Un cadre du service social de l’Yonne a demandé à la Bibliothèque départementale d’animer un atelier lecture lors une journée professionnelle de sensibilisation à la culture africaine. Cette journée de travail avait pour sujet : « Femmes africaines : mieux les comprendre pour mieux les accompagner ». En effet, les travailleurs sociaux d’Auxerre reçoivent de plus en plus de femmes / familles africaines, mais n’ont pas forcément les clés pour comprendre leurs réactions ou leurs façons d’agir.

La bibliothèque départementale nous a envoyées, Sandrine et moi pour animer un des cinq ateliers mis en place pour l’occasion. Nous avons apporté une trentaine d’ouvrages jeunesse et adultes sur l’Afrique et avons fait la lecture épicée de l’album Les sœurs Koumba, un fabuleux voyage au Sénégal (1, 2, 3 albums 9)

Cette lecture a permis de présenter le dispositif 1, 2, 3 albums aux agents du service social départemental qui ont réservé à l’atelier un accueil attentif et intéressé. Gageons que les assistantes sociales seront nombreuses lors de la journée de lancement en novembre prochain dans l’Yonne !

Myriam, bibliothécaire à la BDY

L’album, on peut le lire, le regarder, en discuter mais aussi l’interpréter.
Adoptant la trame des voyages-lecture enfance qui se terminent par une expression de lecture théâtralisée (Familialivres vient de se terminer – Animalivres, le 23e,  sera lancé à la rentrée),  des lecteurs de 10 -11 ans (dernière année du primaire français) ont joué leur album préféré.

malfout

A Givry  (71), la classe de CM2 de l’école a interprété Les cinq malfoutus devant le petit groupe d’aînés de la résidence des Sept Fontaines avec lesquels ils voyageaient.

koumba

 

A Génelard (71), des jeunes participant à l’atelier périscolaire (TAP)  conduit par Margot, la bibliothécaire, ont présenté Les sœurs Koumba à leurs parents et à leurs frères et sœurs qui jouaient leur histoire préférée de Familialivres.

Ces deux exemples pris sur le vif me rappellent le cri d’un collégien après avoir joué un roman : « On est nul de ne pas lire, car les livres, c’est la vie ». Prendre la peau d’un personnage permet de le comprendre.

VML

deolskoumbagroupeRencontre intergénérationnelle à Déols (Indre).  Les jeunes de la maison des enfants ont fait une présentation théâtralisée des Sœurs Koumba,  très vivante,  avec  texte lu, texte dit, musique, images, objets -maison comme la case africaine construite par les plus jeunes.

L’interprétation terminée, ils ont installé le baobab,deolsbaobab à côté du chêne « Joseph Lebrun », toujours en place. Ils y poseront des photos. Quoi de mieux que des arbres pour symboliser la force des liens qui se construisent entre ces deux groupes d’âge différent mais que rapproche  la vie communautaire. (Quel sera le 3e arbre ?).

L’exercice a donné envie aux jeunes de faire de l’impro et d’aller plus à l’extérieur. La rencontre  a  procuré aux aînés un moment de plaisir inégalé et fut pour tous une rupture avec un quotidien pas toujours facile.
Véronique – Bibliothèque de Déols

Voici un bel exemple de création d’un conte par un apprenti cordonnier selon un protocole conçu par Claire, professeur de lettres, et décrit par Cécile, documentaliste, dans l’article du 15 juin : Conte, de l’écoute collective à la création individuelle.

Il était une fois, dans une cordonnerie spécialisée dans la chaussure, deux apprentis et leur chef d’apprentissage. Jason le joyeux mais sérieux quand il faut, et Dylan, qui ne prenait rien au sérieux et qui était jaloux de Jason. Ce dernier était chouchouté par le chef d’apprentissage qui détestait Jason pour sa vitesse de compréhension et son travail.

Voyant qu’il ne restait qu’un mois avant que leur formation finisse, le chef les convoqua :
– « Aujourd’hui, je voudrais que chacun à votre tour, vous me fassiez une chaussure. Je vous laisserai ma boutique y compris tout ce qui est dedans pour avoir toutes vos chances de réussir. A vous de choisir qui passera maintenant et l’autre, l’après-midi. »
– Moi ! s’exclama Dylan. Jason n’eut pas le temps de terminer sa phrase que lui et son patron furent obligés de quitter la cordonnerie.

Dylan prit la chaussure et alla en atelier collage. Il vit un petit pot de colle et l’ouvrit. « J’aime mon ami pinceau pour le dosage, mais gare au gaspillage !  » chantonna la colle. Dylan n’en avait rien à faire. Il prit le pinceau et engloutit les trois quart de la colle en la passant sur la chaussure. Ensuite, il continua sa route. »Oh non ! Comment vais-je faire pour coller d’autres chaussures ? Méchante personne ! Tu seras puni pour ça !  » dit la colle en sanglotant. Lire la suite

Au campus des métiers, chaque lecture épicée des Sœurs Koumba a remporté un franc succès : belle écoute et très bonne réception. Applaudissements à la fin de la première, cris pendant la seconde : « elle va se faire dévorer par le fils » (au moment où Koumba avec maman est sous le lit) et, à la troisième séance, grande discussion avec un apprenti sur l’existence des djinns.

