La sélection d’albums du 12e voyage-lecture intergénérationnel est en ligne sur le site de Livralire. Elle le sera aussi sur ce blog lors de sa mise à jour en octobre, quelques jours avant le lancement d’1, 2, 3 albums dans les départements partenaires et en Suisse.
Avec cette nouvelle sélection finement choisie par un comité composé d’un professeur de lettres, d’une documentaliste, d’une bibliothécaire et de membres de l’association Livralire, organisatrice du projet, les lecteurs de 10 à 100 ans :
– voyageront du Paraguay à l’Océan Indien en passant par l’Angleterre et l’Autriche.
– pénétreront dans des lieux ou dépaysants – la jungle, une île perdue, une plage – ou non – une ville, un stade, une décharge.
– remonteront le temps avec deux incroyables histoires vraies : au 18e siècle, la survie d’esclaves sur une île désertique au nord-est de Madagascar et au début du 20e, le changement soudain de taille d’un autrichien, nain devenu géant à 21 ans.
– croiseront des jeunes d’aujourd’hui désireux d’échapper à la misère par la musique et par l’école.
– partageront les rêves des autres et les leurs.
On imagine déjà les échanges, les ouvertures (vidéos, autres livres) et les travaux transversaux comme la lecture de la presse, un catalogue de rêves, un « envoyé spécial » bonnes nouvelles etc.
Une sélection éclectique avec deux fils conducteurs, l’un visuel, l’autre thématique, qui transparaîtront dans la scénographie 2018 : les oiseaux et la force d’âme.
VML
Un quart des animateurs du 11e voyage-lecture, bibliothécaires, enseignants, soignants, éducateurs, ont pris le temps de faire un bilan, parfois très détaillé, souvent très instructif. Qu’ils soient remerciés chaudement pour leurs constats et leurs suggestions rapportés avec enthousiasme. Ça recharge nos batteries à l’heure où nous préparons la nouvelle édition : supports de com, scénographie, lectures épicées, dossiers financiers. Ils disent :
1, 2, 3 albums :
– fait lire des personnes très éloignées des livres et de la lecture
– redonne une dimension de plaisir à ceux pour qui la lecture est un pensum ou un mauvais souvenir
– développe des compétences : lecture, écriture, prise de parole, et redonne confiance en soi
– offre une ouverture culturelle et artistique
– crée du lien entre lecteurs et entre professeurs et élèves, jeunes et aînés, bibliothécaires et publics, soignants et patients, enfants et parents, etc.
– apporte du mieux-être
– donne de la visibilité aux bibliothèques et du sens au métier de bibliothécaire
Pour ce faire, tout est important :
1/ La variété du choix des albums. La diversité des thématiques est un véritable atout.
C’est une source d’enrichissement personnel qui permet de découvrir d’autres horizons. Par exemple, qui connaissait l’histoire de Wei et des travailleurs étrangers de la grande guerre ? Se dégage d’ailleurs une nette préférence pour les histoires vraies. Cette diversité permet aussi de :
– toucher le maximum de gens
– faire des liens interdisciplinaires ou culturels
– offrir à chacun le livre qui lui correspond
Des titres font l’unanimité, d’autres ont des accueils très contrastés. Il arrive malheureusement qu’un album voit ses chances bloquées dès le départ par un adulte qui le trouve « laid », « faible » ou « inapproprié », alors que dans d’autres groupes, il a une vraie vie.
Quand on le trouve difficile, se rappeler qu’il y a une lecture épicée comme support d’accompagnement. Exemple, la théâtralisation de Marcel et Giselle a beaucoup plu à ceux qui en ont profité. Se souvenir aussi que, comme l’a dit Kafka, la littérature est faite pour briser la glace gelée en nous, au risque de voir monter les larmes. Et c’est bon !
2/ Les outils de lecture qualifiés de « géniaux » par une bibliothécaire suisse
La scénographie. Les habitués sont impatients de la découvrir et éprouvent de l’enchantement à la fin de la présentation. Le calme règne. L’attention est grande. La magie opère à chaque fois : les spectateurs ont envie de l’ album.
