J’enseigne le Français en CFA depuis 17 ans et mon objectif premier est de faire lire les apprentis. Cependant, je suis confrontée chaque année aux difficultés que rencontrent les élèves pour se concentrer sur un texte et en saisir l’essentiel. Ils n’aiment pas lire et pourtant ils aiment qu’on leur raconte des histoires.
Au début de ma carrière, j’ai commencé par travailler à partir d’extraits de littérature classique mais les jeunes n’accrochaient pas vraiment, ils s’ennuyaient, trouvaient que cela ne leur apportait rien, « qu’ils faisaient déjà ça au collège ». Alors j’ai opté pour des nouvelles plus contemporaines, sans grand succès.
Quand Cécile est arrivée dans l’établissement comme aide-documentaliste, elle m’a fait découvrir la littérature jeunesse que je connaissais très mal. Nous avons travaillé sur des recueils adaptés à notre public et j’ai réalisé qu’elle avait raison et que c’était ces textes-là qui parlaient à nos apprentis.
Puis, cette année, Cécile m’a proposé un voyage-lecture dans des albums. J’avais alors 2 classes de CAP et 8 classes de BAC PRO. Je trouvais l’idée intéressante mais j’étais toutefois dubitative car je craignais que les jeunes pensent qu’on les prenait pour des enfants et donc qu’on les sous-estimait. Cécile a réussi à me convaincre de conduire le projet avec les classes de CAP. De jours en jours je me suis investie davantage. A chaque lecture d’albums, je voyais les activités qui pouvaient être menées avec les jeunes : la diversité et la richesse des textes, le travail interdisciplinaire que cela pouvait engendrer. J’ai réalisé que c’était un projet génial alors que j’étais plutôt sceptique au début. Et bien sûr, les apprentis ont apprécié ! De plus, Cécile a mis en avant leurs productions en réalisant des accrochages au CDR et en diffusant leurs travaux sur le site du Campus.
J’avais une classe de 1ère BAC PRO très sympa à qui j’ai souhaité offrir ces moments de lecture partagée, car c’était un plaisir de lire ces albums avec les apprentis. Ils ont beaucoup aimé et n’ont jamais éprouvé ce sentiment d’infériorité que je redoutais. J’ai alors compris que ce projet pouvait également s’adapter aux classes de BAC PRO.
Finalement, avant d’entamer ce projet avec les élèves, j’ai eu peur qu’ils se sentent dévalorisés mais, grâce à ces albums riches et variés, nous avons réussi à leur faire découvrir une autre manière de lire et ils se sont sentis, au contraire, très valorisés car on leur a proposé quelque chose de différent, de nouveau. Une partie d’entre eux a réalisé qu’on leur offrait « un cadeau ».
J’ai éprouvé beaucoup de plaisir à mener ce projet. Il m’a permis de partager des moments importants avec certains jeunes mais aussi de travailler différemment, de modifier mes pratiques pédagogiques et d’innover.
Merci Cécile et merci Livralire !
Claire SANTACRU, enseignante de Français au Campus des Métiers et de l’entreprise à Bobigny
Pour donner suite à l’album « La vie des gens », des élèves de 3ème du collège de Tournus, leur professeur de français Nicole Mazzolo et Jennyfer Durieux, documentaliste, se sont prêtés au jeu de présenter leur objet fétiche devant la classe. Des textes surprenants, des rimes, des surprises, des interrogations … Merci à tous pour ce moment partagé !!!
Des photos qui marquent des instants de vie, un casque de pompier et la fierté de le porter, la passion du vélo, du football, de la moto, qui procurent des sensations de liberté ou encore des avions de la seconde guerre mondiale, entre autres le B17 un avion en plomb au 1/250 ème. Des collections de tickets de cinéma, de timbres, qui font voyager. Des bijoux, cadeaux de cousine, de parrain, de parents, des moments forts dans la vie de certains, se retrouver en famille, ne pas oublier ses amies.
Comme par exemple un pendentif du signe du « Verseau » offert par une amie étourdie, on comprend que cette amie ne se souvient ni du jour de naissance ni du signe de l’élève mais que finalement c’est peut-être pour cela qu’elle tient tant à ce bijou, (d’ailleurs, nous ne savons toujours pas de quel signe astrologique est cette élève). Des objets fétiches comme des doudous, des figurines ou encore un lit, lieu de confort, de refuge.
