L’été est là. Les établissements scolaires sont fermés pas les maisons de retraite ni les établissements de soin ni normalement les bibliothèques. Les albums de la sélection 9 ont bien circulé. Ils sont au repos. Ne les laissons pas mourir, enfermés dans des bacs ou, pire, des armoires. Prévoyons-leur un avenir.
Exemples.
A la dernière rencontre intergénérationnelle (CM2 et aînés) à la résidence des Sept fontaines à Givry (71), j’ai associé à chaque album de l’année un album cousin d’une année antérieure.
– Philodolphe Pépin cherchait un toit, il avait eu précédemment Une soudaine envie de voler.
– Les deux arrière grand-pères d’Opapi, étaient Deux soldats, déclarés Ennemis
– Django a joué avec sa main atrophiée, Salif Keita avec sa tête maudite d’albinos (La voix d’or de l’Afrique). Etc.
Deux dames, installées depuis moins d’un an au foyer-logement, ne connaissaient pas ces titres reliés à ceux de cette année par le thème, le cadre, le héros. D’autres les avaient oubliés. L’offre de livres cousins a relancé le prêt.
En bibliothèque, des duos rapidement constitués, ficelés par un bolduc et estampillés d’une accroche, souvent rattachés à la section jeunesse pourraient migrer sur des tables de choix à la section adulte.
A moins qu’ils ne soient mis dans une pochette surprise avec un roman, un documentaire ou un CD.
A la rentrée au collège et au lycée, on pourra préparer une petite caisse avec la mention « Histoires vraies » ou » Ils l’ont fait ! « avec des romans et des albums comme La reine du Niagara ; Le pilote et le petit prince ; La voix d’or de l’Afrique ; L’incroyable exploit d’Elinor ; Mohammed Ali, champion du monde.
La professeur de lettres qui lit chaque premier trimestre des albums grand large à ses élèves de 6e, pourra proposer systématiquement un album cousin en lecture individuelle.
Et puis on peut tout simplement lire un album à deux seniors désœuvrés dans la salle à manger climatisée de l’Ehpad, à des jeunes qui tournent en rond à la bibliothèque, à des adultes à l’accueil de jour.
A chacun d’inventer des vies pour les albums en dehors du cadre du voyage-lecture et de contredire une bibliothécaire qui cherchait une excuse pour ne pas faire le projet : « Une fois le voyage-lecture terminé, qu’est-ce-qu’on fera de tous ces albums ? »
VML
après la fin du voyage-lecture ?
A l’hôpital de jour de Decize (Nièvre), nous avons participé à nouveau à 1, 2, 3 albums. Beaucoup de plaisir à chacune des étapes :
1/ Plongée dans les lectures proposées : nous avons pu découvrir, apprécié ou non, puis débattre, en bref passer d’agréables moments ensemble, apprendre à exprimer son ressenti.
2/ Fabrication du matériel pour la scénographie : il a fallu apprendre à s’organiser et à travailler en groupe.
3/ Répétition de la scénographie : il faut passer au-dessus de certaines appréhensions, prendre confiance en soi. Quelle avancée !
4/ Présentation de la scénographie devant des personnes de connaissance puis devant des personnes âgées à la maison de retraite : il faut se dépasser. Quel plaisir et quelle satisfaction face à la réussite.
Trois des patients-voyageurs le disent.
C’était bien. Les livres m’ont plu, cela me permet de dépasser mes problèmes. Quand les gens sont là, ça me motive. C’est avec plaisir que je recommencerai (Denise)
Au départ j’étais anxieux de présenter les livres devant les autres. J’ai beaucoup apprécié les livres et j’avais peur que ma prestation ne les mette pas en valeur. Au final, je trouve que ça s’est très bien passé et je suis assez fier de ce que j’ai fait. Je pense que je pourrais à nouveau travailler autour des livres l’an prochain, si cela est possible. (Christian)
J’ai apprécié cette présentation de lectures, ça a eu l’air de plaire aux personnes âgées malgré leur fatigue. Les livres que nous avons présentés m’ont beaucoup plu. Je suis assez fière de moi, je n’étais pas stressée. Recommencer ? Pourquoi pas ? (Odile)
Maud Maumy et Marie-Hélène Berthot, infirmières
Les élèves de CM (10-11 ans) de Bretenières (21) qui ont participé à 1, 2, 3 albums, ont présenté à leurs parents et leurs camarades de classe plus jeunes qui, eux, terminaient Contelivres, Les cinq malfoutus, sous deux formes : la lecture épicée de l’album suivie d’un défilé masqué des 19 malfoutus de leur invention.
