Dans la veine de Regarder les mouches voler, mes élèves de 6e ont partagé des instants de bonheur sous la forme de livrets qui n’ont pu être exposés au CDI par manque de temps, mais que chacun a emportés fièrement chez lui.

 

Leur grand bonheur au collège aura été de faire les lectures épicées, de lire aux autres, de partager, d’échanger sur les livres, de se dépasser en osant lire devant un auditoire.

Delphine Nauche, professeur de lettres au collège de Pont-de-Vaux (01)

Au village bleu de Talant (21), Elodie, l’animatrice offre des lectures collectives des albums aux résidentes qui peuvent ensuite emprunter le livre.

Elle anime aussi des ateliers créatifs en prenant pour source d’inspiration une illustration. Y participent des voyageuses et d’autres personnes plus intéressées par l’activité manuelle que par la lecture. Mais comme elle ouvre la séance par un extrait du livre, ces dames se penchent dessus et sont curieuses de la fin. Quant aux connaisseuses, elles regardent les originaux d’un autre œil.

Les tableaux ont été exposés et commentés lors de la dernière rencontre intergénérationnelle avec les jeunes voyageurs-lecteurs de Talant (2 classes de 6e et 2 classes de CM2)

Ci-dessous :
Des planches inspirées de la page 28 de Il était une forme : collages et pochoirs à partir de formes prédécoupées
Des arbres à bonheur.

Des vieilles dames de la résidence des sept fontaines à Givry (71) se retrouvent chaque mardi matin pour une lecture épicée avec Marie Christine Defaut. Celle de Regarder les mouches voler leur a fait partager ce qui fait leur bonheur aujourd’hui et ce qui a fait leur bonheur dans leur jeunesse. Le bonheur est abstrait, les petits bonheurs sont concrets, ce sont ces « petits rien » qui nous font du bien. Exemples :

 Danielle :
– Observer n oiseau posé sur ma fenêtre qui chante une ritournelle.
– Entendre à la radio des informations qui parfois redonnent confiance en l’humanité comme l’acte héroïque d’un jeune homme de 16 ans ou une rare décision politique sage et équitable.

Jacqueline :
– Donner un peu de joie à une personne seule ou malade en lui rendant une visite ou tout simplement en offrant un sourire.
– Se lever de bonne heure et de bonne humeur en percevant le chant des oiseaux dans l’arbre voisin, aux premiers beaux jours.
– S’occuper de soi en ayant une approche soignée et surtout avoir en tête une liste de projets agréables.
– Téléphoner à une amie pas vue depuis longtemps.

Anne-Marie :
– Un lever de soleil sur la chaîne des Aravis et la toilette dans l’eau fraîche du matin après une nuit en refuge au Grand Bornand, pendant un camp de vacances.
– Effectuer l’aller et le retour en autorail, Chalon-Givry pour des excursions, jeux de piste et autres découvertes sur la Chaume de Varanges à Saint-Denis de Vaux.
– Ma première 2CV qui a avalé des centaines de kilomètres sur les routes d’Espagne, en vacances partagées avec des amies.
– Réaliser mon rêve en devenant institutrice, ma petite école de campagne en classe unique, l’odeur de l’encre et de la craie, chaque jour rencontrer les enfants et les aider à grandir.

Nicole :
– Mon bonheur à moi est né dans la plaine de la Bresse, entourée de mes parents et de mes deux sœurs. Très vite, j’ai participé aux travaux de la terre et de l’élevage, pourtant rudes, mais ô combien exaltants !
– Mes premiers bals de fête de village où, très très jeune, j’ai eu le grand bonheur de rencontrer l’homme de ma vie.

Josette :
– Prendre ma voiture et de m’échapper vers cette nature toute verdoyante et vivante, à portée de roues !
– Aller voir ses enfants, même si certains habitent trop loin ou, encore, attendre la naissance de son quatrième arrière petits enfant et se poser la question : fille ou garçon ?

