Jeudi 25 janvier, nous avons joué la scénographie avec le trouillomètre à zéro : peur de bafouiller, de se tromper dans la musique, de ne pas mettre le bon oiseau au bon moment, de faire tomber sa feuille et surtout surtout de ne pas intéresser les élèves…
Devant nous, une quarantaine d’élèves, deux classes qui ne se connaissaient pas, des élèves en 1ère BAC pro restauration et des UPE2A (élèves allophones). C’est incroyable ce qui s’est passé, ils étaient tous attentifs alors qu’en classe il nous arrive d’en perdre !

La magie des mots a opéré. A à la fin, ils se sont tous saisi des albums et les élèves de bac pro ont fait la lecture aux élèves allophones qui ne savent pas lire le français et à peine l’écrire. Mais le voyage ne s’est pas arrêté là…Volontairement un groupe d’élèves de Bac pro s’est proposé de venir faire chaque semaine la lecture aux UPE2A!

1, 2, 3 albums c’est une merveilleuse première découverte. Avec 1, 2, 3 albums, certes on lit, on voyage, on fait lire, on apprend à écouter, on crée du lien, mais c’est aussi et surtout une incroyable aventure humaine. Merci.

Sylvie Delmas professeur documentaliste et Juliette Gueniche, professeur de lettres/histoire. Lycée Jean Monnet – Yzeure (Allier).

En Suisse, à Préverenges, une classe de développement primaire (enfants de 10 à 12 ans en difficulté) s’est emparée du projet. Les jeunes ont lu tous les albums et préparé des éléments de la scénographie.
Ils s’entraînent avec plaisir : le scénario est simple, le déroulé vivant avec les devinettes et le partage des livres avec le public. Ils vont la jouer à une classe d’élèves plus âgés, ainsi qu’au groupe de seniors de la ville.
Notre arbre trône sur la table centrale avec ses oiseaux,dans l’attente des prochaines représentations. C’est déjà le printemps à la bibliothèque !

 

Les oiseaux étant au cœur de ce voyage-lecture, nous avons choisi de symboliser les avis de lecture par des plumes : une grande rouge pour les coups de cœur, une moyenne orange pour les histoire appréciées et une petite bleue en cas de déception.
Marie Karasiewicz
Bibliothèque Scolaire de Préverenges et environs

Emmanuel Delorme, professeur de lettres et formateur, raconte comment les albums proposés dans le cadre d’1, 2, 3 albums font partie intégrante de son enseignement.

La lecture d’albums en classe au collège n’est pas du temps perdu. Mieux, elle correspond au programme. Pour exemple cette année, les albums Cours, Naya ou la messagère de la nuit, L’Histoire extraordinaire d’Adam R., L’Incroyable histoire de l’orchestre recyclé peuvent être étroitement associés par la thématique au programme des lectures en 6ème : « Résister au plus fort, ruses, mensonges et masques ».

En effet, l’élève turbulent de Cours, Naya, Adam R. et les enfants du bidonville de l’orchestre recyclé font tous face à plus fort qu’eux : une vilaine réputation d’élève bagarreur pour le héros de Cours, sa condition de femme et la guerre pour Naya, son handicap pour Adam R., la misère pour les jeunes musiciens de l’orchestre. Pourtant, simultanément, tous résistent, d’une manière ou d’une autre, et souvent à la faveur de rencontres déterminantes, qui valent bien toutes les ruses, les mensonges et les masques : un chef d’établissement pour le héros de Cours, Yacouba pour Naya, le cordonnier pour Adam R., le chef d’orchestre pour les enfants du bidonville.

Les Robinsons de l’île de Tromelin aborde, lui, non seulement cette thématique (Tsimiavo affronte un marchand d’esclaves, la nature hostile, mais surmonte ces périls par son intelligence et la solidarité qui règne au sein de son groupe de survivants), mais également celle intitulée : « Récits d’aventure ». Ses mésaventures (embarquement forcé dans le bateau, naufrage sur l’île, abandons successifs, sauvetage final) constituent bel et bien un récit d’aventure à part entière, et peut donc être lu comme tel.

Les autres albums ne sont pas en reste. Ils se prêtent à des lectures toujours en lien avec ce même programme.  Lire la suite

Baudoin, auteur et illustrateur de Méditerranée, nous plonge directement au cœur de la tragédie : une fillette échouée sur la plage, jeune migrante noyée comme tant d’autres. D’où elle vient, peu importe. C’est chez nous qu’elle et sa famille espéraient trouver du mieux. En effet, au Nord, on peut aller à l’école, avoir une maison, aller chez le coiffeur, avoir une machine à laver et un chat. L’ordinaire de nos vies de nantis, c’est son rêve, celui de tant d’enfants ! Les dessins réalistes, lumineux et riches de Natacha Rizet (et non Richet comme écrit dans le générique) nous le rappellent.

