Propositions de couvertures de la BD Si je reviens un jour par des élèves du collège Georges Bataille à Riom-es-Montagne dans le Cantal.

La lecture épicée de Si je reviens un jour a libéré les souvenirs des résidents qui ont connu des familles juives.

Les juifs sont des personnes courageuses, très cultivées et érudites. C’était dans mon souvenir des familles distinguées qui comptaient les plus grands médecins et chirurgiens.

– Dans mon école, il y avait beaucoup d’enfants juifs. Je me souviens qu’un jour, j’étais en train d’acheter des bonbons et il y a eu une rafle. Un médecin a été arrêté sous mes yeux.

– Mes beaux-parents ont caché des juifs. 

– Papa était juif. Il a fait tout son possible pour toujours nous donner du pain. Jeune, il habitait en Russie. Il est venu à Paris avec un groupe d’amis. Puis il s’est installé dans le Charolais où il a rencontré maman qui habitait Chambilly. Mon nom de jeune fille, c’est Navelski. Papa ne nous a pas raconté tout ce qu’il a subi et ne nous a pas tout dit. Lorsqu’il nous livrait quelques souvenirs, il avait tout de suite les larmes aux yeux !

On parle de la guerre 39-45, des Allemands, de l’étoile jaune. Les paroles fusent. Nous restons sans voix en écoutant les témoignages poignants de nos anciens.

Murielle DAUMUR, animatrice Ehpad Semur-en Brionnais

Louise et Esther, deux adolescentes juives parisiennes sous l’occupation, sont arrêtées et déportées à six mois d’écart. Si elles revenaient, Louise* récupérerait sa bible et ses livres déposés chez sa prof de latin-grec, Esther témoignerait, à la demande de sa soeur Fanny.

Louise a été gazée sitôt son arrivée à Auschwitz.

Esther a survécu à l’enfer de Birkenau. Elle est la seule rescapée de la rue Ronce dans le quartier de Belleville à Paris. Pendant des années, comme la plupart des survivants de la Shoah, elle se tait (qui croirait l’innommable ?) jusqu’à ce voyage en Pologne pour fêter sa retraite.  A Birkenau, le discours de la guide, très éloigné de ce qu’elle y a vécu, lui est insupportable. Elle explose : «Je vous en prie, arrêtez de dire n’importe quoi ! Moi, j’étais ici durant dix-sept mois ; je crois que je connais un peu mieux que vous ». Et la guide de lui laisser la parole.

A partir de ce jour, Esther a trouvé la force de parler. Elle a témoigné devant des centaines de lycéens. Aujourd’hui elle a 93 ans.

Dans La petite fille du passage Ronce paru chez Grasset fin avril 2021 (177 pages, 18 €), Esther Senot a couché son récit de déportée sur 80 pages : la vie rue de la Ronce, la dispersion de la famille le jour de la rafle du Vel’ d’Hiv, sa fuite en zone libre, son arrestation un an plus tard, la survie au camp, le retour, la dépression. Dans une deuxième partie d’autant de pages, dite « fragments », elle dialogue avec des proches disparus puis déambule dans leur quartier.

Nombre de passages pourraient être partagés à voix haute avec les lecteurs-voyageurs de Si je reviens un jour au risque d’être par moment en apnée comme je le fus moi-même, notamment dans la séquence au camp.

Véronique M Lombard

*Louise Pikovsky dont la vie est racontée dans la BD Si je reviens un jour

Si je reviens un jour a beaucoup ému nos élèves* qui, sur notre idée, ont écrit des petits mots à Louise. Tous sont datés du mercredi 21 avril, jour de l’atelier d’écriture, mené dans notre classe sur les vitres de laquelle volent les hirondelles dessinées après la lecture de Quelqu’un m’attend derrière la neige.

