Le blog du 12e voyage-intergénérationnel est clos
Celui du 13e ouvre.
Les animateurs de voyage embarqués pour la première fois en 2018 ont largement partagé leurs impressions et annoncé avec enthousiasme leur inscription pour la 13e édition. Forts d’une première expérience, certains prévoient déjà des améliorations dans leur organisation : gestion du temps, conditions du partenariat, utilisation des lectures épicées. Les autres sont restés discrets. Heureusement quelques uns ont pris le temps de partager, parfois avec leur public leurs impressions, leurs idées, leurs difficultés, leurs souhaits. Il en ressort que :
1, 2, 3 albums, c’est la garantie de livres de qualité avec des titres
– qu’on n’aurait pas connus autrement ou pas osé acheter
– aux personnages inoubliables qui parlent au cœur
– dont certains peuvent être facilement rattachés au programme scolaire ou être adoptés par des collègues d’autres matières
– qui permettent d’aborder des sujets de société
– qui transmettent des valeurs fortes
– qui sont des occasions de débat et des tremplins à la création
1, 2, 3 albums, c’est une boîte à outils incroyablement fournie et sans laquelle on ne pourrait voyager aussi bien.
La scéno, un pur bonheur, plus simple à réaliser que les autres années sauf pour un duo de bibliothécaires fatiguées par le montage et le démontage inévitable de l’installation.
Les lectures épicées sont très utiles. / Ça éclaire les textes longs ou difficiles. / Quand on ne peut pas les préparer, on peut passer la vidéo à notre public. / Le public peut s’en emparer pour faire des lectures à d’autres. / C’est bien que toutes ne soient pas mises en scène, ça nous laisse une marge d’inventivité.
Ça demande du temps de préparation mais il est amorti puisque les animations sont destinées à des publics variés et peuvent être réutilisées facilement.
1, 2, 3 albums, c’est beaucoup de lectures
Ce projet a un effet multiplicateur : la lecture des uns entraînant celle des autres.
Grande place est faite à la lecture à voix haute et collective. C’est mieux de faire une lecture animée en groupe que de lire seul. / Des élèves peu impliqués au départ ont voulu absolument lire à voix haute.
L’air de rien, ce sont des heures de lecture. / Des élèves participant à 1, 2, 3 albums ont senti leurs différentes capacités augmenter et cela leur a donné envie de lire plus.
J’ai appris qu’on peut lire une histoire différemment. / Les albums sont bien rangés dans ma mémoire. / C’est une sacrée expérience. Avant je n’aimais pas la lecture et maintenant j’adore ça !
1, 2, 3 albums, c’est un foisonnement d’idées
Participer à 1, 2, 3 albums décuple la créativité et donne des ailes pour :
– Lire et faire lire.
– Garder des traces : beaucoup ont adopté le principe d’un carnet de voyage, individuel ou collectif.
– Créer et interpréter
1, 2, 3 albums, ce sont des rencontres
Je me souviendrai de la rencontre avec les parents à qui nous avons joué la scéno. / Les ados bien abimés dans leur histoire personnelle et suivis par notre service de la justice attendent impatiemment la séance mensuelle à l’Ehpad. / J’ai compris qu’1, 2, 3 albums, c’était pas seulement pour exercer notre compréhension mais pour faire des rencontres et partager ses connaissances. / Ce que j’ai préféré, ce sont les rencontres avec les vieilles dames.
1, 2, 3 albums, ce sont des émotions
Etre touché par une histoire. Etre fier de lire devant les autres. Surmonter sa peur. Etre ému d’être reconnu. Etre troublé par un souvenir. Etre excité de retrouver les autres. Etre découragé. Pleurer. Rire. La joie de faire. Le plaisir de se sentir entouré.
