Depuis 3 ans nous présentons 1, 2, 3 albums au centre psychiatrique du Cluzeau (36) en partenariat avec l’art- thérapeute et l’animatrice de l’établissement. Une fois par mois, nous faisons des lectures épicées, le public d’âge différent variant d’une séance à l’autre.

Après la présentation de Nos plus grands rêves,  les patients ont été invités à mettre par écrit leur plus grand rêve. Les réponses ont été partagées anonymement sous la forme d’une pioche. On a entendu entre autres :

Mon plus grand rêve, c’est de :
– voir grandir mes enfants en bonne santé et de me soigner pour être présent dans leur vie
– croire en moi en positivant et en faisant confiance aux autres
– ne plus être plus malade et essayer de ne plus me soucier
– gagner au loto en commençant à jouer
– retrouver la santé
– retourner chez moi en prenant le premier avion

L’art-thérapeute créée avec les patients à partir des albums. En juillet une exposition des œuvres aura lieu à la bibliothèque.

Catherine et Sylvie, bibliothèque de Rollinat (36)

Christine Liebe Nicolet raconte.
Au collège Jean-Jacques Rousseau de Val-de-Travers (Neuchâtel, Suisse), une classe de 8 Harmos (11-12 ans) a préparé la scénographie des 8 albums pendant tout le mois de janvier. Un metteur en scène est même venu l’aider !
Les élèves étaient un peu anxieux d’avoir à emmener en voyage leurs camarades et leurs parents. Plus de 200 jeunes ont eu la chance d’assister à la présentation de 1,2,3 albums. Tous sont ressortis enchantés et impatients de découvrir les albums.

Voici quelques commentaires rédigés par les « comédiens » :
Pour moi, 1,2,3 albums, c’est…

Du bonheur ! C’est juste magique ! Ça a été une joie, pour moi, d’avoir participé à cette scénographie – Elodie
Une partie de plaisir ! Une activité superbe – Hugo
Une belle expérience – Enzo
Pour montrer que les albums ne sont pas que pour les petits –Théo


La permission de s’évader et de rêver
Soraya
Permettre de créer des liens – Gil
Un moment de partageOphélie
Un plaisir de partager des histoires – Alexia


Une présentation de livres où l’on raconte une partie de l’histoire – Malo
Partager les albums et raconter l’histoire pour donner envie de les lire – Romain
Une façon de faire découvrir des livres à d’autres gens Tia
Une façon de transmettre la passion de lire –Bruno
Une façon de pouvoir partager notre passion de lire. J’ai appris beaucoup de choses –Nastasia
Aimer lire – Emma N., Lola, Emma D.
Une façon de pouvoir exprimer note passion de lire. Je suis très content d’avoir participer à cette activité – Tanguy

Dominique et Sylvie, animatrices à l’Ehpad de Chagny, ont proposé à huit résidents de partager leur plus grand rêve et, en atelier collectif et individuel, de l’illustrer à partir d’un choix large d’images glanées par elles sur internet. Au regard des photos, la parole se libère. Les contours du rêve se précisent, les souvenirs s’aiguisent surtout quand l’activité a lieu dans la chambre de la résidente.

Exemple avec Léléne, 96 ans, perdue entre rêve et réalité. Elle commence à dessiner un ruisseau qu’elle pense être celui de la campagne où elle vivait. Dominique téléphone aux archives de Chalon qui confirme que ce cours d’eau existe bel et bien.  Peu importe que ses souvenirs se confondent avec son rêve. Elle pioche dans les reproductions, elle parle et compose sa page de rêve : une promenade à la campagne.

Après le montage du cahier à spirales et une répétition, les résidents ont retrouvé en demi groupes les jeunes 6e qui leur avaient joué la scénographie, chaque aîné  présentant sa double page du cahier de  rêves. Et comme il restait deux pages blanches, les collégiens ont noté leurs commentaires.

Le bilan est positif : les aînés sont créateurs. Même si pour certains, c’est déjà oublié, l’activité dont  le cahier est la trace a libéré la parole. Comme souvent, le temps a manqué sauf que cette fois-ci, Marie-Jo, bénévole au sein de l’association « les amis de l’hôpital » a participé activement à l’activité. Mieux, elle envisage de lire des albums en chambre et s’invite au prochain lancement d’1, 2, 3 albums avec les animatrices, contentes de diversifier et de renforcer l’accompagnement de lecture.