Réponse de Baudoin, informé de l’émotion et du silence profond que suscite la lecture épicée de son album Méditerranée, à chaque fois qu’elle est jouée (et sera jouée)  par les 500 animateurs d’1, 2, 3 albums :
« Vous m’avez fait pleurer. On n’imagine pas que ce que l’on fait puisse prendre une telle dimension. Comment dire ? On reste toute la vie dans notre enfance. Je suis toujours le petit garçon de mon village qui rêvait juste de dessiner. Un jour, à 30 ans, je suis allé dans mon rêve d’enfant :  dessiner. A 40 ans, des éditeurs m’ont permis de faire des livres. Alors j’ai fait. Un jour les livres nous dépassent. Grâce aux lecteurs, à des personnes comme vous. »

Une idée intéressante dans l’Indre : pour la scénographie, les professionnelles de 3 communes s’associent et se déplacent.

Les médiathèques de Buzançais, Villedieu et Niherne se sont lancées une nouvelle fois dans l’aventure 1, 2, 3 albums. Les  quatre bibliothécaires ont préparé ensemble la scénographie qu’elles ont jouée, à trois ou quatre :

– à la médiathèque de Niherne, un samedi matin, devant un public adulte clairsemé. Mais trois personnes néophytes, dont une dame abonnée aux romans du terroir, ont été conquises et ont de suite emprunté plusieurs titres des sélections précédentes, regroupés dans une malle.  Les membres du comité de lecture adulte qui s’étaient excusés, comptent bien lire les albums et voter. De fait, le nombre d’adeptes d’1, 2, 3 albums augmente petit à petit.

– à Buzançais, devant quarante CM2 de deux écoles, émoustillés par les devinettes et attentifs aux mises en bouche.
Après lecture du pack,  ils mettront en scène un album qu’ils joueront à d’autres jeunes et aux aînés de l’Ehpad de la commune.

A l’Ehpad Bouthier de Rochefort, à Semur en Brionnais (71), 18 résidents étaient au rendez- vous pour la première scénographie proposée le 12 février.

Après avoir participé activement à la préparation de la mise en scène lors de trois ou quatre séances d’activités manuelles, les participants ont beaucoup apprécié ce voyage lecture à vol d’oiseaux ! Ils ont aimé se prêter au jeu des devinettes sur les noms d’oiseaux et ont fait preuve de beaucoup d’attention. Preuve en est d’une salle calme tant pendant la lecture que pendant les intermèdes musicaux..

Dès la première présentation, les livres parlent, inspirent, éveillent la curiosité : «  Ça c’est une histoire vraie dont je me souviens ! » . « J’aime cette couverture de livre toute en couleurs (Naya) ». « J’aime tellement les mésanges que ce livre m’attire… »

Les discussions après coup vont bon train et on se partage notre premier ressenti quant au livre qui nous attire d’emblée !  Méditerranée rassemble. Nous sommes impatientes de partager les lectures face à un public toujours enthousiaste.
Trois stagiaires que j’accueille en ce moment au sein de mon service, en ont profité. C’était l’occasion idéale de leur faire connaître ce voyage lecture et les inciter à s’y mettre à leur tour le moment venu.
Murielle Daumur, animatrice

La belle histoire initiatique que nous propose Davide Cali dans l’album Cours  paru chez Sarbacane est illustrée par Maurizio A.C Quarello. Ses dessins expressifs ont des formats et des cadrages variables d’une séquence à l’autre : des gros plans sous forme de vignettes carrées ou oblongues ou des plans larges occupant des pleines pages.

La lecture à voix haute et en groupe de cet album est de fait un défi. Comment faire voir des illustrations petites et peu contrastées ?  Comment restituer le tempo narratif en cohérence avec les visuels ?

Nous avons fait un choix d’images et proposé un déroulé sur pupitre. Les auditeurs découvriront avec d’autant plus d’avidité l’album que tout ne leur aura pas été dévoilé lors de la lecture épicée. Dans cette version filmée, le proviseur est près du public. Il peut se placer à gauche du narrateur, face au public qui goûtera  ainsi encore plus la pertinence des dialogues.

Pour une meilleure lisibilité, ne pas hésiter à diriger une lumière sur le pupitre.

Les bibliothèques de Migennes (89), Longvic (21) et Mâcon (71) ont accueilli les ateliers de lectures épicées des albums 2018. Quarante-cinq femmes (et un homme !) d’âge et d’horizons très différents, tantôt lectrices, tantôt spectatrices, ont pu :

1/ s’exercer aux lectures épicées et coopératives.
Face à l’avalanche de mails, j’étais perdue. Me voilà rassurée / Bonne idée de donner des petits rôles au public : ça donne place à chacun / Ça fait plonger dans l’histoire autrement que la lecture individuelle.  Les auditeurs se sentent à l’aise / On ressent l’histoire autrement. / Ça diversifie les façons de lire.

2/ repérer deux petites erreurs dans les fiches techniques fournies par Livralire :
– Dans Bonnes nouvelles du monde :  ouvrir  les dernières pages de garde roses à la fin avant de lire la dernière phrase de la lecture épicée (page 6)
– Dans L’histoire extraordinaire d’Adam R : c’est bien la double page 4 et 5 qui est montrée et pas seulement la 5 (page 3sur la fiche).

