Après la lecture à trois voix de la leçon de pêche (narrateur, pêcheur, touriste), on demande aux jeunes de décrire le pêcheur et le touriste.
• le pêcheur se sent bien, il est libre, relax, détendu; sa vie pour lui, c’est le rêve, le bonheur, il pêche pour son plaisir, il est bien comme il est, il ne veut pas trop travailler, il veut profiter du soleil, de la mer, rester tranquille.
• le touriste fait la leçon au pêcheur pour lui expliquer comment devenir riche, il aime l’argent, le bling-bling, le pouvoir, diriger, avoir des biens.
Un élève intervient : C’est pas vraiment des biens ! Le touriste lui fait la leçon sur comment s’enrichir, mais le pêcheur ne s’y intéresse pas, il veut juste vivre sa vie normalement. Le touriste semble avoir une vie plus variée que le pêcheur qui se contente de son train-train, de sa routine.
La question est ensuite posée de savoir qui donne la leçon à l’autre. Les élèves sont unanimes : le touriste est complètement déboussolé à la fin, seul au milieu de la page. Il s’est fait mener en barque et mettre en boîte par le pêcheur, comme le suggère la page de couverture qui fait penser à une boîte de sardines.
La rencontre tourne en café-philo et on débat autour du bonheur et de ses ingrédients : les sorties, l’amusement, le soleil, la piscine, les écrans, du piquant dans la vie, la variété, le changement, le rire, l’amour, des amis, la joie, la musique, les souvenirs, la liberté, la détente, la famille, la folie, la culture, les souvenirs, l’imagination, le travail qu’on aime, un peu d’argent…
Un élève affirme : Le bonheur est dans notre coeur. Un autre : Le bonheur, c’est faire ce qu’on a envie, ce qui nous fait plaisir. L’argent ne fait pas le bonheur, dit Djibril. Mais il y contribue rudement ! rétorque Mathieu.
En clôture, les élèves partent à la recherche de proverbes sur le bonheur qui sont cachés dans la bibliothèque et dont chacun partagera la lecture et sa compréhension. On peut prolonger la lecture en faisant jouer la scène à une autre classe par un marin et un touriste volontaires.
Dominique Grob (Aigle)
L’album « Sans papiers », que nous relisons à voix haute, touche beaucoup les élèves de 6e. Pour lever les incompréhensions, nous revenons sur les phrases énigmatiques et commentons les images. On s’arrête longuement sur la liste de choses que connait et aime la petite fille. Chacun est invité à faire sa liste et son collage. Pas pour prouver qu’on est français, mais juste pour le plaisir de parler des bonheurs de tous les jours. Et ça fait du bien !
Karine Pépin, Collège de Pont de Veyle (01)
il y a plein de choses qu´on aime.
Après une rapide lecture polyphonique du livre, on résume l’histoire et on observe ou commente quelques images de l’album. Puis on joue à la guerre des mots ! Deux groupes sont formés : l’un représente les chiffres (choisis par les garçons !) et l’autre les lettres (choisies par les filles !).
Chaque groupe s’installe dans un coin de la bibliothèque et reçoit quelques livres qui traitent des mots, des lettres, des chiffres ou des maths, un crayon et du papier. Ils ont environ 10 minutes pour préparer une argumentation sur l’importance des chiffres ou des lettres.
Une fois le temps écoulé. Les deux groupes sont à nouveau réunis et Sandra, la bibliothécaire, joue le rôle d’une journaliste envoyée sur place pour comprendre ce nouveau conflit mondial. Avec un micro, elle recueille les témoignages.
Les arguments à défendre fusent. Les lettres mettent en avant l’importance d’utiliser les mots pour entrer en contact avec les autres, échanger des idées, exprimer ses émotions.
Les chiffres relèvent leur importance pour effectuer des calculs, consulter son compte en banque, travailler à la Bourse, payer ses factures ou utiliser l’informatique.