Pour voir une partie des collages, cliquer avec la souris en bas à droite, en tenant le clic pour aller vers la gauche ou cliquer sur les flèches latérales.

PS : Une  classe de CM1 de Chagny a fabriqué un magnifique cahier de rêves en très grand format, imaginant une fourrure bouclée  pour le  hérisson ;  pour l’Iphone, de manger des pommes ; pour la pomme de terre, d’avoir la taille mannequin ;   pour la lune, de parler à un astronaute ;  pour le poisson de voler et pour la maison de marcher …

La médiathèque La Passerelle à Trévoux (01) voyage avec 4 classes. Notre duo de bibliothécaires a joué la scénographie aux 110 élèves. Puis chacune accompagne deux classes jumelées : CM2 – 6e ou CM2 – 5e. Quatre albums sont lus en groupe, à savoir :
Pour les CM2 : Bonnes nouvelles du monde, L’histoire extraordinaire d’Adam R, L’incroyable histoire de l’orchestre recyclé et Nos plus grands rêves.
Pour les 6°/5° : Cours, Méditerranée, les Robinsons de l’île Tromelin et Naya ou la messagère de la nuit. Les quatre autres le sont en lecture individuelle.

A mi-parcours du voyage, les jeunes se rencontrent pour un speedbooking, préparé en amont en classe. Les élèves sont répartis en binômes réunissant un élève de primaire et un autre de collège. Les binômes tournent toutes les 4 minutes. Quatre minutes pour parler d’un album ou proposer à l’autre un exercice déjà fait en classe. Exemple : pour Adam, les élèves ont imaginé quelle serait leur vie à un âge donné.

L’idée de garder une trace nous semblait, à tous, très importante : traces écrites ou dessins selon l’envie et/ou une consigne, sur un support inspiré des oiseaux de la scénographie. Les collégiens ont réalisé des papillons à huit zones, les primaires, des oiseaux à huit plumes correspondant aux 8 albums. Sur chaque espace figurera une impression. Pour 4 d’entre eux, nous donnons une instruction aux élèves en fonction de la séance. Par exemple, pour Cours : l’écriture d’un vire langue. Pour Bonnes nouvelles du monde, une bonne nouvelle. Pour Méditerranée, ils doivent imaginer une terre d’immigration et raconter comment ils vivraient là bas.Pour les 4 autres, les élèves mettent librement un avis, un sentiment, un dessin.
Toutes les réalisations seront exposées sur des branches d’arbres dans les lieux du voyage : collège, école primaire, médiathèque.
Elodie et Anna, Médiathèque de Trévoux (Ain)

Au collège de Talant (21), on accorde temps et soutien aux élèves en difficulté alors que les très bons éléments vont leur chemin posément.

L’idée m’est alors venue de proposer à des 5e bons élèves de prendre en charge la scénographie dont la réalisation demande investissement et audace. De novembre 2017 à février 2018, tous les mardis sur la pause méridienne, j’ai donné rendez-vous au CDI à un groupe de 10 élèves pour lire les albums, découvrir la scénographie, la préparer et beaucoup la répéter.

Pour cette organisation, des élèves jouant devant d’autres, différente des années précédentes où les adultes  étaient les animateurs, je dois avouer que j’avais des doutes : en seraient–ils capables ? Au fur et à mesure des répétitions, ils se sont emparés des textes, ont adopté le déroulement jusqu’à être très à l’aise. Le jour des représentations, leur trac a été vite dissipé. Ils ont joué la mise en bouche avec beaucoup de talent et sans faute, devant leurs camarades impressionnés et attentifs.

C’est tout bénéfice : le public a été conquis, les acteurs en gardent un merveilleux souvenir et des 6e se sont déjà portés candidats pour jouer la scénographie aux 6e l’an prochain.

PS : L’étape de la scéno est passée depuis deux mois, mais la vidéo tournée et montée par un jeune en emploi civique au collège n’a été finalisée que début avril.
Sylvie Merabti, documentaliste

Un petit panier de lectures proposé par VM Lombard (Livralire) autour de l’album de BAUDOIN : Méditerranée ( Gallimard) .

