L’album, on peut le lire, le regarder, en discuter mais aussi l’interpréter.
Adoptant la trame des voyages-lecture enfance qui se terminent par une expression de lecture théâtralisée (Familialivres vient de se terminer – Animalivres, le 23e,  sera lancé à la rentrée),  des lecteurs de 10 -11 ans (dernière année du primaire français) ont joué leur album préféré.

malfout

A Givry  (71), la classe de CM2 de l’école a interprété Les cinq malfoutus devant le petit groupe d’aînés de la résidence des Sept Fontaines avec lesquels ils voyageaient.

koumba

 

A Génelard (71), des jeunes participant à l’atelier périscolaire (TAP)  conduit par Margot, la bibliothécaire, ont présenté Les sœurs Koumba à leurs parents et à leurs frères et sœurs qui jouaient leur histoire préférée de Familialivres.

Ces deux exemples pris sur le vif me rappellent le cri d’un collégien après avoir joué un roman : « On est nul de ne pas lire, car les livres, c’est la vie ». Prendre la peau d’un personnage permet de le comprendre.

VML

Slam composé par les élèves de CM1-CM2 de l’école La Perrière à CORPEAU (21190)

Moi, si je pouvais redessiner le monde,
Je balaierais toutes les saletés
Je ferais que tout le monde ait de l’argent
Et que personne ne soit à la rue

Moi, si je pouvais redessiner le monde
Je le dresserais pour que tout soit correct
Sans dispute, sans guerre
On ne mourrait qu’après 100 ans
On ne serait plus malade

Moi, si je pouvais redessiner le monde
Je le ferais rempli de joie, de sentiments.
Deux personnes amies un jour renforceraient la beauté du monde.
Un sourire une fois par jour guérirait tous les malades.

Moi, si je pouvais redessiner le monde,
Je balaierais les attentats
J’aspirerais les mauvaises idées
Je ferais briller la Terre pour qu’on puisse respirer.

Moi, si je pouvais redessiner le monde
Je ferais que les guerres soient évitées
Que les gens ne polluent plus la planète
Et qu’ils mangent à leur faim.

REFRAIN fredonné (lalala, louloulou)

Bien sûr, on me dira que c’est impossible
Parce que ça durerait trop longtemps
Et que je ne pourrais pas le faire tout seul

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Chantal, animatrice du groupe des petits à la maison d’enfants (Déols-36), a animé tous les mardis en fin d’après-midi un atelier artistique autour  d’Un toit pour moi, album dont le thème des maisons « parle » particulièrement à ces enfants qui n’habitent plus vraiment la leur.

Les cagettes de la scénographie ont déclenché l’idée de récupération et de collecte d’objets et de matériaux à laquelle ont participé  les plus grands et le personnel d’encadrement.

Un temps de réflexion et de conception a précédé la phase de création. Au fur et à mesure de l’avancement de la  construction, les maisons étaient stockées dans l’espace de vie des ados en accueil de jour. Rien n’a été cassé ni détérioré.

Ce temps créatif, calme et apaisant fut un temps à part très apprécié et appréciable si bien qu’il est question de le reconduire l’an prochain avec un ou plusieurs albums de la prochaine sélection.

Véronique Lottaz, bibliothécaire

(Cliquez sur les côtés de l’image pour voir toutes les maisons)

 

« Madame, on n’est pas des maternelles ! » se sont écriés les apprentis boulangers et mécaniciens après la lecture épicée des Cinq malfoutus. La thématique des goûts et des couleurs étant au programme de seconde, la professeur de lettres et la documentaliste ne se démontent pas et rebondissent de plusieurs façons.

1/ Observation du travail de la graphiste Ester Honig autour de la définition du canon de beauté  dans 25 pays.

2/ Visionnage de clips vidéos de Dove sur l’image de la femme dans la publicité aujourd’hui. Grande discussion et petits débordements sur ce qu’est une femme belle pour eux, son rôle dans la société… Beaucoup de machos ! Recadrage et conclusion : les critères de la beauté dépendent des pays mais aussi des époques.

3/ Recherche sur le champ sémantique du « beau »
– Chacun doit donner oralement une définition, un exemple et un synonyme en s’aidant de plusieurs dictionnaires.
– Présentation rapide du dictionnaire philosophique de Voltaire et lecture collective de son article « beau, beauté » qu’on trouve en ligne sur Wikipédia.
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Laure Mercati, professeur de lettres au collège de Marin, associée à Luciana Della Rovere,  bibliothécaire à la Tène,  a vécu 1, 2, 3 albums avec ses élèves de 10e (équivalent 4e en France). Elle a proposé un canevas de lecture qui devrait intéresser  les personnes qui cherchent comment  développer des compétences langagières à partir des albums.  L’idée de l’interview nous semble particulièrement intéressante.

1/ Chaque élève a résumé chaque album  et indiqué un point fort et un point faible du livre.

Exemple : Barbara à propos d’Un verre

UN_VERRE_COMPLET_Mise en page 1 Résumé : Cet album raconte l’histoire d’un garçon qui perd sa mère peu après sa naissance. Il crée ensuite un lien très fort avec sa belle-mère.
Les points positifs : L’histoire est sérieuse. Le sentiment que nous transmet ce livre me plaît.
Le point négatif : Le livre est très court.