« Les mots nous servent à lire, à écrire, à exprimer nos idées, à apprendre à l’école. On en a aussi besoin pour aller sur internet. » répliquent les filles. Les garçons rétorquent que sans eux, on ne peut pas téléphoner, mesurer, établir des statistiques, connaître le score d’un match…
Fin du conflit : pas de paix envisageable, les deux clans refusent, bien que chacun ait reconnu l’importance des chiffres et des lettres.
Avec deux autres groupes,
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à la bibliothèque d´Aigle
Helena est une compagne ouverte et volubile qui parle avec un accent russe très pittoresque. Elle se montre très enthousiaste à l’idée d’apprendre le français.
Je lui offre « La voix d’or de l’Afrique » enveloppé dans un joli papier cadeau.
15 jours plus tard je retrouve le paquet cadeau intact, elle n’a pas osé l’ouvrir!
Dans un premier temps je lui lis l’histoire. Le texte est difficile. Elle ne se
décourage pas. A la fin de la séance, elle emporte le livre dans sa chambre afin d’essayer de comprendre mieux l’histoire grâce à son dictionnaire qui ne la quitte pas.
Rendez-vous est pris pour 2 semaines plus tard. Le jour dit, je la retrouve, impatiente de replonger dans l’histoire de Salif. Nous lisons à tour de rôle chaque page, ce qui l’intéresse surtout c’est d’enrichir son vocabulaire, elle bute sur le mot « maïs », face à l’impossibilité de lui faire comprendre le sens, elle feuillète son dictionnaire et son visage s’éclaire en découvrant la traduction.
Elle semble de plus en plus touchée par cet enfant différent, exclu, seul et rejeté mais elle sait aussi qu’il sera sauvé grâce à sa voix. Avec force gestes et mimiques, elle mime l’histoire quand les mots lui manquent. Certains mots font sens « guitare », « Bamako ».
Pour clore la séance qui a été intense, je lui propose d’écouter un cd de Salif, elle accepte
avec joie. Dès les premières notes, submergée par l’émotion elle fond en larmes.
Elle me confie son amour de la musique et me cite les titres des disques qu’elle possède.
Elle répète les mots « guitare » « larmes ». Elle me demande si je peux lui prêter mon cd et je lui propose de garder le livre. Comme une petite fille au cours d’une remise de prix, elle serre le livre dans ses bras et l’emporte précieusement.
Je devine sa fierté de posséder un livre écrit en français, un livre dont elle aura essayé de percer le mystère grâce à sa ténacité. Elle me demande quand on se retrouve pour une autre lecture.
Arlette, bénévole chez les Compagnons d’ Emmaüs de Planay (21)
Voici une proposition de lecture à voix haute de l’album » Les Cinq poches » telle que je l’ai pratiquée à la Résidence des 4 saisons (St Hélène -71).
Préparation :
Rassembler les cinq objets (ceux des poches) et taper la lettre testamentaire de la maman en deux exemplaires.
Déroulement :
1/ Lecture intégrale de l’album, images à l’appui, jusqu’à la mort de la mère et la remise de la lettre et des poches.
2/ Pause sur la double page de garde avec dessin des cinq poches et de la lettre
3/ Questions au public : A votre avis, qu’y a-t-il dans les poches ? Pour quoi faire ? (On cherche ensemble objet ou talent que la mère donne à son fils).
4/ Racontage avec les vrais objets. On sort un à un les objets. Dans la première poche, il y a un couteau. Dans la deuxième, une lampe. On continue avec les graines, une boîte, du fil.
5/ Lecture partagée de la lettre. L’animatrice lit le début de la lettre de la mère. Et cinq ainés à tour de rôle lisent le texte correspondant à l’objet, texte sitôt repris en écho à voix très haute par l’animatrice pour que chacun puisse bien entendre
6/ Fin de la lecture intégrale de l’album.
Véronique-Marie Lombard
A suivre : la lettre à aérer et grossir avant impression :
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A Bretenières (21), la troisième rencontre a été animée par les CM2.