Il y avait entre autres :
– Le scoubidou avec 3 oreilles et une bouche rectangulaire. Pas très facile pour manger. (Seyma)
– Le pointu à barbe pointue comme un clou, trois pics de cheveux sur le crâne et un nez pointu comme une flèche. Difficile de l’embrasser. (Tatiana)
– La clé de sol avec des notes de musique sur tout le corps. Même plus de place pour les oreilles. Difficile pour écouter de la musique. (Emmanuelle)
– Le multicolore avec des mains à la place des pieds : joyeux quand il est bleu, en colère quand il est vert et les autres couleurs, c’est le bonheur (Célia)
– Madame coloré avec un long nez qui lui traversait tout le visage. Pas facile pour se moucher. (Camille)
– L’heureux toujours joyeux qui fait rire tout le monde, avec un œil et deux antennes pour capter plus de blagues. (Léna)
Laura et Elisabeth, bibliothécaires à Bretenières
L’album, on peut le lire, le regarder, en discuter mais aussi l’interpréter.
Adoptant la trame des voyages-lecture enfance qui se terminent par une expression de lecture théâtralisée (Familialivres vient de se terminer – Animalivres, le 23e, sera lancé à la rentrée), des lecteurs de 10 -11 ans (dernière année du primaire français) ont joué leur album préféré.
A Givry (71), la classe de CM2 de l’école a interprété Les cinq malfoutus devant le petit groupe d’aînés de la résidence des Sept Fontaines avec lesquels ils voyageaient.
A Génelard (71), des jeunes participant à l’atelier périscolaire (TAP) conduit par Margot, la bibliothécaire, ont présenté Les sœurs Koumba à leurs parents et à leurs frères et sœurs qui jouaient leur histoire préférée de Familialivres.
Ces deux exemples pris sur le vif me rappellent le cri d’un collégien après avoir joué un roman : « On est nul de ne pas lire, car les livres, c’est la vie ». Prendre la peau d’un personnage permet de le comprendre.
VML
Slam composé par les élèves de CM1-CM2 de l’école La Perrière à CORPEAU (21190)
Moi, si je pouvais redessiner le monde,
Je balaierais toutes les saletés
Je ferais que tout le monde ait de l’argent
Et que personne ne soit à la rue
Moi, si je pouvais redessiner le monde
Je le dresserais pour que tout soit correct
Sans dispute, sans guerre
On ne mourrait qu’après 100 ans
On ne serait plus malade
Moi, si je pouvais redessiner le monde
Je le ferais rempli de joie, de sentiments.
Deux personnes amies un jour renforceraient la beauté du monde.
Un sourire une fois par jour guérirait tous les malades.
Moi, si je pouvais redessiner le monde,
Je balaierais les attentats
J’aspirerais les mauvaises idées
Je ferais briller la Terre pour qu’on puisse respirer.
Moi, si je pouvais redessiner le monde
Je ferais que les guerres soient évitées
Que les gens ne polluent plus la planète
Et qu’ils mangent à leur faim.
REFRAIN fredonné (lalala, louloulou)
Bien sûr, on me dira que c’est impossible
Parce que ça durerait trop longtemps
Et que je ne pourrais pas le faire tout seul
A Béthusy, voici venue la fin du voyage des élèves de classe d’accueil. Il y a bientôt un an, ils arrivaient en Suisse et faisaient leurs premiers pas en français. Aujourd’hui, ils ont découvert 10 albums, les ont lus, relus, compris, mal compris, pas compris, re-compris, critiqués, aimés, racontés, défendus en lançant presque Un Verre à ceux qui hésitaient dans leur vote ! Pour la plupart, il s’agissait d’une expérience nouvelle et positive.
– Aux Etat-Unis, on ne fait pas les choses comme ça avec la littérature, a noté Stephan.
– Alex, Maria, Ricardo et Debora ont aimé faire du français sans faire d’exercices et surtout en dehors de la classe. Mais Alex regrette que lors de la présentation de l’album des seniors, ils n’aient pas assez préparé, alors « leur album n’était pas si intéressant ». (L’accueil de jour de Mont-Calme n’a pas permis cette année d’avoir à chaque rencontre les mêmes participants. Cet aspect devrait être amélioré lors du prochain voyage.)
– Communiquer avec des personnes plus âgées, cela a permis des rencontres originales et très amusantes pour Maria, Ricardo et Debora qui ont « beaucoup rigolé et appris des seniors ».
– Elif dit que les albums sont bien et qu’elle les a aimés mais surtout que ce n’était pas ennuyeux grâce aux belles histoires dont sa préférée est l’histoire de La guitare de Django.
– Beatriz aussi a trouvé que c’était une bonne expérience, nouvelle surtout avec les personnes âgées avec de bons livres aux histoires très intéressantes.
– Partager les opinions sur les livres, connaître les différentes cultures font penser à Diogo que 1, 2, 3 albums est un bon événement pour apprendre et développer le français.
– Sergio et Helder continuent de clamer haut et fort qu’Un verre était le meilleur livre !
Trois mots ne suffisent donc pas pour résumer notre 3ème voyage-lecture… Les belles histoires, les rencontres qui amènent au rire, le partage d’un goûter, la découverte des cultures des autres, toutes ces choses nous sont précieuses. Nous souhaitons, cependant, chaque année, améliorer nos rencontres tout en gardant la place pour la spontanéité. Et nous espérons partir encore une fois l’an prochain à bord de 10 nouvelles histoires… 10? seulement?!
