En 2012, 50 lecteurs embarquaient à Sens (89) dans 1.2.3 albums. Dix ans plus tard, ce sont 600 jeunes et adultes qui participent au voyage, auxquels il faudrait ajouter les lecteurs individuels de la médiathèque et, comme le dit Amel, une jeune tunisienne, «nos enfants avec qui on lit les albums rapportés de l’atelier de français ! »
Dans la salle d‘exposition de la médiathèque, les bibliothécaires ont mis en valeur ces lectures intergénérationnelles en regroupant les albums de la décennie en 6 familles : Inter-générations / De l’art / Un trait d’humour/ Comment va le monde ? / Rêvons ensemble/ Un destin hors du commun.
Après la parenthèse Covid qui interdisait les regroupements, elles ont à nouveau organisé la rituelle rencontre de clôture de la saison avec une partie seulement de leurs voyageurs, l’ensemble des classes REP (Réseau Education Prioritaire) engagées se retrouvant en juin et les ainés étant encore isolés pour raison sanitaire !
Très touchés par la découverte du Facteur cheval, un des six Héros ordinaires, Rosine, Claude et deux autres résidents de la pension de famille Coallia ont, avec leur animatrice, chanté la Casquette du Facteur cheval de Michel Fugain. Et comme chaque fois ils ont apporté des gâteaux clin d’œil, cette fois en forme de cheval et de boite à lettres.
Les jeunes de l’EPNAK de Sens ont illustré les quatre saisons traversées par Gisèle et Marcel, les enfants-héros de Pas l’ombre d’un loup. Des pots, des plantes, un arrosoir, un soleil, un parapluie pour le printemps, l’été et l’automne. Un duo pour chanter l’amitié (reprise de Françoise Hardy par les Frangines) en hommage à la grand-mère et au loup. Pour finir, une distribution de cœurs en papier pour symboliser, confiait l’éducateur, non seulement l’album et aussi le projet qui rapproche les gens. La salle en vibrait d’émotion.
Les adultes de l’ESAT, qui partage au calme et avec joie (dixit) chaque dimanche un album avec une éducatrice, ont montré leur valise de voyage tapissée avec les portraits des héros de la saison.
Le groupe de femmes apprenantes aurait aimé faire un drapeau de la Terre qui aurait réuni en une seule famille les personnages des albums comme celle qu’elles forment avec leur enseignante Christine. Promis l’an prochain, elles prendront sur leur temps pour préparer un souvenir de lecture.
C’est le contrat d’engagement demandé par les bibliothécaires très investies. Dommage que tous ne l’honorent pas !
Comme je circulais auprès des uns et des autres, des adultes se sont confiés :
– La lecture, c’est un phare dans la nuit.
– La lecture, c’est une bulle d’oxygène.
– Cette année, mon cœur a fait des siennes. J’ai failli mourir. Une chose m’aurait manqué : cette rencontre qu’on attend chaque année.
– Même si ce n’est pas dans les programmes officiels d’apprentissage de Français Langue Etrangère, la lecture des albums permet des échanges transversaux irremplaçables !
– Mes élèves, en ouvrant l’album « La forêt des frères », se sont dit qu’il y avait peu à lire. En observant de près les grandes images, ils les ont mises en mots, ont fait des hypothèses sur la fille. Est-ce la même ? Si oui, pourquoi ? Et si elle symbolisait la nature ? Puis ils ont philosophé sur les choix de vie.
VML