Morgane Schäfer, Fondation Verdeil – Suisse

Salut Louise,
Aujourd’hui, on est en 2021 et on parle encore de toi.
Tu es imprimée dans l’Histoire.
Kim et Arnaud

Chère Louise,
Nous avons lu le livre et nous le trouvons touchant, émouvant et choquant.
Ryan et Alexandra

Louise,
Mon amie et moi pensons que toute amitié doit être réciproque. Pour trouver une amie, il faut discuter, rire ensemble et faire des activités. Roza pense que c’est pas évident d’apprécier quelqu’un qui ne nous aime pas. Il y a une différence entre ami et connaissance. Les amis, ce sont ceux à qui on peut se confier, tu n’as pas besoin d’en avoir énormément ; ça peut être une seule personne. Et les connaissances, c’est juste des personnes qu’on voit dans la rue et on se dit simplement bonjour, sans plus.
Vânia et Roza

Merci Louise de nous avoir fait réfléchir sur l’amitié. Ce n’est pas facile d’avoir des vrais amis. Parce que même des amis ils peuvent te trahir. S’il veut être ton meilleur ami, il te le montre, s’il t’invite chez lui ou pour jouer et te présente à ses parents. Pas tout le monde a beaucoup de vrais amis. Ton ami il peut venir ton pire ennemi. C’était touchant de découvrir ton histoire. Des grandes salutations,
Kemal et Khald

Louise, nous ne t’oublierons pas.
Joakim et Amanda

*Les jeunes ont entre 15 et 18 ans et sont dans une classe d’enseignement spécialisé en transition pour entrer en formation. 

Louise Pikovsky figure dans la liste des 76000 juifs déportés pendant la 2e guerre mondiale, dressée sur le Mur des noms à l’entrée du musée de la Shoah à Paris.

Son émouvante histoire a été mise en lumière par la journaliste Stéphanie Trouillard, dans un documentaire web sur France 24 puis une bande dessinée Si je reviens un jour.

Le format BD est un atout pour les lycéens et les adultes amateurs du genre. Il peut être un frein pour qui a mauvaise vue, qui n’a pas l’habitude de lire de bande dessinée et qui ne pourra faire une observation visuelle fine pour repérer les différentes époques.

La lecture épicée de Si je reviens un jour, centrée sur Louise et les 3 femmes qui l’ont approchée, fera connaître la dramatique trajectoire d’une jeune fille brillante qui aimait la vie.

 

 

 

 

Louise Pikowski et Sara Lichtsztejn, deux lycéennes juives, vivaient à Paris sous l’occupation allemande. Toutes les deux ont été déportées à Auschwitz. Louise y est morte dès son arrivée, gazée avec toute sa famille. Sara en est revenue et a retrouvé sa mère, elle aussi rescapée des camps d’extermination.

La vie de la première, on la connait à travers les lettres qu’elles échangeait avec sa prof de latin-grec pendant les vacances, retrouvées trente ans plus tard dans un placard du lycée La Fontaine à Paris et dévoilées au grand public par la journaliste Stéphanie Trouillard dans un film  documentaire puis la BD Si je reviens un jour.

La seconde, d’une année sa cadette, a été interviewée en 2006 dans le cadre de « Typo »* par des lycéens bourguignons et Dominique Gaye avec qui elle est retournée à Auschwitz. Des photos d’archives autorisées par le musée du camp étayent son témoignage, très bien filmé et monté par Julien Pelletier.

Cette petite heure avec elle est instructive et très émouvante. Cette femme, énergique, lucide et profonde, qui, encore récemment, témoignait en « visio » devant des lycéens, fait notre admiration.

Ne manquez pas de découvrir et de faire connaître autour de vous cette belle personne.

PS : Un document de 12 pages, réalisé par la même équipe, est également disponible. Demander le fichier pdf à Livralire (envoi par wetransfer)

*Typo : association de journalisme lycéen et d’éducation à la citoyenneté (1998-2015)

 

Titre : Si je reviens un jour
Auteure : Stéphanie TROUILLARD
Illustrateur : Thibaut LAMBERT
Editeur : Des Ronds dans l’O
Année : 2020

Elle s’appelait Louise Pikovsky, avait 16 ans, pensait que l’avenir lui appartenait. Mais en janvier 1944, elle est déportée et gazée à Auschwitz. En 2010, la correspondance qu’elle avait entretenue avec une de ses professeurs est retrouvée au fond d’un placard dans un lycée parisien. La journaliste Stéphanie Trouillard mène l’enquête, réalise un documentaire sur France 24 puis cette bande dessinée.