Le lancement d’1.2.3 albums avec un groupe de 15 élèves de 6e s’est fait en deux séances par la découverte des couvertures des albums.
Lire les couvertures muettes
Les élèves décrivent une à une, les couvertures sans titre, au gré de leur projection au tableau. Les échanges sont nourris. Des élèves, pour le moins discrets en classe entière, se manifestent spontanément, et interviennent même à plusieurs reprises et finement. Cette découverte permet des prises de parole plus développées : les élèves ne font pas que répondre. On les entend parler, s’exprimer. C’est précieux.
Petites nouvelles de la révolution laisse perplexe : cet enfant qui mange, les couverts, les frites, en bas à gauche, qu’on prend d’abord pour des haricots… Qu’en déduire ? A l’opposé, en haut, l’étoile évoque, elle, un drapeau… Le moment de la lecture de l’album venu, on rappellera cette remarque !
Ashoka et la flamme sacrée est immédiatement associée aux Contes des mille-et-une nuits et le petit personnage rappelle très vite aussi Mowgli, le héros du Livre de la jungle. Tout comme Pas l’ombre d’un loup, On nous appelait les mouches est suffisamment évocatrice pour qu’on s’y attarde : ce sont des enfants qui ont dû marcher longtemps dans un désert hostile : tout n’est que sable et rochers, lit asséché d’une rivière. Les personnages portent des lunettes pour les protéger sans doute de la chaleur excessive, tout comme leurs chapeaux et turbans.
Christine de Pizan la clairvoyante représente très certainement une princesse, tandis que six personnages sont repérés au dos de Héros ordinaires, dont un chien…
Associer un titre
La liste des titres est ensuite proposée. Chacun dans un tableau récapitulatif associe à chaque couverture le titre qui lui revient. La compétition est lancée : c’est à celle ou celui qui, avant tous les autres, saura opérer les associations opportunes. A ce petit jeu, c’est le titre On nous appelait les mouches qui résiste le plus.
Justifier son choix
Titres et couvertures associés, on justifie les choix.
Imaginer l’histoire
On formule aussi des hypothèses sur le contenu de chacun des albums. Et si Petites nouvelles de la révolution, par exemple, racontait la « révolution » du petit garçon à qui, jusqu’alors, ses parents donnaient à manger et qui, désormais, va pouvoir se nourrir seul à l’aide des couverts dont il a appris, entre temps, à se servir ? On comprend par là que les élèves se font une jolie idée de la révolution, gage de liberté, d’indépendance.
Dire ses préférences
Pour conclure, chacun est invité à préciser quelle est sa couverture préférée puis quelles sont les trois lectures qu’il ou elle a hâte de faire. Pour ce qui est de la couverture préférée, 4 élèves ne se prononcent pas, 4 choisissent Ashoka ou la flamme sacrée. Les autres couvertures reçoivent entre 1 et 2 suffrages chacune ; seule Christine de Pizan la clairvoyante est, pour l’heure, délaissée. De manière prévisible, pour ce qui est des lectures attendues avec impatience, ce sont les récits qui sont privilégiés : Ashoka et la flamme sacrée, On nous appelait les mouches…
Feuilleter les albums
Comme il reste un peu de temps, on commence à feuilleter les albums. Le Meilleur est assez court pour que deux élèves aient le temps d’en faire la lecture et se rendent compte que leur hypothèse est invalidée par le récit tout juste découvert. Là où on imaginait l’histoire d’un athlète, d’un champion sportif, c’est l’inverse qui nous est raconté !
Lire ensemble
Les lectures accompagnées (épicées) qui suivront jusqu’en juin, dont certaines partagées avec des seniors, permettront un approfondissement indispensable si on souhaite que 1.2.3 albums soit un temps de lecture à part entière.
Emmanuel DELORME, professeur de lettres (Collège Camille Chevalier – Chalon / Saône)