 albums dans la salle des fêtes un jeudi en fin d’après-midi. Le public d’adultes était composé d’une quarantaine de personnes (malgré des défections de fidèles, pour maladie ou autres obligations) la plupart fréquentant la petite bibli, mais pas que…

Ont aussi été présentés des romans lus depuis l’automne ou d’autres tout nouvellement acquis. Les retours ont été très positifs, la moitié des albums ont été empruntés dans la foulée, ainsi que des romans. Des discussions intéressantes se sont engagées en petits groupes lors de l’apéritif.

Une animation donc très sympa et appréciée, qui ne coûte presque rien, et qui, si elle surprend un peu (certains messieurs surtout, attirés par les histoires, mais déstabilisés par la forme des albums, et donc un peu déçus…) bouscule agréablement le public.

 Véronique Lottaz, responsable de la médiathèque de Déols (36)

Je n’aurais jamais pensé faire du théâtre à 85 ans, dit Madeleine. Je suis prête à recommencer, dit Jacqueline. On s’est bien amusées, dit Gigi ! Les trois amies du foyer-logement de Givry (71) ont préparé la lecture épicée de La belle vie : une répétition avec moi, deux seules. Elles ont cherché les accessoires et costumes : chemisier, cravate, perruque, tasses et plateau, etc.

Mardi de Pâques. Le salon est plein : les jeunes de  CM2 accompagnés de parents, beaucoup de résidents prévenus par un panneau et par le bouche à oreille, le personnel. Les actrices font une à une leur entrée : Jacqueline en soubrette  avec  les « nice cup of tea »  et une théière pleine, Madeleine, la petite fille en socquette et perruque rose, Gigi en homme à moustache et cravate.

Après la saynète, chacun est invité à remplir seul ou en groupe la grille (proposée par Livralire) des occasions de belle vie. Une équipe découpe les réponses et les répartit dans les bocaux correspondants. Puis une paire jeune-aîné lit en cascade les propositions écrites. Pour la séquence la vie est belle quand j’ai,  les aînés parlent d’avoir la famille autour d’eux, les enfants d’avoir quelque chose. Pour je mange : prédominance de sucreries et de chocolat. Pour j’entends : prégnance des oiseaux  et pour je vois, du soleil. Le pot plus riche est sans doute le dernier : la vie est belle quand je fais du tricot, un gâteau à partager, du poney, un bagage, des jeux,  une promenade dans les vignes, une bonne action…

Les jeunes ont chanté et partagé une poésie. Le personnel a apporté une frise gourmande. L’ambiance était joyeuse et chaleureuse. La vie est belle, dit  la directrice, cet après-midi où on est nombreux à partager un peu de sa vie, de son temps, de sa bonne humeur, tout ça à partir d’une histoire. Du coup, on se retrouve la semaine prochaine et c’est Madeleine qui présentera avec moi Demain  les rêves, aux résidents, à son arrière petite fille et ses camarades.

En inventant les lectures épicées comme voies d’approche des albums, je n’avais pas imaginé que des seniors s’en saisiraient, attirant par là leurs pairs et déclenchant des échanges à longue portée, puisque on en cause dans les couloirs et les appartements.

VML

muriellemicroA l’Ephad de Semur-en-Brionnais, c’est toujours le même enthousiasme pour 1, 2, 3 albums. Comme chaque année, les résidents  ont été associés à la préparation de la scénographie (découpage des personnages et coloriage des costumes, récupération de bambou), qu’on a jouée plusieurs fois l’après midi pour associer famille et visiteurs.  Deux semaines plus tard, l’impatience s’est fait sentir : « ça démarre quand les lectures ? »

Par laquelle commencer ?  Par celle choisie par un résident qui a répondu positivement à une énigme.  Après la lecture à deux voix, on échange, on discute, on débat, on se passe l’album, on feuillette et on se rappelle, on partage, on découvre, on crée des liens.
Et encore une fois on reste subjugué par ces propos si riches et si précieux…

Exemple avec Combien de terre faut-il à un homme ?
Le livre
: Bien écrit. Les illustrations sont belles et bien appropriées.

semurcombienterre3Moralité :
Vouloir aller loin, trop loin, ne mène à rien.
Il faut se contenter de ce que l’on fait valoir dans la limite de ses moyens.
La nature humaine ne se contente jamais de ce qu’elle a.