D’une année à l’autre la surprise est au rendez-vous. La scénographie est efficace. Elle est à la portée de tous et doit le rester (sacrée contrainte pour les créatrices !). Elle peut être jouée à plusieurs voix. C’est bien de la voir à un lancement et de l’avoir à disposition en vidéo.
Les lectures « épicées » apportent du piquant, éveillent la curiosité, aident à la compréhension, cadencent les rencontres, varient les séances. Elles sont très attendues, comme dans cet Ehpad où les résidents viennent s’assurer le matin que la séance a bien lieu l’après-midi. Charpente des lectures collectives, elles peuvent être reprises par des lecteurs de tous âges, pour partager une histoire avec d’autres. Ce faisant, elles développent des compétences : maîtrise de la langue, diction, posture, témérité.
Le blog « qu’on ne consulte jamais, de temps à autre ou régulièrement ou qu’on alimente si peu et on s’en excuse ». Les articles apportent des idées et des explications, provoquent admiration ou regret. L’ensemble donne « la sensation rare d’une communauté qui fourmille autour d’un projet-lecture. »
3/ La gestion du temps
Le manque de temps revient comme un leitmotiv dans nombre de fiches bilan.
Pas assez de temps pour préparer et jouer les lectures épicées, pour animer des échanges, pour faire circuler les livres (du fait souvent du manque d’exemplaires), pour maintenir l’appétit de lecture, pour écrire sur le blog, pour organiser le vote.
Pour être mené à bien, le projet, comme d’autres, prend effectivement du temps.
L’association Livralire, qui consacre des centaines d’heures à la préparation, à l’animation et au suivi du voyage-lecture donnera à l’automne 2017 des pistes pour gagner du temps et optimiser le déroulement.
A la lecture des évaluations, on relève deux autres difficultés :
– la difficulté du partenariat quand un des acteurs n’est pas fiable,
– le manque de moyens pour acheter les livres, notamment dans les établissements scolaires. Une fiche d’aide à la recherche de sponsors sera prochainement mise à disposition par Livralire.
Mais on trouve aussi pas mal de bonnes idées qui seront intégrées dans un guide 1, 2, 3 albums en cours de rédaction.
On retient aussi qu’un professeur peut être touché par l’investissement de ses élèves, que beaucoup de lecteurs aimeraient être davantage acteurs de lecture, que Livralire devrait rédiger un argumentaire pour les Ehpad comme elle l’a fait pour les collèges, envoyer les canevas de lectures épicées plus tôt et allonger la durée du voyage.
Et surtout on comprend qu’il nous faut faire confiance, car dans ce projet, comme le dit une documentaliste bourguignonne, les graines germent à l’ombre !
Véronique Marie Lombard
Quand est-ce qu‘on recommence?»
Au collège de Chagny (71), établissement participant à 1, 2, 3 albums depuis son lancement en 2007, Muriel Lacour, professeur d’arts plastiques et photographe amateur, a eu l’idée de lancer un club photo dont les 3 premiers membres (Simon Mazeau, Joseph Roizot et Cyane Courvoisier) suivraient les rencontres intergénérationnelles : en février, la présentation des livres aux aînés de l’hôpital par la classe de 6e de Madame Bourgoin, en mai le scrutin commun à tous les voyageurs de la ville, CM2 et seniors, mais aussi les échanges en demi-groupes autour de Malala et de Te souviens-tu de Wei ?
Le collège disposait d’un local mais pas de matériel. Pour ce faire, Madame Lacour a monté un dossier d’aide dans le cadre du dispositif « Appels à projets en Saône-et-Loire ».
Les membres du club ont pris et développé des photos argentiques, pris et classé des photos numériques. Ils ont édité un album photo qui a été offert à chaque partenaire et monté une exposition qui, après l’avoir été au collège et à l’Ehpad, est en présentation estivale à la bibliothèque municipale de Chagny.
Fort de sa première expérience, le club, qui pense s’étoffer à la rentrée, assurera le suivi du prochain 1, 2, 3 albums, avec un fil rouge (encore secret) donné aux jeunes photographes par Muriel Lacour, leur tutrice, et Magali Baum, la bibliothécaire de la ville très impliquée dans toutes les étapes du voyage lecture.
Une belle idée d’activité qui permet de garder des traces du voyage-lecture, que d’autres voyageurs pourraient reprendre.
