Dans notre établissement, trois albums ont été partagés en petits groupes depuis le déconfinement.
Des lectures suivies d’échanges qui développent des liens entre les résidents et apportent un bonheur certain.
La femme du potier nous a amené naturellement à parler des droits des femmes.
Un jour particulier, des glaneuses et de Millet.
Tiens toi-droite a remporté l’adhésion de tous. Cet album a fait remonter des souvenirs, notamment celles de femmes immigrées, ouvrières dans les usines textiles à côté de Chauffailles, qu’on voyait passer avec une bouteille de gaz sur la tête. Sans compter que cette injonction, les ainés l’entendent aujourd’hui, du fait qu’ils ont tendance à se voûter.

Christelle Gaillard, animatrice à l’Ehpad de Chauffailles (71)

Fifamé avait chez elle un pèse-personne. Elle le prêtait à Adjoa et ses petites amies du village qui jouaient régulièrement à « Combien tu portes » ?  On faisait une nouvelle coiffure à la gagnante.

Anaïs, enseignante à Albi, a lancé le défi à son petit groupe d’élèves de l’IME Saint Jean de porter le maximum de livres sur leur tête puis de les peser. Trois l’ont relevé. Mathéo est arrivé à porter 1,7 kg sur sa tête, Léa 1,8 kg et Mélina 2,75 kg.

Moi, Véronique, j’ai voulu moi aussi essayer avec les albums et mes lectures de confinement : 5,4 kg sans trucage.

Qui dit plus ? Les paris sont ouverts. Un livre-cadeau sera envoyé au meilleur porteur de livres.

Quand elle était enfant dans son village africain, Adjoa et ses copines jouaient à « Combien tu portes ? » Ça consistait à deviner le poids du fardeau porté sur la tête. (ill. Courgeon-Tiens-toi droite p 8).

Celle qui gagnait, on lui faisait une nouvelle coiffure. Celle qui était le plus loin de la vérité, devait faire la corvée d’eau. Devenue femme, Adjoa continue à porter toutes sortes de choses : objets, nourriture, animaux et même sentiments !

Si elle l’avait croisée, Floriane de Lassée, l’aurait sans doute photographiée avec une pile de bassines d’eau sur la tête.

Pendant un voyage de 14 mois autour du monde, cette femme a photographié des porteurs de vie.

Elle a proposé à des gens de se mettre en scène avec ce qu’ils portaient ou ce avec quoi ils vivaient. Le portrait d’Aru, qui servira de couverture à son livre, est la première image réalisée.

Allez voir les portraits sur le site de son éditeur Filigranes, dans la vidéo qui montre en 2014 l’impression des photos du beau livre How much can you carry ?

Et vous que porteriez-vous sur la tête ?  Les paris sont ouverts, les selfies acceptés. Envoi à 123albums[at]livralire.org.

A la Maison des seniors de Chalon-sur-Saône, ce semestre, un lundi sur deux est organisée une séance 1, 2, 3 albums. Quatre des dix rendez-vous sont intergénérationnels : les seniors retrouvent une classe de 6e du collège Camille Chevalier pour la scénographie de présentation, deux lectures épicées et le vote. Les autres séances se déroulent entre seniors.

Le jour de la lecture entre seniors de Tiens-toi-droite nous est venue l’idée de partager avec les jeunes ce qui dans l’histoire entrait en résonance avec nos vies et de les interroger sur leur vécu. La formulation de trois questions a donné du piment à nos échanges.

1/ Quand j’avais votre âge, nous n’avions pas l’eau courante. Je montais des seaux à la maison. Participez-vous aux tâches domestiques ? Lesquelles ?

2/ Nous habitions Autun. Quand je marchais, mon père disait : « Ne marche pas le dos courbé, tu as la tête à la cathédrale et les fesses à Saint Antoche ». Est- ce qu’on vous dit de vous tenir droit à la maison ? Au collège ?  

3/ Le fils ainé, reconnaissant, installe l’eau courante pour sa mère Adjoa. Et vous que feriez-vous pour remercier un parent ?

Nous attendons leur réponse, qui va tarder vu que le collège comme tous les établissements scolaires français est fermé à partir du 16 mars et pour une durée indéterminée, coronavirus oblige !

Reste que cette formule d’échanges épistolaires occasionnels nous semble une idée intéressante pour enrichir les discussions et entretenir le lien entre complices de lecture.

VML

 

Titre : Tiens-toi droite
Auteur & Illustrateur : COURGEON Rémi
Editeur : Milan © 2018

A Djougou, les filles marchent bien droites, portant sur leur tête de l’eau et toutes sortes d’objets ou d’aliments. Au jeu du « combien tu portes », Adjoa excelle, ce qui lui donne droit à de belles et nouvelles coiffures. Un jour, elle doit porter un lot très lourd de planches. En s’arrêtant pour se reposer, elle défait les liens et découvre un révolver.