A Favargny en Suisse, le hasard (ou des autorités éclairées, ça arrive !) a placé à proches l’un de l’autre deux établissements importants, deux lieux de vie que tout semble opposer : l’école secondaire et le home pour personnes âgées. Et il arrive que ces deux mondes en plus de se côtoyer, se rencontrent vraiment dans un beau partage, et que des liens magnifiques se créent entre ces deux mondes.
Abigaël, Gabriel, Deborah, Sylvie, Anna, Lana mais aussi Joris, Loïc, Justine, Tamara et Camille occupent leur pause de midi pour visiter quelques résidents et partager un moment de lecture.
Proposée et organisée par la bibliothèque en collaboration avec le service d’animation du Home, l’activité 1, 2, 3 albums offre une aventure de lectures solidaires. Huit albums, magnifiquement illustrés, pas trop longs à lire, mais présentant toujours un intérêt historique, artistique, philosophique, sociologique, etc… sont proposés aux jeunes. Chacun va alors les lire à un résident et partager quelques réflexions à ce propos.
Il faut voir le grand sourire et le visage qui s’illumine, quand Mme Piccand reconnaît Anna, l’élève qui va passer un moment avec elle. Car pour eux, c’est un moment intense, une vraie rencontre. Les jeunes prennent un peu de leur précieux temps pour le leur consacrer : c’est le printemps qui entre dans leur chambre, c’est la jeunesse qui redonne un élan à leur vie, c’est le signe qu’ils ne sont pas complétement oubliés et que leur existence compte encore un peu. Anna reviendra huit fois, ainsi les deux générations pourront s’apprivoiser et une véritable amitié naîtra.
Pour les jeunes, c’est aussi une belle expérience : le plaisir de partager la passion de la lecture, la satisfaction d’aider, de se sentir utile. Toute rencontre est joie et ces jeunes savent que les aînés ont certainement des enseignements qui vont les aider à trouver un sens dans ce monde si complexe et si chaotique. Comme le relève un élève : « J’aime les personnes âgées, car elles ont beaucoup d’histoires. »
Christian CONUS
Un mardi de février 2018, Guy, un sexagénaire isolé, peintre amateur, passe par hasard à la maison des seniors de Chalon-sur-Saône. On allait démarrer la lecture épicée des Robinsons de l’île Tromelin. Je l’ai invité à rejoindre le groupe. Après la lecture et l’échange, il demande à prendre la parole et improvise un poème. Il annonce qu’il reviendra. A la séance suivante, il apporte son carton à dessins rempli d’oiseaux merveilleux et nous en offre.
Je lui propose alors de faire un dessin par album. Il se prête au jeu, offrant même à la classe de 6e la tortue de Tromelin puis le portait des musiciens de l’orchestre recyclé. Il nous a avoué que cette proposition l’avait stimulé, de même que l’admiration que lui ont vouée les collégiens.
Comme Nos plus grands rêves ne l’inspire pas, le relais est pris par Pierre, un jeune adulte, lui aussi assidu aux ateliers, qui illustre au stylo bille le portrait d’un personnage qui l’inspire, Zhang Liao, un guerrier très grand stratège de la Chine antique.
Comme l’ont fait les 6e avec le groupe d’adultes avant le vote, à vous d’associer les dessins aux albums de la sélection.
VML
deux artistes amateurs inspirés par les albums
Chaque voyageur-lecteur a été invité à désigner 1, 2 ou 3 titres du pack 2018 qui l’ont particulièrement touché.
L’album de Davide Cali, Cours caracole en tête. Suivent deux histoires vraies : L’histoire extraordinaire d’Adam R et L’orchestre recyclé.
Tous les albums ont eu des voix, chaque récit parlant différemment aux uns et aux autres, selon son âge, son histoire, le contexte de lecture, les échanges qui ont eu lieu et les activités proposées.
A lire les résultats des différents groupes, on peut deviner s’il y a eu accompagnement de lecture ou non. La lecture épicée aidant à faire sens a libéré la parole et suscité des émotions. C’est particulièrement vrai pour Méditerranée, album nécessaire, dixit une professeur des écoles de Côte-d’Or qui, après la lecture collective, a fait chanter « Mercy » à toute sa classe.
Les robinsons de Tromelin ont révélé aux voyageurs une page d’histoire inconnue. Le livre, éclairage sur l’esclavage et exemple de robinsonnade, est voué à une longue vie dans les établissements scolaires.