Puis, il y a eu le livre de Jennyfer et sa rencontre avec « Mon bel oranger » de José Mauro de Vasconcelos dans ses années collèges. « A cet âge certaines d’entre vous ont pu tomber amoureuse d’un beau blond aux yeux noisettes … et ben moi ce fut d’un livre de poche qui ne payait pas de mine, et oui il en faut pour tous les goûts…».
Enfin, si je devais choisir un objet fétiche, je choisirai un instrument volumineux qui fait partager des moments de bonheur pour celui qui en joue mais aussi pour ceux qui écoutent. Il a des touches blanches et noires, ça y est vous avez deviné, un piano. Grâce à lui, on oublie le quotidien et on se laisse porter par le rythme ; Je ne sais pas en jouer, mais j’aime écouter, et rêver, qui sait peut-être un jour aurai-je le temps de poser mes doigts sur ses touches blanches et noires à la place d’un clavier d’ordinateur ?
Florence Desbrosses- Bibliothèque Municipale de Tournus (71)
Merci à
Thibaut, Kairouan, Alexandre, Maélis, Lisa-Marie, Mathieu, Thomas, Lucas, Cloé, Simon, Juliette, Boric, Arnaud, Benjamin, Marina, Adèle, Agnès, Pauline, Laura, Tania, Sandra, Alice.
Les trois albums préférés par les lecteurs sont :
Tous les albums ont été lus et sélectionnés par des lecteurs. Globalement, ils ont été aimés :
– Un petit peu : Emile le petit fifre
– Moyennement : Paris Paradis 2, Toujours debout, Le rossignol et l’empereur de Chine, La vie des gens
– Beaucoup : Rêve sans faim, La Reine du Niagara
– Passionnément : Va t’en guerre, Le code de l’art
– A la folie : Brindille (qui caracole en tête)
Ce vote met en avant des préférences individuelles. Il fait passer au deuxième plan les albums qui ont eu une place de choix dans la vie des groupes. On pense particulièrement à La vie des gens qui mériterait un prix de la création partagée.
Quand un scrutin a été organisé, le taux de participation a été fort. Quand le scrutin n’a pas eu lieu, les lectures n’en ont pas été moins nombreuses. Et c’est ça l’essentiel du voyage-lecture : LIRE.
Ici et là, des lecteurs s’apprêtent à passer leur pack de livres à d’autres. Et c’est ça le meilleur du voyage-lecture : DONNER à LIRE.
BRAVO et MERCI
– aux correspondants qui ont transmis dans les temps les résultats à Livralire
– aux animateurs du voyage qui ont organisé le scrutin
– aux lecteurs de 10 à 104 ans qui ont partagé leurs préférences
– à Marie-France Vidal, silencieuse et efficace derrière son écran
– à tous ceux qui ont encadré le voyage dans leur établissement
– aux éditeurs, auteurs et illustrateurs
Ce blog reste ouvert. Puisse chacun y trouver des idées pour continuer à faire vivre la sélection 2014 et pour organiser son prochain voyage dans les albums.
VML
On ne va pas partir en guerre contre ceux qui ont oublié la date du scrutin, ceux qui ne savent pas remplir une fiche de résultat, ceux qui se contentent de donner leur trio gagnant, ceux qui ne signalent pas qu’ils n’organisent pas de scrutin dans leur établissement …
On ne mettra pas nos gants de boxe…
On va attendre sagement avec un livre d’art, même si on a très envie d’explorer d’autres pays …
On donne une dernière chance aux retardataires pour communiquer des résultats déchiffrables jusque lundi 2 juin.
Annonce des résultats sur le blog et par mail : mercredi 4 juin.
VML
Depuis janvier, les voyageurs-lecteurs ont découvert les albums, les ont lus seuls ou à plusieurs, en ont discuté, les ont partagés sous différentes formes.
Le temps est venu d’exprimer ses préférences. Chaque participant à 1, 2, 3 albums est invité dans son établissement à voter pour ses 3 livres préférés*: ceux qu’il aimerait offrir à quelqu’un ou s’acheter s’il en avait l’occasion ou/et les moyens.
