A la maison des seniors de Chalon-sur-Saône, nous avons clos chaque atelier-lecture (un par quinzaine de janvier à mai) par la recherche d’une phrase accroche pour l’album du jour. En créant un appât, nous avons alimenté les débats et préparé la future vie des albums qui, le voyage-lecture fini, attendent désormais dans le salon d’accueil, les lecteurs occasionnels. Sans compter qu’au moment du vote avec les 6e, nous avons fait deviner aux collégiens à quel album correspondaient les phrases-clés.

La même démarche a été adoptée au collège de Bligny-sur-Ouche (21). Une semaine avant le vote, les élèves ont réalisé des bandeaux pour mettre en avant une phrase ou une émotion liée à la lecture d’un album. Ceci a permis de se remémorer les histoires et de feuilleter à nouveau les albums. Le pack d’album prêté par la bibliothèque municipale y est reparti équipé de ces  bandeaux. Puissent- ils attirer des lecteurs !

Pour ceux qui voudraient s’en inspirer, voici les accroches des adultes (1) et des jeunes (2).

Méditerranée : C’est pas l’homme qui prend la mer, c’est la mer qui prend l’homme / Un rêve arrêté par la réalité.

Cours : Une rencontre peut changer une vie / ll y a toujours un espoir.

Les robinsons de l’île Tromelin : C’était impossible, ils l’ont fait / Survivre avec très peu de chose est extraordinaire.

Naya : Les hommes font la guerre. Les femmes la gagnent. / Un rêve de force et de courage.

L’histoire extraordinaire d’Adam R : Sauvé par les livres ! /  On n’a jamais vu des chaussures aussi grandes

L’incroyable histoire de l’orchestre recyclé : Conte de fée sur la décharge.  / Pensez au recyclage !

Les bonnes nouvelles du monde : Les enfants pourraient changer le monde ! / Zunzuncito, l’oiseau bonne nouvelle.

Nos plus grands rêves : A chacun son rêve.  / « Parce que tout le monde a le droit de rêver »

NOTA BENE : Au collège de Leyment (01, dans un autre projet-lecture, les élèves de 4e font un attrap’lecteur sur leur livre préféré de l’année. Deux filles ont choisi des albums des années précédentes. Une idée originale à retenir.

Au collège du Fort à Sucy-en-Brie (94), ce ne sont pas les professeurs de lettres qui ont  embarqué dans 1, 2, 3 albums avec Cécile, la documentaliste, mais ceux d’arts plastiques et d’anglais.  

La documentaliste et la professeur d’anglais ont joué des lectures épicées à  deux classes de 6e. Chaque lecture a été suivie d’un un débriefing en français suivi d’un  résumé en anglais fait par l’enseignante avec des points de vocabulaire et de grammaire. Les 6e choisissaient ensuite le smiley correspondant à leur ressenti sur l’album avec une explication en anglais :   I like it because / I don’t like because.

Le groupe angliciste d’une des classes a  préparé un résumé en anglais de Cours, chacun étant responsable d’une phrase lue à voix  haute aux germanistes,  et lu Méditerranée à voix haute en version bilingue, sur une traduction de la professeur.

Les élèves de l’autre classe entière ont créé  avec la professeur d’arts plastiques des instruments de musique, exposés au CDI avec des notices bilingues pendant qu’en anglais, ils rédigeaient un album numérique de l’Orchestre recyclé.

Un mardi de février 2018, Guy, un sexagénaire isolé, peintre amateur, passe par hasard à la maison des seniors de Chalon-sur-Saône. On allait démarrer la lecture épicée des Robinsons de l’île Tromelin. Je l’ai invité à rejoindre le groupe. Après la lecture et l’échange, il demande à prendre la parole et improvise un poème. Il annonce qu’il reviendra. A la séance suivante, il apporte son carton à dessins rempli d’oiseaux merveilleux et nous en offre.
Je lui propose alors de faire un dessin par album. Il se prête au jeu, offrant même à la classe de 6e la tortue de Tromelin puis le portait des musiciens de l’orchestre recyclé. Il nous a avoué que cette proposition l’avait stimulé, de même que l’admiration que lui ont vouée les collégiens.
Comme Nos plus grands rêves ne l’inspire pas, le relais est pris par Pierre, un jeune adulte, lui aussi assidu aux ateliers, qui illustre au stylo bille le portrait d’un personnage qui l’inspire, Zhang Liao, un guerrier très grand stratège de la Chine antique.
Comme l’ont fait les 6e avec le groupe d’adultes avant le vote, à vous d’associer les dessins aux albums de la sélection.
VML

Chaque voyageur-lecteur a été invité à désigner 1, 2 ou 3 titres du pack 2018 qui l’ont particulièrement touché.

L’album de Davide Cali, Cours caracole en tête. Suivent deux histoires vraies : L’histoire extraordinaire d’Adam R  et L’orchestre recyclé.

  

Tous les albums ont eu des voix, chaque récit parlant différemment aux uns et aux autres, selon son âge, son histoire, le contexte de lecture, les échanges qui ont eu lieu et les activités proposées.

A lire les résultats des différents groupes, on peut deviner s’il y a eu accompagnement de lecture ou non. La lecture épicée aidant à faire sens a libéré la parole et suscité des émotions. C’est particulièrement vrai pour Méditerranée, album nécessaire, dixit une professeur des écoles de Côte-d’Or qui, après la lecture collective, a fait chanter « Mercy » à toute sa classe.