Avec Naya, hommage a été rendu aux femmes.
Ici et là on aura partagé nouvelles et rêves sous des formes variées (mur, cahier, bande son, vidéo) grâce aux deux albums : Bonnes nouvelles du monde et Nos plus grands rêves.
A lire les commentaires, la sélection 2018 était exceptionnelle. Le comité s’en félicite et souhaite partager ce compliment avec les éditeurs qui ont l’audace de publier des textes riches et beaux. Merci surtout aux auteurs et aux illustrateurs : nous comptons sur eux pour écrire ou dessiner d’autres histoires vraies, des contes ou des catalogues avec lesquels on pourra, de 10 à 100 ans, lire, écrire, dire, échanger, dessiner, jouer, chanter, rire, pleurer …VIVRE tout simplement !
VML
sur le podium d’ 1, 2, 3 albums
Au lycée professionnel Camille Du Gast à Chalon-sur-Saône, 1, 2, 3 albums a permis de créer deux types de lien :
1/Une équipe adulte particulièrement investie, constituée d’enseignants, d’agents, d’accompagnants (deux Aides Vie Scolaire) a présenté la scénographie aux élèves de deux classes de CAP.
2/La classe de carrosserie-mécanique a voyagé en jumelage avec la classe photo de CM1-CM2 de l’école voisine Jean Lurçat, pilotée par le musée Nicéphore Niepce.
Les lycéens et les primaires se sont retrouvés à mi-parcours autour de deux albums : Les bonnes nouvelles du monde et L’orchestre recyclé.
En binôme, ils ont :
– partagé des rêves inspirés par des photographies (sur le principe du photo langage), puis rédigé un texte, l’ensemble étant rassemblé dans un petit livret qui sera offert à chacun à la rencontre finale en juin.
– fait des photographies de déchets plastiques ou alimentaires, agrandis jusqu’à n’être plus reconnaissables, et ont cherché à donner un nom aux formes ainsi révélées. Les œuvres ont été encadrées et exposées dans un couloir du lycée, avec l’intitulé en français et en anglais et le nom des créateurs. Surprenant et magnifique ! Une bouteille est devenue chaîne de vélo, une dosette de café peau de rhinocéros, un tube de chips œil de cyclone.
En juin, à la dernière rencontre, les binômes, un grand + un petit, ont entre autres construit un mobile en objets récupérés suspendus par des fils nylon à une pièce de bois prise sur un touret et bloqués par des perles que le professeur d’arts appliqués gardait depuis des années !
PS : Dans le cadre du dispositif « Eveil » mis en place par la région Bourgogne-Franche-Comté, la classe logistique, aidée d’un comédien, a mis en scène la lecture de quatre albums. La présentation publique de grande qualité a fait faire aux apprentis des progrès en diction autant qu’en confiance en soi.
Comme l’avait suggéré quelqu’un sur le blog, j’ai proposé à ma collègue de français qui mène 1, 2, 3 albums avec moi, de faire « un mur de rêve ». Je voulais jouer sur le singulier et le pluriel : mur de rêve /mur de rêves ? « Seulement, le tableau blanc du CDI, ça fait pas trop rêver », m’a-t-elle dit.
J’ai laissé mûrir le projet pendant que les élèves écrivaient leurs propres rêves. Et je me suis dit que notre mur de rêve était autour de nous ! D’où l’idée de prendre des photos de notre cadre de vie et d’y insérer les tableaux des rêves des élèves ! Voici le résultat, sous forme de livret Calaméo.
Les jeunes de métropole se reconnaîtront dans certains rêves concernant l’argent, la famille, le foot, les ambitions. Mais sans doute pas dans celui d’être douanier ou de prendre le train ! Un rêve sur notre île de Moorea dont les plages de sable fin font tant rêver les Européens !
Fabienne Bourjon, documentaliste au collège d’Afareaitu (Moorea, Polynésie française)
eux d’aller en France !
Bonjour, nous sommes trois élèves de seconde de la section MRCU (métiers des relations clients et usagers) au lycée polyvalent Jeanne d’Arc à Gex dans l’Ain. Votre histoire racontée par Davide Cali dans l’album Cours nous a touchés. Nous vous remercions de nous accorder quelques instants pour répondre à nos questions.