VML
A Talant, sur la colline de Dijon, 1, 2, 3 albums relie la bibliothèque, trois classes de 6e du collège, trois classes primaires et des seniors de la ville qui encadrent des lectures épicées.
Pour clore le voyage-lecture, les lecteurs, répartis sur trois demi-journées, se retrouvent et partagent une interprétation de lecture qui, pour les collégiens, est préparée en petits groupes sur les heures d’accompagnement personnalisé.
Un ancien élève a filmé les réalisations et fait le montage souvenir que voici :
Cette année avec la réforme et la réduction des heures de français en 6e (on est passé de 6h à 4h30 de cours) nous n’avons pu mener le projet comme les autres années et n’avons pu partager la lecture avec la MARPA de Pont-de-Vaux, ce que nous regrettons.
Ceci dit, les élèves ont été particulièrement sérieux dans la lecture des albums qu’ils ont appréciés. J’avais encore une fois préparé un questionnaire qui les aidait à comprendre et à s’interroger sur les albums, ce qui était essentiel pour certains d’entre eux, notamment Le Dernier Voyage. Des élèves n’avaient pas compris quel était leur dernier voyage…
Début mai, inspirées par le Gardien de l’arbre, nous avons lancé un projet en commun avec le professeur d’arts plastiques, Stéphane Boulet-Burgan, et avec l’aide précieuse de Marie-Aline Bérardet, la documentaliste
Nous avons proposé aux élèves un diaporama avec différents tableaux (Kandinsky, Le Douanier Rousseau, Monet, Munch, Botero, Van Gogh…). A partir d’un tableau, les élèves, par groupe de deux, ont écrit un récit, merveilleux de préférence, et ont produit deux illustrations en reprenant la technique de l’artiste.
Pour exemple, la réalisation de Paul et Mathis à partir d’un tableau de Kandisky.
Delphine Nauche, professeur de lettres au collège Antoine Chintreuil à Pont-de-Vaux (01)
Hello everybody. We are the « 6ème E » class.
Here is our ebook on Malala who fights for girls’right to education in Pakistan.
Enjoy your reading and your holidays !
Ce message, diffusé fin juin par mail aux élèves, aux enseignants et au personnel du collège de Sucy- en-Brie (77), les invitant à regarder leur book sur Malala est le fruit d’une collaboration entre la documentaliste et la professeur d’anglais selon le cheminement suivant :
– Lecture épicée de Malala (façon Livralire)
– Traduction simplifiée du récit par la professeur d’anglais
– Travail de vocabulaire par les élèves : repérage des verbes (en rouge), des noms (en bleu) et des adjectifs (en vert).
– Dactylo par un groupe, illustration par l’autre
– Entraînement individuel à la prononciation d’un extrait
D’un clic sur l’image, à vous d’admirer comme nous la qualité du rendu, fruit d’une démarche pédagogique exceptionnelle.
VML
Deux échos de la lecture collective de Marcel et Giselle qui montrent comment on peut donner à cet album peu banal, tout son potentiel :
– En classe de 3e, j’ai fait deux lectures successives de l’album : une lecture à la française et une avec l’accent québécois, après m’être entraînée en regardant des films. Les ados ont adoré !
Pauline, professeur de lettres au collège Doisneau à Chalon/Saône (71)
– La lecture épicée crée par Véronique, qu’on avait découverte à l’atelier en janvier à Mâcon, a été un formidable outil pour nous en maison de retraite. On s’est réparti les textes avec des aînés qui, devenus acteurs, ont offert une lecture dynamique aux autres résidents.
Christelle et Sandrine, animatrices à l’Ehpad Bord de Seille à Cuisery (71)
Au collège Boris Vian de Talant (21) lors de la rencontre du 9 juin avec des 6e et des aînés, la classe de CM2 a présenté une interprétation « pêchue » du catalogue d’objets dessinés dans Past & Present.
Trois tables : celles du passé, du présent et du futur.
Derrière chacune, annoncé par un jingle typique d’une époque, apparaît successivement un duo déguisé à la mode de l’époque qui sort un objet et en fait théâtralement la promotion, vantant les avantages du produit et donnant les conditions d’acquisition : nom de la boutique, prix en francs, en euros et en monnaie imaginaire.
