Au vide-grenier de sa petite rue, Monsieur Wilson a vendu avec succès une somme de souvenirs. Il n’a plus rien pour évoquer sa femme et parler à sa petite-fille de sa grand-mère qu’elle n’a pas connue, sauf peut-être une robe …

À l’heure du jetable, du snapchat fugace, du fast food et de la disparition progressive des discussions intergénérationnelles, j’ai voulu montrer à mes élèves de 6e 1 et 6e 2 que les objets sont porteurs de souvenirs, et que les souvenirs, cela aide à vivre, à échanger… Les souvenirs se conservent, s’entretiennent, se racontent et créent du lien.

Ainsi, chaque élève est allé interroger un membre de son entourage, lui a demandé de choisir un objet auquel il tenait et pourquoi il voulait le transmettre. Nous avons alors fabriqué notre album… en souvenir de cette année passée ensemble.

Un grand merci à Michèle Aluze-Bourgeois, responsable du secteur jeunesse de la bibliothèque d’Autun, qui nous a soufflé l’idée de la collecte d’objets-souvenir, inspirée sans doute par l’album La vie des gens (1, 2, 3, albums 8) et à Paul Andali pour la conception graphique du livret avec 41 témoignages dont 5 sont partagés ci-dessous. (Cliquez au centre pour mettre en pleine page et lire les textes)
Julie ANDALI, professeur de lettres, collège la Châtaigneraie, Autun (71)

Au Chesnay (78), des élèves du collège Blanche de Castille ont fait du Labyrinthe de l’âme leur livre phare, offrant aux ainés d’un Ephad partenaire des célèbres chansons françaises sur diverses émotions.

A Bligny-sur-Ouche (21), des élèves de 5e, répartis par groupes de 3, ont réfléchi à la manière de représenter une émotion de leur choix, de manière non figurative en privilégiant l’expression par les formes, les couleurs et les matières.

Solitude

Joie

Ennui

 

 

 

 

 

 

 


A Givry (71)
, lors de la dernière rencontre intergénérationnelle autour du vote au foyer-logement des Sept Fontaines, les élèves de CM2 de l’école Lucie Aubrac ont, par petits groupes, mis en scène des sentiments et des émotions (à découvrir en cliquant sur l’image).

Si seulement ces interprétations avaient été partagées avec des résidents d’un Ehpad bourguignon, embarqués dans 1, 2, 3 albums qui en ont été privés parce que l’album était jugé trop lourd et trop difficile… leurs langues se seraient déliées autant que pour le Maitre d’école ou Une somme de souvenirs.

VML

 

Comme annoncé en avril sur le blog, les jeunes voyageurs polynésiens du collège Afareaitu à Moorea ont partagé le souvenir d’une émotion.
Fabienne Bourjon, leur documentaliste, a mis leurs textes courts en réseau avec Thinglink : un logiciel en ligne qui permet de créer des liens hypertextes.
A vous de vous promener dans l’un ou l’autre de leurs labyrinthes.

(Un premier clic vous permettra d’avoir accès aux labyrinthes entiers puis vous pourrez découvrir avec les étoiles et les petits cercles rouges les souvenirs des enfants tahitiens)

 

 

 

 

 

Suite à la lecture du Maître d’école et du Labyrinthe de l’âme, les 5e du collège de Pont-de-Veyle (Ain), ont dessinés  sur des feuilles noires des émotions. A vous d’imaginer lesquelles  !

Sandrina VIEIRA, animatrice de l’association ACOR, a partagé les albums avec les adultes adhérents au Groupe d’Entraide Mutuelle Le Sens de la vie à Sens.

Une fois découvert Le Jardin du dedans-dehors, les participants :
– ont fait un panier d’une cinquantaine de mots tirés du texte ou d’impressions. Exemples : portail,  jardin, carpe, cigale, princesse, chie, corbeau, conférence, copain, figuier, coup de feu, cadeau, lire, sourire, mélanger, oser, prison doré, goût de sucre et de soleil, etc.

– puis ont écrit un texte poétique, récité en solo sur un fond musical, tel un slam, au final d’1, 2, 3 albums à la médiathèque de Sens.