1/ « On va voir si tu as du souffle ». En quoi cette phrase est importante pour vous ? Cette phrase, c’est le commencement de mon histoire. Lorsque que j’étais enfant, j’étais seul et perdu, mais un jour, quelqu’un m’a tendu la main, et m’a aidé à remonter la pente. Et moi aujourd’hui j’essaye de faire de même, d’aider des petits.
2/ Pourquoi avez-vous fait de la boxe ?
La boxe est un sport unique, un sport où il faut se battre pour gagner, où il faut analyser son adversaire, la situation et les possibilités. En réalité, je n’ai pas vraiment fait de la boxe j’ai surtout couru. La course m’a aidé à contrôler mes pulsions et mes sentiments.
3/ Qu’avez-vous ressenti lors de votre premier marathon ?
Comme tout le monde, de la fatigue, de l’essoufflement… Au début, je pensais que je pouvais arriver dans les premiers. C’est seulement ensuite que je me suis rendu compte que le plus important c’était de tenir jusqu’à la ligne d’arrivée. Je suis fier d’avoir couru jusqu’au bout.
4 / Eprouvez-vous de la reconnaissance envers votre ancien proviseur, M. Parker ?
Oui, énormément, car il m’a poussé vers la lumière et m’a aidé à comprendre qui j’étais en réalité, ce que je souhaitais devenir et quel genre de personne je voulais être plus tard.
5 / Qu’est ce qui vous a décidé à devenir proviseur dans ce collège ?
Je ne souhaitais aucunement exercer le métier de proviseur étant jeune, mais après mes études de mathématiques à l’université, je me suis demandé comment j’en étais arrivé là et qui m’avait aidé. J’ai tout de suite pensé à M. Parker, mon ancien proviseur. Il avait trouvé un but dans la vie : aider des enfants, les aider à grandir et devenir adulte. Je partageais les mêmes objectifs. J’ai donc suivi le cursus pour devenir enseignant.
6/ Que voudriez-vous dire aux jeunes en difficulté ?
N’abandonnez jamais. Allez toujours au bout de vos envies. Ne vous freinez pas à cause de ce que disent ou pensent les autres. Vivez à fond votre vie. Etudiez, voyagez, aimez !
interviewé par des lycéens de Gex
«C’est vraiment de loin l’histoire que je préfère», a confié Corentin à ses camarades de 6e réunis pour voter (St Dominique / Chalon).Tout comme Mansi, Dina et Etin-Osa, élèves de CM2 à Sens, qui avaient fait une présentation de l’esclavage.
Il l’a été aussi pour 272 élèves de cycle 3 (CM2-6ème) qui participaient au Prix du roman historique jeunesse 2018. 34,8 % d’entre eux ont voté en faveur des Robinsons qui l’emportent haut la main devant La Mercedes rouge (194 voix), Quand Joseph Meister fut sauvé par Pasteur (172 voix) et Le pirate de la Loire (144 voix).
Le Prix du roman historique jeunesse 2018 sera remis en octobre à Alexandrine Civard-Racinais et Aline Bureau dans le cadre des Rendez-vous de l’Histoire à Blois.
Ils sont sept, venus d’ailleurs, installés à Chalon/ Saône depuis au moins deux ans, réunis autour d’Elisabeth, pour l’atelier hebdomadaire « Courage, on va réussir ». Les trois jeunes hommes viennent du Soudan, les femmes du Maroc, de la Turquie, du Vietnam et de RDC.
Ce vendredi là, on va partager ensemble une histoire. J’ai choisi la lecture épicée de Naya.
Je présente les personnages qui s’exprimeront à ses côtés : maître Yacouba, le chef du village, l’émissaire et les troix voix du chœur ! On se répartit les rôles. Je leur donne le texte correspondant que chacun découvre seul puis lit avec Elisabeth ou moi. Un apprenant maîtrisant mieux la lecture que les autres prend les dialogues les plus bavards. Je m’installe au pupitre face à eux et mène la lecture. Tout s’enchaîne on ne peut mieux. J’insiste en les clarifiant sur deux moments clés de l’histoire pour que personne ne perde le fil.
Sitôt le conte fini, le visage de la jeune femme marocaine s’illumine de bonheur. Elle emportera l’album chez elle.