Travail  et création
Claire, professeur de lettres, a embrayé avec deux classes (1ère année CAP cordonniers et Bac pro mécanique) sur le conte et sa structure.
Elle a fait une présentation puis une explication du schéma actanciel.
Elle demande ensuite aux élèves de :
– remplir le schéma actanciel des sœurs Koumba
– réaliser, dans le cadre de leur programme, une production faisant appel à l’imaginaire: rédiger, en une trentaine de lignes, un conte en miroir à la manière des sœurs Koumba, ancré dans leur univers professionnel.

Elle a organisé le travail créatif en trois étapes.
1/ compléter son  propre schéma actantiel (à partir d’un actanciel vide) en imaginant les différents personnages de son conte et l’objet de leur mission.
2/ imaginer les différents lieux où se déroulera son conte sans oublier qu’il devait s’ancrer dans son domaine professionnel (garage, atelier de peinture, lieu de dépannage, bureau…)
3/ construire (en complétant un tableau) l’identité (nom et prénom) + portrait physique et moral  de ses personnages : héros 1 et 2, adjuvant 1 et 2, opposant.

Bilan : Les jeunes ont été motivés pour écrire. L’exercice a bien fonctionné et nous a permis de découvrir, à travers leurs textes, leur univers professionnel.

Perspectives : L’an prochain, créer avec eux un vrai livre électronique (type Calaméo) avec enregistrement de leur lecture et pourquoi pas musique, photos d’objets et de lieux de leur univers professionnel réalisés, en collaboration avec les profs d’arts appliqués.

 Cécile Beyer,  documentaliste

Les trois albums préférés par les lecteurs sont :

malfoutus7 ligne180 Koumba200

Ce vote met en avant des préférences individuelles. Il fait passer au deuxième plan les albums qui ont eu une place de choix dans la vie des groupes par les ouvertures qu’ils permettaient : Le casque d’Opapi, Et si on redessinait le monde ?, Un toit pour moi.

Quand un scrutin a été organisé, le taux de participation a été fort. Quand le scrutin n’a pas eu lieu, les lectures n’en ont pas été moins nombreuses. Et c’est ça l’essentiel du voyage-lecture : LIRE.

Ici et là, des lecteurs s’apprêtent à passer leur pack de livres à d’autres. Et c’est ça le meilleur du voyage-lecture : DONNER à LIRE.

REMERCIEMENTS
– aux correspondants qui ont relayé Livralire et transmis dans les temps les résultats
– aux animateurs du voyage qui ont organisé le scrutin et à ceux qui ont joint des échos de leur voyage
– aux lecteurs de 10 à 104 ans qui ont partagé leurs préférences
– à Marie-France Vidal, silencieuse et efficace derrière son écran
– à tous ceux qui ont encadré le voyage dans leur établissement
– aux éditeurs, auteurs et illustrateurs

REGRETS
– de ne pouvoir enregistrer certains choix. En effet on ne peut additionner que des chiffres et pas des titres. L’an prochain, on organisera une leçon de votation !
– de n’avoir aucune nouvelle de certains groupes de voyageurs

Ce blog reste ouvert pour partager vos échos et vos créations et annoncer fin juin la prochaine sélection. Puisse chacun y trouver des idées pour vivifier son prochain voyage dans les albums.
VML

Il y a des animateurs de voyage qui trouvent que certains albums, même partagés sous forme de lecture épicée, sont trop courts pour occuper le temps dédié à un atelier ou une rencontre. Et d’en proposer trois de suite. Attention au gavage !
Et pourtant d’autres livres (ou vidéos) gagnent à être rattachés à l’album par le thème, le cadre, un personnage, une question, une ouverture.

Exemple au collège d’Aigle.
Les albums d’Etienne Delessert après la lecture d’un Verre
verrecousinsOn regarde et discute des petits personnages qui sont dans le verre  puis on observe quelques illustrations de Delessert: – Yok Yok – et celles du livre J’aime pas lire. Ce dernier est écrit par la femme de Delessert, Rita Marshall et illustré par lui-même. Cela nous a permis d’expliquer que sa mère a éveillé son imaginaire grâce aux différentes activités qu’ils faisaient ensemble et que les personnages qu’il a imaginés pour les illustrations de ses livres viennent de là. Le garçon -personnage principal du livre J’aime pas lire – Victor Dickens – finit pas se faire attirer dans le monde imaginaire par un crocodile tout droit sorti d’un livre !…. un peu comme Delessert, petit garçon, initié au monde imaginaire par sa mère.

Les Bédik, peuple de la vallée heureuse (une vidéo) après les Soeurs Koumba.

Ont aussi été proposés ici et là :
– Le conte en version audio Les fées de Perrault qui a inspiré l’album Les sœurs Koumba
– Des lettres de poilus, un documentaire comme La guerre 14-18 raconté aux enfants  (De La Martinière) pour Le Casque d’Opapi
– Des documentaires sur les habitats animaliers, les maisons du monde ou des architectures hors du commun après Un Toit pour moi
– Une lecture en diagonale du Petit prince,  en appui sur les dessins agrandis des six planètes traversées par le petit héros.

Relier les albums sélectionnés à d’autres supports peut se faire séance après séance ou être l’objet d’une animation spécifique à la bibliothèque  municipale. Les voyageurs y sont accueillis pour une dégustation d’images et de textes en lien avec les lectures déjà faites.
Façon de faire connaître le lieu, de décloisonner les secteurs, de faire vivre le fonds.
VML