Dans la sélection d’albums du 10e voyage-lecture intergénérationnel figurait un livre noir et blanc de grand format sur la capitale de la France, A Paris de Badescu et Jolivet, aux éditions des Grandes personnes, malheureusement épuisé.

Les femmes de l’atelier La petite bulle à Talant (21), banlieue populaire de Dijon, l’ont repris et au fil des pages ont sillonné Paris avec émerveillement. Et si elles y allaient pour de vrai ? Sophie, l’assistante sociale, les prend au mot et monte le projet : une journée à Paris en minibus depuis la Côte-d’Or. Reportée deux fois (dont une du fait du bouclage de certains quartiers parisiens pour l’hommage à Johnny), la virée d’une journée a finalement pu se faire ce printemps.

Ces lectrices-voyageuses, au contraire d’autres lecteurs, nombreux, qui n’ont encore jamais visité Paris, ont découvert un peu de cette ville où se mêlent des gens d’horizons aussi différents qu’elles et où se dressent les célèbres monuments qu’elles ont eu plaisir à approcher.

Quelle émotion de trouver au début du mois de mai dans ma boîte à lettres une carte surannée de  la tour Eiffel, accompagnée d’un mot délicieux que le groupe – dixit Sophie – a composé avec application pour la dame qui a eu l’idée de créer 1, 2, 3 albums.
Tout est possible avec un album !
VML

A la résidence du Parc de Genlis (21), Charlène, l’animatrice a  proposé aux résidentes-voyageuses de prolonger par un travail manuel deux lectures épicées, dont l’une faite en 3 groupes par les élèves du collège,

Pour L’incroyable histoire de l’orchestre recyclé : bricolage d’instruments de musique :  tam tam africain avec bouteille plastique ; crécelle avec bouchons plastiques et bout de bois ; maracas  faites avec des cuillères plastiques et contenant des œufs surprises kinder ; castagnettes avec capsules et carton.

Pour Cours : mise en couleur d’un corps de boxeur, avec pour tête leur photo découpée. Se voir avec autant de muscles a beaucoup amusé les résidentes !

 

Au collège Denfert Rochereau à Auxerre, un trio d’enseignants (documentaliste, professeur de lettres et professeur d’arts plastiques) a organisé 1, 2, 3 albums avec une classe de 6e en différentes séquences de plusieurs séances chacune.
Pour clore la séquence lecture, les élèves ont été invités en janvier à créer chacun une fiche de lecture d’un album de leur choix sous la forme d’une carte heuristique à plusieurs branches : présentation, description, résumé, repères dans l’espace et le temps, extrait, avis. Ils avaient carte blanche pour la mise en forme et l’illustration.

Une élève créative a inséré sa fiche de L’extraordinaire histoire d’Adam R dans un triptyque cartonné et lacé. Les élèves se sont présenté leur carte qui ont été ensuite affichées.

Puis après avoir réfléchi ensemble à son contenu, ils se sont lancés dans la création d’un carnet de voyage collectif dans lequel Théophraste raconte ce que des oiseaux (ceux-là même de la scénographie) lui ont rapporté de leur voyage dans les albums.
Les jeunes sont actuellement dans la phase d’illustration.
(Toutes les images sont cliquables pour agrandissement)
Angélique Ségura, professeur documentaliste « albumivore »

ADDITIF :  Alexandrine Civard-Racinais, l’auteur des Robinsons de Tromelin a mis la carte mentale sur son site. Le 15 mai, nous avons montré son blog à nos élèves… Silence complet quand ils ont vu leurs travaux, les yeux se sont mis à pétiller et les mâchoires se sont décrochées. Quel beau moment !
Merci à elle d’avoir relayé les travaux de nos élèves. Quelle fierté pour eux et plus encore quand c’est une auteure qui le fait car, dans leurs esprits, les auteurs sont trop souvent des gens inaccessibles.

Au collège Isle de Saône à Pontailler-sur-Saône (21), quatre classes de 6e ont participé cette année à 1, 2, 3 albums. Ils ont tous fini les lectures. Ils ont préféré certains albums. Attendons le vote pour en savoir plus.

D’ici là, nous proposons à ceux qui le veulent, de faire une création visuelle à partir d’un album de leur choix : dessin, objet d’art, boîte à histoire, affiche…, sachant que nous récompenserons les plus beaux travaux avec les albums de l’année.

Une élève a réalisé pour Les Bonnes nouvelles du monde une boîte à histoire. Cette théâtralisation en volume ( tous les éléments tiennent dans la boîte) qu’elle a accompagnée spontanément d’une fiche résumé, n’est pas seulement une expression de lecture. C’est aussi un support de racontage qu’elle a utilisé  avec sa petite soeur avec qui elle voulait partager l’histoire, sans pouvoir disposer de l’album à la maison.

Amandine Cousteix, professeur documentaliste

Dominique et Sylvie, animatrices à l’Ehpad de Chagny, ont proposé à huit résidents de partager leur plus grand rêve et, en atelier collectif et individuel, de l’illustrer à partir d’un choix large d’images glanées par elles sur internet. Au regard des photos, la parole se libère. Les contours du rêve se précisent, les souvenirs s’aiguisent surtout quand l’activité a lieu dans la chambre de la résidente.