Passerelle avec des proverbes :
Pierre qui roule n’amasse pas mousse
Avoir les yeux plus gros que le ventre
Qui trop embrasse mal étreint
Bien mal acquis ne profite jamais.

Discussion : Lire la suite

Nasreddin miniature 17e

Nasreddin miniature 17e

Le jour de la scénographie, j’avais été très touché par l’évocation de Nasreddin dont ma grand-mère marocaine me chauffait les oreilles. J’avais dit à Cécile, la documentaliste, que ces histoires avaient bercé ma jeunesse. Elle m’a proposé de suite un atelier de lectures partagées  des Petites histoires du monde (Bulles de savon) avec mes élèves.

Nous avons adopté le protocole en deux temps proposé par Livralire. Un temps individuel : chaque élève pioche un titre puis prépare la lecture de l’histoire correspondante. Un temps collectif avec audition des histoires et discussion sur leurs morales.Tous les jeunes se sont prêtés au jeu, même ceux qui ont des difficultés en lecture. Des élèves se sont avérés doués, d’autres stressés et fiers.  Ils ont tous écoutés. Certains échanges ont été savoureux comme celui sur les bananes salées :
– Ce soir,  je vais pas réussir à dormir parce que je serai toujours là à me poser la question, c’est quoi ça.
– Y a de quoi en faire une histoire, je te dis que moi chez moi on en mange des bananes salées.

A la fin de l’heure, Lire la suite

Ici, l’album Demain les rêves est scénographié avec des marottes pour les personnages et des coloriages de lecteurs avant qu’ils ne découvrent, livre en main, la force de l’histoire et la beauté de l’illustration.

Commentaire merveilleux de Thierry Cazals, l’auteur de Demain les rêves :
Cette animation autour de Demain les rêves, quelle belle idée ! Ces marottes déplacées devant des dessins-décors me rappellent un des jeux favoris de mon enfance. Je dessinais et découpais des petites marionnettes en carton que j’animais (grâce à une languette) devant des décors trouvés dans des catalogues. J’inventais des histoires, faisais des petits spectacles pour des spectateurs invisibles (mes futurs lecteurs ?).
Je trouve très touchant de voir, aujourd’hui, mon livre présenté, éclairé et « joué » de la même manière ! Un heureux ricochet de la vie… Comme quoi les enfants ont raison de rêver !!!

Après avoir fait la lecture épicée d’A Paris, nous avons imaginé deux activités différentes pour deux classes du lycée professionnel Gaston Bachelard (75013).
La première (livre audio) est réalisée. Les jeunes se sont bien prêtés au jeu et sont fiers de voir leurs réalisations sur tablette.
La seconde, le parcours citoyen, est à venir.

1/ Un livre audio sur les monuments de Londres
Réalisation : des élèves de 2e, le prof d’anglais et la documentaliste
Protocole de création :
– Recherche des monuments londoniens
– Rédaction d’une fiche d’identité par monument : nom, date de création, localisation, fonction
– Recherche d’une image libre de droits et citation des sources
– Enregistrement avec Book creator
– Montage du livre audio avec Tooncamera et Book creator

Image d’origine                                       Après retouche avec l’application Tooncamera
                                                                                  

(source : aeroport.marseille.fr)

2/ Un parcours citoyen dans Paris
Réalisation : une classe de CAP
Protocole de création sur les institutions de la République :
– Repérage des monuments. Fiche d’identité : nom du monument, rôle de l’institution qu’il héberge, localisation dans Paris.  Présentation orale
– Sortie pédagogique dans Paris avec reportage photographique des monuments et rappel devant chacun de son rôle
– Création d’un livre électronique. Choix des photos. Application Tooncamera pour leur donner un aspect BD

Et vous, qu’avez-vous prévu ?  Un livre sur votre ville ? Un voyage à Paris ?
Cécile Beyer

Ils disent…après avoir vu et entendu la lecture épicée intégrale du Double créée par Livralire :
– ma réticence première pour l’album est tombée
– belle idée d’avoir matérialisé les lieux par des feuilles de couleur
– la problématique soulevée est plus claire
– je vais relire l’album autrement