Les enfants présentent « La maison en petits cubes » sous forme de vidéo, qu’ils ont réalisée avec l’animateur informatique (logiciel raconte-moi). Puis ils regardent le film d’animation et comparent : « C’est du futur au passé »- « Dans le film il n’y a pas de paroles »- « Dans le livre ce sont les outils qui tombent alors que dans le film il s’agit de sa pipe »-« Dans le film l’eau monte alors que le personnage sort de son lit, et dans le livre il est dans son fauteuil« , etc.
Nous donnons ensuite à chacun, un cube en carton que nous avons réalisé. Ils devront écrire un souvenir de leur choix sur une face du cube et décorer les autres faces. Ce travail sera réalisé en classe et rapporter à la Médiathèque où nous construirons nos « maisons en petits cubes »
Les bibliothécaires
A Louhans-Châteaurenaud (71), plusieurs structures ont embarqué pour ce voyage-lecture. Une formidable présentation des albums, saluée par tous, a été faite au Palace par l’association Lutiléa le 15 janvier.
Patricia, la bibliothécaire, suit deux groupes : une quinzaine d’usagers et une douzaine de pensionnaires de l’EHPAD Pernet avec leur animatrice Michèle.
Avec ce dernier groupe, il a été décidé de :
– tenir un journal de bord
– lire un album (voire deux) par rencontre
– d’accorder une attention particulière aux illustrations qui sont souvent oubliées au profit du texte.
– noter les impressions individuelles. Une fiche avec le titre de l’album lu et une représentation du personnage principal est remise à chaque participant qui, au fur et à mesure de la lecture, note ce qu’il lui vient à l’idée. A la fin, chacun colle une gommette de couleur différente selon qu’il a aimé un peu, beaucoup, pas du tout. Cela permettra de compenser quelques petits problèmes de mémoire au moment du choix final.
Lors de la 1ère rencontre, tous les albums ont circulé de mains en mains. Madeleine veut absolument lire « Catfish » car ce qu’elle en voit lui rappelle son enfance : à 7 ans, elle gardait les cochons dans une ferme. Pour Suzanne, qui a eu 12 enfants, « la maison en petits cubes » représente une famille qui s’agrandit « c’est évident tout de même ! ». Denise comprend de suite que « La voix d’or de l’Afrique » parle des albinos. Elle avait deux camarades albinos dans sa jeunesse à Sagy. « Ils étaient bien traités, eux ». Elle fait aussi le rapport avec le livre de Daphné du Maurier « L’auberge de la Jamaïque » dont un des personnages est albinos.
On choisit de lire « Lali l’orpheline » en premier. Moment d’émotion. Une surprise avec une seule question sur toutes les lèvres à la fin « Qu’est-il arrivé à la mère de… Marion ? » Cela les intrigue, les fait pleurer « Si ça se trouve, elle est morte… ». Beaucoup notent à quel point l’illustrateur a su tirer l’essentiel de l’histoire avec si peu de couleur et quelques traits. « Sans avoir lu, on comprend tout ».
Emilie – Bibliothécaire
Lundi 18 mars, la classe de 6e1 du collège Boris Vian à Talant (21) se rend pour la deuxième fois à la résidence l’Eté indien en courant tant ils sont pressés de retrouver les papis et mamies.
Revêtus de pagnes, les enfants ont lu à haute voix l’album (La voix d’or de l’Afrique) entrecoupé par la voix typique de Christelle, une camerounaise venue spécialement pour l’occasion.
Puis leur professeur d’Education physique et sportive, conquise par ce projet, a présenté plusieurs objets africains : masques, tissus, batiks, calebasses, petits instruments de musique, sandales, statuettes. S’en est suivie une mini séance d’essayage entre jeunes et aînés : les masques et les calebasses sont passés de tête en tête, les sandales en semelle de pneu ont été enfilées, les pagnes revêtus.
Spontanément, les jeunes se sont dirigés vers les tables des aînés pour proposer une séance coloriage de notes de musique (comme dans l’album) et d’objets africains. Beaucoup de rires et de paroles échangées venant des aînés qui n’avaient pas colorié depuis bien longtemps.
Un résident a souri pour la première fois depuis des mois, dixit l’animatrice. Aucun élève ne veut rentrer au collège : il faut à nouveau courir pour arriver à l’heure !
