Chaque voyageur-lecteur a été invité à désigner 1, 2 ou 3 titres de la sélection 2019 qui l’ont particulièrement touché. Tous les albums ont eu des voix.

Ruby tête haute est le préféré des préférés ! Il caracole en tête devant Mille dessins dans un encrier suivi du Jardin du dedans-dehors, ce qui fait deux titres des Editions des éléphants sur le podium !

 

La princesse aux mille et une perles les suit à quasi égalité avec Liberté à Congo square, plébiscité par les jeunes alors que les adultes ont été marqués par Une somme de souvenirs et Le maître d’école.

Le labyrinthe de l’âme arrive en dernière position. Il a pourtant été un excellent tremplin à la création et un formidable support d’échanges mais les choix individuels se portent plus volontiers sur les récits linéaires.

Ce hit-parade sert d’indicateur aux responsables du projet et rappelle :
– L’intérêt de la diversité
– L’appétence pour les histoires vraies
– La portée de la médiation. En effet comment expliquer le succès du Jardin du dedans-dehors, magnifique album, pas facile à « vendre » sans  la lecture épicée ludique et coopérative ?

Merci aux auteurs et aux illustrateurs talentueux.
Merci aux éditeurs généreux qui nous ont donné les moyens de promouvoir par la voix et l’image ces albums « grand-large ».
Merci à tous les animateurs du voyage qui ont fait et feront encore lire, parler, écrire, dessiner, chanter, déclamer, jouer, et se rencontrer des gens si différents, pour la grande majorité éloignés des bibliothèques.
Véronique Marie LOMBARD

Au collège de Talant (01), Violaine ARNAUD, professeur d’arts plastiques remplaçante, a organisé un atelier créatif intergénérationnel en deux séances (trois auraient permis des finitions).

Elle a présenté des frises égyptiennes, des cases de bande dessinée, des retables et des polyptyques et fait observer comment y étaient racontées les histoires. Puis les élèves de 6e 2 et les seniors de la ville, qui voyagent dans les albums avec eux, se sont répartis en petits groupes (3 jeunes, 1 senior) autour d’un même album, discutant de la façon de raconter l’histoire.

La narration pouvait être linéaire, circulaire ou explosive comme les dessins qui sortent du même encrier dans Mille dessins dans un encrier. Les matériaux étaient divers : encre de chine, plume, feutres d’alcool, brou de noix, encre aquarelle.

 

Yvette, dans le groupe de Ruby tête haute, a apprécié cet atelier où elle a pu se mettre au service des jeunes et se rapprocher d’eux par ses conseils de peintre amateur ou les réponses à leurs questions techniques.

Jusqu’ici les rencontres intergénérationnelles s’organisaient en face à face avec des échanges et des témoignages ou même des lectures complémentaires*. Avec ces créations en petit comité, on est passé à un côte à côte convivial et émancipateur, qu’il faudrait inscrire désormais au programme d’1, 2, 3 albums sous une forme ou sous une autre.

*Christine VALCIN a partagé des extraits du récit intitulé Leçons particulières dans lequel la pianiste Hélène Grimaud aborde avec des professeurs  la question de la transmission.

A l’Ehpad de Semur-en-Brionnais (71), l’album Mille dessins dans un encrier plait beaucoup, l’histoire s’enchaîne facilement, elle est simple à comprendre et les images sont parlantes.

Un résident dit : Très beau livre qui permettra aux enfants de se rendre compte qu’il n’existe pas que les téléphones portables ou tablettes tactiles, que l’on peut encore s’occuper en observant la nature et en dessinant ! 

Emus ou fiers, certains se découvrent des passions communes pour l’art. Un monsieur nous confie qu’il dessinait tout le temps quand il était à l’école, notamment le samedi après-midi où il avait classe ; nous lui proposons avec une pointe d’humour de reprendre ce rituel les samedis après-midi à l’Ehpad : la perche est lancée ! Deux résidents sont très fiers de nous montrer des tableaux de leurs enfants artistes qui ornent leur chambre et qui ont été décrochés pour l’occasion.

Même intérêt chez les élèves du village à qui nous sommes allées lire l’album, accompagnées d’une résidente. Au fil de la lecture et de la découverte des images, nous entendions des « Ohhhh ! » ou encore « Ouahhhh ». On a discuté dessin, parlé de

Paris. On a proposé aux enfants de réaliser une frise collective qui sera exposée à l’Ehpad, s’inspirant ou non de l’album qu’on leur a laissé jusqu’à la prochaine rencontre. La vieille dame a été très entourée et embrassée.

Murielle DAUMUR, animatrice

Après la découverte de l’album, Mille dessins dans un encrier, le projet d’une expérimentation de l’encre sur papier apparut comme une évidence.

En cours d’arts plastiques, nous avons proposé aux élèves-voyageurs de 5e et de 4e de faire une composition en trois volets à partir d’une tâche d’encre aléatoire sur un papier aquarelle préalablement mouillé, enrichi ensuite de précisions graphiques permettant la reconnaissance d’un paysage.