Même pendant la guerre, on avait des petits bonheurs :

Simone : Trouver  dans u champ une gourmette ayant sans doute appartenu à un parachutiste.
Maryse : Ne plus aller à l’école.
Lucette : Recevoir un saucisson en cadeau de communion.
Josette : Goûter ma première  banane.
Anne-Marie :  Découvrir le chewing-gum

 

 

 

 

A la suite de Jeanne l’anthropologue-intervieweuse dans l’album Regarder les mouches voler, Livralire nous suggérait d’organiser des rendez-vous réguliers pour parler du bonheur. Nous avons adopté cette bonne idée avec les élèves de la classe UPE2A (Unité Pédagogique pour Elèves Allophones Arrivants).

Pendant 4 semaines, la séance du lundi a débuté par un rituel : une lecture à voix haute d’extraits de l’album de Claire Garralon. Les élèves ont apprécié ce rendez-vous, écoutant avec attention toutes ces propositions : regarder l’océan, le vol des oiseaux, communiquer avec les autres, être libre…

Nous leur avons demandé ensuite d’écrire chacun ce qu’est pour eux le bonheur et d’illustrer leurs propositions en image, musique, vidéo… Ces jeunes migrants ont ainsi travaillé le lexique et la syntaxe de leur nouvelle langue d’apprentissage et se sont emparés avec enthousiasme d’un nouvel outil numérique.

Voici leurs propositions, regroupées dans un livre multimedia (cliquez sur la couverture). Au fil des pages, se dessinent en filigrane les portraits de : Sayed, Karyna, Abdullah, Yadani, Toma, Sukina, Rejaul, Ahmad, Mykyta, Milad, Mikaela, Matilda, Fatoumata, Ali, Farzana.

Odile et Marie-Hélène, Lycée V. Larbaud à Cusset (03)

Deuxième séance à l’Arbre de Vie, Groupe d’Entraide Mutuelle de Loudéac.

Après avoir joué le prélude, nous nous lançons cette fois dans la lecture de Regarder les mouches voler. En duo et à tour de rôle, nous jouons les dialogues avec Nolwen, l’animatrice des lieux, ainsi qu’avec Jeannette et Erwan, membres de l’association, devant un public composé de sept autres membres.

Chacun des sept entretiens de Jeanne que nous partageons est suivi d’un échange. C’est quoi le bonheur ? Où le trouve-ton ? Dans la nourriture, le jeu, les voyages ? Les adultes et les enfants trouvent-ils le bonheur différemment ? Se sent-on en droit de faire ce que l’on veut, pourvu que cela nous rende heureux ?

C’est l’occasion de parler de ce que l’on aime manger (du chocolat en particulier), des voyages qu’on a aimés, des animaux qui font notre bonheur, de l’amour, du cinéma et de la télévision. C’est aussi de fait un moyen de relativiser ses soucis ou de se réconcilier avec une vie que l’on trouve trop dure.

Et si on jouait les prolongations ?

Je leur propose de créer une boîte à bonheurs* qu’ils rempliront au fil des jours et qu’ils ouvriront ensemble dans quelques mois pour savoir ce qui les aura rendus heureux.

Servane Rivoal, bibliothécaire ados et publics « empêchés » (Loudéac- Côtes-d’Armor) 

*Dans le même esprit, les élèves en apprentissage du français (Classe UP2A du collège Camille Chevalier à Chalon-sur-Saône) prévoient de faire l’arbre des bonheurs de Camille avec les réponses collectées auprès des uns et des autres (adulte et jeunes) dans l’établissement.

 

 

 

 

 

Titre : Regarder les mouches voler  
Auteure : Claire GARRALON
Editeur : A pas de loups
Parution : 2021
Prix : 14 €

Pendant toute une année, Jeanne, anthropologue du style de Jane Goodall, a interviewé des individus sur ce qu’était pour eux le bonheur :  un bon plat, les voyages, la solitude, l’amour, un animal de compagnie, les enfants, les parfums, etc.