 Dedans-dehors le jardin

C’était dans un pays lointain / Dans un jardin sauvage / Où la guerre n’y était pas / Protégé par un portail de fer

Un mur de frontière sans barreaux / Préservé par une enchanteresse / Dans les bras de maman / Aidé de ses garçons aux mains chaudes

Un jardin aux herbes folles / Où explosent les cigales et les corbeaux / Prêt des fontaines et des grands platanes / Des carpes de 100 ans et de nos amis les chiens / Chanté par une conférence de tentacules osés

Un échange de sourire / Enfermés de vérités /La poitrine aux mots perdus / De garçons seuls au monde / Aux coups de fer révolutionnaires

Un beau cadeau de la nature / Au goût de sucre et de soleil /La soie d’un frisson doré /Mélangé de secret englouti

Une conférence de pigeons musiciens / Où courent tous ensemble dans un coin secret / De prince et de princesse sans peur

Un beau cadeau de la nature / Au goût de sucre et de soleil /La soie d’un frisson doré / Mélangé de secret englouti

La même démarche créative a été proposée pour Mille dessins dans un encrier.

Une somme de souvenirs m’a semblé une bonne occasion de stimuler et plus encore valoriser ce qui fait défaut aux anciens : la mémoire.

J’ai consacré cinq séances à cet album avec des personnes qui résident chez eux ou en collectivité, fréquentent le club du 3e âge « Le tambour d’argent » à Sens, plusieurs ayant des troubles cognitifs ou les premiers signes de perte d’autonomie.

Séance 1 : lecture de l’album et explication de l’aspect imaginaire qui n’a pas été immédiatement saisi.

Séances 2 et 3 : recueils de souvenirs intimes. Exemples : La paire de bottes achetée avec le premier salaire mais choppée par la mère / L’apprentissage de la couture / Les étés sans un seul jour de vacances / Le certificat d’études en 1940 et l’entrée à la biscuiterie Beuffe / Une vision époustouflante sur la chaîne des Pyrénées qui augurera de nombreux voyages…

 

 

 

 

 

Séances 4 et 5 : explication et réalisation des boîtes à souvenirs (boîte bicolore avec un indice visuel et textuel du souvenir tapuscrit à l’intérieur) avec rappel à chaque séance de ce que c’est 1, 2, 3 albums !

Voilà comment des souvenirs, insignifiants aux yeux des autres, ont pris  une valeur inestimable. En exposant les boîtes à la médiathèque de Sens, on a décidé d’inviter les visiteurs et admirateurs potentiels à glisser un souvenir dans une urne.

Cédrick NOE, animateur

A l’Ehpad de Semur-en-Brionnais, la lecture partagée d’Un air de liberté à Congo square a plu aux résidents et entrainé :
– des questions sur l’histoire de l’esclavage : réponse avec la lecture à tous des repères donnés en fin d’ouvrage.
– des commentaires : L’esclavage est aboli oui et non !  Car aujourd’hui encore beaucoup de femmes sont soumises ou esclaves de leur mari ! c’est un réel fléau…
des témoignages :
Cette histoire me fait penser au cousin germain de ma maman qui vivait en Afrique. Il possédait une plantation de café et de bananes. Il avait des esclaves sous sa coupe et faisait filer la charrette. Les esclaves trainaient les chariots et lui était posé là à les regarder, comme un prince. J’ai même une photo.

Moi, je me souviens que j’étais allé prélever des roches au sud de l’Algérie, à la limite du Mali. J’y ai vu des ouvriers Touaregs accompagnés de noirs. Ces derniers avaient une pelle et une pioche tandis que les Touaregs étaient assis et les regardaient faire ! Les noirs acceptaient leur condition : ils recevaient des ordres et se taisaient. C’était ancré.

A Sens, les résidents de l’APEIS ont magnifiquement mis en scène l’histoire des esclaves. Avec une gestuelle parlante et des décors évocateurs (le coton, les sacs, une vache et une poule en carton-pâte, un fil à linge), ils ont mimé les travaux quotidiens, agricoles et domestiques. Pour marquer la différence avec le dimanche, les acteurs ont enlevé leurs blousons. Faïma s’est alors emparé d’un micro, entrainant la foule venue à la médiathèque pour le final d’1, 2, 3 albums, à chanter Oh Happy Day puis à se lever et à danser.

 

A Sens, les résidents de la pension Coallia ont fait un gâteau inspiré de la double page 16 et 17 de l’album et chanté la chanson de Claude Nougaro  Armstrong, « noirs et blancs sont ressemblants comme deux gouttes d’eau « .

 

A Sens, des jeunes ont fait un panneau présentant les produits qui peuvent nous rendre esclaves :  le tabac, l’alcool,  les jeux vidéo, les sucreries, etc.