Ce travail a permis la découverte d’une nouvelle approche picturale dont le support offrait un vrai changement dans sa matérialité, puisqu’il était mouillé. L’encre pu alors être déposée pour créer des formes variées et des nuances riches permettant la recherche d’éléments narratifs insoupçonnés.

De l’encre de chine noire a été utilisée en 5e.
De l’encre colorée dans le niveau de 4e.

L’ensemble des productions donnèrent une grande satisfaction aux élèves, tant dans la réalisation que la contemplation de travail fini. Le tout a trouvé toute sa reconnaissance lors de l’exposition au CDI et permis aux élèves de comprendre que l’éveil visuel et la créativité venait aussi de la lecture.

Anne Million, professeur d’arts plastiques (Collège St Dominique-Chalon-sur-Saône)

Sur un toit de Paris, Monsieur Ba propose à ses trois jeunes apprentis dessinateurs de faire oeuvre commune :  une feuille blanche, trois pinceaux, quelques consignes et c’est parti. Cette scène (pages 82 et 83 de Mille dessins dans un encrier) correspond exactement à la méthode créative qu’utilise Zaü quand il rencontre du public, enfant et adulte.

C’est ce qu’il m’a confié au téléphone puis détaillé généreusement par écrit, répondant à mon envie de proposer aux lecteurs-voyageurs de prolonger la lecture de son album par un dessin collectif.

Protocole de création :
1/ Préparer une longue table.
2/Déplier du kraft blanc et installer des pinceaux fins et des pots d’encre de Chine.
3/ Tracer au pinceau une ligne de chaque côté à environ 10 cm du bord pour que le public sache où démarrer.
4/ Répartir les personnes debout de part et d’autres en prenant soin d’alterner fille et garçon ou enfant et adulte.
5/ Lancer une consigne de dessin spontanée – au trait et sans modèle : un animal, trois arbres différents…
6/ Eventuellement, une fois l’encre sèche, proposer de colorier avec des feutres en hachurant les fonds mais pas les éléments qui restent évidés.

Si vous lancez des fresques collectives ou autres expressions plastiques, merci de nous envoyer quelques photos et impressions à partager avec Zaü, en échange du cadeau de sa « grammaire » d’artiste.
VML

 

 

Cher André Langevin, ou Zaü,
au cas où vous ne l’auriez pas appris par votre éditeur, sachez que monsieur Ba fait ce semestre une grande tournée à la rencontre de lecteurs de 10 à 100 ans embarqués dans 1, 2, 3 albums. A force de côtoyer Ba, ou Yön, puisque comme vous il signe ses planches d’un pseudo, c’est comme si je vous connaissais intimement. Il n’est en effet pas difficile de reconnaître en lui votre double. Je voudrais donc vous confier ce qui m’est arrivé ce dimanche 10 février.

En plein après-midi, le téléphone sonne chez moi, l’organisatrice du voyage-lecture. Au bout du fil, une petite voix timide.
– Bonjour, je suis bien à 1, 2, 3 albums.
– Oui, c’est Véronique, l’organisatrice.
– Je voudrais vous dire que c’est trop bien la sélection des albums. Il y en a un que j’aime particulièrement c’est Mille dessins dans un encrier. Celui-là, il est formidable !
– Tu es où ?
– Chez moi.
– Je veux dire dans quel coin de France car des lecteurs d’albums, il y en a un peu partout.
– Je suis en Bourgogne.
– Comment connais-tu les albums ?
– Je les lis en étude au collège.
– Comment t’appelles-tu ?
– Maëlle
– Quel âge as-tu ?
– Onze ans. Excusez, je suis pressée, au revoir et merci.

La façon de raccrocher m’a fait penser à une blague ou à un pari entre copains : pas cap d’appeler au numéro qui est sur les signets ? Si c’est le cas, bravo, les complices n’ont dit mot ni ricané à ses côtés ! Mais le ton était plutôt celui d’une vraie confidence. Peu importe, la surprise fut immense et émouvante : à l’heure des mails et des SMS, une jeune collégienne qui prend son téléphone pour partager son bonheur de lectrice.

Si quelqu’un pense connaître Maëlle, qu’il m’appelle ou m’écrive. Je voudrai lui offrir un exemplaire de cet album merveilleux qu’elle aime tant. Elle me dira peut être alors si elle-même dessine ou si elle aimerait aller à l’école supérieure de dessin de Maître Yön !
VML

Comme monsieur Ba dans Mille dessins dans un encrier (visuel ci-contre de la page 71), le professeur d’arts plastiques du collège Saint Dominique à Chalon, va proposer aux élèves-voyageurs de 5e de faire une composition à partir d’une tâche d’encre aléatoire sur un papier aquarelle préalablement mouillé, enrichie ensuite de collages ou de dessins.

Ce travail permettra l’expérimentation d’un support nouveau dans sa matérialité, sur lequel l’encre offrira des formes permettant la recherche d’éléments narratifs.
La couleur sera différente d’une classe à l’autre. Les œuvres seront ensuite exposées.

Si d’autres groupes adoptaient la même démarche, Livralire pourrait  faire un catalogue partagé sur ce blog.