Pour le tournage de deux lectures épicées polyphoniques, 8 collégiens ont prêté leur voix à 8 personnages d’album.

A Chalon (Collège Saint Dominique), Maël est devenu Abraham, le père de Louise Pikovsky, Rose, sa copine de lycée et Victor, un ami des anciennes du lycée La Fontaine.

A Beaune (Atelier Lelouch), Zihan-Clément fut roi quelques secondes, Louis-Marie, pâtre. Callixte s’est exercé à la fonction de messager. Ariane, l’ainée des princesses, a laissé un peu de place à Ludmila, la benjamine.

En visionnant les vidéos à venir de Si je reviens un jour et celle des Souliers usés, vous ne ferez que les entendre. Bien que secondaires, leurs rôles sont essentiels à la dynamique du récit. Merci à eux.

Toutes nos formations se déroulant actuellement en distanciel, nous avons proposé fin janvier un atelier autour des lectures épicées par écrans interposés.

Nous étions un peu inquiètes des éventuels soucis techniques (connexion des participantes, angles de vue, répartition des voix du public) et de notre capacité de transmission dans de telles conditions. Après quelques calages, tout s’est bien passé.  Nous sortons rassurées de cette journée :

  • une bibliothécaire, novice en la matière, repart avec l’impression d’avoir bien cerné le principe et l’intérêt de ces lectures. Une autre a changé de regard sur l’un des albums, après avoir prêté sa voix au narrateur principal
  • une enseignante en section ULIS  a le cerveau bouillonnant d‘idées d’activités pour prolonger les lectures
  • toutes les participantes ont une  vision plus concrète du déroulement des lectures et des éventuelles astuces ou adaptations

Pour nous, qui étions jusque-là de simples participantes lors cet atelier animé précédemment par Véronique Lombard, cela nous permet de :

  • mettre « les mains dans le cambouis » en nous confrontant de manière pratique aux lectures épicées à chacune des étapes : préparation, répétition et mise en œuvre
  • répondre aux futures questions des animatrices du voyage-lecture et leur prêter du matériel pour réaliser ces lectures
  • saisir l’enjeu de ces lectures, qui permettent d’entrer réellement dans chacun des albums, de s’approprier les personnages et leurs histoires.

Nous sommes ravies d’avoir relevé le défi en cette année particulière, et prêtes à animer, in situ si possible, les ateliers des années à venir, en cooptant des volontaires pour les préparations et les démonstrations.

Cécile Rigollet et Marlène François – Bibliothèque départementale de l’Yonne

 

1, 2, 3 albums est un projet annuel incontournable de la médiathèque de Sens mené par Christelle, bibliothécaire en section adulte, voyageuse battante, qui fédère autant dans son équipe qu’à l’extérieur. Elle lance le voyage, fait des lectures épicées et encourage la lecture de scolaires, de seniors, et de personnes en situation de handicap, bien accompagnés par des enseignants, des animateurs, des éducateurs. Tous se retrouvent au printemps pour un après-midi de partage de « cartes postales » de voyage sous forme d’un chant, d’une saynète, d’une œuvre plastique.

Pour cette édition 2020-21, il a fallu et il faudra composer :
être masqué

coopter des lectrices pour la scéno, Josiane, qui fait depuis des années le binôme avec Christelle, du côté jeunesse étant en arrêt. La recrue de collègues s’est faite facilement parce qu’elle avait anticipé. « Depuis l’an dernier, je prévois deux agents de « secours » qui puissent dépanner en cas d’imprévu. Nous nous entraînons donc toujours toutes ensembles et partageons nos envies, impressions, remarques, etc… Bien m’en a pris, car pour la première scénographie, j’étais en arrêt (une petite grippe inattendue) et Marie-Christine et Chantal ont ainsi faire la première lecture apéritive en classe ».

ne pas mélanger les groupes. Pour garder le lien entre les lecteurs qui se connaissent déjà un peu, Christelle prévoit d’évoquer à chaque rencontre ce que font d’autres groupes et de mettre en place un contact en visio avec eux, avant des retrouvailles fin mai dans le jardin de la médiathèque.

rencontrer les voyageurs dans leur structure plutôt que les accueillir à la bibliothèque. C’est une chance à saisir ! « Les élèves ont été très intéressés et leurs enseignantes également. »

inventer : « Les clubs 3ème âge et IME, EHPAD, ESAT et APEIS désirent continuer l’aventure mais c’est encore un peu compliqué à mettre en place. Pas d’inquiétude, je sais que je trouverai une solution avec chacun d’entre eux. »

croire en l’avenir : « une nouvelle coordinatrice REP, ayant eu connaissance de cette action, nous a fait une pub du tonnerre et compte embarquer une dizaine de classes l‘an prochain ».

