Chaque voyageur-lecteur a été invité à désigner 1, 2 ou 3 titres de la sélection 2019 qui l’ont particulièrement touché. Tous les albums ont eu des voix.

Ruby tête haute est le préféré des préférés ! Il caracole en tête devant Mille dessins dans un encrier suivi du Jardin du dedans-dehors, ce qui fait deux titres des Editions des éléphants sur le podium !

 

La princesse aux mille et une perles les suit à quasi égalité avec Liberté à Congo square, plébiscité par les jeunes alors que les adultes ont été marqués par Une somme de souvenirs et Le maître d’école.

Le labyrinthe de l’âme arrive en dernière position. Il a pourtant été un excellent tremplin à la création et un formidable support d’échanges mais les choix individuels se portent plus volontiers sur les récits linéaires.

Ce hit-parade sert d’indicateur aux responsables du projet et rappelle :
– L’intérêt de la diversité
– L’appétence pour les histoires vraies
– La portée de la médiation. En effet comment expliquer le succès du Jardin du dedans-dehors, magnifique album, pas facile à « vendre » sans  la lecture épicée ludique et coopérative ?

Merci aux auteurs et aux illustrateurs talentueux.
Merci aux éditeurs généreux qui nous ont donné les moyens de promouvoir par la voix et l’image ces albums « grand-large ».
Merci à tous les animateurs du voyage qui ont fait et feront encore lire, parler, écrire, dessiner, chanter, déclamer, jouer, et se rencontrer des gens si différents, pour la grande majorité éloignés des bibliothèques.
Véronique Marie LOMBARD

En lançant la collection Elles ont osé, les éditions Oskar mettent en avant des jeunes filles ou des femmes qui ont pris des risques et qui, avec courage, ont dénoncé des situations de haine, d’oppression, de destruction. Les portraits sont portés par un récit dynamique écrit à la première personne.

Les deux premiers titres, pour tout public à partir de 13 ans,  font écho à deux albums du voyage-lecture en cours : Ruby tête haute et Liberté à Congo Square.

Dorothy Courts, affronter la haine raciale / Elise FONTENAILLE
Trois ans avant Ruby Bridges, une jeune fille afro-américaine de 15 ans a dû affronter la haine raciale. Son admission dans un lycée de blancs en 1957 en Caroline du Nord lui valut des injures, des crachats, des menaces de mort. Elle raconte en moins de 50 pages la violence subie, les risques pour sa vie et celle de sa famille, l’obligation d’aller étudier ailleurs et la revanche qu’elle a tenue en revenant travailler, diplôme en poche, dans sa ville natale ! (9,95 €)

Harriet Tubman, la femme qui libéra 300 esclaves / Anouk BLOCH-LAINE
Le dimanche était un jour important pour Harriet, l’esclave. Il y avait l’office religieux où elle allait avec sa famille et, ce jour-là, la tension des maîtres se relâchait. C’est donc un samedi soir de septembre 1849 qu’elle s’enfuit, confiante en Dieu, et rejoint Philadelphie grâce au système du chemin de fer souterrain. De là, puis plus tard du Canada, elle deviendra « conductrice » et convoiera secrètement sa famille et autres esclaves vers le Nord abolitionniste. Sa tête sera mise a prix ce qui n’empêchera son  active participation dans la guerre de Sécession. (14,95 €)

VML

D’Emmanuel Delorme, professeur de lettres – Chalon/ Saône

A mes élèves de 6e, j’ai fait une lecture partielle de Ruby tête haute me concentrant sur le récit personnel de ses premiers jours à l’école des blancs à l’aide également de photos d’archives. L’observation du tableau nous a permis de remarquer que la virulence des manifestants évoquée dans l’album se retrouvait aussi sur le tableau : la tomate éclatée, les inscriptions racistes…

Les élèves ont spontanément demandé s’il s’agissait d’un tableau célèbre et ont voulu savoir où on pouvait le voir. Si j’en avais eu le temps,  je leur aurais passé la vidéo où l’on voit le président Obama et Ruby adulte face au tableau  «The problem we all live with » de Norman Rockwell. Pour finir, je leur ai suggéré de lire l’album dans son intégralité.
Voila notre bilan de lecture.

Elle se prénomme Ruby.
Elle est née en Lousiane, aux Etats-Unis. Elle a grandi à La Nouvelle-Orléans. Elle est courageuse. Elle a la peau noire.

En 1960, elle a passé une année scolaire seule dans sa classe avec sa maîtresse, Barbara Henry, parce qu’elle était noire.

Nous nous prénommons Alexis, Amine, Asma, Aurélia, Axel, Chloé, Dalila, Elona, Hanaa, Hiranur, Iliana, Mariana, Médhi, Mélinda, Nathan, Noé, Noham, Norah, Rayana, Ruben, Salim, Yanis…
Nous sommes nés à Autun, Berlin, Chalon-sur-Saône, Champigny-sur-Marne, Santa Maria das Feira, Tirana…
Nos familles viennent de Montceau-les-Mines, de Reims, de Saint-Etienne, d’Albanie, d’Algérie, d’Allemagne, d’Angola, des Comores, du Portugal, du Maroc, de Mayotte, du Mexique, de Tchéchénie…
Nous sommes gentils, joyeux, rêveurs, ronchons, sociables, sportifs, timides, voire très timides… Nous pouvons aussi avoir un fort caractère !
Nous sommes beaux, belles, blancs, bruns, grands (un peu), métisses, minces, noirs, petits, de taille moyenne. Nous avons des cheveux longs, la peau blanche, mate, les yeux marron…

En 2019, nous ne nous ressemblons pas, nous sommes tous différents les uns des autres, mais nous sommes dans la même classe, le même collège, et c’est très bien comme ça !

 

Titre : Ruby tête haute
Auteur : COHEN-JANCA Irène
Illustrateur : DANIAU Marc
Editeur : Les Editions des Eléphants © 2017

En 1960, la Cour suprême des Etats-Unis impose la fin de la ségrégation dans les écoles. Ruby, jeune noire de 6 ans, a réussi l’examen d’entrée dans une école de blancs. La colère gronde. Les blancs manifestent. Les parents retirent leurs enfants de l’école. Ruby va à l’école entourée de policiers. Seule la maîtresse la soutient. Son histoire, commémorée le 14 novembre, a inspiré à un artiste un tableau devenu célèbre : « The problem we all live with ».