Penser à aider au choix des 3 (ou moins) albums préférés, en ravivant la mémoire des lecteurs ou auditeurs :

♦ Au collège, la quinzaine qui précède le scrutin :
–  Organiser aux récrés et/ou aux heures des repas des lectures à voix haute par des jeunes et des adultes, dans le CDI et pas seulement.
– Mobiliser un professeur par classe en lui confiant des personnages afin de resituer les albums avec sa classe.

♦ Dans toutes les structures, installer les silhouettes-personnages dans les cagettes et les disséminer dans l’établissement avec une phrase  du style : Le 25 mai, choisis-moi ! ou votez- pour nous !

♦ Ecouter les extraits musicaux : trouver l’album correspondant.

♦ Si le vote est l’occasion d’une rencontre :
– ressortir successivement les silhouettes (ou les musiques)
– les marier à leur livre
– (faire) raconter brièvement leur histoire : c’est l’histoire de …
– proposer à ceux qui ont particulièrement aimé l’album d’argumenter : Si j’avais ce livre, je l’offrirai à …  parce que …
   – voter et dépouiller.

Cette année, au collège (France), les heures d’AP (aide personnalisée) réunissent pendant une heure des élèves venus de différentes classes de 6ème. J’ai profité de ce dispositif pour lancer au cours des sept dernières semaines (entre les vacances d’hiver et celles de printemps) un atelier centré sur la découverte de la sélection d’1, 2, 3 albums.

Dans le cadre de cet atelier et en accord avec mes deux collègues professeurs-documentalistes, j’ai réuni chaque semaine les élèves au CDI. Les albums ont été découverts de différentes façons :
– lectures individuelles silencieuses
– lectures à voix chuchotée assurées à tour de rôle par chacun des membres du petit groupe concerné
– lectures épicées menées par les trois adultes. Ces dernières se sont révélées être les plus efficaces : lors d’un sondage effectué au cours de la dernière séance, ce sont les albums présentés et lus à voix haute qui ont emporté l’adhésion des jeunes lecteurs. Le recours à ces lectures épicées nous a permis de nous familiariser progressivement à la lecture d’albums en classe. Par manque de pratique, il faut avouer que nous les redoutions un peu.

Notre envie de nous lancer à nouveau dans l’aventure l’année prochaine, et cette fois-ci de manière encore plus ambitieuse, dit assez les bénéfices qu’on peut retirer d’une telle collaboration. Nous profiterons de la rentrée de septembre pour communiquer sur le blog un compte-rendu plus étoffé de cette expérience : ses modalités de mise en œuvre, des pistes pour la rendre encore plus opérationnelle.

Emmanuel Delorme, professeur – formateur de lettres, collège Camille Chevalier – Chalon/ Saône

Dans l’Indre, Karine, Nadine et Magali, bibliothécaires à Niherne et Villedieu ont joué ensemble la scénographie d’1, 2, 3 albums devant un public composé essentiellement de grands-mères et de leurs petits-enfants.
Idées à creuser pour la prochaine saison :
– organiser à la bibliothèque une dégustation familiale des albums où les enfants inviteraient leurs grands-parents (et leurs parents) et vice-versa. Faire la communication dans les écoles, dans les clubs d’ainés.
– annoncer et imaginer un bonus (à partager) pour ceux qui viendront en famille : un ruban-poème, une petite boîte (vidée de ses allumettes) avec une devinette ou une maxime, un extrait d’un des albums…
VML

SamielyptCette année,  ce sont les deux classes d’accueil des collèges Numa-Droz et des Forges qui se sont chargées de présenter 1,2,3 albums aux classes de 8e  (= 6e  en France) des deux collèges.

Plus tard, les élèves de la classe d’accueil de Numa-Droz, venus de 4 continents et représentant 10 pays (Afghanistan Brésil, Erythrée, Espagne, Hongrie, Italie, Iran, Portugal, Turquie, Syrie) se sont rendus au home ( = maison de retraite) de la Sombaille.

La rencontre fut émouvante entre ces jeunes venus de loin et des personnes âgées dont certaines n’avaient jamais quitté leur ville. Le plus « étranger » à La Chaux-de-Fonds était à né à 17 kilomètres.

Il y eut des questions touchantes comme,  par exemple,  celle d’un jeune Erythréen de 11 ans : Ils sont vraiment très vieux. On ose leur demander leur âge ? ou celle d’une vieille dame qui a voulu savoir comment de jeunes Africains ou Brésiliens avaient vécu leur premier hiver chaux-de-fonniers et ses frimas.

Christine Roquier, La Chaux- de-Fonds (Suisse)

Il y a des animateurs de voyage qui trouvent que certains albums, même partagés sous forme de lecture épicée, sont trop courts pour occuper le temps dédié à un atelier ou une rencontre. Et d’en proposer trois de suite. Attention au gavage !
Et pourtant d’autres livres (ou vidéos) gagnent à être rattachés à l’album par le thème, le cadre, un personnage, une question, une ouverture.

Exemple au collège d’Aigle.
Les albums d’Etienne Delessert après la lecture d’un Verre
verrecousinsOn regarde et discute des petits personnages qui sont dans le verre  puis on observe quelques illustrations de Delessert: – Yok Yok – et celles du livre J’aime pas lire. Ce dernier est écrit par la femme de Delessert, Rita Marshall et illustré par lui-même. Cela nous a permis d’expliquer que sa mère a éveillé son imaginaire grâce aux différentes activités qu’ils faisaient ensemble et que les personnages qu’il a imaginés pour les illustrations de ses livres viennent de là. Le garçon -personnage principal du livre J’aime pas lire – Victor Dickens – finit pas se faire attirer dans le monde imaginaire par un crocodile tout droit sorti d’un livre !…. un peu comme Delessert, petit garçon, initié au monde imaginaire par sa mère.

