On prépare activement le 7e voyage intergénérationnel. Les plaquettes couleur et les invitations aux différents lancements* sont à l’imprimerie. La scénographie en cours de création.
Pour permettre aux lecteurs occasionnels de découvrir ce type de projet lecture, le blog relatant le  6e voyage restera en ligne jusque mi-octobre, puis il passera en archives, laissant place aux infos et échos du 7e.
Par contre, la nouvelle sélection est en ligne (titres, références, résumés) sur le site de l’association Livralire à l’initiative d’1, 2, 3 albums à la rubrique pack-lecture.  N’hésitez pas à nous contacter au besoin via : asso[arobase]livralire.org
VM Lombard 

* en novembre 2012 : le 8 à Auxerre, le 16 à Mâcon, le 21 à Lausanne, le 23 à Bourg en Bresse, le 27 à Dijon, le 29 à Moulins

Spontanément et du plus profond d’eux mêmes, des 6e d’Aigle (Suisse) disent ce que leur a apporté la lecture des textes illustrés. Merci à eux et à leur professeur, Dominique, de donner ainsi la touche finale au 6e voyage-lecture intergénérationnel.

Lire des albums pour :

rêver
se faire plaisir
avoir d’autres visions des gens
s’inspirer
s’endormir
ressentir de nouvelles émotions
se détendre
apprendre la vie
donner du goût à la vie
laisser flotter son imagination
prendre conscience de la cruauté du monde
apprendre la vérité du passé
mieux connaître le passé
rencontrer de nouvelles personnes
croire à l’impossible
les partager avec d’autres
avoir de nouvelles idées
se perdre dans ses pensées
s’enrichir d’émotions et d’idées
se connaître
s’épanouir
s’instruire
s’encourager
apprendre de nouveaux mots
rapprocher les gens
développer l’esprit
imaginer des histoires
créer
déguster des histoires.

Parrainés par leur professeur de lettres, les 6e d’Aigle en Suisse ont créé des poèmes récapitulatifs sur le modèle de « Liberté » de Paul Eluard. Voici celui de Loïc Gigandet.
Un album par strophe : à vous de les retrouver.

Sur les tentatives de voler
Sur tous les essais ratés
Sur l’effort de décoller
J’écris ton nom

Sur la liberté de vivre
Derrière les barreaux en cuivre
Dans ce combat qui se livre
J’écris ton nom

Sur son chapeau rigolo
Sur le long manteau
De ce drôle d’oiseau
J’écris ton nom

Sur un amour impossible
Sur une passion imprévisible
Sur leur avenir inaccessible
J’écris ton nom

Sur des préjugés méchants
Sur les murs d’un bâtiment
Sur l’amitié avec cet enfant
J’écris ton nom

Sur les rails d’un train
Sur les roses d’un jardin
Sur les habits d’un bambin
J’écris ton nom

Sur les trottoirs d’un autre pays
Sur les murs d’un village détruit
Sur un exilé qui s’enfuit
J’écris ton nom

Sur ces toiles très spéciales
Sur ces couleurs magistrales
Sur ce chef d’oeuvre final
J’écris ton nom

Sur le rêve de s’envoler
Sur l’envie de décoller
Sur le sentiment de planer
J’écris ton nom

Sur ces personnes bizarres
Sur ces gens qui veulent la gloire
Sur leur espérance d’y croire
J’écris ton nom

Le même jour de juin sont arrivées de l’Ain deux opinions sur 1, 2, 3 albums diamétralement opposées. Emmanuelle, documentaliste du lycée professionnel de Chatillon sur Chalaronne est enthousiaste :  » En LEP, emparez-vous de ce projet, c’est royal. Les élèves en redemandent. Les profs sont étonnés de la parole des élèves ». Au collège de Coligny, grande amertume du trio prof-doc-bib : « Les idées d’animation sur le blog sont un peu culpabilisantes. Les élèves ne comprennent rien et sont très passifs ».
Intriguée par ce retour contrasté, j’ai tenté de dresser des profils de Gentils Accompagnateurs de voyage-lecture. Il y a :

Les contents (l’immense majorité) :  ce projet permet d’aborder avec des jeunes et des moins jeunes des thèmes difficiles, de faire lire, de parler, d’échanger,  d’imaginer, etc.  » C’est une mine d’or pour les ainés ». « Les professeurs de français sont conquis ». « Le personnel du collège participe avec enthousiasme ».  « La scénographie, c’est un outil précieux et efficace ». « Quand les jeunes vont présenter des livres aux ainés, c’est un formidable moment de partage et une occasion de progrès : une de nos élèves ne parlant pas le français il y a une année, a lu son texte d’une manière fluide qui en a impressionné plus d’un ».
Les déçus : « On n’a pas pris le temps de communiquer sur le blog ». « A l’Ehpad, je retrouve les albums souvent rangés dans un coin car ils gênent dans l’espace commun ». « On ‘a pas assez le temps de lire au chevet ».  » La scéno, c’est trop de boulot ».

