Témoignage d’Angélique Segura, professeure documentaliste, au Collège Maurice Clavel d’Avallon (89), après que Livralire lui ait envoyé quelques albums de voyages précédents. Façon de la remercier d’avoir contribué, par des essais minutieux avec son imprimante, à l’optimisation des gabarits des vêtements de la scénographie 10.
En « albumnivore » que je suis devenue, j’ai particulièrement été touchée par l’album de Thierry Dedieu : Aagun paru au Seuil Jeunesse (1, 2, 3 albums 4). Dans le même temps, je recevais un appel à projet du CLEMI pour un travail concernant la liberté d’expression et les attentats de Charlie Hebdo.
J’ai donc fait travailler les élèves de 6ème en accompagnement personnalisé sur la réécriture de cet album en tenant compte des évènements du 7 janvier 2015. L’auteur a accepté le projet et a autorisé la publication de notre texte que voici sur le mur du CLEMI du 11 janvier 2016.
L’attaque fut soudaine et sans pitié.
Ils surgissent de nulle part, avec leurs kalachnikovs, leurs cris effroyables et leurs manières de bêtes. Les terroristes ont attaqué notre culture, tué nos dessinateurs, blessé certains de nos citoyens.
Puis ils sont repartis à bord de leur auto. Comme la semaine dernière, comme celle d’avant, comme hier, comme demain.
Nous n’étions pas préparés et pas assez armés pour les combattre, alors nous sommes allés, tous ensemble, place de La République réclamer justice.
Après avoir observé une minute de silence, elle a été désignée pour nous venir en aide : Liberté d’Expression.
Elle nous a permis d’être plus fort et plus unis, nous donnant le droit d’exprimer librement nos idées tout en respectant celle des autres. Permettant à chacun de donner son avis librement et de vivre en démocratie. Aidés par Liberté de la presse, les citoyens sont parés pour se forger leurs propres opinions.
Même si sa présence nous rassurait, nous nous demandions comment un crayon pourrait nous protéger des terroristes.
Liberté d’Expression fit appel à Education pour former à l’esprit critique et lutter contre les théories du complot. Le monde entier, main dans la main, était en marche contre le terrorisme.
Conclusions :
L’album est aussi un support d’écriture.
L’album peut vivre bien au-delà du cadre dans lequel il a été promu la première fois.
En nous accordant des droits de reproduction et nous cédant les textes bruts des albums, les éditeurs facilitent notre travail de colportage. Le 19 janvier, je les ai informés par mail de la façon dont sont promus leurs albums dans la scénographie : devinette, mise en bouche, chemise avec les illustrations autorisées.
Grande joie d’une double réponse pour Demain les rêves (Motus).
L’auteur, Thierry Cazals : Je trouve ce travail de colportage (j’adore ces ancêtres des libraires qu’étaient les colporteurs) touchant, émouvant… et si utile ! Voir les mots et les images d’un livre être transportés, transposés, transmis ainsi, c’est ce dont tout écrivain (et tout éditeur) rêve…
L’éditeur, François David : J’ai découvert avec grand plaisir la présentation chaleureuse et inventive pour faire deviner, puis découvrir l’album. Merci à vous et à toute votre équipe pour tout ce travail qui met, en effet, si bien en appétit.
Belle expérience que ces deux scénographies jouées dans un lycée professionnel parisien du 13e, en binôme avec Cécile Beyer, documentaliste-stagiaire (CAPES), après plusieurs années au CDI du Campus des métiers (93), dont deux à animer 1, 2, 3 albums (voir ses témoignages en 2015 et 2014).
Quel enseignement tirer des deux rencontres avec des élèves électriciens peu enclins à la lecture et à l’écoute ? Réponse : Voir le bon côté des choses.
Le CDI est trop petit pour recevoir trois classes. L’immense préau fera l’affaire. On tire des bancs dans un coin, on récupère deux tables disparates (j’y étale un carton pour que la nappe noire ne glisse pas). Les escabeaux n’ont pas la même taille. Le cadre vieillot est contrebalancé par un système de sonorisation moderne: tablette et enceinte de poche. Promis, Livralire s’y mettra l’an prochain.
L’écoute est discontinue. Les jeunes « lancent des vannes », s’invectivent, surtout à la séance du lundi. En fait, ils réagissent à ce qui est raconté. Ils sont présents à leur façon. Un seul a sorti son portable : les professeurs estiment que c’est déjà une marque d’intérêt. Il y a des moments dynamiques comme les réponses- qui fusent – aux devinettes, lancées du pupitre par la voix 2 et des moments de grâce notamment lors des séquences musicales. Etonnant vu le choix éloigné de leur univers. Certains jeunes sont très attentifs à ce qui se passe, sans doute saisis par la beauté des dessins et des gestes, comme l’a souligné un enseignant. Le travail de conception et de répétition paye.