A partir de 10 ans :
Un album : Chemin des dunes, sur les routes de l’exil / HUS-DAVID Colette (Gautier-Languereau, 2017, 14 €)
Un roman : La reine des coquillages / CLEMENT  N & Y-M (Editions du pourquoi pas, 2017, 9.50 €)

A partir de 12 ans :
Un texte illustré : Endors-toi Barbara / TIERCELIN Arnaud (Naïve livres, 2016, 15 €) Choix du lundi 15 mai 2016 sur www.livralire.org

Romans :
Le petit prince de Calais / TEULADE Pascal (La Joie de lire, hibouk, 9.90 €) – Choix du lundi 17 octobre 2016 sur www.livralire.org
La traversée / TIXIER J.C. (Rageot, 2015 et 2018, 5,50 €)

GRAND Ado/ Adulte  :
BD :
Migrant / COLFER E. & DONKIN A. (Hachette, 2017, 17,95 €)
– Rêve d’Olympe / KLEIST Reinhard (La Boîte à bulles, 2016, 17 €)

Romans :
Eldorado / GAUDE Laurent (Actes Sud + J’ai lu, 6.10 €)
L’opticien de Lampedusa / KIRBY E-J. (J’ai lu, 5 €)
L’archipel du chien / CLAUDEL Philippe (Stock, 2018, 19,50 €)

Dans l’Yonne, les bénévoles de « Champicaulivres »,  la bibliothèque de Champs-sur-Yonne (1580 h), s’activent depuis des années, entraînant avec elles les dépositaires de deux villages voisins, Quenne (1080 h) et Augy (452 h). Suite à un stage organisé par la Bibliothèque Départementale sur la mutualisation en bibliothèque, elles ont adopté 1, 2, 3 albums comme projet commun.

Elles ont préparé en équipe la scénographie qu’elles ont jouée à la bibliothèque aux scolaires de Champs et d’Augy, et à domicile pour les personnes de la résidence de Champs et les adultes handicapés d’Augy. Les lectures « épicées », travaillées cet hiver dans l’atelier organisé par la BDY, sont faites dans les classes.

« C’est du boulot, mais c’est payant », dixit Georgette Raphaël, présidente pendant 20 ans. La lecture coopérative facilite l’écoute. A l’école, l’enseignante voit ses élèves au petit appétit dévorer les albums. A Augy, le public les a beaucoup remerciées.

Leur expérience met en avant trois facteurs qui pourraient inspirer bien des professionnels :
– La rentabilité : une même animation sert à des publics différents. Le temps de préparation est amorti et le plaisir est décuplé.
– La mobilité : les animatrices du voyage-lecture accueillent dans leurs murs le public autant qu’elles se font inviter à l’extérieur.
– La visibilité : le déroulement des rencontres et les impressions des lecteurs sont mis en ligne sur le blog de la médiathèque par l’actuelle présidente Christine Gouin.

VML

Les oiseaux disparaissent des campagnes françaises à une « vitesse vertigineuse » : un tiers  en moins de quinze ans, titrait le journal Le Monde dans l’édition du 20 mars 2018.

Cette mauvaise nouvelle est-elle arrivée aux oreilles de ceux qui, dans le droit fil de la scénographie 2017-2018, ont la bonne idée d’inviter leurs lecteurs-voyageurs à connaître ou reconnaître des oiseaux avant qu’il ne soit tard ?

A Givry (71), Sophie, la bibliothécaire, après la lecture de Bonnes nouvelles du monde a proposé aux résidentes des Sept fontaines des documentaires sur les oiseaux :
Un guide pratique et illustré pour attirer et nourrir les oiseaux au jardin (Delachaux et Niestlé), Le Guide d’observation des oiseaux (Sélection du reader’s digest). Ça aurait pu être le tout récent Oiseaux du jardin (Artemis éditions), sorti en février et déjà en rupture !
Gigi qui ne peut plus lire en continu a pris le temps, chez elle, de regarder les planches, reconnaissant la quinzaine d’espèces qui venait se sustenter à une mangeoire dans son jardin d’autrefois.

A la section jeunesse de la médiathèque du Creusot, ont été regroupés des fictions et des documentaires pour tous les âges avec l’oiseau comme héros.