Sylvie Mérabti, professeur-documentaliste
avec Salif Keita
Le jeudi 28 mars, nous avons accueilli pour la seconde fois à la bibliothèque, les CM, des parents et quelques retraités du village pour un échange autour de deux albums :
« Sans papiers »
Après deux lectures, nous les avons invités à partager autour :
– des mots ou expressions qu’ils ne connaissaient pas : Terre d’Asile, ressuscité, offensé.
– des illustrations : « On ne voit pas les visages » « ce sont des fantômes oubliés des autres »
– du titre en en créant d’autres comme : « Expulsion sans pitié » ou « Sans avenir ».
et nous avons eu le témoignage d’une maman : « Ce livre a fait resurgir les souvenirs de mon arrivée en France avec mon père, à la seule différence : nous avions nos papiers »
« Les (vraies) histoires de l’art »
Nous avons repris le jeu proposé par Livralire. Après observation, les réponses vont bon train. Par exemple :
– Le désespéré : Qu’a-t-il vu ?
Un fantôme – une attaque de virus – des morts-vivants – sa feuille d’impôts
Le feu : d’où vient-il ?
D’un volcan – d’un incendie – d’un barbecue – de la cheminée – du soleil – du cerveau, il a trop réfléchi – de l’enfer
– Le déjeuner des canotiers : que fêtent-ils ?
Une promotion – l’arrivée du beau temps – une nouvelle invention – le bon bulletin de leur enfant – les soldes
Puis nous leur avons montré dans notre fonds quelques livres d’artistes dont nous avions vu un tableau.
Chacun est reparti avec un dessin vierge du « Cri » à coloriser comme il veut. Nous les exposerons. Le prochain rendez-vous aura lieu le jeudi 11 avril 2013.
Les bibliothécaires de Bretenière (21)
La voix d’or de l’Afrique, c’est l’album que les seniors ont décidé de partager le 26 mars avec la classe d’accueil. Toutes les dames ont d’abord dévoré les albums individuellement, les empruntant à tour de rôle. Quand nous nous rencontrons pour préparer la lecture collective, elles se mettent vite d’accord sur cet album qui parle de musique et de différence. La rencontre avec les élèves issus de pays et de langues différents, parlant encore très peu le français, sera donc musicale et visuelle. Une des participantes a déjà commandé le CD de Salif Keita et chacune propose qui un objet, qui des tissus, qui un instrument de musique à amener.
Le jour venu, nous aménageons le lieu de rencontre. Au fond, des kakemonos créés par deux dames avec les visuels des albums et des images rapportées. Au centre, un tapis fait de tissus africains, une belle chaise sculptée et une ribambelle d’instruments de différents pays d’Afrique posés sur une table en rotin.
Quand les jeunes arrivent accompagnés de leur enseignante, ils sont joyeux et souriants. Ils sont une douzaine, autant que les seniors. La rencontre débute par la lecture de l’album par une des dames qui, un peu stressée, a tendance à lire un peu vite. Stimulés par l’enseignante, on se pose des questions. Qu’est-ce qu’un albinos ? De quel milieu social vient Salif ? Pourquoi ne peut-il pas devenir instituteur ? Qui a entendu parler du Mali ? Que se passe-t-il au Mali en ce moment ?
Puis la musique crée la complicité. Nous écoutons chanter Salif Keita et repérons les instruments dont nous énumérons les noms exotiques. Nous improvisons un petit concert avec les instruments à disposition, mêlant percussions et tapes dans les mains. Puis la classe nous chante « Le loup, le renard et la belette » et à notre tour nous nous lançons sur « Le jazz et la java » de Claude Nougaro. La rencontre se termine autour d’un goûter. Le 23 avril prochain c’est la classe qui nous accueillera dans ses murs… vivement ce moment !
Sandra Baud – Animatrice de lieu de rencontre Pro Senectute à Lausanne en partenariat avec une classe d’accueil du collège de Béthusy sous la coordination des bibliothèques lausannoises.