1, 2, 3 albums, ce sont des surprises
C’était mon 4e voyage et le plus réussi. / J’ai croisé dans la rue une élève qui est venue me dire bonjour et nous avons papoté. Si nous n’avions pas eu les rencontres 1, 2, 3 albums, nous nous serions au mieux seulement salué. / Les élèves se sont montrés enthousiastes et curieux. / Tous les enseignants sont partants pour l’année prochaine. / Des aînés ont offert une cagnotte à des élèves pour l’achat de livres.
1, 2, 3 albums, ce sont des questions
Notre partenariat avec l’Ehpad n’a pas fonctionné. Comment faire ? / Comment attirer le grand public ? / Comment convaincre les profs et les animateurs d’Ehpad que ça répond parfaitement à leurs objectifs ? / Pourrait-on commencer plus tôt dans l’année ?
Conclusion : les impacts du voyage-lecture sont mesurables et encourageants.
Qui y goûte en redemande tant du côté des animateurs que des lecteurs. Comme le dit une dame en réinsertion à Ambérieu : J’aimerais que ça ne s’arrête jamais et qu’1, 2, 3 albums soit proposé à toutes les personnes isolées comme moi.
VML
A la petite bulle (accueil solidarité et famille de Talant / Côte- d’or), nous voyageons depuis plusieurs années, partageant les albums avec des femmes du quartier.
Nous avons découvert la sélection grâce aux bibliothécaires de La Médiathèque Départementale qui nous ont joué la scénographie. A la suite de quoi, les femmes ont retenu quatre albums : Cours, L’orchestre recyclé, Bonnes nouvelles du monde et Méditerranée.
Après lecture, nous avons programmé trois séances pour préparer la présentation des quatre albums au groupe « Vivement jeudi » (activités culturelles et sorties proposées à des personnes du quartier par le centre social) . Nous avons repris le canevas créé par Livralire : textes, visuels et musique. A la première séance, les femmes sont au nombre de dix. Elles ne sont plus que trois aux ateliers suivants. Ma collègue et moi sommes un peu découragées. Happées par leur quotidien, l’assiduité à une activité reste difficile. Malgré tout, on les « rebooste » en leur disant qu’on compte sur elles et qu’elles sont attendues.
Surprise le jour J, au Centre social de la Turbine, elles arrivent à cinq pour répéter, maquillées et très joliment vêtues, une heure et demi avant la rencontre. Lydia est déterminée, elle est exigeante et transmet sa motivation aux autres dames. La musique accompagnant les présentations et la peur d’être sur scène leur donnent envie de danser et elles se mettent à tournoyer…
Répétition et spectacle se déroulent agréablement. Les lectrices sont concentrées et souriantes. Hadi, chargée de donner les albums au public, le fait en dansant, en virevoltant jusqu’au premier rang. C’est merveilleux ! Elle a répété avec ses enfants les cinq phrases du final qu’elle a interprétées en roulant les R, avec son magnifique accent albanais. Son mari présent dans la salle avec une bonne vingtaine de personnes est fier de sa femme. Il nous montre une photo d’elle en habits traditionnels du Kosovo. Noura sort la tête de son texte et accentue le ton.
Conclusions :
1 / Les personnes qui ont assisté sont surprises et ravies. L’une dit : « Maintenant, quand je déposerai mes couettes dans la machine au Lavomatic, j’irai à la bibliothèque ! ». Les femmes expliquent les modalités d’accès à la médiathèque : « Bien sûr, vous pouvez entrer à la bibliothèque même si vous n’avez pas de carte, il ne faut pas avoir peur d’y aller … ».
2 /A travers la lecture, les dames ont pu exprimer combien elles aimaient danser. Dès septembre, nous orientons les temps de rencontre vers cette nouvelle activité : « la petite bulle va danser maintenant »
3 / A la rentrée, certaines dames vont rejoindre le groupe des bouquineurs à la médiathèque de Talant.
4 / En donnant une responsabilité à notre public, il s’investit, s’ouvre et nous passe de son énergie. D’autres projets avec la médiathèque locale se construisent, à suivre !