Le vote n’est pas le but du projet. C’est un moyen de clore, de s’exprimer, de partager, de se retrouver entre lecteurs d’âges et de statuts différents. Ainsi à Chagny (71) après avoir rappelé chaque histoire à l’aide des sacs de la scénographie, les jeunes de CM2 ont pris les personnes âgées par la main pour les aider à voter.
C’est aussi une occasion d’exercer sa liberté de choix, de comprendre le jeu de la démocratie (dixit un professeur d’histoire) et d’avoir un statut social (dixit un cadre de santé en hôpital psychiatrique). Que ceux qui ne peuvent l’organiser cette année s’en souviennent pour l’année prochaine.
Chaque établissement organise le vote à sa façon, avec ou sans les bulletins (modèle fourni par Livralire) avec pour urne, une boite à chaussures, un gros pot de fromage blanc récupéré à la cuisine, une urne transparente prêtée par la marie ou une boîte en forme de radar (ci-contre) créée, dans l’esprit des panneaux de signalisation du Code de l’art, par la bibliothèque de Chatillon-sur-Chalaronne (01).
Vivement juin que nous connaissions la cuvée 2014.
VML
* Les lecteurs qui n’ont pas trouvé trois albums à leur goût peuvent voter pour seulement un ou deux albums.
Mi mai, nous assistons, Marie France et moi, au collège Saint Dominique (Chalon) à une répétition de « Living bird ». Cet opéra américain (livret et musique de Clare Cook – adaptation Paul Marin) met en musique le conte d’Andersen : Le rossignol et l’empereur de Chine.
Thibaut Casters, Chef de choeur de la Maîtrise Saint-Charles dirige, au clavier, énergiquement et chaleureusement une trentaine d’enfants de 9 à 11 ans.
On retrouve les personnages de l’album : l’empereur, à ses côtés, le général et la servante, les courtisans qui forment le chœur, l’horloger. L’artiste a ajouté un médecin et un clown qui, comme l’horloger, n’ont pas réussi à rendre à l’empereur sa joie de vivre. Seul le vrai rossignol saura le faire. Une version musicale intéressante dont on aurait aimé faire profiter bien des lecteurs d’1, 2, 3 albums.
VML
Jeudi 15 mai à l’Hôtel Dieu de Mâcon.
80 personnes dans une même salle.
Le monde en réduction : des jeunes, des adultes, des aînés, des bien portants, des personnes à mobilité réduite, des handicapés, des beaux visages, d’autres abîmés, des peaux de toutes les couleurs, des bavards et des taiseux. Hormis la dame en fauteuil roulant, lectrice à voix haute qui a une diction remarquable (normal, me confiera-t-elle, j’étais institutrice) que Gilles, l’animateur, conduit régulièrement s’approvisionner à la médiathèque, très peu lisent. Les trente jeunes du collège Schumann sont en SEGPA et les résidents (Ehpad + long séjour) loin des livres. Et pourtant trois albums les réunissent : Toujours debout, Emile, le petit fifre, Le Rossignol et l’empereur de Chine.
Ils font ensemble une lecture polyphonique, légèrement imagée, des trois albums, devant une quarantaine de patients et quelques agents hospitaliers.
Le rendu pourrait certes être amélioré : un découpage en séquences, une mise en image plus intense aideraient le public à se représenter l’histoire (je partagerai mes suggestions par la suite avec tous les voyageurs). Mais l’essentiel n’est pas là. Il est dans l’investissement de chacun : le duo de dames qui chaque année annonce par un panneau le nom de l’album ; le monsieur qui joue Manet puis l’empereur de Chine, celui qui manie la tronçonneuse ; les ados qui, énergiquement accompagnés par leur professeur de lettres, d’art plastiques et la documentaliste ont vaincu leur trac et ont progressé dans la lecture.
Les jeunes, souvent moqués au collège par leurs pairs, peuvent être fiers. Eh oui, comme dit cette jeune fille, on a redonné le sourire à des aînés.
Les lecteurs âgés peuvent être fiers. Ils témoignent de la vie dans le grand âge. Des jeunes ne s’y sont pas trompés. Un groupe est venu plus tôt pour voir une dame très affaiblie qui ne pouvait quitter sa chambre et d’autres ont dansé avec le roi du jour.
En faisant quelque chose ensemble, ils ont grandi en humanité.
VML