Voila le progrès technique concrétisé et prolongé dans le futur par la robotique. Exemples : un moule à beurre, une plaquette, un robot qui tire directement le beurre de la vache – une paire de sabots, des chaussures, des tennis dorés et ailés – un collier de cheval de trait, un tracteur, un robot, etc…
Comme je félicitais les jeunes, l’enseignante m’a avoué qu’elle était dubitative en découvrant cet album. La chance a voulu qu’il y ait une exposition sur le Talant d’autrefois. Elle y a emmené ses élèves. De là leur est venue l’idée de cette théâtralisation particulièrement réussie avec pour preuve ces photos de groupe prises à l’issue de la représentation.
Depuis cette rencontre, j’ai appris que les participants à l’atelier lecture du collège de Selongey avaient, par binôme, imaginé un objet du futur dont les dessins et textes ont été exposés aux portes ouvertes du collège et dont les mérites ont été vantés aux résidents de l’Ehpad partenaire sous forme d’un télé-achat, parait-il, inoubliable.
VML
Chaque semaine, on essaye de se faire repérer par Véronique Marie Lombard après qu’elle ait réceptionné les cartons de nouveautés à la librairie chalonnaise la Mandragore. Les privilégiés arrivent en plus chez elle en service de presse, ce qui facilite leur repérage, même si elle nous lit tous.
Au fil des semaines, elle met de côté les albums dits « grand large » , pour tout public à partir de 10 ans. Trois sacs circulent successivement en décembre, mars et mai, auprès des membres du comité de sélection. Leurs commentaires manuscrits nous ravissent ou nous inquiètent. On sent déjà que certains passeront et pas d’autres, jugés enfantins, mal écrits, inaboutis, etc. Début juin, le rythme s’accélère. On circule pour une dernière relecture.
Le jour J, après des agapes au jardin, le jury nous passe en revue un à un. On tremble. Onze sont écartés au premier tour à la quasi unanimité. Leur consolation, c’est qu’ils ont tous ont été cités dans les recensions mensuelles de livralire, mais ils ne conviennent pas au projet 1, 2, 3 albums.
Nous sommes encore 15 en lice. On se jalouse : trois passent à l’unanimité. Pour les 5 autres à choisir, ça discute. Le prof de lettres, les documentalistes, les pros de Livralire, veulent une liste équilibrée. Ils savent que les voyageurs-lecteurs aiment les contes et les histoires vraies d’hier et d’aujourd’hui, fortes mais pas trop sombres, à partir desquels discuter et créer. Ils finissent par se mettre d’accord. Ils ont l’air contents d’eux. Ils disent que le ton global est positif.
Grande première, ils décident de communiquer le nom des 7 recalés qui auraient pu être choisis si la sélection ne se limitait pas à 8 titres :
Mo de Julia Billet (Editions du pourquoi pas) : quand les maux deviennent des mots
Les collectionneurs d’Adrien Parlange (Albin Michel) : on parlera de nos collections
De la terre à la pluie de Christian Lagrange ( Seuil) : pour semer un peu d’espoir
Les quatre saisons de Claire Frédéric (Gautier-Languereau) : c’est si bon d’écouter une histoire dans son canapé ou sa voiture.
Embrasse-moi de Prévert (Gallimard) : pour un peu d’amour dans ce monde de brutes
Petite de Jo Hoestandt (Pourquoi pas) et Le tuteur d’Audrey Claus, deux albums, petits (format) mais costauds (voir article en Nouveautés sur livralire.org)
Nous restons donc à 8, impatients d’être annoncés par mail aux animateurs d’1, 2, 3 albums et à toute personnes qui en fait la demande. Notre intronisation aura lieu le 1er septembre sur le site www.livralire.org avant de l’être ce sur ce blog actualisé pour le nouveau voyage
Nos éditeurs ont l’air contents. On imagine déjà tout ce qu’on va vivre avec nos lecteurs. Pour l‘heure, au boulot Livralire ! Il faut imaginer la scénographie et les lectures épicées. On compte sur vous et on se retrouve en petit comité dans le même jardin le 11 août.
Les albums