Depuis le début des vacances, tous les albums des quatre dernières éditions d’1,2,3 albums, sont mis en consultation libre, de façon incitative, dans la salle d’attente de notre accueil. Les albums sont posés sur les sièges, dans des bacs… et ça marche : une dame demande à emprunter La guitare de Django (Sarbacane), une maman lit L’orchestre recyclé » à ses 4 enfants. Les albums changent de place, les enfants trouvent d’autres idées de rangement et nous les proposent.
Sophie Pontoise, assistante sociale au Conseil départemental de la Côte-d’Or
A l’EPHAD Champrouge de Mazille (71), les écoles du village ayant d’autres projets, nous voyageons seuls. 1, 2, 3 albums n’est pas une activité intergénérationnelle ou théâtrale, mais un projet bien-être et parole partagée entre des aînés.
Grâce aux albums, nous nous permettons de rêver et nous entraînons les résidents, en petits ou grands groupe, au-delà de nos murs. Les temps de lecture rencontrent à chaque fois un grand succès.
Justine, la psychologue, à qui j’ai montré les albums, les a adoptés pour son atelier lecture au PASA (Pôle d’activités et de soins adaptés). Elle apprécie les illustrations comme support d’attention et d’interrogation et profite des histoires pour faire remonter des souvenirs et faire ainsi travailler la mémoire des cinq participants réguliers.
Le voyage 2018 touchant à sa fin, je me suis dit qu’il était temps de vous dire à quel point le choix de ces magnifiques livres est précieux. C’est un gain de temps formidable pour nous. Grand merci.
Muriel, animatrice
Trois classes de 6e du collège de Pont-de-Vaux (01) ont participé à 1, 2, 3 albums sous le pilotage d’un trio très actif, deux professeurs de lettres et Emilie, la documentaliste qui, ont en plus fait essaimer les histoires à travers le collège sous forme de lectures épicées partagées à l’heure méridienne. Le partenariat s’est renforcé avec la collaboration de deux enseignants « épatants », dixit Delphine Nauche, professeur de lettres, grande voyageuse qui raconte.
En fin d’année, Stéphane Boulet-Burgan, mon formidable collègue d’arts plastiques, a fait fabriquer aux trois classes de 6e qui participaient au projet 1, 2, 3 albums des instruments de musique à partir d’objets recyclés. Puis Stéphanie Cognard, ma talentueuse collègue de musique, a réussi à en extraire des sons harmonieux.
La classe de 6e 1 et moi-même avons alors entrepris d’écrire une chanson. Chaque couplet reprend un album (idée de Claudie , ma collègue de français) et le refrain est le fameux fil rouge « A quoi tu rêves ? ». J’ai écrit la première strophe pour lancer les élèves qui m’ont épatée par leur créativité.
Sur l’enregistrement, les élèves chantent d’abord une chanson africaine « Makotoudé ». Nous avons gardé le rythme pour chanter le refrain « Et toi, à quoi tu rêves ? » en insérant le nom du personnage. Les élèves répondaient en slamant le texte.
Chaque année, je le vérifie : participer à 1, 2, 3 albums décuple la créativité et donne des ailes. On tente des choses auxquelles nous n’aurions peut être pas pensé sans les albums.
Ci-dessous le texte de la chanson Leurs plus grands rêves (classe de 6e 1- Pont-de-Vaux) : Lire la suite
Les albums « grand large » de qualité se font plus rares. Pour preuve seulement 20 titres parus entre juin 2017 et mai 2018 étaient en lice pour la nouvelle saison d’1, 2, 3 albums. Le comité de sélection en a rapidement écarté 5 : une réédition en petit format, un documentaire, un fait historique confus, un catalogue amusant sans plus, un livre d’art plutôt pour le primaire.
