pupitreopapi1Aux Quatre-saisons à Sainte Hélène (71), chaque lundi, Christelle, l’animatrice, et moi faisons aux résidents une lecture épicée d’un album. L’an passé, nous nous installions dans une petite salle polyvalente fermée qui, le succès venant, s’avère trop petite. Nous occupons maintenant le grand salon ouvert. Pour que la vingtaine de personnes assises en profite, nous avons dû organiser l’atelier en deux temps successifs. D’abord, la lecture épicée démonstrative et commune face au groupe puis, en  demi-groupe, un feuilletage de l’album au plus près, Christelle et moi ayant chacune un exemplaire  en main. Nous tentons des échanges. Pas facile. Certains s’assoupissent, d’autres ont la mémoire qui flanche. MAIS…

 Hier, c’était le tour du casque d’Opapi. Un monsieur totalement sourd, affalé dans son fauteuil roulant, redresse la tête. Il me sourit quand je lui montre les images. Un autre qui s’était isolé sur une banquette de côté, loin du groupe et des livres, me voyant ranger m’interpelle : « Vous avez parlé de la guerre 14-18. Je connais plein de choses là-dessus ». Comme je lui dis que ça m’intéresse, sa langue de délie. Né en 1927, il a connu sa femme quand il était au régiment à Verdun. Quand il marchait dans Douamont, son beau-père lui racontait la guerre. Et lui, rétif au groupe, semble content de parler seul à seul. Conclusion : l’installation ostentatoire des lecteurs dans le salon, passage obligé vers les chambres, a du bon.

Les albums de cette année et ceux des éditions précédentes sont en libre-accès en « facing » dans un panier glissé dans le meuble bibliothèque. Pour encourager la (re)lecture individuelle des aînés et du personnel, m’est venue l’idée de laisser dans le salon, sur un pupitre bien en vue, le livre du lundi qui devient le livre de la semaine. On a prévu une photocopie couleur de la couverture, posée en « fantôme » sur le chevalet, pour le cas probable où le livre sera parti vivre sa vie dans une chambre.

toitsemaineCette semaine, Le casque d’Opapi.
La semaine passée, Un toit pour moi et ses livres cousins : deux sur les habitats animaliers : Un toit à moi (Milan), Maisons (De La Martinière, mon imagier photo découverte) et un sur les maisons du monde : J’habite ici  (Milan, épuisé).

VML

A Noiron (21), Sabrina la bibliothécaire continue son jumelage inventif avec les seniors de sa commune. Les élèves de CM1/ CM2 leur ont envoyé une invitation à venir découvrir les albums avec une question : « Si je devais redessiner le monde, comment je le ferais…. »

Le jour de la rencontre, les enfants ont joué la scénographie, puis les seniors, nombreux, ont répondu à la question des enfants. L’un d’eux a dit :
 » Je redessinerais simplement le monde sous la forme d’une goutte d’eau, l’eau c’est la vie ! Dans cette goutte d’eau, j’y mettrais des parfums, la joie, le bonheur, la lumière, la vie… Ensuite des milliards de gouttes différentes, réunies, formeraient une pluie, puis une mer porteuse d’unité malgré les tempêtes. Cette goutte d’eau, c’est chacun de nous humains. Quand ceux-ci se font confiance, les gouttes s’unissent et font de leurs différences des complémentarités fécondes porteuses d’espérance ».

Les enfants, très influencés par les événements de janvier à Paris, ont ensuite partagé par des dessins et des mots leurs souhaits pour un monde différent : plus d’amour et de beauté, moins de misère et de violence, maintien de la liberté d’expression, suppression des religions et de la mort. Ils rêvent de ne manger que des bonbons, ne plus aller à l’école. Ils veulent un monde rigolo, doux, arc en ciel.

La confrontation des propositions a donné lieu à des échanges riches.

Et si on allait plus loin ? Plus loin que des vœux pieux. Si on répondait à l’invitation de l’écrivain marocain, Abdellatif Laâbi, qui termine son poème « J’atteste » par cette phrase. « J’atteste qu’il n’y a d’être humain que celui qui, dès qu’il ouvre les yeux au matin, se pose la question : que vais-je faire aujourd’hui pour ne pas perdre ma qualité et ma fierté d’être homme ? « 
(dans l’anthologie, Je rêve le monde assis sur un vieux crocodile, Rue du monde)
VML

djangoptAprès  la lecture épicée  de  La guitare de Django, faite à trois voix,  nous avons proposé  aux apprentis cordonniers (1ère année) de préparer une interview du chanteur. Ils inventent des questions qu’on met en commun. Le  lendemain, chaque apprenti vient écrire au tableau une question de son choix. Le groupe s’interroge : peut-on répondre à l’aide de l’album ? Si non, on fait une recherche sur internet ou dans une encyclopédie.

  Voici le résultat de l’interview
–  Qui êtes-vous Django ?
On me connaît sous le nom de Django. En réalité, je m’appelle Jean-Baptiste Reinhardt.  
– De quelle origine êtes-vous ?
 Je suis d’origine tzigane, c’est la même famille que les Gitans.
–  Quand et où êtes-vous né ?
 Je suis né en 1910 en Belgique, très beau pays.
–  Pourquoi avez-vous choisi de devenir musicien ?
Je ne sais ni lire ni écrire. Mais jouer de la musique, c’est une tradition dans ma famille.
–  De quel instrument jouez-vous ?
A la base, je jouais du banjo mais depuis quelques temps, j’ai changé, je suis passé à la guitare.
– Expliquez-nous pourquoi ce changement d’instrument ?
Ce n’était pas un choix ! A l’âge de 18 ans je me suis endormi dans ma roulotte, car je vis dans une roulotte, et un incendie s’est déclenché par je ne sais quel moyen pendant mon sommeil. Heureusement que des membres de ma famille sont venus me sortir de là sinon j’y serai passé. Dans cet incendie, j’ai perdu deux doigts et ma main gauche a été endommagée. Donc je ne pouvais plus utiliser le banjo car les cordes étaient trop dures. Alors, mon frère Joseph me conseilla d’utiliser la guitare car ses cordes étaient plus souples. J’étais au bout du rouleau. Mais ce qui m’a donné de l’espoir, c’est lorsque ma femme m’apporta mon fils. J’ai eu une forte envie de jouer de la guitare que Joseph, mon frère m’offrit pendant mon séjour à l’hôpital.
 – Quel type de musique jouez-vous ?
Je qualifierais ma musique de jazz moderne.

 Cécile Beyer, documentaliste au campus des métiers à Bobigny (93)

Cela fait trois mercredis que nous allons à la maison de retraite l’Espérance à Dijon.Nous avons fait deux mercredis sous forme de groupe de IME1parole avec la comédienne Danielle, l’animatrice Catherine, les résidents et ma classe.
 Nous avons donc lu le livre Les cinq  malfoutus et de là nous avons débattu sur ce qui fait la différence :
– l’âge
– le handicap
– les lunettes
– le gabarit : mince / gros
– la couleur des cheveux
– le tempérament : dynamique/passif
– l’origine

IMEptPuis le 3ème mercredi, nous avons commencé à créer des masques de malfoutus avec les résidents. Nous avons prévu d’en faire un défilé avec mimes.

Melle Rousseau et son groupe de l’IME PEP – Dijon

Autre proposition (Livralire) autour de Monsieur Beau : les critères de beauté selon les sociétés et les époques. Voir par exemple les retouches qu’ont fait 40 graphistes de 25 pays différents sur la photo d’une journaliste américaine après que celle-ci leur ait dit :  » rendez -moi belle ! »