Exemple : Mory à propos d‘Un toit pour moi 

Couverture.indd Résumé : Magnus Philodolphe Pépin ne voulant plus dormir chez le lérot qui sent très fort, décida de créer son propre habitat. Il va en visiter plusieurs pour enfin s’en créer un à son image. Unevraie citadelle serait son rêve ! Mais l’on ne s’improvise pas architecte et la citadelle s’écroula.
Ce que j’ai aimé : Je trouve une morale qui pour moi est qu’il ne faut pas voir trop grand.
Ce que je n’ai pas aimé : Les illustrations trop enfantines.

2/ Chaque lecteur a dressé son hit parade de lectures

3/ Chaque lecteur a choisi un album et  a préparé une interview afin de guider la discussion qui suivrait la lecture. Il  a sélectionné un adulte de son entourage (ou plus s’il le désire), lui  a fourni l’album à lire et a discuté ensuite de cette lecture grâce à la grille d’entretien préparée en classe.

Exemple :
Lis-tu souvent ? Plutôt quand?
Comment as-tu trouvé ce livre ? Pourquoi ?
As-tu aimé le contexte ? Pourquoi ?
Lisais-tu ce genre de texte quand tu étais petit(e)?
Quels seraient les 2 points essentiels de cette histoire ?
Y-a-t’ il un âge pour ce genre d’histoire ? Pourquoi ?
Est-ce-que tu pourrais donner un autre titre à cette histoire ?
Quel personnage as-tu préféré ? Pourquoi ?
Quel est le personnage principal ?
Est-ce que les images sont bien dessinées ? Si non pourquoi ?

Le projet et l’interview  ont été présentés aux parents dans une lettre qui se terminait ainsi :
« Si vous êtes l’adulte sélectionné, vous êtes donc invité à vous plonger dans la lecture de cet album. Vous vous laisserez ensuite guider par les questions proposées par l’élève à un moment que vous aurez convenu au préalable. L’élève prendra des notes et rapportera vos réponses en classe afin de garder une trace de cet échange et d’apprendre à compiler des réponses d’interview (délai : 18 mai). La sélection complète de 1, 2, 3 albums est disponible à la bibliothèque ».
VML

Voici un bel exemple de création d’un conte par un apprenti cordonnier selon un protocole conçu par Claire, professeur de lettres, et décrit par Cécile, documentaliste, dans l’article du 15 juin : Conte, de l’écoute collective à la création individuelle.

Il était une fois, dans une cordonnerie spécialisée dans la chaussure, deux apprentis et leur chef d’apprentissage. Jason le joyeux mais sérieux quand il faut, et Dylan, qui ne prenait rien au sérieux et qui était jaloux de Jason. Ce dernier était chouchouté par le chef d’apprentissage qui détestait Jason pour sa vitesse de compréhension et son travail.

Voyant qu’il ne restait qu’un mois avant que leur formation finisse, le chef les convoqua :
– « Aujourd’hui, je voudrais que chacun à votre tour, vous me fassiez une chaussure. Je vous laisserai ma boutique y compris tout ce qui est dedans pour avoir toutes vos chances de réussir. A vous de choisir qui passera maintenant et l’autre, l’après-midi. »
– Moi ! s’exclama Dylan. Jason n’eut pas le temps de terminer sa phrase que lui et son patron furent obligés de quitter la cordonnerie.

Dylan prit la chaussure et alla en atelier collage. Il vit un petit pot de colle et l’ouvrit. « J’aime mon ami pinceau pour le dosage, mais gare au gaspillage !  » chantonna la colle. Dylan n’en avait rien à faire. Il prit le pinceau et engloutit les trois quart de la colle en la passant sur la chaussure. Ensuite, il continua sa route. »Oh non ! Comment vais-je faire pour coller d’autres chaussures ? Méchante personne ! Tu seras puni pour ça !  » dit la colle en sanglotant. Lire la suite

Au campus des métiers, chaque lecture épicée des Sœurs Koumba a remporté un franc succès : belle écoute et très bonne réception. Applaudissements à la fin de la première, cris pendant la seconde : « elle va se faire dévorer par le fils » (au moment où Koumba avec maman est sous le lit) et, à la troisième séance, grande discussion avec un apprenti sur l’existence des djinns.

Travail  et création
Claire, professeur de lettres, a embrayé avec deux classes (1ère année CAP cordonniers et Bac pro mécanique) sur le conte et sa structure.
Elle a fait une présentation puis une explication du schéma actanciel.
Elle demande ensuite aux élèves de :
– remplir le schéma actanciel des sœurs Koumba
– réaliser, dans le cadre de leur programme, une production faisant appel à l’imaginaire: rédiger, en une trentaine de lignes, un conte en miroir à la manière des sœurs Koumba, ancré dans leur univers professionnel.

Elle a organisé le travail créatif en trois étapes.
1/ compléter son  propre schéma actantiel (à partir d’un actanciel vide) en imaginant les différents personnages de son conte et l’objet de leur mission.
2/ imaginer les différents lieux où se déroulera son conte sans oublier qu’il devait s’ancrer dans son domaine professionnel (garage, atelier de peinture, lieu de dépannage, bureau…)
3/ construire (en complétant un tableau) l’identité (nom et prénom) + portrait physique et moral  de ses personnages : héros 1 et 2, adjuvant 1 et 2, opposant.

Bilan : Les jeunes ont été motivés pour écrire. L’exercice a bien fonctionné et nous a permis de découvrir, à travers leurs textes, leur univers professionnel.

Perspectives : L’an prochain, créer avec eux un vrai livre électronique (type Calaméo) avec enregistrement de leur lecture et pourquoi pas musique, photos d’objets et de lieux de leur univers professionnel réalisés, en collaboration avec les profs d’arts appliqués.

 Cécile Beyer,  documentaliste