Tous sont impressionnés par la ténacité et la « foi » de Christelle dans le projet 1, 2, 3 albums, et s’accordent à dire qu’ils ont vraiment de la chance de travailler avec quelqu’un pour qui, comme Kini, rien n’est impossible.

Au collège Louis Vuitton à Saint-Trivier-de-Courtes dans l’Ain, Kathy Dupré, la documentaliste, a eu l’idée de créer pour les élèves et les profs un horizon d’attente en les stimulant visuellement avec des indices du voyage-lecture disséminés dans le CDI.

 

  • des  guirlandes de visuels de couvertures préparées avec une élève
  • des hirondelles perchées ici et là, pour annoncer Gloria dans Quelqu’un m‘attend derrière la neige
  • des cylindres de la lecture épicée Des souliers usés en attente sur un rayonnage
  • une armoire « spéciale shoah » avec, en surplomb, les portraits des 4 protagonistes de Si je reviens au centre de la sélection.
  • des portraits de soliste : le violoniste de Chagall, le fifre de Manet, un joueur de cornemuse précédent l’entrée en scène du professeur de musique, violoniste, ravie d’accompagner avec son propre instrument la lecture épicée du Barrage pour les 6e et 5e.

Trois BDP partenaires ont tenu à programmer des rencontres 1, 2, 3 albums en janvier même si les conditions sanitaires limitaient drastiquement le nombre de participants. Une autre journée est prévue fin février à Belfort. Qu’allions-nous faire de bon en si petit groupe ?

A Châteauroux, après une scénographie jouée en « live » avec le public (la formule est vraiment intéressante), j’ai projeté le powerpoint que j’avais préparé pour les lancements d’automne pour présenter les lectures épicées. Certaines voyageuses ont mesuré leur intérêt.

A l’annexe des Planons (Ain) et à la MCO, chaque lecture épicée a été jouée après que j’ai présenté au groupe les supports, la mise en place et le déroulement. Les participant.e.s prenant tel ou tel rôle de lecteur ou lectrice ou de voix dans le public, se sont senti.e.s très impliqué.e.s.

Le regard sur certains albums s’est modifié.
« La mise en scène donne de l’amplitude au texte. »
« On voit les textes autrement. »
« On est sur le chemin. On voit à quel public destiner telle ou telle histoire. »
« On se rend compte que ces lectures sont puissantes et indémodables. »
« On trouve de l’intérêt à tous les albums, même ceux qui nous laissaient indifférents. »

Pendant cet atelier, notre esprit est libéré des activités habituelles, disent les professeurs, permettant aux idées de germer sur :
des aménagements dans le déroulement des lectures (voir liste envoyée aux voyageurs)
des activités conjointes. Exemples : faire un catalogue partagé de cicatrices, plus intergénérationnelles que les rides. Associer une collègue violoniste à la lecture du Barrage.
l’utilisation des lectures épicées
Au collège, des RDV lecture libres à la pause méridienne pour les collégiens qui ne sont pas encadrés par un professeur-voyageur.

Au collège, le choix de partager telle ou telle lecture épicée, en lien avec le programme, avec tous les élèves d’un même niveau.

Au lycée, une lecture épicée par la prof de lettres pour ouvrir la semaine avec sa classe de CAP ou par la documentaliste pour la clore le vendredi quand l’attention des seconde pro baisse. De sorte que les jeunes finissent par les réclamer si on les oublie !

En plus des idées et du savoir-faire, le travail en commun a donné de l’énergie à chacun.e pour s’y mettre et m’a confortée dans la primauté à accorder désormais à ces animations efficaces, universelles et pérennes qui peuvent fidéliser les publics.