De suite, surgit la question : vaut-il mieux avoir des filles ou des garçons ? En RDC, les filles aideront la maman. En Turquie et au Maroc, sitôt mariées, c’est de leur belle-mère qu’elles devront s’occuper. « J’aime mon mari, j‘aide ma belle-mère. J’ai pas le choix … même ici ». Au Vietnam, on souhaite au moins un garçon pour perpétuer le nom. Au Soudan, les garçons feront la guerre. Ils arrêtent tôt leurs études. Les plus diplômés sont les filles.Chacun s’accorde à dire que ça évolue un peu dans leur pays d’origine. Et nous, de rappeler qu’en France aussi on a longtemps connu une forte domination masculine qui perdure.
Cette histoire est typiquement africaine, nous dit Faroug. « En Afrique, le chef fait partie du village. Le contact est direct. On peut l’aborder facilement comme le fait Naya. La jeune fille a soufflé à l’esprit des femmes comment sauver les hommes. Chez nous, on croit à la transmission et aux forces de l’esprit. »
VML
Pierre, un jeune adulte fidèle aux ateliers lecture chalonnais, a écrit un texte et dessiné un marque page qui a été offert aux jeunes de 6e du collège Camille Chevalier et aux adultes, embarqués depuis janvier ensemble dans 1, 2, 3 albums.
Toute une expérience de partages, à tous les âges
Où il y a eu rêves, amours, beautés, merveilles, guerres, voyages
Où se sont mêlés la fougue de la jeunesse et le calme de la vieillesse
Des moments magiques et sympathiques
Avec comme passage un pont entre les générations
Grâce aux livres et à ceux qui les ont lus, ou les liront…
Pierre Wojtasinski – mai 2018
Cliquez sur l’image pour chercher les indices qui correspondent à chacune des histoires du cru 2018 !
A Sens (89), le voyage-lecture dans les albums, orchestré par Christelle et Josiane, des bibliothécaires adulte et jeunesse de choc, remporte toujours le même succès auprès d’un large public. Le vote est l’occasion de se rencontrer et de partager des créations réalisées par chaque groupe de lecteurs, jeune ou adulte. Le nombre de participants est tel que le final a été scindé en trois séances, les deux premières entre des CM2 et des collégiens, étant ouvertes aux parents.
A la troisième rencontre, le jeudi 24 mai 2018, environ 180 personnes étaient réunies dans la salle jeunesse de la médiathèque Jean-Christophe Rufin. Les groupes se sont succédés sur l’estrade pour présenter leurs créations, en lien avec les albums lus depuis plusieurs mois.
Des élèves de CM2 de l’école Pierre Larousse ont fait un court exposé sur l’esclavage.
Un groupe de l’ESAT dont c’était la première participation, a présenté ses œuvres entièrement réalisées en papier mâché : les livres préférés d’Adam R. (notamment Moby Dick et sa baleine) et l’impressionnante paire de chaussures de pointure 53 (la taille a été déterminée après des recherches sur Internet) !
Les élèves de l’IME Sainte-Béate ont fabriqué des instruments de musique en matériaux recyclés comme les enfants du bidonville de Cateura et façonné des poteries à la façon de Naya.
Les résidents de la pension de famille Coallia ont chanté « La cage aux oiseaux » et « Un peu plus près des étoiles ». Ils avaient également confectionné des petits sablés en formes d’instruments de musique.
Les résidents du foyer APEIS Les Chênes Bertin avaient préparé une petite représentation théâtralisée évoquant tous les albums de la sélection, qui s’est achevée par un concert improvisé de djembé !
Avant de procéder au vote, une dame de 82 ans a pris la parole pour exprimer sa reconnaissance pour ce beau moment d’échange. Elle a remercié les groupes d’avoir partagé leurs créations. Elle m’a confié qu’elle était entrée à la médiathèque tout à fait par hasard cet après-midi-là, étant de passage dans sa famille sénonaise. Elle m’a dit avoir été très touchée par les productions des groupes et émue de voir des jeunes (et moins jeunes !) créer du lien « car il y en a bien besoin ! C’était un vrai plaisir d’être entourée par tout ce petit monde ! »
Un goûter servi dehors, sous le soleil, a ponctué l’après-midi, et permis aux différents groupes de mieux faire connaissance avant la proclamation des résultats du vote. Chapeau bas à l’équipe de Sens pour l’organisation.
Marlène François, bibliothécaire à la BDY, référente 1, 2, 3 albums dans l’Yonne