10 albums + 10 histoires d’élèves + au moins autant de seniors + quelques accompagnants toujours souriants = 10∞
Sophie, bibliothècaire trait d’union
De juin 2014 à fin mai 2015, Véronique nous a repérés, nous les albums grand-large, dans les offices de la librairie chalonnaise La Mandragore ou dans les services de presse reçus quotidiennement dans sa boîte aux lettres. Au fur et à mesure de ses lectures, elle nous mettait de côté, nous regroupait, nous mettait dans des sacoches en tissu et organisait une circulation entre les lecteurs du comité. Nous avons été lus et relus, regardés et même écouté pour l’un d’entre nous.
Mercredi 24 juin 2015. Nous sommes 31 albums nominés pour la 10e saison d’1, 2, 3 albums. Presque 10 de plus que l’an passé. Chacun y croit. Mais les chances ne sont pas égales en réalité. Il y a le mal écrit, le compliqué, l’inégal, le déjà vu, l’enfantin… Après un premier tour de table, nous sommes encore une quinzaine ! Cinq d’entre nous sont choisis à l’unanimité : un conte, un recueil d’histoires, une histoire vraie, un album poétique, un auteur habitué (Dedieu).
Pour les cinq autres, les membres du jury argumentent à tour de rôle. Nous tremblons. Qui va être écarté ? Et pourquoi ? Vont-ils être audacieux et garder un texte sur le thème du travail ? Une déambulation dans Paris ? Un recueil d’expressions ? Quel livre sera jugé drôle par les lecteurs qui voudraient rire et pas seulement réfléchir ? Et si le jury mettait un onzième titre ? A 16 heures, le sort en est jeté, et les perdants abandonnés sur l’herbe. On sent des regrets chez certains membres du jury. Véronique les rassure en disant que chaque album choisi est plein de promesses et d’ouvertures.
Le lendemain matin, les éditeurs sont prévenus : ils manifestent bonheur et intérêt et garantissent un stock suffisant. Les albums seront intronisés officiellement début septembre, avec les visuels des couvertures et des résumés, sur le site www.livralire.org (pack albums grand large 10). D’ici là, les voyageurs lecteurs de la saison qui vient de s’achever vont recevoir la liste (avec, inévitablement, des prix à la hausse !)
31 albums nominés, 10 retenus
Au collège de Saint Martin en Bresse (71), les élèves de 6e, voyageurs enthousiastes, ont demandé à partager leur vécu avec les autres classes de même niveau. Ils ont organisé une rencontre ouverte aussi aux familles avec :
– la projection du reportage vidéo fait par un groupe d’élèves sur le projet : depuis la scénographie, jouée généreusement par deux bibliothécaires d’une autre commune, jusqu’au vote
– des projections des montages narratifs réalisés par d’autres groupes avec la technique de stop motion
– des lectures (qui auraient gagnées à être épicées)
– un buffet « magique » de gâteaux inspirés par chaque album (à déguster visuellement en cliquant sur les flèches)
VML
Chantal, animatrice du groupe des petits à la maison d’enfants (Déols-36), a animé tous les mardis en fin d’après-midi un atelier artistique autour d’Un toit pour moi, album dont le thème des maisons « parle » particulièrement à ces enfants qui n’habitent plus vraiment la leur.
Les cagettes de la scénographie ont déclenché l’idée de récupération et de collecte d’objets et de matériaux à laquelle ont participé les plus grands et le personnel d’encadrement.
Un temps de réflexion et de conception a précédé la phase de création. Au fur et à mesure de l’avancement de la construction, les maisons étaient stockées dans l’espace de vie des ados en accueil de jour. Rien n’a été cassé ni détérioré.
Ce temps créatif, calme et apaisant fut un temps à part très apprécié et appréciable si bien qu’il est question de le reconduire l’an prochain avec un ou plusieurs albums de la prochaine sélection.
Véronique Lottaz, bibliothécaire
(Cliquez sur les côtés de l’image pour voir toutes les maisons)
« Madame, on n’est pas des maternelles ! » se sont écriés les apprentis boulangers et mécaniciens après la lecture épicée des Cinq malfoutus. La thématique des goûts et des couleurs étant au programme de seconde, la professeur de lettres et la documentaliste ne se démontent pas et rebondissent de plusieurs façons.
1/ Observation du travail de la graphiste Ester Honig autour de la définition du canon de beauté dans 25 pays.
2/ Visionnage de clips vidéos de Dove sur l’image de la femme dans la publicité aujourd’hui. Grande discussion et petits débordements sur ce qu’est une femme belle pour eux, son rôle dans la société… Beaucoup de machos ! Recadrage et conclusion : les critères de la beauté dépendent des pays mais aussi des époques.
3/ Recherche sur le champ sémantique du « beau »
– Chacun doit donner oralement une définition, un exemple et un synonyme en s’aidant de plusieurs dictionnaires.
– Présentation rapide du dictionnaire philosophique de Voltaire et lecture collective de son article « beau, beauté » qu’on trouve en ligne sur Wikipédia.
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par les apprentis