Quatre albums ont été choisis à l’unanimité. Pour les 4 autres, les discussions sont allées bon train notamment pour le conte qui figurera dans la liste.
La liste finale est pleine de promesses tant au niveau de la lecture que des ouvertures (créations plastiques, écriture, rencontres, musique). Plus que jamais des prolongements artistiques pourront être organisés.
Les 7 albums qui sont restés sur la touche n’en sont pas moins intéressants.
Didier LEVY aborde la question du don d’organe avec Merci et celle du manque de logement avec Jouer aux fantômes, deux albums parus chez Sarbacane.
L’homme qui marche de Géraldine ELSCHNER est à rapprocher d’autres albums sur la migration ou d’autres titres de la collection « Le Pont des arts » chez L’Elan vert.
Dedans Dehors (Anne-Margot RAMSTEIN / Albin Michel) aiguise le regard en offrant un catalogue de situations vues sous deux angles différents.
Le prince sauvage et la renarde (Jean-Philippe ARROU-VIGNOD/ Gallimard) et Oddvin, le prince qui vivait entre deux mondes (Franck PREVOT, Hongfei) sont deux contes de sagesse sur l’exercice du pouvoir.
La sœur du célèbre artiste américain dresse le portrait de son frère, Keith Haring, le garçon qui dessinait (Qilin).
La sélection 2018-2019 est disponible sur simple demande à 123albums [at]livralire.org. Elle sera présentée le 1er septembre sur le site de Livralire et en octobre, sur ce blog.
VML
Pour chacun des élèves de l’UPE2A du Lycée Jean Monnet à Yzeure (Allier), l’album de Baudoin Méditerranée, c’est du vécu.
Pour moi la Méditerranée, c’était difficile, le bateau a versé, on s’est retrouvé dans l’eau froide…. et pour moi la Méditerranée c’est aussi les gardes-côtes qui nous ont sauvés (Muhanad)
Pour moi la Méditerranée, c’est un cimetière (Sékou)
Pour moi la Méditerranée, elle est belle et dangereuse (Nouhou)
Pour moi la Méditerranée, elle a aidé à suivre notre route (Aboubacar)
Pour moi la Méditerranée, elle aide et elle tue (Ibrahima et Abdoulaye)
Pour moi la Méditerranée, c’est le voyage en bateau (Yakhouba)
Pour moi la Méditerranée, c’est inexplicable et inoubliable (Mohamed Bachir)
Pour moi la Méditerranée, c’est un grand risque pour atteindre l’Europe (Sékou)
Pour moi la Méditerranée, c’est mes amis qu’elle a gardés (Mohamed N.)
Pour moi la Méditerranée, c’est très dangereux et on meurt (Dama)
Pour moi la Méditerranée, c’est les grandes vagues (Ibrahimou)
Pour moi la Méditerranée, c’est très beau mais aujourd’hui c’est la mer qui joue avec les hommes et plus les hommes qui jouent avec la mer (Mohammad)
Pour les 6e1, du collège de Pont de vaux ( Ain), Méditerranée est un album majeur qui, à lire leur professeur de lettres, Delphine Nauche leur laissera des traces :
Mes élèves de 6e 1 ont voté massivement pour Méditerranée et n’ont d’ailleurs pas compris que l’album ne soit pas dans le trio gagnant car ils ont été particulièrement touchés par l’histoire de la fillette. J’avais choisi de faire la lecture épicée plutôt que de les laisser seuls avec cet album. Un silence de plomb a suivi ma lecture. Puis nous avons parlé de ce qu’ils avaient compris, ce qu’ils savaient… et beaucoup ne savaient pas ce qu’il se passait… Nous venions de terminer le chapitre sur l’Odyssée et nous avions parlé des monstres de l’Antiquité qui représentaient les dangers de la navigation antique. L’album montre bien que la traversée est toujours aussi périlleuse pour ceux qui fuient leur pays avec pour seules valises leurs espoirs et leur détresse.