Les Bédik, peuple de la vallée heureuse (une vidéo) après les Soeurs Koumba.

Ont aussi été proposés ici et là :
– Le conte en version audio Les fées de Perrault qui a inspiré l’album Les sœurs Koumba
– Des lettres de poilus, un documentaire comme La guerre 14-18 raconté aux enfants  (De La Martinière) pour Le Casque d’Opapi
– Des documentaires sur les habitats animaliers, les maisons du monde ou des architectures hors du commun après Un Toit pour moi
– Une lecture en diagonale du Petit prince,  en appui sur les dessins agrandis des six planètes traversées par le petit héros.

Relier les albums sélectionnés à d’autres supports peut se faire séance après séance ou être l’objet d’une animation spécifique à la bibliothèque  municipale. Les voyageurs y sont accueillis pour une dégustation d’images et de textes en lien avec les lectures déjà faites.
Façon de faire connaître le lieu, de décloisonner les secteurs, de faire vivre le fonds.
VML

Nous, animatrices, sommes d’année en année conquises et ravies de la richesse des savoirs des anciens et de leur générosité à échanger ou à transmettre leur vécu, à partir des  albums. Dès la présentation de la scénographie se dessinent des préférences. D’un commun accord, nous commençons par ces livres là.
la guitare de djangoNous installons les chaises en cercle, pour faciliter l’échange et l’intimité. Sur une table, nous plaçons en évidence la cagette correspondante au livre du jour. Les résidents sont ensuite invités et accompagnés en salle d’animation. On se salue, on fait le point sur l’avancée des lectures. Puis place à la nouvelle histoire. On lit souvent à deux voix (après s’être exercé) et on se sert des personnages et des cubes. Ça fonctionne, les résidents sont attentifs, restent concentrés et s’endorment moins au milieu de l’histoire…Le livre passe au début et à la fin de main en main pour que ceux qui le souhaitent puissent admirer et/ou commenter les illustrations.

Le pilote et le petit prince
On parle de Saint Exupéry que beaucoup connaissent : son nom a été donné à un aéroport français.
Saint Exupéry a commencé comme mécano. Il aurait pu être pilote de chasse mais il n’a jamais voulu tuer ! Il avait deux passions : voler et écrire, voler lui donnait envie d’écrire et écrire le faisait s’envoler. On parle du Petit prince, on se remémore ensemble l’histoire. On parle d’autres livres tels que Vol de nuit,  Courrier Sud, La bicyclette bleue. On évoque d’autres aviateurs connus tels Mermoz ou Blériot. Chacun parle de son baptême de l’air et y va de sa petite histoire. On parle des aérodromes qui se trouvent dans la région et des fêtes de l’aviation qui s’y déroulent parfois. Et pour finir on décide, d’un commun accord,  de programmer une sortie sur ce thème.

 La guitare de Django
la guitare de django .
Tous se souviennent du grand musicien de jazz : Django, c’est comme Mathusalem, on n’en connaît qu’un ! Une dame, mannequin à Paris dans sa jeunesse nous relate sa rencontre avec Django lors d’une soirée cabaret. Elle se souvient bien de lui. On parle musique, goûts musicaux, jazz.
Moi, j’aime le jazz primitif style Duke Ellington ou Django mais pas tous les succès qui en dégoulinent.
On décide d’acheter un CD de Django que l’on écoutera dans le cadre de certaines activités d’animation.

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Sylviane Teillard anime 1, 2, 3 albums avec Jacqueline Zerbini à la résidence des Vignes à Grenoble. Comment résumer leur  journal de voyage envoyé à Livralire ?

Organisation
– Les voyageurs-lecteurs se réunissent régulièrement pendant plus de deux heures  dans l’appartement d’une résidente nonagénaire active.
vigneslecture L’association « Livres et palabres » (Alpes d’Huez) a acheté un pack d’albums qui a été complété par des prêts des bibliothèques grenobloises qui n’avaient pas les livres mais ont honoré les suggestions d’achat.
– A chaque rencontre, on peut emprunter un album, de sorte que certains les connaissent avant la présentation collective.

Contenu
vignes stex– Les lectures épicées sont largement utilisées et étoffées de visuels, musiques, textes ou livres complémentaires.
– Les souvenirs affluent. Une dame regrette de n’avoir pas voulu accompagner son père au Bourget lors d’une fête où Antoine de Saint Exupéry en personne était une des vedettes. Une autre est médusée : après la guerre, invitée à un concert de Django, elle n’avait pas remarqué sa main estropiée. Un monsieur évoque la guerre. Un autre ses franchissements de ligne blanche et  les dommages collatéraux.

Premier bilan
– Le suivi est difficile du fait de l’état de santé précaire de certains ainés et de l’accompagnement-lecture épisodique.
– L’opération  permet de croiser des points de vue, facilite les échanges interpersonnels et des évocations d’enfance, ce qui est gratifiant pour les participants.
– Les albums n’ont pas tous la même force, mais les plus courts ne sont pas les moins forts.
– Les participants ont envie de présenter leur album préféré à d’autres.

VML