Les jeunes se ruent sur le buffet, offert par Cécile, plus que sur les albums et pourtant dès le mardi matin, certains lui réclament l’histoire du footballeur (Carton rouge), d’autres celle des animaux qui ont envahi le château (L’Etrange zoo de Lavardens). Les enseignants des matières générales ou techniques, tendus pendant notre prestation du fait du comportement imprévisible des élèves, réagissent positivement et attendent Cécile pour les lectures épicées. L’un, d’origine marocaine, nous raconte la version du faux banquet que lui racontait sa grand-mère. Nasreddin aurait utilisé ce mensonge pour éloigner des enfants bagarreurs. Ce prof a plein d’histoires de cet ingénu à partager avec ses élèves. Les petites histoires du monde lui en donne l’occasion.
Sitôt la deuxième scénographie achevée, Cécile prépare avec sa collègue des pots de fleurs pour que les lecteurs matérialisent leur ressenti de lecture sous forme de pétales de trois couleurs différentes. L’aventure est officiellement lancée.
VML
Voici le texte d’introduction à la scénographie de mise en bouche des albums, lu à chaque lancement départemental à l’automne 2015 et que chaque animateur d’1, 2, 3 albums peut reprendre librement.
Dans ce 10e voyage dans les albums « grand-large » :
– Vous découvrirez des livres parus entre juin 2014 et septembre 2015, choisis par un comité de 7 personnes fidèles et attentives.
– Vous aurez sur table ou dans les mains des formats différents, du cahier au grand livre imposant : un album-cd et un album pop-up.
-Vous irez à la campagne, à la montagne, à la ville, à l’usine, au stade, à Paris, en Allemagne, en Angleterre, en Sibérie, dans la forêt scandinave, en Iran.
– Vous découvrirez un sportif célèbre et engagé.
– Vous approcherez des anonymes qui sont abrutis par le travail ou qui le perdent, qui cherchent à gagner toujours plus, d’autres qui croient aux rêves, aux promesses, à l’amitié.
– Vous aborderez les questions existentielles. L’argent fait-il le bonheur ?
Quelle différence entre l’homme et l’animal ? Comment résister aux pressions politiques ou économiques ? C’est quoi la belle vie ? Comment dissocier le vrai du faux ?
– Chacun aura la possibilité de voir en miroir une part de sa vie, d’échanger des souvenirs ou des projets : « les albums livrent la vie « .
– Chacun pourra échapper à sa vie par le rêve, le beau, l’étonnement : « les albums délivrent ».
Cédons maintenant la place aux personnages qui vont nous dévoiler un petit peu de leur histoire avant que vous ne la lisiez vous-même ou que vous vous la fassiez lire.
VM Lombard
A la bibliothèque, au CDI, au foyer logement, à la maison de retraite, à l’atelier de français, au centre de soins, on peut annoncer la présentation d’1, 2, 3 albums par des affiches posées dans les endroits autorisés ou inhabituels.
A moins qu’on ne préfère remettre des invitations, de la main à la main ou dans les boites à lettres comme à la résidence des Sept Fontaines à Givry (71).
On peut aussi préalablement à la scénographie, aiguiser la curiosité en disposant des appâts : quelques dessins des vêtements créés par Marie Anne Wettstein ou les reproductions des pages de garde des albums à partir desquelles on fera en groupe des hypothèses. Quels lieux, quels personnages, quelles intrigues peuvent bien annoncer des pissenlits, un rideau rouge, du matériel de montagne, une tapisserie…
VML
Que le colportage assidu des textes et des images nous rapporte autant en découvertes, liens et émotions qu’il nous en coûtera en temps, énergie et patience.
Faisons confiance aux lecteurs.
Les enfants (pas seulement) sont capables de lire des choses difficiles qu’ils ne comprennent pas immédiatement. Si on les prive de cet effort là, en leur donnant seulement des choses faciles, très « sucrées », on les coupe de ce matériau qui travaille sur la longue distance. Yvanne CHENOUF, Sur la route de la voix. Actes de lecture 97.