Les dynamiques : créateurs ou suiveurs.  Ceux qui ont donné des pistes d’activités en musique, en arts plastiques, en lectures. Ceux qui s’en sont emparés.
Les attentistes : Après la scénographie, il ne s’est rien passé.

Les optimistes : « On commencera plus tôt l’an prochain ». « Nous signons pour l’an prochain ». « Notre souhait est de continuer en 2013, 2014, 2015… ».  « Qui nous donnera des idées pour faire participer les profs » ? « Je conseillerais vivement d’établir un partenariat qui oblige à tenir son échéancier et qui permet d’avoir des échanges ».
Les amers : « Presque un trop plein d’émotion dans les rencontres ». « Beaucoup d’investissement de la part des adultes, très peu du côté des élèves ».

Les bavards dont on n’aura pas publié tous les articles (doublon, décalage dans le temps) mais dont les témoignages sont précieux pour nous, les  GO,  ne serait-ce que comme trace de leur aventure.
Les taiseux : ceux qui s’en excusent, ceux qui le regrettent, ceux qui nous déçoivent surtout quand on se décarcasse pour leur prêter ou leur offrir des packs via les mécénats ARS ou Livralire.

 Les éloges et les encouragements consolident la pertinence du projet.  Les difficultés et regrets nous obligent à avancer. Merci de les avoir partagés.
VM Lombard 

Sur le ciel bleu étoilé
Sur le soleil lumineux
Sur les oliviers en fleurs
J’écris ton nom, Jazyâa

Sur mon coeur rempli d’amour
Sur la beauté de ton corps
Sur ta sagesse incroyable
J’écris ton nom, Jazyâa

Jorge Sousa 6/3 - Aigle (Suisse)

Sur deux religions d’amour
Sur ta silhouette obscure
Sur les vagues de la mer
J’écris ton nom, Jazyâa

Sur le rouge de tes lèvres
Sur tes longs cheveux volants
Sur tes yeux étincelants
J’écris ton nom, Jazyâa

Dans la noire obscurité
Dans mon bateau rouge orange
Dans les soirées de tempête
Je crie ton nom, Jazyâa

Les larmes de ta tristesse
Le secret que j’ai gardé
Et ma trahison horrible
M’ont permis de te nommer

AMOUR IMPOSSIBLE

Extrait de chanson créée, après la lecture de « Monsieur Loiseau »,  par Shelise Benzo ROUVIER,  adulte apprenant le français à Autun et lecteur d’albums.

Français:
C’est pas bien de mettre en cage ceux qui n’ont fait aucun mal
L’innocent ne doit pas être puni
Vivre avec l’esprit humanitaire
L’amour, et la paix dans la vie sont très importants pour la vie
L’amour, et la paix dans la vie sont très importants pour la vie
Sans amour, le monde est une prison
Nous ne devons pas l’oublier

Tamoul (phonétique anglaise)
mannaith thirandhaal neerirukkum
manadhaith thirandhaal neeyiruppaay
oliyaith thirandhaal isai irukkum
uyiuraith thirandhaal neeyiruppaay
vaanam thirandhaal mazhai irukkum
vayadhaith thirandhaaal neeyiruppaay
iravaith thirandhaal pagal irukkum
imaiyaith thirandhaal neeyiruppaay

Au collège de Fleurier (Suisse), un appel à projet a été proposé aux 6 classes de 8e voyageuses : réaliser un clown comme 13e saltimbanque.
Résultat : 20 dessins reçus,  5  récompensés dont un primé pour son originalité et le respect du style d’Emmanuel Houdart.
Anne Baptista , bibliothécaire au collège 

      

Quand on prononce le mot intergénérationnel, on pense le plus souvent à une transmission des jeunes vers les aînés. Dans le voyage-lecture, des jeunes viennent à la maison de retraite, présentent des livres, posent des questions. A Semur en Brionnais, ce sont les résidants de l’Ephad qui ont assuré la transmission des histoires et la continuité de vie de leurs albums.