VML

 

 

 

 

 

 

 

Au collège Saint Dominique (Chalon/Saône), c’est notre classe de 3e qui a lancé le voyage-lecture en présentant, les 12 et 14 janvier, la scénographie aux classes de 6° et 5° ainsi qu’à une classe de CM2.

Notre professeur de Français, Madame Boldrini, a choisi notre classe pour nous exercer à un concours d’éloquence et plus généralement nous faire progresser à l’oral en vue du brevet et du baccalauréat.

Après nous être répartis les rôles, nous avons appris nos textes par cœur et nous sommes entrainés pendant les cours de Français. Une semaine avant le passage devant les classes, nous avons fait une répétition générale.

Le bilan est positif. Pour tous, c’est un bon entrainement à l’oral. Pour certains, c’est un moyen de gagner de la confiance en soi, à l’image de Morgane : « au début je n’étais pas du tout motivée par ce projet, car je déteste parler en public. Mais après l’apprentissage du texte et les répétitions, j’ai pris confiance en moi et j’ai apprécié l’expérience. » D’autres ont appris à gérer leur stress.

Jade Mazoyer, Isaline Dallavalle, Morgane Polato, Chloé Seteen, Hugo Ferreira, Maximilien Denis, Clément Jacquin, Karal Ilkan

En tant qu’enseignante, j’ai toujours pratiqué la lecture en réseaux. Au cours de mes visites en qualité de conseillère pédagogique, j’ai senti que les enseignants avaient besoin d’outils adaptés pour leurs élèves de collège en difficulté scolaire ou en situation de handicap.

J’ai recherché une dynamique à mettre en œuvre, stimulante autant pour les enseignants que pour les jeunes. Ma collègue, directrice de Canopé dans notre département, me parle du projet 1, 2, 3 albums et me met en lien avec la Médiathèque Départementale du Tarn. Ce projet répondait en tout point aux besoins évoqués. La sélection des albums alliant textes, images et thématiques proches des préoccupations des adolescents est tout à fait exceptionnelle.

Après une année « test » très concluante, malgré le confinement, au niveau pédagogique et avec des effets collatéraux spontanés (des documentalistes découvrant la qualité et l’impact des lectures d’albums les ont proposées aux classes généralistes et aux professeurs de français), les enseignants spécialisés de tout horizon (SEGPA, ULIS, IME, ITEP) ont embarqué avec enthousiasme en septembre 2020.

Pour la deuxième année encore, l’équipe de partenaires met en œuvre le projet dans le cadre des enseignements et du développement numérique, en concertation avec les enseignants (formation commune, padlet coopératif) : le SDEI 81, Canopé  (atelier numérique), la MDP  (lancement du voyage,  fonds Facile à lire, suivi avec Livralire) et les bibliothèques publiques quand elles répondent présentes.

L’agenda du voyage nous laisse du temps au premier trimestre. C’est une chance d’avoir trois mois entre adultes pour rechercher et partager des entrées de lecture, des activités et des ouvertures suggérées par les albums. C’est tout bénéfice pour les jeunes qui, n’ayant pas peu ou pas de références culturelles, peuvent entrer dans les œuvres par analogie et par inférence.

Ainsi donc, à l ’automne, on anticipe en semant des graines pour que le moment venu de la lecture des albums, les élèves puissent faire des liens.

Exemples de pratiques d’enseignants :
– La visite d’un barrage local, avant la découverte de celui de la Kielder Valley.
– L’écoute du conte de Grimn, en amont de la version contemporaine des Souliers usés.
Un film pour comprendre les migrants, annonce Quelqu’un m’attend derrière la neige.
Une vidéo sur le métier de vitrier diffusée dans le cadre du parcours Avenir précède Les dessins de Claire.
Des séquences sur la guerre 39-45 prépare l’histoire de Louise (Si je reviens un jour).
– Le film Visages villages éclaire les autoportaits des Rides.

De janvier à juin, les jeunes découvriront, comme acteurs ou récepteurs, les albums selon des modes différents :  lecture intégrale, lecture épicée, adaptations audio, lectures adaptées (FALC =Facile à lire et à comprendre). Quand, après un partage de lecture, un élève s’écrie : « c’est comme dans… », on se dit que cette approche de la littérature n’a pas été vaine.

Les graines germent et poussent.
Marilyne Pingaud – Conseillère Pédagogique, SDEI Tarn