Au collège de Talant (21), après les vacances de printemps, sera installé au CDI l’expo interactive Plumes et Cie, prêtée
par  la Médiathèque départementale de la Côte-d’Or, que viendront voir les classes de 6e voire 5e et les classes de primaire participantes à 1,  2,  3 albums.

 Sans oublier qu’on pourra lire aux adultes le conte de sagesse persan La Conférence des oiseaux adapté par Henri Gougaud  (Seuil poche, 8,20 €) et aux plus jeunes le magnifique album du même nom illustré par Peter Sis (De La Martinière, 2012, si on le trouve en bibliothèque, car ce titre remarquable est malheureusement épuisé.
VML

Les idées ne manquent pas aux uns et aux autres pour prolonger la lecture de l’album Nos plus grands rêves en invitant chaque lecteur à partager le sien sur un post-it mural, dans une boîte.

En Côte d’Or, il y a aussi ceux qu’on invente.

Résidence Mutualiste du Parc à Genlis (21).
Charlène l’animatrice a lu l’album. Les aînées qui ont beaucoup apprécié les illustrations, ont réalisé des personnages montés en marottes puis ont tenté de leur associer un des rêves cités dans le livre.

Collège de Talant (21).
Sylvie la documentaliste a dressé une liste d’objets, d’animaux, d’éléments de la nature repérés dans les albums de la sélection en cours puis trouvé des photos correspondantes.  Les jeunes piochent une photo et essayent d’imaginer le rêve de cet objet.
Le rêve d’une brosse à dents ? Eliminer les caries.
La lune aimerait voir le soleil plus souvent, l’île se sentir moins seule, la pluie faire tomber des bonbons, les cailloux être doux comme du coton. La bouée a envie de voler car flotter lui donne le mal de mer. La cage accueillerait bien un lapin. Le corbeau rêve d’être blanc …
Dans chaque classe, ces rêves seront rassemblés dans un petit livre.

Enfants et adultes m’interrogent souvent sur le prénom de mon héroïne. Est-il « vrai » ? ou s’agit-il d’un « prénom inventé » ?

Des 160 hommes, femmes et enfants arrachés à l’île de Madagascar, parqués dans les cales de l’Utile, fracassés sur les récifs de l’île de Sable*, puis abandonnés (pour ceux qui avaient survécu au naufrage) pendant 15 ans sur cette île déserte, il ne reste rien ou presque. De cette masse indifférenciée d’hommes, de femmes et d’enfants de tous âges émerge un prénom, et un seul, porté jusqu’à nous par les vents et hasards de l’Histoire : Tsimiavo.

ill. : Aline BUREAU

Ce prénom est celui de l’une des sept ultimes survivantes de cette tragédie. En langue malgache, il signifie « celle qui n’est pas orgueilleuse ». À mes yeux, Tsimiavo est surtout une battante. Elle a survécu à sa capture sur l’île de Madagascar, au naufrage du bateau qui la transportait, à 15 ans d’oubli sur un confetti corallien dénué de végétation et d’abris, au désespoir et à la mort qui rodait. Elle a même réussi l’incroyable exploit de donner naissance à un enfant sur cette terre stérile. C’est grâce à lui que nous connaissons le prénom de sa mère, mentionné phonétiquement sur son certificat de baptême​**​.

À leur arrivée sur le sol de l’île de France, le 14 décembre 1776, cet enfant, sa mère — Tsimiavo — et sa grand-mère, se virent en effet offrir le gîte et le couvert par l’intendant du roi de France. Encore fallait-il qu’ils soient baptisés pour pouvoir franchir la porte de son domaine en bons chrétiens… Tsimiavo fut ainsi rebaptisée Eve, son fils (nommé Hériniaina « la force de la vie » dans mon récit) fut nommé Jacques-Moïse et sa grand-mère se vit affublée du prénom de Dauphine (nom du navire de leur sauveteur). Seul le certificat de baptême de l’enfant est arrivé jusqu’à nous grâce aux recherches menées par Max Guérou​t​ et ce prénom… Tsimiavo qui ne doit plus jamais retomber dans l’oubli.

*l’île de Sable est aujourd’hui connue sous le nom d’île Tromelin.
** Ce certificat est conservé aux Archives Nationales d’Outremer, à Aix-en-Provence.

 Alexandrine Civard-Racinais