Le 22 mai, ils ont invité des enfants de CM d’une école avoisinante à passer la journée avec eux. Après la scénographie, les anciens ont été de véritables passeurs. Ils ont feuilleté les albums avec les jeunes, résumé les histoires à leur façon.

Ensemble, ils ont réalisé une fresque de « Saltimbanques ». Les élèves sont repartis avec les albums sous le bras, prêtés avec une grande générosité par leurs aïeuls.

Un autre jour, onze résidants se sont déplacés à l’hôpital local de Saint Nizier sous Charlieu, pour faire découvrir les albums à d’autres personnes. Au programme, scénographie, temps  d’échanges autour des différentes histoires et consultation des albums. En fin de matinée, on décide ensemble de l’album qui sera lu l’après midi même : le bébé tombé du train est choisi pour son titre intrigant, voir déroutant. Après un bon repas convivial, place à la lecture : silence, calme et attention sont les maîtres mots à cet instant. S’ensuivent discussion, échanges verbaux et souvenirs de la grande histoire.
– « Je suis vraiment contente que cette histoire se termine bien. Elle m’a fait pleurer ».
– « L’enfant et ce vieil homme: c’est un miracle cette histoire. »
– « Si Anatole n’avait pas été là, le bébé serait mort en camp de concentration. La maman juive a fait preuve d’un courage extrême. »
– « Quelle souffrance pour une maman de devoir abandonner son enfant. En même temps elle sait bien que c’est un des seuls moyens de le sauver que de le confier à un inconnu. Dieu la bénisse ! »
– « Quelle belle histoire, triste mais magnifique. Quel courage ! Et  Anatole, quel grand cœur !  Il a sauvé ce bébé et ce bébé l’a également sauvé de la solitude et de l’enfermement. »
Dans les deux rencontres, l’émotion était forte et palpable, autant du côté des personnes âgées que du côté des jeunes de l’école et des animateurs de l’hôpital.
Murielle Daumur et VM Lombard

Un des albums préférés de tous. Beaucoup admirent Elinor :
–  Quel exploit ! C’est extraordinaire d’accomplir un tel acte, surtout à cette époque et encore plus pour une femme.
– Quel courage, et quelle ambition, elle a tout bravé, même les interdits.
– Quelle intelligence. Elle avait peur de rien. C’est une battante. Elle a raison. Moi je dis que dans la vie, il faut atteler.
Avec Elinor,  les résidants s’évadent, et se souviennent : naissance de l’aviation,  baptême de l’air, guerre.
– A notre époque, on faisait prendre l’avion aux personnes qui avaient la coqueluche.
–  Elinor est chanceuse d’être née dans un milieu aisé. Moi, j’ai pris l’avion trois fois, deux fois en France et une fois à l’étranger. Ce ne sont pas de bons souvenirs car j’étais malade alors et je manquais cruellement de courage à l’époque.
– Pour mon baptême de l’air, j’étais enfant. Je n’ai pas vraiment aimé. J’ai pris l’avion avec maman et on est venu atterrir dans un champ. C’était pendant la guerre. Maman faisait partie de la résistance. Elle était porteuse de messages. Son nom de code c’était la colombe ou l’aimée de l’ombre. Elle aussi c’était une grande femme.
Murielle Daumur (EHPAD- Semur en Brionnais)

Avec  » le maître des Estampes« , on parle ouvrages, bricolages. Une résidante explique aux autres ce qu’est précisément une estampe et fait son possible pour être le plus clair possible: « C’est une image imprimée, le plus souvent sur papier  qui est ensuite gravée sur du bois ou sur du métal. Estamper, c’est imprimer en relief, ou en creux. Moi, j’associe ça un peu à des tampons reproduits. Dans cette histoire, je trouve le maître un peu escroc, parce qu’il demande de l’argent à l’avance. C’est vrai qu’il faut du temps pour réaliser une estampe et qu’il faut être minutieux. Il voulait faire un travail d’art en somme. »
Beaucoup partagent ce sentiment d’escroquerie et sont choquées par l’avance financière. On parle alors de toutes sortes d’actes commerciaux et frauduleux. Le maître des estampes nous amène alors sur la piste de la prudence en affaire. Une dame de nous dire « Il faut faire très attention lorsqu’il est question d’argent. Lorsque l’on vieillit, on devient vulnérable et fragile».
 Murielle Daumur (EHPAD – Semur en Brionnais)