Les robinsons de Tromelin ont révélé aux voyageurs une page d’histoire inconnue. Le livre, éclairage sur l’esclavage et exemple de robinsonnade, est voué à une longue vie dans les établissements scolaires.

Avec Naya, hommage a été rendu aux femmes.

Ici et là on aura partagé nouvelles et rêves sous des formes variées (mur, cahier, bande son, vidéo) grâce aux deux albums : Bonnes nouvelles du monde et Nos plus grands rêves.

A  lire les commentaires, la sélection 2018 était exceptionnelle. Le comité s’en félicite et souhaite partager ce compliment avec les éditeurs qui ont l’audace de publier des textes riches et beaux. Merci surtout aux auteurs et aux illustrateurs : nous comptons sur eux pour écrire ou dessiner d’autres  histoires vraies, des contes ou des catalogues avec lesquels on pourra, de 10 à 100 ans, lire, écrire, dire, échanger, dessiner, jouer, chanter, rire, pleurer …VIVRE tout simplement !
VML

Comme l’avait suggéré quelqu’un sur le blog,  j’ai proposé à ma collègue de français qui mène 1, 2, 3 albums avec moi, de faire « un mur de rêve ».  Je voulais jouer sur le singulier et le pluriel : mur de rêve /mur de rêves ?  « Seulement, le tableau blanc du CDI, ça fait pas trop rêver », m’a-t-elle dit.

J’ai laissé mûrir le projet pendant que les élèves écrivaient leurs propres rêves. Et je me suis dit que notre mur de rêve était autour de nous ! D’où l’idée de prendre des photos de notre cadre de vie et d’y insérer les tableaux des rêves des élèves ! Voici le résultat, sous forme de livret Calaméo.

Les jeunes de métropole se reconnaîtront dans certains rêves concernant l’argent, la famille, le foot, les ambitions. Mais sans doute pas dans celui d’être douanier ou de prendre le train ! Un rêve sur notre île de Moorea dont les plages de sable fin font tant rêver les Européens !

Fabienne Bourjon, documentaliste au collège d’Afareaitu (Moorea, Polynésie française)

«C’est vraiment de loin l’histoire que je préfère», a confié Corentin à ses camarades de 6e réunis pour voter (St Dominique / Chalon).Tout comme Mansi, Dina et Etin-Osa, élèves de CM2 à Sens, qui avaient fait une présentation de l’esclavage.

Il l’a été aussi pour 272 élèves de cycle 3 (CM2-6ème) qui participaient au Prix du roman historique jeunesse 2018. 34,8 % d’entre eux ont voté en faveur des Robinsons qui l’emportent haut la main devant La Mercedes rouge (194 voix), Quand Joseph Meister fut sauvé par Pasteur (172 voix) et Le pirate de la Loire (144 voix).

Le Prix du roman historique jeunesse 2018 sera remis en octobre à Alexandrine Civard-Racinais et Aline Bureau dans le cadre des Rendez-vous de l’Histoire à Blois.

 

Ils sont sept, venus d’ailleurs, installés à Chalon/ Saône depuis au moins deux ans, réunis autour d’Elisabeth, pour l’atelier hebdomadaire « Courage, on va réussir ». Les trois jeunes hommes viennent du Soudan, les femmes du Maroc, de la Turquie, du Vietnam et de RDC.

Ce vendredi là, on va partager ensemble une histoire. J’ai choisi la lecture épicée de Naya.
Je présente les personnages qui s’exprimeront à ses côtés : maître Yacouba, le chef du village, l’émissaire et les troix voix du chœur ! On se répartit les rôles. Je leur donne le texte correspondant que chacun découvre seul puis lit avec Elisabeth ou moi. Un apprenant maîtrisant mieux la lecture que les autres prend les dialogues les plus bavards. Je m’installe au pupitre face à eux et mène la lecture. Tout s’enchaîne on ne peut mieux. J’insiste en les clarifiant sur deux moments clés de l’histoire pour que personne ne perde le fil.

Sitôt le conte fini, le visage de la jeune femme marocaine s’illumine de bonheur. Elle emportera l’album chez elle.
De suite, surgit la question  : vaut-il mieux avoir des filles ou des garçons ?  En RDC, les filles aideront la maman. En Turquie et au Maroc, sitôt mariées, c’est de leur belle-mère qu’elles devront s’occuper. « J’aime mon mari, j‘aide ma belle-mère. J’ai pas le choix … même ici ». Au Vietnam, on souhaite au moins un garçon pour perpétuer le nom. Au Soudan, les garçons feront la guerre. Ils arrêtent tôt leurs études. Les plus diplômés sont les filles.Chacun s’accorde à dire que ça évolue un peu dans leur pays d’origine. Et nous, de rappeler qu’en France aussi on a longtemps connu une forte domination masculine qui perdure.

Cette histoire est typiquement africaine, nous dit Faroug. « En Afrique, le chef fait partie du village. Le contact est direct. On peut l’aborder facilement comme le fait Naya.  La jeune fille a soufflé à l’esprit des femmes comment sauver les hommes. Chez nous, on croit à la transmission et aux forces de l’esprit. »
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