Exemple avec Léléne, 96 ans, perdue entre rêve et réalité. Elle commence à dessiner un ruisseau qu’elle pense être celui de la campagne où elle vivait. Dominique téléphone aux archives de Chalon qui confirme que ce cours d’eau existe bel et bien.  Peu importe que ses souvenirs se confondent avec son rêve. Elle pioche dans les reproductions, elle parle et compose sa page de rêve : une promenade à la campagne.

Après le montage du cahier à spirales et une répétition, les résidents ont retrouvé en demi groupes les jeunes 6e qui leur avaient joué la scénographie, chaque aîné  présentant sa double page du cahier de  rêves. Et comme il restait deux pages blanches, les collégiens ont noté leurs commentaires.

Le bilan est positif : les aînés sont créateurs. Même si pour certains, c’est déjà oublié, l’activité dont  le cahier est la trace a libéré la parole. Comme souvent, le temps a manqué sauf que cette fois-ci, Marie-Jo, bénévole au sein de l’association « les amis de l’hôpital » a participé activement à l’activité. Mieux, elle envisage de lire des albums en chambre et s’invite au prochain lancement d’1, 2, 3 albums avec les animatrices, contentes de diversifier et de renforcer l’accompagnement de lecture.

Pour voir une partie des collages, cliquer avec la souris en bas à droite, en tenant le clic pour aller vers la gauche ou cliquer sur les flèches latérales.

PS : Une  classe de CM1 de Chagny a fabriqué un magnifique cahier de rêves en très grand format, imaginant une fourrure bouclée  pour le  hérisson ;  pour l’Iphone, de manger des pommes ; pour la pomme de terre, d’avoir la taille mannequin ;   pour la lune, de parler à un astronaute ;  pour le poisson de voler et pour la maison de marcher …

La médiathèque La Passerelle à Trévoux (01) voyage avec 4 classes. Notre duo de bibliothécaires a joué la scénographie aux 110 élèves. Puis chacune accompagne deux classes jumelées : CM2 – 6e ou CM2 – 5e. Quatre albums sont lus en groupe, à savoir :
Pour les CM2 : Bonnes nouvelles du monde, L’histoire extraordinaire d’Adam R, L’incroyable histoire de l’orchestre recyclé et Nos plus grands rêves.
Pour les 6°/5° : Cours, Méditerranée, les Robinsons de l’île Tromelin et Naya ou la messagère de la nuit. Les quatre autres le sont en lecture individuelle.

A mi-parcours du voyage, les jeunes se rencontrent pour un speedbooking, préparé en amont en classe. Les élèves sont répartis en binômes réunissant un élève de primaire et un autre de collège. Les binômes tournent toutes les 4 minutes. Quatre minutes pour parler d’un album ou proposer à l’autre un exercice déjà fait en classe. Exemple : pour Adam, les élèves ont imaginé quelle serait leur vie à un âge donné.

L’idée de garder une trace nous semblait, à tous, très importante : traces écrites ou dessins selon l’envie et/ou une consigne, sur un support inspiré des oiseaux de la scénographie. Les collégiens ont réalisé des papillons à huit zones, les primaires, des oiseaux à huit plumes correspondant aux 8 albums. Sur chaque espace figurera une impression. Pour 4 d’entre eux, nous donnons une instruction aux élèves en fonction de la séance. Par exemple, pour Cours : l’écriture d’un vire langue. Pour Bonnes nouvelles du monde, une bonne nouvelle. Pour Méditerranée, ils doivent imaginer une terre d’immigration et raconter comment ils vivraient là bas.Pour les 4 autres, les élèves mettent librement un avis, un sentiment, un dessin.
Toutes les réalisations seront exposées sur des branches d’arbres dans les lieux du voyage : collège, école primaire, médiathèque.
Elodie et Anna, Médiathèque de Trévoux (Ain)

Au collège de Talant (21), on accorde temps et soutien aux élèves en difficulté alors que les très bons éléments vont leur chemin posément.

L’idée m’est alors venue de proposer à des 5e bons élèves de prendre en charge la scénographie dont la réalisation demande investissement et audace. De novembre 2017 à février 2018, tous les mardis sur la pause méridienne, j’ai donné rendez-vous au CDI à un groupe de 10 élèves pour lire les albums, découvrir la scénographie, la préparer et beaucoup la répéter.

Pour cette organisation, des élèves jouant devant d’autres, différente des années précédentes où les adultes  étaient les animateurs, je dois avouer que j’avais des doutes : en seraient–ils capables ? Au fur et à mesure des répétitions, ils se sont emparés des textes, ont adopté le déroulement jusqu’à être très à l’aise. Le jour des représentations, leur trac a été vite dissipé. Ils ont joué la mise en bouche avec beaucoup de talent et sans faute, devant leurs camarades impressionnés et attentifs.

C’est tout bénéfice : le public a été conquis, les acteurs en gardent un merveilleux souvenir et des 6e se sont déjà portés candidats pour jouer la scénographie aux 6e l’an prochain.

PS : L’étape de la scéno est passée depuis deux mois, mais la vidéo tournée et montée par un jeune en emploi civique au collège n’a été finalisée que début avril.
Sylvie Merabti, documentaliste