Lire un album à voix haute à un petit groupe demande un certain savoir-faire : il faut à la fois dire un texte et montrer les illustrations. Or des récits sont parfois bavards ou complexes, des images petites. Sans compter que certains publics ont une attention limitée. D’où l’idée de lectures intermédiaires dites « épicées » aux formes variées : lecture sur pupitre, lecture polyphonique, saynète, randonnée. Ces lectures collectives, souvent participatives, préparent à la lecture personnelle intégrale ou amènent le lecteur à feuilleter l’album en connaissant déjà la trame générale. Elles peuvent aussi être adoptées par des lecteurs pour passation des histoires à d’autres.
Trois ateliers d’une journée sont organisés début 2016 pour ceux qui veulent se les approprier et s’entraîner à les jouer.
En Suisse : Vendredi 29 janvier à Bibliomedia – Lausanne. Participation payante.
Contact : esther.kleinhage[arobase]bibliomedia.ch
En Côte d’or : Mardi 2 février à Bibliothèque de Neuilly-Les-Dijon. Inscription gratuite.
Contact : anne.marion[arobase]cotedor.fr
En Saône et Loire : Jeudi 4 février à la Médiathèque de Mâcon. Inscription gratuite ouverte aux voyageurs de Saône et Loire mais aussi de l’Ain voisin. Contact : formation[arobase] livralire.org.
Détails pratiques et confirmation en retour.
Le panier de lectures épicées sera diffusé fin janvier par mail aux responsables de voyage.
A Charolles (71), dans le cadre des actions en faveur de la liaison école-collège, deux enseignantes de CM2 ont choisi l’animation 1, 2, 3 albums proposée par des professeurs du collège Guillaume des Autels.
Le parrainage de lecture a été assuré par des jeunes de 4e Segpa, qui, en 5e, avaient lu la sélection 9 et l’avait présentée à une classe de 5e du collège puis à une classe 4e Segpa, au collège de Gueugnon.
Pour mener à bien cette action, deux heures de français ont été bloquées dans l’emploi du temps des 4e Segpa, afin de les faire répéter. Avec quelques ajustements pour intégrer les nouveaux élèves, les binômes ont fonctionné comme au printemps dernier. Le professeur, Madame Gonnin, s’est associée à un élève. La documentaliste a assuré la musique.
Les spectateurs de CM2 applaudissaient entre chaque album. A la fin de chaque présentation, les élèves de 4e se sont présentés à la façon des acteurs de théâtre, en se nommant par leur prénom, un par un, c’était assez émouvant. S’en est suivie une discussion sur le travail réalisé. Les enseignantes ont apprécié la scénographie et particulièrement la lecture chorale à voix haute.
Les élèves du primaire sont repartis avec les livres. La chaîne de lecture continue dans la même dynamique : les nouveaux lecteurs seront invités dans quelques semaines à exprimer leurs préférences.
Marie-Luce Maccary, professeur-documentaliste
entre des collégiens et des CM2
Les animateurs, inscrits au 10e voyage-lecture reçoivent par mail un kit d’animation conçu et réalisé par Livralire avec la complicité de :
– Marie-Anne Wettstein pour les dessins de vêtements
– Anne Affagard pour le choix des musiques
– Les éditeurs pour les droits de reproductions d’illustration
C’est la couverture de l’album à Paris qui nous a inspiré la scénographie de mise en bouche avec le choix de vêtements symbolisant les personnages.
Une fois découverts dans leur cadre (chemise de couleur et titre), les habits se mélangent sur deux tringles tendues entre deux escabeaux
(« échelles » disent les Suisses).
L’usage de ces beaux costumes pourra se prolonger au-delà de celui de la scénographie :
– affichage sur un mur
– amorce photographique avant une lecture ou mémo après la lecture
– écriture par croisement de personnages
VML
Lancer 1, 2, 3 albums dans sept lieux différents, 6 en France, 1 en Suisse, c’est pour les organisatrices :
– Ne rien oublier
– Remplir un coffre de voiture
– Faire 1800 kilomètres par la route
– Attendre deux heures à la frontière
– Prendre de jour un train couchette pour rallier Châteauroux depuis Paris
– Manger du chocolat noir dans la voiture
– Aller au restaurant
– Installer, jouer, démonter
– Puiser de l’énergie dans les témoignages des animateurs de voyageurs
– Noter les difficultés de temps, de partenariat, de moyens
– Se réjouir de l’impact du projet en termes de lectures et de liens
– Revoir des visages
– Accueillir des nouveaux
– Souhaiter plus d’investissement des partenaires
– Rire
– Etre ému
– Recevoir des cadeaux
– Voir des mines réjouies
– Travailler dans la chambre d’hôtel jusque tard dans la nuit
– Imaginer le futur