3/ proposer des améliorations.
– Dans Bonnes nouvelles du monde, en ouverture, accompagner l’observation de la cage par des chants d’oiseaux.
– Dans L’histoire extraordinaire d’Adam R, modifier le moment de l’annonce de l’âge (hormis 4 ans, dit au début). 1/ Lire le paragraphe. 2/ Mettre l’illustration suivante. 3/ Dire le nouvel âge. 4/ Lire le texte,  etc. Ce nouveau rythme est plus cohérent : l’âge est entendu avec la  page correspondante en regard.
– Pour le jeu d’association des éléments et des rêves proposé pour Nos plus grands rêves, commencer par un jeu de devinettes. Une personne pioche un nom et le fait deviner aux autres, ainsi de suite jusqu’à épuisement de la douzaine de « rêveurs »  sélectionnés : soleil, puits, cigogne, fourneau, éphémère, épouvantail, etc.

4/ échanger des bonnes idées :
– Se prêter les préparations.
– Recycler les lectures épicées dans d’autres cadres et avec d’autres publics.
– Au collège, organiser des « happenings » avec les lectures épicées en juin.
– A l’Ehpad, préparer avec les résidents quelque chose en lien avec les albums pour la fête des familles.
– Comme l’ont fait avec succès  les animatrices de l’Ehpad de Cuisery en 2017, inviter des collègues d’autres établissements à une lecture épicée. C’est le meilleur moyen de faire connaître 1, 2, 3 albums et de donner une bonne visibilité au projet.
– A la médiathèque Côte d’or, les bibliothécaires préparent les lectures épicées et, le voyage- lecture en cours fini, les proposent  aux établissements du réseau en prêt avec l’album correspondant.
VML

Pas un jour sans qu’un animateur d’1, 2, 3 albums nous demande un document qu’il a perdu, pas reçu, pas trouvé !  Pour mémoire, voilà la liste des outils fournis par Livralire pour présenter les albums, les lire et les faire lire :

– le kit de la scénographie avec textes, visuels, bande son, fiche technique (docs & scéno-6 mails)
– les textes intégraux des albums avec des modèles d’invitation  (échos 3)
8 lectures épicées (textes et visuels) diffusées moitié en décembre, moitié en janvier (échos 4 et 6)
– des idées de carnets de voyage (échos 7)
Et le lien vers le film complet de la scénographie (échos 2)

Les établissements qui ont des bibliothécaires pour partenaires se reposent beaucoup sur elles et n’ont pas nécessairement besoin de tous les fichiers envoyés. Sauf que les textes bruts, les idées de carnets de lecture, ç’est utile à tous comme d’autres informations ou idées qui suivront d’ici juin. A chaque partenaire de veiller à ce qu’elles circulent et soient lues par ceux qu’il a embarqués dans 1, 2, 3 albums.

A la bibliothèque de Déols (36), comme l’an passé à pareille époque, nous avons surpris les participants du café-lecture en leur présentant la scénographie.

Seize personnes sont présentes, la plupart fidèles au rendez-vous bimestriel, dont deux jeunes femmes que nous cooptons pour faire les voix dans la salle. On sent le public intéressé et curieux : les devinettes fonctionnent bien, la scénographie est suivie avec attention.

Les compliments tombent : « il faudrait en faire plus souvent ». L’appétit est ouvert : tous les albums sont empruntés dans la foulée, certains réservés ! Les deux jeunes femmes sont ravies d’avoir participé, l’une d’elle me propose de recommencer une prochaine fois, même avec plus de texte. Je la sens contente d’avoir participé, curieusement bien au-delà du fait d’avoir rendu service, elle est enthousiaste, flattée, et pour un peu, je pense que nous pourrions lui proposer de jouer la scéno ! Une dame plus âgée est heureuse qu’on lui présente des livres illustrés qu’elle n’irait pas choisir toute seule.

Aux collègues d’autres bibliothèques sceptiques sur l’intérêt d’1, 2, 3 albums pour les adultes, nous voulons dire que ces albums grand large touchent tous les publics : lecteurs d’essai, de romans du terroir, de séries, de BD, etc. Notre rôle est de faire découvrir des livres, des films, des musiques que le public ne trouvera pas toujours tout seul, à la différence des lectures très demandées, qu’il faut avoir, mais qui trouvent leur chemin toutes seules.

Nous nous devons d’éveiller la curiosité. A chacun de trouver les occasions. En plus du collège, de la maison des enfants, nous ferons des « lectures épicées » aux dames du club tricot–crochet qui ne lisent pas mais adorent qu’on leur lise des histoires !

On doit ce succès à la Bibliothèque départementale de l’Indre qui finance  ce voyage-lecture intergénérationnel et à Livralire qui nous fournit du cousu-main impeccable.

Véronique Lottaz,  bibliothécaire responsable de la bibliothèque municipale Eugène Hubert